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Auteur : Paul KRUGMAN

Moment de Vérité pour l’Europe (New York Times)

Paul KRUGMAN

Jusqu’à ce jour, les faits ont démenti toutes les alertes à l’éclatement imminent de l’euro. Quels que furent leurs discours de campagne électorale, les gouvernements capitulent devant les exigences de la troïka ; tandis que l’intervention de la B.C.E. permet de calmer les marchés.

Ce processus a permis à la monnaie de résister, mais il a également perpétué une austérité profondément destructrice – il ne s'agissait pas de laisser les quelques trimestres de faible croissance de certains débiteurs dissimuler le coût astronomique de cinq années de chômage de masse. En matière politique, les grands perdants de ce processus sont les partis de centre-gauche, dont le consentement à une austérité implacable – avec pour conséquence l’abandon de tout ce qu’ils étaient censés représenter – leur cause un préjudice bien plus grand qu’à ceux de centre-droit, lorsqu’ils appliquent les mêmes politiques. Il me semble que la troïka – à mon avis, il est temps d’arrêter de faire semblant de croire à un quelconque changement, il convient donc de revenir à la vieille dénomination – attendait, ou tout du moins espérait que le Grèce rejoue la même histoire. Soit Tsipras adoptait le comportement habituel, en abandonnant une grande partie de sa coalition avant, selon toute probabilité, de se voir contraint à une (...) Lire la suite »

Le complot contre la France (The New York Times)

Paul KRUGMAN

Vendredi dernier, l’agence de notation Standard & Poor’s a abaissé la note de la France. Une décision qui a fait les gros titres, bien des commentateurs laissant entendre que la France serait en crise. Le tout sous le regard indifférent des marchés : les coûts d’emprunt du pays, qui ont rarement été aussi bas, ont à peine frémi.

Alors, que se passe-t-il en réalité ? En fait, il faut considérer l'intervention de Standard & Poor's dans le contexte plus général de la politique d'austérité budgétaire. Et je dis bien politique, et non économique. Car le complot contre la France - j'ironise certes un peu, mais nombreux sont ceux qui cherchent à ternir sa réputation - montre clairement qu'en Europe comme en Amérique, les zélotes du budget ne se soucient guère des déficits. Au lieu de cela, ils jouent sur la peur liée à la dette pour poursuivre des objectifs idéologiques. Et la France, qui refuse de se prêter à ce jeu, est désormais la cible d'une propagande négative de tous les instants. Permettez-moi de vous en donner une idée plus précise. Il y a un an, l'hebdomadaire The Economist déclarait que la France était "la bombe à retardement au cœur de l'Europe", dont les problèmes éclipseraient ceux que connaissaient la Grèce, l'Espagne, le Portugal et l'Italie. En janvier 2013, un rédacteur en chef invité de CNN Money assurait que le (...) Lire la suite »
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Le piège des sans-emploi (The New York Times)

Paul KRUGMAN

Franklin D. Roosevelt nous disait que la seule chose que nous avions à craindre était la peur elle-même. Mais lorsque les futurs historiens se pencheront sur notre réponse monstrueusement défaillante quant à la dépression économique, ils ne blâmeront probablement pas la peur en soi. Au lieu de cela, ils fustigeront nos dirigeants pour avoir craint les mauvaises choses.

La crainte exagérée qui a conduit la politique économique a été l'hystérie de la dette, la peur que, si nous ne coupions pas dans les dépenses nous en arriverions un jour ou l'autre à l'état dans lequel se trouve la Grèce maintenant. Après tout, les économistes n'ont-ils pas prouvé que la croissance économique s'effondre une fois que la dette publique dépasse 90% du produit intérieur brut ? Eh bien, il s'avère que la célèbre ligne rouge sur la dette, était un artefact de statistiques douteuses, renforcé par une mauvaise arithmétique. Et les Etats-Unis ne sont pas et ne peuvent pas être la Grèce, parce que les pays qui empruntent dans leur propre monnaie opèrent selon des règles très différentes de ceux qui dépendent de l'argent de quelqu'un d'autre. Après des années d'avertissements répétés que la crise financière était juste au détour du chemin, le gouvernement étasunien peut encore emprunter à de très bas taux d'intérêt. Mais de même que les craintes de la dette ont été et sont peu judicieuses, il existe un (...) Lire la suite »

La Grèce en tant que victime - (the New York Times)

Paul KRUGMAN
Depuis que la Grèce a atteint le fond, nous avons beaucoup entendu parler de ce qui ne va pas et tout serait de la faute des Grecs. Certaines des accusations sont vraies, certaines sont fausses - mais elles sont toutes hors sujet. Oui, il existe de grandes insuffisances dans l'économie de la Grèce, sa politique et sans doute sa société. Mais ces échecs ne sont pas ce qui a causé la crise qui déchire singulièrement la Grèce, et menace de s'étendre à travers l'Europe. Non, les origines de cette catastrophe se situent plus au nord, à Bruxelles, Francfort et Berlin, où des fonctionnaires ont créé un système monétaire déficient - voire fatal, et ont ensuite aggravé les problèmes de ce système en substituant de la moralisation à de l'analyse. Et la solution à la crise, s'il en existe une, devra venir des mêmes responsables. Ainsi, à propos de ces défauts grecs : la Grèce connait en effet beaucoup de corruption et beaucoup d'évasion fiscale, et le gouvernement grec a eu l'habitude de vivre au-dessus de ses (...) Lire la suite »
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"Nous avons besoin maintenant de croissance" - (Der Spiegel)

Paul KRUGMAN
Der Spiegel : M. Krugman, la Grèce doit-elle quitter la zone euro ? Paul Krugman : Oui. Je ne vois pas trop de solution de rechange actuellement. Cela va être terrible dans la première année si elle la quitte. Donc, je suis vraiment réticent à le dire comme cela en reviendrait un petit peu à crier "Au feu !" dans un théâtre bondé, mais quelle est l'alternative réaliste ici ? Ce n'est pas comme si quelqu'un avait quelque chose à proposer qui aurait le moindre espoir de les faire sortir de la pagaille dans laquelle ils se trouvent. Der Spiegel : Si la Grèce doit quitter l'euro, cela va-t-il enfin contenir la crise de l'euro ou, plutôt, faire empirer les choses ? Paul Krugman : Qu'adviendra-t-il si la Grèce quitte l'euro ? Alors, vous avez encore une fuite des capitaux des banques dans d'autres pays de la périphérie, parce qu'elle a créé un précédent. Mais, encore une fois, elle pourrait être contenue avec des prêts de la Banque centrale européenne. Ce qui doit arriver, c'est que la Banque centrale (...) Lire la suite »

L’apocalypse pour très bientôt - (The New York Times)

Paul KRUGMAN
Soudain, il est devenu facile de voir comment l'euro - cette grande expérience défectueuse d'une union monétaire sans union politique - peut rompre au niveau des coutures. Nous ne parlons pas d'une perspective si lointaine. Les choses pourraient s'effondrer à une vitesse étonnante, dans un terme de mois, pas d'années. Et les coûts - à la fois économiques et, sans doute encore plus importants, politiques - pourraient être énormes. Cela ne doit pas se produire ; l'euro (Ou du moins sa plus grande part) peut encore être sauvé. Mais il faudra que les dirigeants européens, en particulier en Allemagne et à la Banque centrale européenne, commencent à agir très différemment de la façon dont ils ont agi ces dernières années. Ils doivent cesser de moraliser et traiter avec la réalité, ils ont besoin d'arrêter de temporiser et, pour une fois de redresser la courbe. Je voudrais pouvoir dire que j'ai été optimiste. L'histoire jusqu'ici : Lorsque l'euro est entré en fonction, il y a eu une grande vague d'optimisme (...) Lire la suite »
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