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Auteur : Philippe NADOUCE

Est-ce malin d’acheter son café du matin avec du bitcoin ?

Philippe NADOUCE

Si vous possédez des bitcoins, rappelez-vous : vous faites partie d'une élite et d'une avant-garde ! Si vous ne les vendez pas et que vous les conservez suffisamment longtemps, vous pourriez bien recevoir une énorme récompense dans quelques années ! En effet, la valeur d’1 bitcoin pourrait monter jusqu’à 100.000 euros avant la fin de la prochaine décennie. Voyons pourquoi. Mais avant, revenons sur terre ; la plupart des gens n’ont jamais entendu parler des monnaies numériques aussi appelés crypto-monnaies et la quasi-totalité de ceux qui sont tombés sur le nom « bitcoin » ne peuvent décrire ce que c’est. Certaines institutions l’associent à de l'argent ; d'autres, prétendent que c'est un titre, une marchandise ou quelque chose qui n'existe pas mais… qui a une valeur. Cet article tentera de démontrer que le bitcoin est bien de l’argent tel qu’il est généralement représenté pour le profane.

L’argent est une fiction basée sur la confiance, c’est aussi une construction sociale dont nous avons hérité lorsque nous sommes nés, car toutes les capacités sociales humaines sont innées. Nous reviendrons sur cette théorie chomskyenne dans les prochaines semaines. Mais pour l’instant, restons fidèles à la fiction de l’argent. Pour que cette fiction monétaire devienne réalité, elle doit être justifiée et protégée par consensus et/ou un pouvoir (un État ou un groupe d’États ; Max Keizer, le pourfendeur de la finance dans les médias alternatifs américains, affirme que le dollar est soutenu par la suprématie des forces militaires américaines. Gaddafi pourrait sans doute nous le confirmer s’il vivait encore...). L'argent peut se matérialiser dans n'importe quel objet, tant qu’il a la confiance de ses utilisateurs et tant que sa valeur est soutenue par une autorité centralisée. Par exemple, le tabac fut légalisé comme monnaie d’échange en Virginie en 1642. Des formes remarquables de monnaies primitives furent les (...) Lire la suite »

Onfray, lard et cochon ? (Chronique d’un intello précaire perdu dans la tourmente néolibérale)

Philippe NADOUCE

Pour une énième fois, on me demande ce que je pense de Michel Onfray. « Facile ! » je réponds. On me regarde alors, ébaubi. Comment ? Par quel prodige serais-je capable de résoudre cette énigme ? Car c’en est une ! Cet homme divise les familles, l‘ensemble de la gauche, la petite bourgeoisie, les bobos, la mer rouge, les médias ; en bref : la so-cié-té ! C’est le Brexit de la matière grise, la pierre philosophale de la division !

Onfray l’anarchiste Les plus attentifs ont cependant retenu une chose : c’est un anarchiste. Commençons par-là. Les anarchistes sont une très grande famille de pensée qui, sur le spectre politique, se situe à gauche. Ils furent historiquement les ennemis jurés des jacobins, des girondins (quoi qu’en dise l’intéressé), de la bourgeoisie, des léninistes, des stalinistes, des fascistes, des nazis, des colonialistes et des démocraties occidentales. Tout ce beau monde s’est toujours allié contre eux dans le but de les liquider. Et pour cause, ils préconisent l’abolition de l’État centralisé et de sa violence, des patrons et du capital et prônent l’autogestion, une forme extrême de démocratie horizontale au sein de laquelle la liberté et l’égalité seraient enfin une osmose. Onfray et l’anarchisme Voilà, en gros, de quoi se réclamerait Michel Onfray. A voir votre grimace, on sent bien que ce n’est pas tout à fait ça. Voyons plutôt ce que l’homme retient de notre définition. Il est d’abord ouvertement athée. Nous (...) Lire la suite »

Faire payer le 1%

Philippe NADOUCE

Les vagues les plus meurtrières d’un tsunami ne sont jamais les premières. Le Brexit fut une surprise ; l’élection de Donald Trump est une vague inouïe qui vient de fracasser les espoirs doucereux d’une classe moyenne progressiste, socio démocrate et égoïste qui ne cache plus son mépris pour les pauvres et les laissés pour compte et pensait sans doute continuer le business as usual avec le clan Clinton.

L’élection du 45e président des États-Unis est un débordement aux conséquences incalculables, une rébellion des masses qui ont voté contre la mondialisation et ses excès, contre la gabegie d’une minorité qui, depuis la crise de 2008, a raflé 90% de toute la richesse créée dans l’économie mondiale. C’est la victoire du « petit blanc » pauvre, certes mais aussi des couches sociales démunies qui étaient restées en panne d’American way. Trump un extraterrestre ? Pas du tout La réalité du capitalisme pour les pauvres et communisme pour les riches prend ici une forme étonnamment douloureuse pour les classes moyennes / supérieure diplômées et progressistes du monde libre ; celles qui voyaient en Hilary Clinton un mal nécessaire car cette femme (la première femme présidente des EU !), allait nous sauver du monstre Trump. Peu importe ce qu’elle incarnait. Le lendemain du résultat, en Europe, dans le monde libre, les visages de ceux qui allaient travailler, (de ceux qui ont un emploi), affichaient la consternation et (...) Lire la suite »

Bataclan, le 11 septembre français

Philippe NADOUCE

Le 13 novembre 2015 au soir, les médecins et la brigade de Recherche et d’Intervention (BRI) arrivent au Bataclan. Ils n’en reviennent pas. Des victimes par dizaines sont couchées sur le sol, certaines souffrant de blessures par balles très hémorragiques, caractéristiques des zones de conflits ouverts que l’on voit à la télé. La France est sous le choc, atterrée par l’horreur et la surprise. Ces tueries à l’arme lourde – l’attentat de Charlie Hebdo était encore dans tous les esprits – sont nouvelles en France mais surtout, et c’est en cela que l’évènement est historique, elles touchent des gens comme vous et moi, des Français et Françaises paisibles.

La fonction de l’affect, bien qu’indispensable au moment de l’atroce tragédie du Bataclan, est fort heureusement revenue de son paroxysme douze mois après l’attentat mais les autorités en ont tiré un profit certain qu’il nous appartiendra de définir puisqu’après tout, c’est de l’état français et de ses débordements criminels dont nous allons parler ici. Le traumatisme des tueries est cependant toujours là ; ses ramifications symboliques sont enracinées dans l’inconscient collectif des Français et contribuent à alimenter les poches de haines racistes et les pulsions identitaires qui s’affichent aujourd’hui, au mépris de toute mémoire historique, dans les partis politiques aux pouvoirs, ou de la droite et de l’extrême droite. Pour preuve, les délires de l’ancien ministre Luc Ferry dans Le Figaro, féru d’un langage et de sous-entendus d’un autre âge ; il tonne et adjure de : « résister aux collabos islamo-gauchistes » et à « leur pacifisme munichois ». On croit rêver. Cette litanie est aussi celle du blairiste (...) Lire la suite »
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Je suis un intello précaire

Philippe NADOUCE

Il y a une dizaine d’année, lorsque je décidai de travailler exclusivement sur Internet, mon idée sur le sujet était simple. Je venais de publier mon premier roman dans une maison d’édition parisienne qui se cherchait un « fond d’auteurs ». Je devais être le sept cent cinquante-deuxième... – la porte se referma juste derrière moi – mais puisque j’avais décidé de ne jamais dialoguer avec la bourgeoisie et ses rejetons employés dans les médias, je m’ôtai la possibilité d’en faire ma profession. Cette nouvelle certitude n’arrangeait pas mes affaires. Ceux qui croyaient en moi me disaient : « T’occupe pas du reste. Écris ! ». J’étais cependant très au fait des travaux de Pierre Bourdieu sur le capital symbolique et sa théorie des champs sociaux… Les conseils d’amis bienveillants ne changeaient rien à l’affaire ; tourner le dos à la bourgeoisie intellectuelle parisienne était un suicide littéraire, s’exclure de la vie intellectuelle de marché s’apparentait, ni plus ni moins, à montrer un atavisme de classe.

C’est ainsi je commençai ma « carrière » d’intello précaire. A l’aube des années 2000, j’avais aussi sabordé un brillant avenir universitaire pour des raisons que j’exposerai sans doute un peu plus tard. Je le dois sans doute – mais pas seulement, on le comprend – à ce professeur de macro-économie de la fac de Poitiers, qui, le premier jour de cours, nous avait dit, amphi 600 – il était si petit, tout en bas, devant son pupitre, que je ne voyais que la tache noire de son trois pièces, que nous étions l’élite de la Nation et qu’il fallait nous préparer à guider ceux qui ne comprenaient pas les nécessités des temps nouveaux, etc. J’aurais pu me satisfaire d’un tel discours, – après tout, que pouvais-je espérer d’une petite fac de province ? – mais ce qui me dégoûta fut que mes 599 compagnons de banc l’applaudirent avec fureur ; fallait voir ça ! La nouvelle élite, réunie à Poitiers, ne rigolait pas ; la paume des mains leur en cuisait ! J’étais abasourdi ; étais-je le seul à savoir que la méritocratie n’existait pas, (...) Lire la suite »

Comment la France se prépare-t-elle à l’éventualité d’un Fukushima ?

Philippe NADOUCE

L’histoire du nucléaire de ces quarante-cinq dernières années est marquée par de belles conquêtes technologiques et par cinq accidents graves dont quatre catastrophes du type Fukushima. La fonte des réacteurs d’une centrale nucléaire – en d’autres mots : Armageddon- est une éventualité que les experts et les états sous-estiment systématiquement.

Dans cet article, nous allons passer en revue cinq arguments qui nous aideront à étayer cette déclaration plutôt alarmante. Dans l’éventualité d’une catastrophe nucléaire en France, le premier argument défendu ici est que les systèmes de sécurité imaginés et mis en place par les experts ne seront pas suffisants. Le second est que les plans d’urgence, qu’ils soient envisagés pour protéger les populations ou pour limiter les effets de la catastrophe dans l’environnement seront un échec. La troisième - qui est généralement la conséquence des deux premières - est la contamination durable des nappes phréatiques ou des sources en eaux potables. La quatrième – systématiquement minimisée par le lobby du nucléaire après chaque catastrophe - est que des gens mourront des conséquences d’un empoisonnement radiologique et la dernière, nous l’avons dit précédemment, est que, tant les risques que les moyens mis en œuvre pour lutter contre une catastrophe éventuelle, sont grossièrement sous-estimés. Ces cinq points d’analyse (...) Lire la suite »

Ken Loach et le Brexit

Philippe NADOUCE

Metteur en scène légendaire jouissant d’une renommée internationale incontestée , Ken Loach a réalisé plus d’une soixantaine de films et de documentaires pour le grand et le petit écran. Lauréat de la Palme d’Or 2016 pour son film à caractère social : Moi, Daniel Blake, c’est un habitué de la croisette. En 2006, il reçoit sa première « Golden Palm » pour le film – bizarrement traduit en français – « Le vent se lève » [en anglais : “ The Wind that Shakes the Barley ”, LGS], une tragédie moderne qui retrace la vie de deux frères emportés dans le tourbillon de l’indépendance irlandaise ; un chef-d’œuvre. Au Royaume-Uni, le British Film Institute a nommé son long métrage Kes (1969) le septième meilleur films anglais du XXe siècle. La Berlinale le récompense en 2014 avec l’Ours d’or d’honneur.

Ken Loach, un artiste et intellectuel engagé Docteur honoris causa d’une demi-douzaine d’universités prestigieuses, c’est un intellectuel de premier ordre qui depuis un quart de siècle est à l’avant-garde des luttes sociales au Royaume-Uni. Ken Loach, âgé de 80 ans, est paradoxalement beaucoup moins connu dans son pays d’origine, le Royaume-Uni, que dans le reste de l’Europe, et en France notamment, où on le classe parmi les cinéastes les plus influents du cinéma contemporain. En Grande-Bretagne, on lui reproche sa critique cinglante et désagréable de la fracture sociale qui défigure la société britannique. Il partage le sort du dramaturge et prix Nobel Harold Pinter et de tous les artistes engagés qui honnissent l’establishment anglais. Pinter décrivait cet ostracisme comme un mélange de moquerie et de mépris. Il suffit de lire le critique cinéma du Guardian, Peter Bradshaw, pour s’en convaincre. Ken Loach universellement ignoré par les grands médias britanniques proches du parti travailliste est (...) Lire la suite »

Contre le travail

Philippe NADOUCE

Différencier l’homo faber de l’animal laborans. Selon Annah Arendt, une distinction est à faire entre l’œuvre et le travail.

L’œuvre, ce qui dure, le travail, l’éphémère, ce qui est consommé pour nos besoins. « Le travail de notre corps et l’œuvre de nos mains » dit John Locke dans le Second traité du gouvernement civil (1760). Cette confusion est le grand mal de la modernité. Nous ne produisons plus pour l’œuvre. L’homo faber est en déclin. Et même si l’homme travaille à ce qui doit durer, la division du travail, la parcellisation des tâches, réduisent son activité à un simple labeur. « L’animal laborans n’est en effet qu’une espèce, la plus haute si l’on veut, parmi les espèces animales qui peuplent la terre. (1) » Si ces extraits de journal pouvaient révéler d’authentiques sentiments, ils dévoileraient la souffrance de l’être conscient de son mal mais matériellement impuissant à s’en défaire. Perdre sa vie à travailler, produire pour ne rien laisser derrière soi, est un effort d’une grande futilité. « Les idéaux de l’homo faber, fabricateur du monde, la permanence, la stabilité, la durée ont été sacrifiés à l’abondance, idéal de (...) Lire la suite »
Le vote « remain » (rester) était destiné à perdre le référendum.

Le Brexit vécu par un Français de Londres

Philippe NADOUCE
Quatre peuples de l’Union européenne ont maintenant voté contre le projet néolibéral imposé par Bruxelles. Ce fut tout d’abord les Français qui, le 29 mai 2005, votèrent à 54,68% contre le traité de Rome 2. Trois jours plus tard, les Hollandais firent de même. Le 5 juillet 2015, c’est au tour des Grecs de voter contre le saccage de leur pays par le gouvernement Merkel et les banques françaises et allemandes. Les derniers en date sont les Britanniques qui, le 23 juin 2016, décident à 51,9% de sortir de l’Union. C’est une décision historique qui met un terme, non seulement au projet européen tel que nous le connaissions mais aussi au sentiment fataliste que les peuples étaient enchainés aux décisions d’une minorité riche et non élue cachée dans les bureaux de Bruxelles. Ce titan que l’on croyait invincible, qui dominait les peuples et leur imposait sans qu’ils puissent y échapper les forces délétères de l’austérité, s’est avéré être un géant aux pieds d’argile. Une brèche est ouverte ; la contestation ne (...) Lire la suite »