Dans son éditorial, Benoît Bréville nous ramène au XIXe siècle, quand les pauvres avaient honte et faim : « Jadis, on y voyait vertu. Avant d’obtenir pitance, les indigents devaient ressentir l’opprobre de la mendicité. On les obligeait à jouer des coudes devant les œuvres de charité, à patienter dans le froid sous l’œil méprisant des passants. Ainsi, ils chercheraient à s’extraire de leur condition.
Nul ne défend plus cette « pédagogie de la honte (1) », qui connut son heure de gloire au XIXe siècle. Les services sociaux et les organisations caritatives prétendent à présent restaurer l’« autonomie », la « dignité » des démunis, grâce à des épiceries sociales et des supermarchés solidaires qui offrent une apparence de liberté en proposant de choisir entre quelques produits souvent peu ragoûtants. Des applications relient même directement requérants et commerçants, afin d’« éviter à des étudiants ou à des travailleurs pauvres la stigmatisation et la honte qu’ils ressentent à se rendre dans des centres de secours (...)Lire la suite »
Benoît Bréville voit le peuple français débout et le pouvoir politique obstiné : « Les coups de menton de l’exécutif et les brutalités policières témoignent de la fébrilité du pouvoir français. Et pour cause : la contestation de la réforme des retraites porte en germe celle de l’ordre social soutenu par le gouvernement. »
Akram Belkaïd et Martine Bulard se demandent si, aujourd’hui, le faiseur de paix ne serait pas Pékin : « Après sept années de brouille, l’Arabie saoudite et l’Iran ont rétabli leurs relations diplomatiques. Grâce à sa médiation réussie, la Chine endosse le rôle d’acteur majeur dans les relations internationales et démontre que les États-Unis n’ont plus le monopole de l’influence au Proche-Orient. Reste à savoir si Riyad et Téhéran sauront dépasser leurs multiples différends.
Pour Ariane Denoyel, les vaccins et la science sont à l’origine de la défiance : « L’injection massive d’argent public pour lutter contre le Covid-19 n’a pas desserré la mainmise de l’industrie sur la production de l’information (...)Lire la suite »
Dans son éditorial, Benoît Bréville évoque le « coup de poker » de l’Occident en Ukraine : « Les livraisons devaient se limiter à du « matériel défensif ».Pour éviter l’escalade, pour empêcher une « confrontation directe entre l’OTAN et la Russie » synonyme, selon le président Joseph Biden, de « troisième guerre mondiale ».Un an après l’agression de l’Ukraine par la Russie, les équipements de protection fournis par le camp occidental se sont transformés en hélicoptères Mi-17, en canons Howitzer 155 mm, en drones kamikazes, en lance-roquettes longue portée, en chars Abrams et Leopard. Les limites posées un jour ont été franchies le lendemain, et quand M. Biden assure, le 31 janvier dernier, que son pays ne livrera pas les avions de combat réclamés par Kiev, on devine la suite. D’ailleurs, dans les cercles militaires, on compare déjà les vertus du Gripen suédois et du F-16 américain. Car rien ne paraît pouvoir arrêter l’escalade des armes, qui tient désormais lieu de négociations. « Faire pencher le champ de bataille (...)Lire la suite »
Pour Serge Halimi, Emmanuel Macron est « un homme contre un peuple » : « Quelques semaines après l’accession de M. Emmanuel Macron à l’Élysée, un de ses partisans, l’actuel président de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, résuma la politique économique et sociale qui allait suivre : « Objectivement, les problèmes de ce pays impliquent des solutions favorables aux hauts revenus. » Ces privilégiés prouveraient ensuite leur reconnaissance envers leur bienfaiteur puisque, entre 2017 et 2022, du premier tour d’une élection présidentielle à l’autre, M. Macron vit son score chez les plus riches passer de 34 % à 48 %. Quand la gauche est au pouvoir, elle démontre rarement autant de maestria à satisfaire son électorat…
Le chef de l’État ayant également accru sa popularité auprès des électeurs de plus de 65 ans d’un scrutin présidentiel à l’autre, on mesure la portée du « courage » dont M. Macron se gargarise lorsqu’il cherche à convaincre le pays d’accepter une « réforme » des retraites dont les (...)Lire la suite »
Serge Halimi se demande si l’impérialisme peut être vertueux. Il en doute : « La coexistence d’un Sénat contrôlé par les démocrates et d’une Chambre des représentants où les républicains seront majoritaires ne bouleversera pas la politique étrangère des États-Unis. Elle pourrait même révéler à ceux qui l’ignorent une convergence entre le militarisme néoconservateur de la plupart des élus républicains et le néo-impérialisme moral d’un nombre croissant de démocrates. La chose n’est pas nouvelle. En 1917, le président démocrate Woodrow Wilson engage son pays dans la première guerre mondiale, caractérisée par des rivalités impériales, en prétendant qu’il entend ainsi « garantir la démocratie sur terre ». Ce qui ne l’empêche pas d’être simultanément sympathisant du Ku Klux Klan. Plus tard, au cours de la guerre froide, républicains et démocrates se succèdent à la Maison Blanche pour défendre le « monde libre » contre le communisme athée, « empire du Mal ». L’Union soviétique disparue, vient le temps de la « guerre contre le (...)Lire la suite »
Pour Serge Halimi, la gauche est désarmée face à la guerre : « De Jean Jaurès à Aristide Briand, de Lénine à Clara Zetkin, lorsqu’une guerre éclatait en Europe et menaçait de l’ensevelir, tribuns de gauche et manifestants pacifistes donnaient de la voix. Rien de tel dans le cas de l’Ukraine. Alors que le conflit s’envenime et que les médias s’enflamment, la gauche européenne est aphone. »
Pour Hélène Richard, dans la guerre d’Ukraine, les sanctions sont à double tranchant : « Il y a quelques mois, les dirigeants européens voulaient croire que la « guerre économique et financière totale » lancée contre Moscou serait une promenade de santé. « La Russie est un très grand pays et un grand peuple (…) mais c’est à peine plus que le PIB [produit intérieur brut] de l’Espagne », indique le commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton sur RTL, le 1er mars, tout en assurant que son « impact sera faible » en Europe. Six mois après la première salve de sanctions occidentales, l’économie russe accuse le coup, mais (...)Lire la suite »
Serge Halimi revient sur le souhait du président Biden d’affaiblir la Russie, de la saigner, en fait : « En février dernier, quelques jours avant l’invasion russe, le président Joseph Biden a intimé aux Américains de quitter l’Ukraine dans les quarante-huit heures. Depuis, les États-Unis sont revenus dans ce pays, mais autrement. Sans risquer la vie d’un seul soldat, ils profitent de la succession de catastrophes provoquées par le président Vladimir Poutine pour engranger les percées stratégiques : une Russie durablement affaiblie ; une Chine embarrassée par les déboires de son voisin ; une Alliance atlantique renforcée par l’adhésion prochaine de la Suède et de la Finlande ; une moisson de contrats pour les exportateurs américains de céréales, d’armes, de gaz ; des médias occidentaux qui reprennent en cadence la propagande du Pentagone. Pourquoi les stratèges américains souhaiteraient-ils qu’une guerre aussi providentielle s’achève ?
Ils ne le souhaitent pas. Depuis quelques semaines, on dirait même que (...)Lire la suite »
Dans le Monde Diplomatique, Serge Halimi écrit que l’objectif proclamé des États-Unis était "d’affaiblir la Russie ", de la saigner en vérité".
Remarque 1. Ces verbes n’expriment pas seulement l’opinion des seuls États-Unis, mais aussi celle de leurs supplétifs européens : le 1er mars, le ministre français de l’économie, Bruno Le Maire, disait : "Nous allons livrer une guerre économique et financière totale à la Russie. Nous allons donc provoquer l’effondrement de l’économie russe. " Même si, quelques jours plus tard, Bruno Le Maire modérait ses propos, le mal était fait : il avait exprimé le fond de sa pensée : réduire à néant la Russie. Ce qui, d’un point de vue politique et psychologique, était calamiteux : cela risque d’accentuer la radicalisation des Russes, et, quelle que soit l’issue de la guerre (que les Russes gagnent ou qu’ils perdent), susciter, de leur part, un durable ressentiment.
Remarque 2. Ces verbes rappellent les mots de Richard Nixon, décidé, le 15 septembre 1970, à renverser le gouvernement (...)Lire la suite »
Dans son éditorial, Serge Halimi dénonce la marche forcée de la numérisation, qu’il qualifie de maltraitance institutionnelle : « Conduite à marche forcée, la numérisation de l’accès aux services publics s’applique désormais à des démarches aussi indispensables qu’une demande d’état civil, le règlement d’un impôt, l’obtention d’un permis de séjour. Pourtant, l’obligation de recourir à Internet dans ces domaines et dans beaucoup d’autres liés à la vie quotidienne (voyages, réservations, tenue de comptes) réclame un effort particulier de ceux qui sont les moins en mesure de le fournir, faute du matériel requis, des savoirs informatiques, d’une assistance des proches. Pour eux, la « start-up nation » de M. Emmanuel Macron s’apparente à une peine d’exil dans leur propre pays.
Dès les premiers mots du rapport qu’elle consacre au rôle croissant du numérique dans la relation entre l’administration et ses usagers, la défenseure des droits Claire Hédon donne le ton : « Dans les permanences de nos délégués territoriaux arrivent (...)Lire la suite »
Un dossier remarquable sur « la gauche qui perd « : « Pour la gauche européenne, c’est l’hiver. Loin des espoirs suscités par leurs débuts, les nouvelles formations critiques envers la social-démocratie, Podemos en Espagne et Die Linke en Allemagne, sont elles aussi affaiblies, tandis qu’en Italie la disparition du Parti communiste, en avril 1991, a laissé le camp progressiste sans boussole . Incapable d’écouter les aspirations populaires et de tirer profit du mécontentement général, la gauche s’enferme souvent dans un discours où le pathos le dispute à la mièvrerie. Elle espère ainsi rassembler grâce à une rhétorique consensuelle des groupes sociaux que dorénavant tout sépare.
On a tort de considérer comme acquis, incontournable, le célèbre logiciel Pronote qui a révolutionné la vie des élèves, et aussi des enseignants (Luvie Tourette) : « Utilisé dans plus de deux établissements du second degré sur trois, le logiciel de gestion de la vie scolaire Pronote rend bien des services aux familles et aux communautés (...)Lire la suite »