RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
34 

La Grèce en tant que victime - (the New York Times)

Depuis que la Grèce a atteint le fond, nous avons beaucoup entendu parler de ce qui ne va pas et tout serait de la faute des Grecs. Certaines des accusations sont vraies, certaines sont fausses - mais elles sont toutes hors sujet. Oui, il existe de grandes insuffisances dans l’économie de la Grèce, sa politique et sans doute sa société. Mais ces échecs ne sont pas ce qui a causé la crise qui déchire singulièrement la Grèce, et menace de s’étendre à travers l’Europe.

Non, les origines de cette catastrophe se situent plus au nord, à Bruxelles, Francfort et Berlin, où des fonctionnaires ont créé un système monétaire déficient - voire fatal, et ont ensuite aggravé les problèmes de ce système en substituant de la moralisation à de l’analyse. Et la solution à la crise, s’il en existe une, devra venir des mêmes responsables.

Ainsi, à propos de ces défauts grecs : la Grèce connait en effet beaucoup de corruption et beaucoup d’évasion fiscale, et le gouvernement grec a eu l’habitude de vivre au-dessus de ses moyens. En plus de cela, la productivité économique grecque est faible par rapport aux normes européennes - environ 25% en dessous de la moyenne de l’Union européenne. Il est intéressant de noter toutefois, que la productivité économique, disons dans le Mississippi, est également faible par rapport aux normes américaines - et d’environ la même proportion.

D’autre part, beaucoup de choses que vous entendez sur la Grèce ne sont tout simplement pas vraies. Les Grecs ne sont pas paresseux - au contraire, ils travaillent de plus longues heures que presque n’importe qui d’autre en Europe, et beaucoup plus d’heures que les Allemands en particulier. Pas plus que la Grèce aurait un État-providence dispendieux, tel que les conservateurs se plaisent à le prétendre ; les dépenses sociales en pourcentage du PIB, la mesure standard de la quantification de l’État-providence, sont sensiblement plus faibles en Grèce que disons, en Suède ou en Allemagne, des pays qui ont jusqu’à présent plutôt bien résisté à la crise européenne.

Alors, comment la Grèce en est-elle arrivée à tant de soucis ? Par la faute de l’euro.

Il y a quinze ans la Grèce n’était pas un paradis, mais elle n’était pas en crise non plus. Le taux de chômage était élevé, mais pas catastrophique, et la nation assurait plus ou moins bien son chemin sur les marchés mondiaux, elle gagnait suffisamment d’argent provenant des exportations, du tourisme, du transport et d’autres sources pour plus ou moins payer pour ses importations.

Puis la Grèce a rejoint l’euro, et une chose terrible est arrivée : les gens ont commencé à croire que c’était un endroit sûr pour y investir. L’argent étranger s’est déversé en Grèce, en finançant pour une part seulement des déficits publics, l’économie était en plein essor ; l’inflation a augmenté, et la Grèce est devenue de moins en moins compétitive. Les Grecs ont bien sûr gaspillé beaucoup sinon la plupart de l’argent qui est arrivé à flots, mais il en a été ainsi pour tout le monde qui a été pris dans la bulle de l’euro.

Et puis la bulle éclata, au moment où les défauts fondamentaux dans le système de l’euro dans son ensemble sont devenus trop évidents.

Demandez-vous, pourquoi la zone du dollar - également connue comme étant les États-Unis d’Amérique - a plus ou moins fonctionné, sans connaitre le genre de graves crises régionales qui affectent aujourd’hui l’Europe ? La réponse est que nous avons un gouvernement central fort, et les activités de ce gouvernement fournissent effectivement des plans de sauvetage automatiques aux Etats qui se retrouvent en difficulté.

Considérons, par exemple, ce qui se passerait en Floride en ce moment, à la suite de son énorme bulle immobilière, si l’État avait dû faire face aux dépenses de Sécurité Sociale et de Medicare à partir de ses propres revenus tout à coup réduits. Heureusement pour la Floride, Washington plutôt que Tallahassee a payé l’addition, ce qui signifie que la Floride a reçu effectivement un plan de sauvetage à une échelle dont pas une nation européenne ne pourrait rêver.

Ou envisageons un exemple ancien, la crise des placements et des prêts des années 1980, qui était largement cantonnée au Texas. Les contribuables ont fini par payer une somme énorme pour nettoyer le gâchis - mais la grande majorité de ces contribuables étaient dans d’autres Etats que le Texas. Encore une fois, l’état a reçu un plan de sauvetage automatique sur une échelle inconcevable dans l’Europe moderne.

Donc, la Grèce, non sans péchés, est principalement dans les ennuis à cause de l’arrogance des technocrates européens, la plupart de pays plus riches, qui se sont convaincus qu’ils pourraient faire fonctionner une monnaie unique sans un gouvernement unique. Et ces mêmes technocrates ont rendu la situation encore bien pire, en prétendant contre toute évidence, que tous les troubles de la devise européenne auraient été causés par un comportement irresponsable des Européens du Sud, et que tout allait seulement s’arranger si ces peuples étaient prêts à souffrir encore un peu plus.

Ce qui nous amène à l’élection grecque de dimanche, qui a fini par ne rien régler. La coalition de gouvernement a peut-être réussi à rester au pouvoir, bien que ce ne soit même pas clair (Le partenaire junior de la coalition [le Pasok] menace de la quitter). Mais les Grecs ne peuvent pas résoudre cette crise de toute façon.

La seule façon dont l’euro pourrait - pourrait - être sauvé, c’est si les Allemands et la Banque centrale européenne se rendaient compte que ce sont eux qui ont besoin de changer de comportement, de dépenser plus, et oui d’accepter une inflation plus élevée. S’il n’en était pas ainsi - la Grèce restera essentiellement dans l’histoire comme la victime de l’orgueil des autres.

Paul Krugman, le 17 juin 2012.

Source : Greece as Victim

URL de cet article 17015
  

Manifeste du Parti Communiste
Karl MARX
Présentation de l’éditeur " On ne peut prétendre que quelques belles pages peuvent à elles seules changer la face du monde. L’oeuvre de Dante tout entière n’a pas suffi à rendre un saint empereur romain aux Communes italiennes. Toutefois, lorsque l’on parle de ce texte que fut le Manifeste du parti communiste publié par Marx et Engels en 1848 et qui a, indéniablement, exercé une influence considérable sur deux siècles d’histoire, je pense qu’il faut le relire du point de vue de sa qualité littéraire ou, (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Si vous avez déjà accordé de l’importance à ce qui se diffuse pendant un journal télévisé, si vous vous êtes déjà intéressé à ça pendant, disons, plus de 30 secondes, c’est que vous êtes soit un de ces étudiants en comm’ qui y croit encore, soit un de ces journalistes qui voudrait nous y faire croire encore, soit vous étiez malade et alité devant la télé. Sinon, vous avez un sérieux problème de perception.

Viktor Dedaj

Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’Occident
Il y a des sujets qui sont aux journalistes ce que les récifs sont aux marins : à éviter. Une fois repérés et cartographiés, les routes de l’information les contourneront systématiquement et sans se poser de questions. Et si d’aventure un voyageur imprudent se décidait à entrer dans une de ces zones en ignorant les panneaux avec des têtes de mort, et en revenait indemne, on dira qu’il a simplement eu de la chance ou qu’il est fou - ou les deux à la fois. Pour ce voyageur-là, il n’y aura pas de défilé (...)
43 
La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.