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Thème : Libertés

Vers la fin des messages privés ? La « loi sur le narcotrafic » arrive à l’Assemblée

Contre Attaque

L’association La Quadrature du Net lance une campagne pour empêcher cette loi liberticide d’être adoptée.

Bientôt la fin de la messagerie Signal en France, et de toute possibilité d’échanger de manière privée et sécurisée ? Oui, si le projet de loi relatif au « narcotrafic », concocté par Bruno Retailleau, est adopté. Signal est une application utilisée par des dizaines de millions de personnes dans le monde, elle ne stocke aucune donnée et permet d’échanger des messages de façon chiffrée et impossible à intercepter par la police. C’est un outil indispensable pour les contestataires du monde entier, et toutes les personnes attachées à leur vie privée, que les autorités rêvent de voir disparaître. La présidente de la fondation Signal vient d’affirmer que la messagerie sécurisée quitterait les pays ayant voté des lois visant à interdire ou amoindrir le chiffrement. Par exemple, le Royaume-Uni a tenté de forcer l’entreprise à retirer ses outils de chiffrement, avant de reculer. La Suède veut obliger les entreprises à autoriser un accès à ses policiers dans le dispositif de chiffrement (…) Lire la suite »

Avec Trump, le camp de torture de Guantanamo deviendra une prison pour 30 000 migrants

Luk VERVAET

Le 11 janvier 2002, il y a exactement vingt-trois ans, le président des États-Unis George W. Bush ouvre le camp de prisonniers pour terroristes présumés sur la base militaire de Guantanamo Bay. Comme c'est le cas depuis des années, cet anniversaire de la prison la plus controversée au monde a été complètement ignoré, à l'exception de quelques militants, tels que les membres du comité Free Assange Belgique (1) Maintenant qu'il ne reste plus que quinze prisonniers (sur 790 à l'origine) à Guantanamo, le camp ne fait plus du tout parler de lui. À tort.

Avant-poste du fascisme moderne La prison de Guantanamo Bay a été créée en dehors du territoire des EU, sur l'île de Cuba, dans une zone sous occupation militaire étasunienne. Depuis la révolution de 1959, Cuba réclame en vain la restitution de cette partie de son territoire. L'installation à Cuba d'un camp de prisonniers pour des centaines de musulmans proclamait au monde que Guantanamo était une construction en dehors de tout cadre légal. Ni les lois étasuniennes, ni les conventions et accords humanitaires internationaux, adoptés depuis la Seconde Guerre mondiale, ne s'y appliqueraient. Si nous voulons comprendre pourquoi aucune résolution internationale n'a d'effet à propos du génocide à Gaza, il faut en revenir à l'illégalité totale de Guantanamo. Comment Biden a déroulé le tapis rouge pour Trump Avant de disparaître de la Maison Blanche, l'ancien président Joe Biden a libéré onze prisonniers yéménites à la mi-janvier et les a fait transférer à Oman. Un mois plus tôt, (…) Lire la suite »

Un jour sombre pour les États-Unis

Scott RITTER
En permettant au gouvernement des EU de contraindre Julian Assange à plaider coupable d’un crime qu’il n’a pas commis, le pays s’est condamnée à être un pays où dire la vérité est un crime. “La presse devait servir les gouvernés, pas les gouvernants. Le pouvoir du gouvernement de censurer la presse a été aboli afin que la presse reste à jamais libre de censurer le gouvernement. La presse a été protégée afin qu’elle puisse dévoiler les secrets du gouvernement et informer le peuple. Seule une presse libre et sans entraves peut effectivement dénoncer les tromperies du gouvernement. Et parmi les responsabilités primordiales d’une presse libre figure le devoir d’empêcher toute partie du gouvernement de tromper le peuple et de l’envoyer dans des pays lointains pour y mourir de fièvres étrangères et de fusillades et d’obus étrangers“. Juge Hugo Black, The New York Times contre les États-Unis, 1971 Julian Assange a comparu devant un tribunal des EU sur l’île de Saipan, où il devrait (…) Lire la suite »

La police nationale utilise illégalement un logiciel israélien de reconnaissance faciale

Mathias DESTAL, Clément LE FOLL, Geoffrey LIVOLSI
En 2015, les forces de l’ordre ont acquis, en secret, un logiciel d’analyse d’images de vidéosurveillance de la société israélienne Briefcam. Depuis huit ans, le ministère de l’intérieur dissimule le recours à cet outil qui permet l’emploi de la reconnaissance faciale. C’est devenu une habitude. Ce mardi 14 novembre, comme ce fut le cas lors de l’édition précédente, Gérald Darmanin inaugure le salon Milipol, au parc des Expositions de Villepinte (Seine-Saint-Denis). Consacré à la sécurité intérieure des États, ce salon est une vitrine mondiale pour des entreprises souvent inconnues du grand public. C’est le cas de Briefcam, une société israélienne spécialisée dans le développement de logiciels destinés à la vidéosurveillance algorithmique (VSA). Grâce à l’intelligence artificielle, cette technologie permet d’analyser des images captées par des caméras ou des drones et de détecter des situations jugées « anormales ». Jusqu’en mai dernier, la VSA ne pouvait être utilisée par la (…) Lire la suite »

Affaire du « 8 décembre » : le droit au chiffrement et à la vie privée en procès

La Quadrature du Net

Le 3 octobre prochain s’ouvrira le procès de l’affaire dite du « 8 décembre ». Sept personnes sont accusées d’association de malfaiteurs terroriste. Pour construire le récit du complot terroriste, les services de renseignement de la DGSI chargés de l’enquête judiciaire, le parquet national antiterroriste (PNAT) puis le juge d’instruction instrumentalisent à charge le fait que les inculpé·es utilisaient au quotidien des outils pour protéger leur vie privée et chiffrer leurs communications. Face à cette atteinte inédite, que nous documentions longuement il y a quelques mois, le temps de ce procès va donc être crucial dans la bataille contre les velléités récurrentes de l’État de criminaliser des pratiques numériques banales, sécurisées et saines, pratiques que nous défendons depuis toujours.

« Il reconnaissait devant les enquêteurs utiliser l’application Signal » Comme le souligne le journal Le Monde qui a consacré un long article au « 8 décembre », cette affaire repose « sur des bases fragiles ». Parmi celles-ci, nous sommes particulièrement inquiets de la place donnée à l’utilisation des outils de chiffrement ou, plus largement, des moyens pour protéger sa vie privée. Un des enjeux de ce procès sera donc de savoir si une telle pratique peut être utilisée à charge par la police et la justice pour étayer la la présomption d’un projet terroriste. Un tel parti pris de la part du juge constituerait un passage de cap extrêmement dangereux, puisque toute forme de confidentialité deviendrait alors suspecte par défaut. Dans ce dossier, protéger sa vie privée et chiffrer ses communications n’est plus seulement suspect mais devient constitutif d’un « comportement clandestin », un moyen de cacher un projet criminel. À travers différentes notes, la DGSI s’est ainsi affairée à (…) Lire la suite »

Le licite, l’obligatoire et l’interdit.

Giorgio AGAMBEN

Ce que dit ce texte de la réglementation draconienne des comportements est particulièrement vrai en ce qui concerne le langage : là, aucune situation d'urgence n'a été nécessaire pour instaurer la censure.

Selon les juristes arabes, les actions humaines se classent en cinq catégories, qu’ils énumèrent ainsi : obligatoire, louable, licite, blâmable, interdit. A l’obligatoire s’oppose l’interdit, à ce qui mérite louange ce qui doit être blâmé. Mais la catégorie la plus importante est celle qui se trouve au centre et qui constitue pour ainsi dire le fléau de la balance qui pèse les actions humaines et en mesure la responsabilité (responsabilité se dit, dans le langage juridique arabe, « poids »). Si est louable ce dont l’accomplissement est récompensé et dont l’omission n’est pas interdite, et blâmable ce dont l’omission est récompensée et dont l’accomplissement n’est pas interdit, le licite est ce sur quoi le droit doit se taire et qui n’est donc ni obligatoire ni interdit, ni louable ni blâmable. Il correspond à l’état paradisiaque, dans lequel les actions humaines ne produisent aucune responsabilité, ne sont d’aucune façon « pesées » par le droit. Mais – et c’est là le point (…) Lire la suite »

La Cour suprême veut faire appliquer des lois du XVIIe siècle

Margaret ATWOOD

Le droit à l’avortement est en phase terminale aux Etats-Unis, où la Cour suprême envisage d’abroger l’arrêt qui le décriminalise depuis 1973. La grande écrivaine canadienne Margaret Atwood avait exploré les risques d’une dictature théocratique étasunienne dès 1985 dans La Servante écarlate, son chef-d’œuvre dystopique. Voici sa tribune, d’abord publiée dans The Atlantic (1)

Au début des années 1980, je m’étais embarquée dans l’écriture d’un roman d’anticipation portant sur un futur dans lequel les Etats-Unis s’étaient désunis. Une partie du pays était désormais une dictature théocratique fondée sur la doctrine religieuse et la jurisprudence de la Nouvelle-Angleterre puritaine au XVIIe siècle. J’avais planté le décor dans les environs de l’Université Harvard, une institution réputée pour son libéralisme dans les années 1980, mais dont la raison d’être, trois siècles plus tôt, était de former le clergé du puritanisme. Retour vers le passé Dans la théocratie imaginaire de Galaad, les femmes n’avaient quasiment aucun droit, au même titre qu’en Nouvelle-Angleterre au XVIIe siècle. Les textes bibliques avaient été triés sur le volet, les passages retenus étaient soumis à une interprétation littérale. Dans la Genèse – en particulier dans la famille de Jacob –, les épouses des patriarches disposaient de femmes réduites en esclavage, appelées « (…) Lire la suite »
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Le « pass » viole les principes fondamentaux de notre République

Barbara STIEGLER

Depuis quinze ans, j’enseigne l’éthique et la santé publique à des soignants qui viennent se former à l’université. Ensemble, nous essayons de comprendre pourquoi le « consentement libre et éclairé » s’est imposé comme la clé de voûte de l’éthique biomédicale.

Pourquoi il permet de compenser l’asymétrie, potentiellement dangereuse, entre les patients (ou les sujets sains d’une expérimentation) et le pouvoir médical. Pourquoi il ne peut être libre que s’il est recueilli sans chantage, ni menace, ni pression psychologique d’aucune sorte – condition indispensable pour qu’il ne soit pas « extorqué ». Pourquoi on ne peut dès lors jamais conditionner l’accès aux soins à l’acceptation du traitement proposé et pourquoi un patient qui refuserait de donner son consentement ne peut être, sous ce prétexte, exclu du système de soin. Pourquoi plus généralement, et contrairement aux dernières allégations d’Emmanuel Macron qui violent tous les principes de notre contrat social, les droits du citoyen ne peuvent, à aucun titre, être conditionnés par l’invocation de devoirs antécédents. Pourquoi enfin le recueil du consentement interdit tout recours à l’argument d’autorité du type : « Obéissez, car c’est moi, ou plutôt les autorités sanitaires, qui savons (…) Lire la suite »
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Liberté, je crie ton nom

Gilles BALBASTRE
La « liberté retrouvée » est célébrée par des médias au bord de l’extase, la liberté de ré ouvrir les terrasses et les commerces ! En attendant, le monde d’après ressemble au monde d’avant avec son cortège de « libertés » identiques : Liberté de fermer des centaines de lits d’hôpitaux et de malmener les soignants alors qu’une pandémie a frappé et continue de frapper le pays, Liberté de supprimer à la rentrée prochaine des centaines de postes d’enseignants, Liberté de privatiser définitivement EDF, Liberté d'accentuer la casse des services publics, Liberté de précariser des millions de salariés avec la réforme de l’assurance chômage, Liberté d’ubériser des pans entiers de la société et de paupériser des dizaines de milliers de jeunes, Liberté de massacrer un peu plus la planète avec une économie toujours plus mondialisée, Liberté de perdre un œil dans une manif, Liberté pour Bernard Arnault de passer du 4ème rang à la 3ème place des plus grandes fortunes mondiales, (…) Lire la suite »

Le passeport vaccinal est-il légal ?

David GUYON
La Covid-19 a conduit le monde pharmaceutique a développer extrêmement rapidement un nouveau type de vaccin qui a mené le gouvernement à proposer d’instaurer dans notre droit positif un passeport vaccinal ou en d’autres termes de légaliser une discrimination pour motif de santé. Cela est dangereux et critiquable juridiquement pour plusieurs raisons. « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » disait Rabelais. L’instauration d’un « passeport vaccinal », c’est-à-dire l’exigence de la détention d’un document officiel justifiant de la réalisation d’un vaccin en vue de pouvoir échapper à certaines restrictions de liberté, constitue une pente dangereuse qui pourrait bien sonner le glas de l’âme démocratique de notre société moderne et civilisée. La France est le berceau de la vaccination avec Louis Pasteur. Depuis leur création, les vaccins ont permis d’éradiquer un grand nombre de maladies contagieuses touchant surtout les enfants. La politique vaccinale d’un pays (…) Lire la suite »
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