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30.000 bombes, 60.000 morts : une sacrée mission humanitaire (Counterpunch)

AP Photo/Darko Bandic

Après environ 8.000 raids aériens, et une estimation de 4 bombes lancées par attaque, l’OTAN a déjà largué plus de 30.000 bombes sur la Libye. Ca fait pratiquement 200 bombes par jour pendant 6 mois, soit des dizaines de milliers de tonnes d’explosifs puissants. Avec une estimation de 2 Libyens tués par bombe et aucune victime du côté de l’OTAN, les régimes occidentaux ont massacré environ 60.000 Libyens au cours des six derniers mois alors que les rebelles eux-mêmes annoncent 50.000 morts. Une sacrée mission humanitaire, n’est-ce pas ?

Le déroulement de la «  guerre civile » en Libye peut être mieux décrit par les événements du 21 août. Ce dimanche après-midi, une équipe de télévision de la BBC a montré une colonne rebelle en train de s’enfuir de Zawiya, dans les environs de Tripoli. Battant pitoyablement en retraite, jetant des regards effrayés par dessus l’épaule et fuyant à toutes jambes sur la route par laquelle ils étaient arrivés - même la « presstituée » de la BBC qui était sur place n’a pas pu se retenir d’exprimer son dégoût devant la scène. Une fois de plus, confrontés à une résistance déterminée, les rebelles ont fui et montré leur véritable nature.

Le lendemain matin, une journaliste de France24 a raconté comment, plus tard dans la nuit de ce même dimanche, elle avait accompagné ces mêmes rebelles lorsqu’ils ont traversé Zawiya sans rencontrer la moindre résistance jusqu’à la Place Verte au centre de Tripoli, en croisant cette fois-ci une enfilade de ruines d’immeubles bombardés qui brûlaient encore.

Voilà ce qu’aura été la guerre de l’OTAN et si le monde ne le comprend pas, les rebelles, eux, ne le comprennent que trop bien.

Un problème majeur pour l’OTAN et sa Ligue de Traîtres Libyens, connue aussi sous le nom de Conseil National de Transition, est que la majorité des militaires rebelles sont sous les ordres du Groupe islamique combattant en Libye (GICL), un groupe qui se présente comme affilié au groupe Al-Qaeda du Maghreb. (voir détails déjà rapportés ici http://www.legrandsoir.info/comment-al-qaeda-est-arrive-a-regner-sur-tripoli-asia-times.html - NdT)

(…)

Tandis que d’anciens terroristes de GICL devenus «  combattants de la liberté » vont de maison en maison pour arrêter et exécuter des «  supporters de Kadhafi » et des «  mercenaires africains » à Tripoli, la vie quotidienne pour les habitants de la ville s’est transformée en une opération de survie. Sans eau depuis près de deux semaines, sans gaz pour cuisiner ou de combustible pour les véhicules et avec la nourriture qui commence à manquer, l’avenir pour la population de Tripoli paraît incertain.

Certains médias internationaux ont affirmé que la Grande Rivière Artificielle (GRA), le système d’irrigation qui fournit presque la totalité de l’eau du nord de la Libye, a été bombardée par l’OTAN. D’autres prétendent que les «  loyalistes de Kadhafi » contrôlent toujours les puits du sud et qu’ils ont coupé l’eau - si c’est le cas, alors même Benghazi manquera d’eau. Tripoli devra donc importer son eau pendant un certain temps et le fait de savoir comment une ville de près de 2 millions d’habitants pourra vivre avec de l’eau importé par camions-citernes est un sujet que les médias n’abordent plus.

Le «  Conseil National de Transition » désormais reconnu comme le «  gouvernement légitime de la Libye » par les gouvernements de l’OTAN et leurs alliés est composé de nombreux anciens hauts officiels du gouvernement Libyen et se trouve de plus en plus dans une position délicate. Avec l’Union Africaine qui tente d’empêcher le déblocage des fonds du gouvernement Libyen détenus dans les banques occidentales il n’y a plus beaucoup de temps à perdre si ce CNT veut pouvoir continuer d’exister.

Le président de l’Afrique du Sud, Jacob Zuma, a condamné les dirigeants du CNT qualifiés d’escrocs et exigé la restitution des dizaines de millions de dollars que les hauts dirigeants ont volé lorsqu’ils étaient en fonction dans le gouvernement Libyen avant que l’Union Africaine ne lève son opposition au déblocage des fonds du gouvernement de Kadhafi.

Les dirigeants de l’OTAN doivent se démener pour maintenir le CNT à flots. Les images de palettes chargées sur deux mètres de haut de 200 millions de dinars Libyens acheminés par avion depuis Londres montre la fragilité de l’influence du CNT. Alors que le cirque des « amis de la Libye » organisé par l’OTAN et qui se tient à Paris promet de libérer les milliards de dollars Libyens détenus en otage par l’Occident, la mise en application de ces promesses est une toute autre affaire. La corruption et l’incompétence sont la marque des dirigeants du CNT et il ne sera pas surprenant d’entendre parler plus tard de détournements massifs de fonds.

La grande question est de savoir combien de temps les dirigeants du GICL/AQM laisseront-ils le pouvoir à leurs anciens ennemis jurés au sein du CNT. Déjà le «  gouvernement » rebelle dans la ville portuaire de Misrata a annoncé qu’il ne reconnaissait pas l’autorité du CNT et on y signale la tenue de manifestations quasi quotidiennes pour exiger l’expulsion du CNT des anciens fonctionnaires du gouvernement Libyen.

Pendant ce temps, de vastes étendues du désert Libyen dans le sud n’ont pas été conquises par l’OTAN et pratiquement toute l’eau et une partie du pétrole échappe au contrôle du CNT.

Avec de centaines de villages et de petites villes éparpillées à travers un territoire immense, le Colonel Kadhafi et ses supporters ont encore une vaste zone à leur disposition. Avec l’Algérie qui combat Al Qaeda du Maghreb, sa frontière avec la Libye reste ouverte et offre un terrain de repli aux opposants aux rebelles de l’OTAN. Le CNT a déjà sonné l’alarme quant à une insurrection à long terme qui pourrait s’implanter dans le sud de la Libye et qui utiliserait l’Algérie comme base arrière.

Jusqu’à présent les dirigeants Al-Qaeda et les gros bras de l’occident au sein du CNT n’ont pas encore commencé à s’entredéchirer mais une guerre interne paraît inévitable. Il se pourrait que nous assistions à des bombardements par l’OTAN de ses anciens alliés.

Une chose qui est claire est que la tragédie Libyenne ne fait que commencer et la capture de pratiquement tout le nord de la Libye par les rebelles de l’OTAN n’est que le début. 30.000 bombes sur le pays et la mort de quelques 60.000 Libyens marquent plutôt le début que la fin de cette catastrophe.

Thomas C. Mountain

http://www.counterpunch.org/2011/09/02/30000-bombs-over-libya/

Traduction "combien de morts pour sauver combien de vies, déjà  ?" par Viktor Dedaj pour le Grand Soir avec probablement les fautes et coquilles habituelles.

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