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Auteur : Marco D’ERAMO
Bon sang ne saurait mentir

Quand David cassait les vitrines (Il Manifesto)

Marco D’ERAMO
Dans une ville anglaise une bande de jeunes défonce une vitrine, s'enfuit dans la nuit, et se dirige en courant vers le jardin botanique. La police les suit, en embarque quelques uns dans leurs fourgonnettes et les met au trou. Le problème c'est que nous ne parlons pas d'un épisode survenu ces jours-ci. Et que les jeunes arrêtés ne sont pas des casseurs sous-prolétaires. Non, l'épisode a lieu il y a 24 ans à Oxford et les 10 jeunes gens étaient tous membres du Bullingdon Club, une association étudiante oxfordienne de 150 ans d'âge, fameuse pour ses frasques estudiantines, ses cuites et pour considérer la vandalisation de boutiques et restaurants comme le fin du fin de la distraction. Restaurateurs, commerçants et dénonciations à la police, tout est remis en ordre avec quelques généreuses indemnisations qu'on va puiser dans les grassouillets portefeuilles paternels. Quelques heures plus tôt, les dix jeunes gaillards s'étaient fait tirer le portrait sur les marches d'un grand escalier, tous en (...) Lire la suite »
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L’ « Obomanie » et la gauche critique

Marco D’ERAMO
« Contre Obama » est le titre de la rubrique d'Alexander Cockburn publiée le 22 octobre par The Nation, l'hebdomadaire le plus important de la gauche américaine (*). Alexander est un représentant atypique de cette gauche. D'abord il est anglais et pas américain, même s'il n'est pas du tout flegmatique, plutôt même polémiste assez véhément, journaliste « méchant ». Son frère Patrick est un journaliste confirmé. Son père Claude, journaliste lui aussi, avait été dénoncé comme communiste par Georges Orwell (l'auteur de 1984, et de La ferme des animaux). Il ne vit pas dans une grande ville mais dans un conté perdu en Californie du Nord. Alexander a écrit avec Susanna Hecht un beau livre sur l'Amazonie ( The fate of the Forest : developers, destroyers and defenders of the Amazon, Verso 1989). Avec Jeffrey St Clair il est le producteur de Counterpunch, la plus radicale newsletter politique des Etats-Unis (ces jours ci justement Counterpunch a lancé une souscription pour pouvoir survivre : ça vous rappelle (...) Lire la suite »
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Violences faites aux femmes : enfer de famille.

Marco D’ERAMO
Il manifesto, jeudi 21 juin 2007. Mieux seule que mal accompagnée, c'est la morale qu'on peut tirer du dernier rapport du Viminal (siège du ministère de l'Intérieur italien à Rome, NDT) sur la sécurité en Italie. Parce que les chiffrent qui sont le plus impressionnants concernent les femmes : en 2006, un million 150.000 femmes au moins ont subi des violences. Et les femmes qui ont subi des violences au cours de leur vie sont 6 millions 743.000 (une italienne sur trois), dont 5 millions des violences sexuelles. Le chiffre le plus bouleversant est que 62,4 % de toutes les violences sur les femmes ont été commises par leur partenaire, et le pourcentage grimpe à 68,3 % pour les violences sexuelles, et à 69,7 pour les viols. Le mari est l'agresseur le plus fréquent et le milieu familial est celui où se niche le plus grand danger. Tu parles d'une famille berceau des valeurs civiles ! La famille génère des bleus, hématomes, lacérations, quand ce n'est pas des décès. Et pourtant on n'a lancé aucune (...) Lire la suite »

Virginia Tech de Blacksburg : les larmes du crocodile.

Marco D’ERAMO
Il manifesto, jeudi 19 avril 2007. Une seule répétitivité est plus désespérante et plus répétitive que le massacre dans les écoles et les campus étasuniens, c'est la répétitivité monotone des commentaires sur ces homicides. Ce que rappelait Sandro Portelli hier est bien vrai, à savoir que rien d'intelligent ne peut se dire sur un massacre, mais peut-être peut-on dire quelque chose de moins triste sur les réactions à ces massacres. Si quelqu'un se prenait la peine de feuilleter les journaux Usa et de lire ce qu'ils écrivaient en 1996 après que 16 étudiants aient été tués à l'université du Texas, ou après les 12 morts de Columbine en 1999, mais aussi après chacune des 18 fusillades qui ont constellé la dernière décennie américaine, il trouverait la même émotion à bon marché que celle qui a accueilli hier les 33 tués et la vingtaine de blessés de Blacksburg. Le lecteur tomberait sur la même gouttelette de larme facile pour les jeunes vies fauchées, mais toujours drapée du ponce-pilatisme qui rebondit déjà dans les (...) Lire la suite »

L’Amérique pauvre des super riches.

Marco D’ERAMO
Il manifesto, samedi 31 mars 2007. Georges W. Bush et Dick Cheney sont enfin parvenus à ramener les aiguilles de 80 ans en arrière et à reporter la géographie sociale de l'Amérique avant la Grande Dépression. C'est ce qui émerge des revenus étasuniens en 2005 (dernier rapport disponible) : cette année là , les 300.000 américains (étasuniens, NDT) les plus riches ont déclaré un revenu égal au cumul de celui des 150 millions d'étasuniens les plus pauvres : c'est-à -dire 0,1% (un pour mille) au sommet de l'échelle des revenus a encaissé autant que les 50 % qui sont en bas ; en d'autres termes : en moyenne, chaque personne du groupe de tête a encaissé 440 fois plus que chaque personne du groupe de queue. Une disparité qui ne s'était pas vue pas depuis 1928, avant la Grande Dépression. Une telle concentration de la richesse ne s'était peut-être pas vue depuis l'époque de l'Egypte ancienne. Du point de vue des revenus au moins, les républicains sont ainsi arrivés à effacer le New Deal de Franklin D. Roosevelt. (...) Lire la suite »

Un pape hors de l’histoire.

Marco D’ERAMO
Il manifesto, dimanche 24 mars 2007. Un pape désespéré : ainsi se souviendra-t-on de Benoît XVI. Chacune de ses paroles est inspirée par une vision sombre, quasi wagnérienne, du monde où il lui échoit de vivre et régner : rien ne sauve de la modernité. Il a pour l'univers de la technique une aversion thomiste heideggérienne et, grâce à la technologie de la communication de masse, il ne cesse de dénoncer le nihilisme de la technologie. Le présent paraît être pour lui un désert de sentiments et de valeurs dont le relativisme l'angoisse. Le dernier exemple de ce désespoir démesuré nous vient du discours qu'il a tenu hier matin aux évêques européens : oublieuse des valeurs chrétiennes, l'Europe risquerait « l'apostasie d'elle-même, avant celle de Dieu ». « Apostasie » est un mot grave, dramatique, d'un Julien empereur [1]. Il évoque un hara-kiri moral. Cependant, il n'exprime ici qu'un vieux syllogisme tautologique : si l'essence de l'Europe est sa chrétienté, quand l'Europe arrête d'être chrétienne, elle cesse (...) Lire la suite »

Saddam Hussein : Malheur aux vaincus.

Marco D’ERAMO
Enquête sur la vidéo de la pendaison de Saddam Hussein, et au-delà qui est responsable de quoi ? par Danielle Bleitrach. Il manifesto, mardi 2 janvier 2007. On nous l'avait montrée comme une pendaison sobre, réglée : la vidéo distribuée par le gouvernement irakien était muette. Mais ensuite est arrivée la bande sonore dans laquelle les gardes et les spectateurs qui n'arrêtent pas de se foutre de Saddam Hussein ; comme des ultras de stade, ils lui crient le nom de Moqtada al-Sadr, ennemi implacable du dictateur ; lui hurlent « Va en enfer ! » ; lui entonnent une prière chiite, à lui qui est sunnite ; jusqu'à ce que, juste avant que ne s'ouvre la trappe, Saddam Hussein dise : « Les vrais hommes ne se conduisent pas comme ça ». L'exécution se révèle donc comme ce qu'elle était, une vengeance, vile, en plus, abjecte. Les médias anglo-saxons sont maintenant « scandalisés » : ils auraient voulu une exécution aseptisée. Aux Usa, sévit toujours l'idée que la peine de mort puisse être prescrite comme dans (...) Lire la suite »

La sale campagne des troupes de Bush.

Marco D’ERAMO
Il manifesto, Cincinnati (Ohio), vendredi 3 novembre 2006. « Rappelez-moi plus tard dans l'après-midi, comme ça je vous dirai tout sur la récolte de fonds de ce soir » me dit le fonctionnaire du parti républicain de l'Ohio, au téléphone. « Vous voulez dire à quelle heure ? » dis-je. « Trois heures ». A trois heures je rappelle et il me dit que ce sera à six heures au Kona Bistro sur Madison Road, à l'heure du repas, donc. Je me perds à la sortie de l'autoroute I-71, et me retrouve à tourner en rond dans un ghetto noir, de ceux vraiment désespérés, avec les petits pavillons croulants et décrépits, mauvaises herbes à la place des pelouses proprettes, les gosses qui jouent dans la rue, voitures cabossées et rouillées, celles avec les ailerons sur la capot, typiques des années 60. Mais un peu plus loin le paysage change, les maisonnettes deviennent plus soignées, les magasins plus chics, les constructions lèvent le petit doigt. Le Kona Bistro est de ceux qui servent du vin cher et des petites portions dans (...) Lire la suite »

"Jésus, bénis Georges Bush, je t’en prie !".

Marco D’ERAMO
Il manifesto, Lancaster (Ohio), 1er novembre 2006. Il faut lever les bras le long du buste, avec les paumes ouvertes vers le haut et vers l'extérieur, à la hauteur des oreilles. Les yeux doivent être clos dans un ravissement extatique, et le corps, debout, onduler avec légèreté, pendant que vous chantez sur le rythme d'une musique douce : « Je ne veux pas rester silencieux, je ne veux pas me taire, sur toute la terre faisons un bruit joyeux pour le Seigneur, Alléluia, alléluia » ; ou bien : « Parce que ton sang peut effacer toute tâche, oh Agneau de Dieu, je viens, je viens » ; ou encore : « Dieu, fais de nous la génération qui te regarde en face, oh Dieu de Jacob ». C'est neuf heures du matin, un dimanche, et 500 fidèles environ remplissent la moitié de la salle, grand cinéma, avec scène, balcon et podium où 50 choristes entonnent des hymnes et, dans le fond - genre retable- un grand écran sur lequel défilent les paroles de la chanson (comme ça les fidèles aussi peuvent chanter) et, quand le pasteur (...) Lire la suite »

USA : Le vent de l’intolérance souffle sur la frontière.

Marco D’ERAMO
Il manifesto, Los Angeles, dimanche 22 octobre 2006. Dans la plaine centrale de Californie, d'un côté le désert, de l'autre des cultures ininterrompues, immenses étendues de laitues, tomates et vergers. Mais ces jours ci, beaucoup de fruits pourrissent sur pied car la main d'oeuvre se raréfie : les élections du 7 novembre approchent et les exigences de la campagne électorale ont rendu plus strict le contrôle de la frontière avec le Mexique ; et réduit à un petit ruisselet le flux d'habitude impétueux des clandestins, sans lesquels l'agriculture californienne s'arrêterait d'un coup. Si bien que les durs du parti républicain se moquent des lettuce liberals, les « progressistes de salade », c'est-à -dire ceux qui redoutent un renchérissement brutal des produits alimentaires si des salaires plus hauts ramènent les étasuniens aux travaux des champs. Dans la galéjade, le député républicain de l'Arizona, J. D. Hayworth, en rajoute une louche dans son livre Whatever It Takes : Illegal Immigration, Border (...) Lire la suite »
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