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Le Monde Diplomatique, avril 2023

Benoît Bréville voit le peuple français débout et le pouvoir politique obstiné : « Les coups de menton de l’exécutif et les brutalités policières témoignent de la fébrilité du pouvoir français. Et pour cause : la contestation de la réforme des retraites porte en germe celle de l’ordre social soutenu par le gouvernement. »

Akram Belkaïd et Martine Bulard se demandent si, aujourd’hui, le faiseur de paix ne serait pas Pékin : « Après sept années de brouille, l’Arabie saoudite et l’Iran ont rétabli leurs relations diplomatiques. Grâce à sa médiation réussie, la Chine endosse le rôle d’acteur majeur dans les relations internationales et démontre que les États-Unis n’ont plus le monopole de l’influence au Proche-Orient. Reste à savoir si Riyad et Téhéran sauront dépasser leurs multiples différends.

Pour Ariane Denoyel, les vaccins et la science sont à l’origine de la défiance : « L’injection massive d’argent public pour lutter contre le Covid-19 n’a pas desserré la mainmise de l’industrie sur la production de l’information médicale. Utilisé pour justifier des atteintes aux libertés, le discours scientifique perd en légitimité. Ce qui favorise en retour des raisonnements simplistes. Trois ans après, un bilan plus documenté des politiques de santé publique reste à faire. »

Alain Bihr et Yannis Thanassekos s’interrogent sur l’alternative libération nationale ou lutte des classes : « Des penseurs révolutionnaires comme Friedrich Engels ou Rosa Luxemburg se sont interrogés sur les divergences possibles entre les revendications nationalistes et les impératifs de la lutte des classes. Confrontés à la même question, Lénine ou Léon Trotsky subordonneront les intérêts nationaux à ceux du prolétariat. »

Philippe Descamps et Ana Otašević ont vu au Kosovo deux nations dos à dos : « La guerre d’Ukraine presse les Occidentaux de définir un statut moins précaire pour le Kosovo. L’accord trouvé le 18 mars entre son premier ministre et le président de la Serbie doit conduire à une « normalisation ». Mais, présenté comme « souverainiste de gauche » lors de son élection en 2021, M. Albin Kurti a ravivé un conflit déjà profondément enraciné. »

Que se passe-t-il quand l’Occident choisit ses contestataires (Meriem Laribi) ? : « De toute évidence, mieux vaut contester un président de gauche qu’une dirigeante de facto, parvenue au pouvoir sur la base d’un coup d’État. La comparaison des traitements réservés à des soulèvements récemment survenus dans deux pays latino-américains suggère que, devant les tribunaux médiatiques et diplomatiques, toutes les mobilisations n’ont pas la même légitimité.

Peut-on critiquer Israël en Allemagne ?, demande Sonia Combe : « En janvier, la publication de l’édition allemande d’une bande dessinée française de Dominique Grange et Jacques Tardi, « Élise et les nouveaux partisans » (Delcourt, Paris, 2021), était annulée en raison de l’expression « apartheid israélien » utilisée dans la postface de l’œuvre. Loin d’être isolé, ce type de censure intervient dès lors que la politique de Tel-Aviv est mise en cause. »

En Tanzanie, les Masaïs sont expulsés pour le tourisme et la chasse (Cédric Gouverneur) : « En 1968, les Beatles moquaient « Bungalow Bill », un Occidental féru de méditation et de chasse au tigre en Inde. Ses héritiers viennent aujourd’hui des Émirats arabes unis. Ils traquent le gros gibier dans les vallées et prairies d’Afrique de l’Est. Au détriment des tribus locales, forcées de déguerpir par des autorités aux petits soins avec ces prédateurs fortunés. »

Vicken Cheterian a observé le grand désenchantement kurde : « Les grands bouleversements que connaît le Proche-Orient depuis au moins trois décennies ont permis aux Kurdes irakiens et syriens d’arracher l’autonomie territoriale à défaut d’obtenir l’indépendance. Mais, aggravées par les dissensions fratricides, les menaces demeurent nombreuses. En particulier au Rojava, dont les dirigeants s’inquiètent du risque croissant d’invasion turque. »

La Chine est entravée dans la bataille de l’intelligence artificielle (Gabrielle Chou) : « Après les réunions annuelles de l’Assemblée nationale populaire et de la Conférence consultative politique du peuple chinois, la nouvelle équipe gouvernementale est en place à Pékin. Parmi les défis à relever : faire face à l’embargo américain sur les technologies de pointe. Si la Chine affiche des progrès spectaculaires dans nombre de domaines de l’intelligence artificielle, elle accuse de sérieux retards dans certains secteurs, notamment celui des semi-conducteurs. »

Gabrielle Chou, Tik Tok est un butin de guerre américain : « Les vidéos diffusées par la filiale d’une entreprise chinoise menacent-elles la sécurité des pays occidentaux ? Est-elle le cheval de Troie destiné à endoctriner de jeunes esprits naïfs ? Les pressions et les initiatives se multiplient pour l’interdire en Amérique du Nord et en Europe de l’Ouest. »

Pierre Rimbert voit en Atlantropa, l’ancêtre des grands projets inutiles : « L’utopie d’une paix universelle a souvent stimulé l’imagination de personnalités excentriques. Et accouché de projets parfois farfelus. Celui conçu par l’architecte allemand Herman Sörgel à la fin des années 1920 frappe par son ambition pharaonique et sa foi illimitée dans la technologie : créer artificiellement un continent euro-africain sous domination européenne et assécher partiellement la Méditerranée. »

Renaud Lambert, Frédéric Lemaire et Dominique Pilhon décrivent la roue carrée de la Finance : « La faillite de l’établissement californien Silicon Valley Bank (SVB), le 10 mars dernier, s’accompagne d’une impression de déjà-vu : Bourses qui dévissent, appels au calme, sauvetage d’investisseurs aventureux, promesses d’enquêtes approfondies… La chute de SVB n’entraînera peut-être pas le reste de l’économie, mais une chose est sûre : quinze ans après la faillite de Lehman Brothers, tout pourrait recommencer. »

Un grand dossier sur les retraites et l’onde de choc suscitée par cette contre-réforme : « La colère populaire suscitée par la perspective de deux années de travail supplémentaires autant que par le passage en force de l’exécutif marque un tournant. Abîmé par des gouvernements s’étant fixé pour but le bonheur des actionnaires, le crédit accordé par la population au monde politique s’est effondré. N’a-t-il pas abdiqué sa mission au point de faire dépendre la vie de millions de travailleurs d’une décision du Conseil constitutionnel ? Quand le mépris des gens ordinaires tient lieu de boussole les dirigeants savent alimenter deux types de réactions : la résignation ou la révolte. Ils tablaient sur la première. Mais le désir de vivre une vie décente a ravivé chez les moins politisés la force de lutter . Et même la Confédération française démocratique du travail (CFDT) a redécouvert les vertus de la lutte.

Y-a-t-il un bon usage de la Constitution (Lauréline Fontaine) ? : « Est-il raisonnable d’espérer des « sages de la rue de Montpensier » qu’ils retoquent tout ou partie de la loi réformant les retraites ? Le Conseil constitutionnel demeure une instance essentiellement politique, qui n’a que très peu souvent la volonté de se confronter aux pouvoirs. »

Quand Charles XII partait à l’assaut de la Russie (Lionel Richard) : « Envahir la terre des tsars et se rendre maître de Moscou en passant par l’Ukraine fut le plan du souverain suédois au début du XVIIIe siècle. Longtemps, cela parut une erreur avant que les spécialistes de la guerre ne conviennent de la pertinence d’une telle manœuvre. Pourtant, comme pour d’autres assaillants après lui, cela se solda par une déroute. »

La littérature ne serait-elle qu’un produit de plus (Hélène Ling et Inès Sol Salas) ? « À voir la profusion de livres qui sortent, on croit volontiers que le lecteur a le choix. Un choix en réalité fortement limité. Car si les « marques » (c’est le terme en usage) qui les publient paraissent diverses, elles appartiennent massivement à quelques grands groupes. Et les œuvres proposées s’inscrivent le plus souvent dans des cases bien identifiables par le… consommateur. »

Pour Évelyne Pieiller, lorsqu’en France on commémore, on fait du tri sélectif : « Pendant un temps qui put à certains paraître long, il fut difficile d’échapper, dans le métro parisien, à l’image d’un cerf aux yeux quelque peu exorbités, au centre d’une élégante forêt. Entre deux affiches pour des téléphones portables, c’était perturbant. On découvrait Rosa Bonheur. Une exposition au Musée d’Orsay lui rendait hommage. France Mémoire avait choisi de commémorer le bicentenaire de sa naissance en 2022. M. Emmanuel Macron a décidé la création de ce service « par l’Institut de France en remplacement de l’ancienne délégation aux commémorations nationales ». Il se charge d’établir tous les ans un « calendrier d’une cinquantaine de dates anniversaires sur (sic) des personnalités, des œuvres ou des événements marquants de l’histoire de France ». Comme le souligne M. Xavier Darcos, ancien ministre et chancelier de l’Institut, il s’agit là d’une « mission d’intérêt général » et qui entend « donner au reste du monde une juste image » des Français. Autant dire une sérieuse responsabilité. »

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