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Auteur : Ait Benali BOUBEKEUR

Le 52eme anniversaire du drame de « Charonne ».

Ait Benali BOUBEKEUR
Vers la fin de la guerre d’Algérie, l’OAS (organisation armée secrète) frappe partout. En effet, pour que l’Algérie reste française, le lobby colonial ne lésine pas sur les moyens. Le but est bien entendu de déstabiliser tous les acteurs cherchant à résoudre le conflit algérien, vieux de sept ans. Bien que les deux gouvernements, le GPRA (gouvernement provisoire de la République algérienne) et le gouvernement français, aient du mal à s’entendre sur des accords consensuels, les dirigeants de l’OAS font tout pour rendre cette tâche plus alambiquée. En ce début de l’année 1962, les deux délégations décident de se rencontrer aux Rousses le 11 février. Cette conférence dure une semaine, du 11 au 18 février 1962. C’est à ce moment-là que les dirigeants de l’OAS se lancent dans un combat désespéré afin de faire échouer cette négociation. Cette fois-ci les cibles peuvent être aussi bien algériennes que françaises. Car, des deux côtés de la méditerranée, la décolonisation semble (…) Lire la suite »

L’aboutissement du processus démocratique en Tunisie.

Ait Benali BOUBEKEUR

« La Tunisie est un État à caractère civil, basé sur la citoyenneté, la volonté du peuple et la primauté du droit », article 2 de la constitution tunisienne, adoptée le 28 janvier 2014.

Si cet article est convenablement appliqué, la Tunisie inaugurera alors la phase de la démocratisation de ses institutions. Cela dit, bien que cette démocratie ait besoin d’être consolidée, pour un scrutateur de la scène politique tunisienne, il n’y a pas de raison pour que cette voie n’aboutisse pas. En effet, malgré un chemin truffé d’embûches, les représentants du peuple tunisien ont réussi, dimanche dernier, à concrétiser le rêve de tous les peuples vivant sous les dictatures. Ainsi, après un règne sans partage de Benali, en réussissant à maintes reprises à éviter le chaos, la Tunisie devient le premier pays nord-africain à aller jusqu’au bout du processus démocratique. Bien que l’Algérie ait pu le faire en 1963, les propensions dictatoriales de ses chefs de l’époque ont renvoyé sine die ce rendez-vous avec l’histoire. Mais, là c’est une autre affaire. Pour traiter ce sujet, il faudra lui consacrer un sujet à part. Cependant, pour revenir au cas tunisien, il ne faudrait pas (…) Lire la suite »

Quand le lobby colonial bloque Alger : retour sur la semaine des barricades

Ait Benali BOUBEKEUR

« Compte tenu de toutes les données, algériennes, nationales et internationales, je considère comme nécessaire que ce recours à l’autodétermination soit, dés aujourd’hui, proclamé », extrait du discours du général De Gaulle du 16 septembre 1959.

Dans ce fameux discours, le général propose trois solutions possibles. Les Algériens peuvent choisir, selon lui, ou la sécession, ou la francisation complète, ou le gouvernement des Algériens par des Algériens, appuyés sur l’aide de la France et en union étroite avec elle, pour l’économie, l’enseignement, la défense et les relations extérieures. Pour le président français, la solution réside, sans ambages, dans la troisième possibilité. Mais, en sachant que le peuple algérien rejettera tout maintien sous tutelle, les ultras s’invitent dans la bataille. D’ailleurs, la controverse sur l’autodétermination touche même le parti gaulliste, l’UNR (Union pour la Nouvelle République). Pour Benjamin Stora, auteur de Le mystère de Gaulle : son choix pour l’Algérie, « neuf députés gaullistes quittent la formation en octobre 1959. Quelques jours auparavant, le 19 septembre, Georges Bidault et Roger Duchet ont créé le Rassemblement pour l’Algérie française. » Dans la foulée, les (…) Lire la suite »

Algérie : L’élection présidentielle d’avril 2014 : l’improbable alternance.

Ait Benali BOUBEKEUR

C’est désormais officiel : l’élection présidentielle aura bien lieu en avril 2014. Encore une fois, pour préserver la façade démocratique, le régime algérien fixe officiellement la date du scrutin présidentiel pour le 17 avril 2014.

En effet, c’est bien en vertu de l’article 133 de la constitution que le chef de l’État convoque le corps électoral. Mais, une fois qu'on s’est servi de la constitution pour une mission précise, celle-ci est hélas vite remisée aussitôt au placard. De toute évidence, bien que personne ne croie à la probité des dirigeants (de leur côté, ceux-ci n’ont aucun respect pour les citoyens), le pouvoir algérien doit vendre, notamment à l’opinion internationale, une image présentable. Mais, pour les observateurs de la scène politique nationale, il ne subsiste aucun doute sur l’issue de la joute électorale. En fait, mis à part le référendum pour l’autodétermination du 1er juillet 1962, les élections sont utilisées pour renforcer le régime. Tout compte fait, à l’instar du verrouillage de la vie politique, le système algérien – bien qu’il soit ébranlé par les luttes internes – ne lâchera jamais du lest. Ainsi, en s’octroyant tous les supports médiatiques, seule la voix des chefs est audible. (…) Lire la suite »

Retour sur l’ascension de Houari Boumediene.

Ait Benali BOUBEKEUR

À l’issue de la réunion du CNRA (conseil national de la révolution algérienne), tenue du 16 décembre 1959 au 18 janvier 1960, les congressistes unifient le commandement militaire sous la houlette de Houari Boumediene. Bien que le CNRA ait pris soin, au préalable, de créer le comité interministériel de la guerre (CIG), dirigé par les 3B (Belkacem Krim, Boussouf Abdelhafid et Bentobbal Lakhdar), force est de reconnaitre que l’EMG (état-major général) constitue, dès sa création, le vrai centre du pouvoir.

Fonctionnant jusque-là dans la collégialité, cette décision – quelle mouche a piqué les dirigeants de la révolution pour qu’ils abandonnent ce principe ? – va s’avérer néfaste. Ainsi, malgré les abus de pouvoir des 3B, les équilibres sont maintenus. Pour ce faire, chacun dispose de sa clientèle et le groupe sur lequel il s’appuie. En revanche, leur seul point commun réside dans leur hostilité maladive à l’émergence d’une tête politique. D’ailleurs, quand la révolution en avait une, en l’occurrence Abane Ramdane, les 3B ont conjugué leurs forces en vue de la neutraliser. Du coup, après la défaite de la ligne politique soummamienne, les 3B deviennent les maitres incontestés de la révolution. Mais, dans le cas où les 3B n’arrivent pas à aplanir leurs différends, quelles seront les conséquences sur la révolution ? Et en 1959, la mésentente entre les 3B atteint le point de non-retour. En effet, bien qu’ils soient unis contre les politiques, « Krim, Bentobbal et Boussouf sont divisés (…) Lire la suite »

À propos de l’interruption des élections législatives de décembre 1991 en Algérie

Ait Benali BOUBEKEUR

Depuis l’accession du pays à la souveraineté, l’Algérie ne s’est jamais retrouvée dans une situation embarrassante comme celle du 11 janvier 1992. Il s’agit, pour rappel, de l’annulation des élections législatives que le régime a lui-même organisées. En effet, l’armée est intervenue pour mettre fin au processus électoral, dont le premier tour s’est déroulé le 26 décembre 1991, remporté haut la main par le FIS (Front islamique du Salut). Bien que la classe politique se soit divisée sur l’arrêt du processus électoral, force est de constater, 22 ans plus tard, que la libéralisation politique a pris un sérieux coup, avec notamment le lot de restrictions liées à l’état d’urgence.

Par ailleurs, lors de ces élections –et c’est le moins que l’on puisse dire –, les Algériens pensaient choisir eux-mêmes leurs représentants. Et c’est là bien sûr le but des élections. En effet, le citoyen met une pression sur ses gouvernants afin qu’ils réalisent leurs desiderata. Dans le cas contraire, ils auront la possibilité d’élire de nouveaux gouvernants. Quant aux partis, ils doivent ajuster leurs programmes de sorte à rapprocher l’État du citoyen. Et si on se limitait à ces acceptions fondant l’État de droit, on pourrait dire que les élections du 26 décembre 1991 respectent les normes de la démocratie. Cependant, tous les pays qui ont accepté l’ouverture démocratique, l’armée a toujours joué un rôle primordial. Dans certains pays, leur rôle était néfaste, comme le résume William Quandt dans « Société et pouvoir en Algérie » en notant à juste titre : « Partout où les régimes ont permis des ouvertures, l’assignation d’un rôle précis aux militaires a constitué un problème (…) Lire la suite »

L’affaire Chekib Khelil : quand la justice est au service du régime.

Ait Benali BOUBEKEUR

L’annulation du mandat d’arrêt international, lancé par la justice algérienne le 12 août 2013, contre l’ancien ministre de l’Énergie, Chekib Khelil, confirme l’idée que se font les Algériens de leur justice, c’est-à-dire une institution au service du pouvoir.

À vrai dire, ce qui parait invraisemblable, c’est que celle-ci inquiète les hommes influents du régime. Cela dit, dans des circonstances données, il se peut qu’elle soit activée dans le cadre de règlements de compte entre les clans rivaux. D’où le recours à la justice en vue de déstabiliser le clan adverse. En effet, le peuple étant exclu de la gestion de ses propres affaires, la lutte de clans peut provoquer des batailles féroces. « Ce mandat d’arrêt est une histoire de guerre de clans. Pour que la justice italienne puisse bouger, il leur fallait des preuves matérielles des versements de pots-de-vin, tels que des relevés de compte algériens. Si elle a pu obtenir ces preuves, c’est que quelqu’un les lui a fournies », répond Halim Feddal, membre de la LADDH et de l’association nationale de lutte contre la corruption, au journal El Watan, le 16 août 2013. Dans les pays qui se respectent, une telle affaire aurait mobilisé toutes les franges de la société. Ce n’est malheureusement (…) Lire la suite »

Retour sur le phénomène de la torture pendant la guerre d’Algérie.

Ait Benali BOUBEKEUR

Dans toutes les guerres, les méthodes sont quasiment les mêmes. Le plus fort essaie, autant que faire se peut, de détruire les forces adverses par tous les moyens. Bien que la version officielle puisse mettre en exergue le volet humanitaire de son armée, les guerres s’y ressemblent.

À ce titre, la guerre d'Algérie n'échappe à cette règle. Cela dit, est-ce que tous les Français étaient les adversaires du peuple algérien ? De même que les grands dénonciateurs du système colonial furent des Français, des voix françaises – et non des moindres – se sont opposées, dès le début du conflit, à la répression aveugle. « Dès janvier 1955, l'Express et France-Observateur ont publié les textes de François Mauriac et de Claude Bourdet, qui dénoncent les tortures infligées aux militants du MTLD arrêtés après sa dissolution », écrit Sylvie Thénault, dans Histoire de la guerre d'indépendance algérienne. Cependant, si l'opinion n'est au courant de l'utilisation de la torture que vers 1955, celle-ci demeure, tout au long de la période coloniale, l'une des pierres angulaires sur laquelle repose le système. À vrai dire, sa relation avec le colonisé est celle liant le pendu à la corde. Elle ne le lâche que lorsque la victime rend l’âme. Pour Jean-Luc Einaudi, auteur du livre 17 (…) Lire la suite »