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Allumons des foyers d’insoumission pour combattre l’indigence

En France aussi, l’indigence électorale se cultive.

Ceux qui ont le temps et la générosité pour suivre l’actualité venant d’Haïti, au-delà du rythme imposé par les catastrophes naturelles et l’assistance humanitaire, savent combien le système électoral haïtien est ponctué de failles qui vibrent de violentes et d’indigentes secousses à chaque élection. C’est si vrai, que par une pensée simpliste, mais non moins vraisemblable, le monde a fini par voir en Haïti la référence à l’indigence électorale.

Pourtant, depuis le reflux des luttes populaires et sociales, sous la poussée de l’escroquerie néolibérale qui voue un culte démesuré au profit et à la finance, au mépris de l’homme et au détriment de la nature, les théâtres électoraux du monde entier, notamment aux EU et en France, semblent rejouer les mêmes scènes indigentes qui ont déshumanisé Haïti. Une même nuit obscure, immonde, peuplée de monstres hideux, émerge et terrifie l’espoir, l’humanisme et la paix.

Au vrai, Haïti n’a pas le monopole de l’indigence. Qu’elle soit d’ailleurs électorale, politique ou humaine. Si Haïti est un fumier foisonnant de racailles, de crapules et de vendus, c’est parce que ce pays a été transformé en une terre d’expérimentation de toutes les indigences européennes et américaines.

C’est donc un effet de boomerang qui s’est manifesté aux EU et en France à travers, respectivement, les « Trump-eries » et les « Macron-eries » électorales récentes. Du reste, comme nous l’avions toujours dit, l’indigence que l’on sème autour de soi pour humilier et soumettre les autres, nous revient toujours à la figure. C’est comme la métaphore du crachat qui ne va pas dans le sens du vent, ça nous revient toujours à la gueule.

Ainsi, au soir du 23 avril 2017, les Français ont découvert le goût âcre et rance de la fraude électorale dans sa version « des irrégularités et des manipulations douteuses de listes électorales » avec tantôt des doublons, tantôt des radiations injustifiées, tantôt des bugs et des attentes interminables qui découragent les électeurs.

Pour un français qui revendique l’appartenance au « pays des droits de l’homme, de la démocratie et des libertés fondamentales », cela parait choquant. Mais avec le recul historique et un peu de clairvoyance politique, on peut comprendre aisément que le système capitaliste réagit de la même façon quand il est menacé. Si la fraude ne s’est jamais manifestée dans les élections dans les pays dits développés, c’est parce que cela se joue toujours de la même façon et oppose toujours des défenseurs de l’ordre établi. Mais dès qu’une voix discordante, porteuse d’insoumission, d’intelligence et de dignité, émerge, le système est programmé pour s’autoverrouiller sur ses valeurs fondamentales qui ne sont qu’escroquerie, fraude et répression.

Les insoumis du monde entier doivent savoir que les mêmes horreurs et indigences expérimentées à Haïti seront sollicitées et mises à contribution, au besoin, pour maintenir, n’importe où, l’ordre capitaliste qui a besoin de plus en plus d’une représentation politique vile, infâme et immonde.

L’émergence des Trump, des Hillary Clinton, des Sarkozy, des Fillon, des Martelly, des « Nèg Banann » et autres indigences à venir, répond à une nécessité de production et à un modèle économique qui célèbrent ouvertement l’imposture et l’escroquerie, l’arrogance et la médiocrité, la réussite facile, la corruption et l’absence de dignité.

Voilà pourquoi, depuis 2015, je lance un appel, au nom de notre humanité, à l’intelligence collective afin d’amplifier nos colères pour faire une véritable internationale des peuples. Car aucune démocratie véritable n’est viable de façon isolée. Il faut cesser la promotion de ces projets démocratiques à valeurs discriminantes selon qu’il s’agisse des peuples du Nord ou du Sud.

De la métropole à ce qu’il reste de la colonie, une même servitude médiatique

Les résultats des élections françaises confirment avec certitude l’émergence du modèle de l’indigence politique comme horizon indépassable du capitalisme sauvage. C’est le temps de la réussite par effraction. C’est le temps de la médiocrité arrogante. C’est le temps du vide politique comblé par les échos des médias publicistes. C’est le temps de l’expertise creuse et douteuse qui vit des subventions du système en renonçant à toute pensée digne et critique. C’est le temps de la représentativité politique indigne et corrompue.

En effet, comme à Haïti, lors des élections de 2016, où les médias officiels haïtiens et étrangers, ont passé sous silence, les évidences de fraudes, d’irrégularités et de non-respect des méthodes de traitement des procès-verbaux et de comptage des résultats ; en France aussi, le même silence médiatique, les mêmes réflexes politiques et éditoriaux qui révoltent et indignent ont été observés.

Surpris, le monde, et particulièrement, Haïti, découvrent que la France a, non seulement, son lot de candidats insignifiants à 0.1%. Ce sont ceux et celles qui sont là par procuration pour faire échec à une véritable alternance à la démocratie indigente. Mais aussi son cortège de médias indigents, peuplés d’ « éditocrates » et d’experts vendus et soumis, qui maquillent et détournent la réalité au profit d’une soi-disant « objectivité médiatique » faite de subventions, d’accointances et de privilèges.

Partout, ils veulent mettre la pensée critique et insoumise en échec. Et avec l’appui de leurs réseaux mafieux dans le monde des affaires et de la finance, ils ont carte blanche, disons mieux, carte rose, pour décrédibiliser et museler ceux qui sont porteurs d’une alternative à l’indigence.

Ainsi, à Haïti comme en France, c’est le même réseau PME qui entretient l’auberge de l’indigence : Politiques, Médias et Experts de la société civile. Ils constituent la structure de l’indigence qui célèbre la finance au profit des élites, à travers les mauvais arrangements, les coups d’état électoraux, la racaille politique, l’immunité pour les escrocs et les trafiquants.

La pensée insoumise, au-delà du holdup électoral, une victoire éclatante impossible à voler

C’est par la connaissance de ces entrelacements historiques, et en mémoire des luttes révolutionnaires menées par le peuple français en 1789 et lors des luttes effervescentes de la Commune de Paris en 1871, que l’humanité rebelle, insoumise et digne guettait, avec ferveur, au soir du 23 avril 2017, le théâtre électoral français. Il y scintillait une lueur vive et rouge, comme une étincelle de dignité, capable d’éclairer les peuples et de les mettre debout dans cette nuit indigente qui ne cesse de couver des monstres hideux.

Dans ce contexte, le coup d’état électoral des médias contre le mouvement des insoumis en France, apparait comme un frein au réveil des peuples pour leur émancipation véritable et la construction d’une vraie internationale de l’insoumission. Pourtant, malgré cette amertume, il y a dans la pensée insoumise une victoire éclatante qu’on ne peut voler et qui augure encore de belles perspectives pour les luttes à venir.

D’ailleurs si, en dépit de la victoire électorale volée, le mouvement des insoumis reste, en France, la cible de choix des chiens de garde du système, c’est parce qu’elle incarne une véritable alternative à l’indigence actuelle.

Proclamer de nouvelles communes pour l’émergence d’une ère d’insoumission internationale

Aussi il serait intelligent de ne pas fissurer ce mouvement par des divergences de circonstance. Et même qu’il parait important, sinon urgent, de développer des connexions citoyennes intelligentes, à travers la planète, pour multiplier ces foyers qui doivent, de partout, flamber de colère pour illuminer de dignité le ciel de notre avenir à tous.

Que dix mille foyers d’insoumission émergent ! Que cent mille insoumis se lèvent et marchent dans la nuit, éclairés par leur courage et leur dignité, pour faire tourner plus vite le temps de la déraison et hâter la venue de ce monde nouveau. Il y va de l’avenir de l’humanité. Celle qui vit, lutte, espère à chaque nouveau foyer d’insoumission. Celle qui cherche un chemin dans l’émergence des luttes des peuples de partout pour sortir de l’horreur néo-libéraliste.

Il est vital de se rappeler ces mots de Gramsci « Le vieux monde se meurt, le nouveau tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres ».

Heureusement, à travers ce clair-obscur, il nous est donné de comprendre que le système ne peut survivre qu’en opposant toujours le pire au moins pire. Hier, aux EU, c’était Hillary Clinton contre Donald Trump. Deux versants d’une même indigence. Aujourd’hui, en France, c’est au tour de Macron contre le Pen. Encore un choix indigent entre la peste et le choléra. Si ces choix semblent effrayer quelque peu la population mondiale bien-pensante, il faut leur rappeler que tout ce que Trump et Le Pen symbolisent est mis en œuvre et expérimenté en Haïti depuis au moins deux siècles par les EU et la France.

En effet, en Haïti, l’ONU nous a apporté et la peste, la MINUSTAH, et le choléra sous le regard indifférent du monde. Depuis, des experts internationaux s’amusent à recycler et à expérimenter toutes les indigences politiques pour stabiliser le statu quo qui génère : misère, exclusion, analphabétisme, indignité, corruption.

Comme je le disais au début de cette analyse, tout ce qui est expérimenté doit être opérationnalisé à chaque fois que le besoin se fait sentir. Ainsi, ceux qui luttent en France aujourd’hui contre l’indigence, au nom de l’insoumission, doivent comprendre que leur mouvement ne doit pas rester confiné dans l’hexagone au risque de décliner peu à peu comme le mouvement « Nuit Debout ». Quand le vent souffle fort, il éteint les étincelles et les flammes isolées, mais ravive les braises ardentes et les foyers de feu nourri.

Ainsi, il faut allumer de nouveaux foyers d’insurrection et proclamer de nouvelles communes pour réveiller le monde de sa léthargie, éclairer le chemin et nous guider vers l’avenir. Pour paraphraser le leader de la France Insoumise, « la seule limite à l’indigence se trouve dans l’indignation, la résistance et dans la lutte contre l’indigence ».

Pour finir, j’aimerais revenir sur Haïti et rappeler combien le contexte local économique, politique et social est lourd, menaçant et propice à toutes les horreurs.

En novembre 2016, la communauté internationale a imposé à Haïti une fois de plus, après 2011, des élections truquées qui remettent au pouvoir des gens dont le bilan institutionnel, économique et social est unanimement reconnu comme désastreux et catastrophique. Il n’y a pas eu d’indignation collective, car ici presque tout est perverti à coup de subventions et presque tous sont marqués du sceau de la corruption.

Depuis, nous avons vu que la priorité politique est portée sur des lois qui menacent les libertés individuelles. En effet les signaux sont alarmants en Haïti. Car nous sommes face à un gouvernement dont le premier acte politique est le vote d’une loi sur la diffamation dans un pays où les élus sont soit des repris de justice, soit des recherchés par l’unité de lutte étasunienne contre la drogue (DEA). Nous sommes face à un gouvernement qui fabrique des scénarios d’attentat contre celui qui a été fait chef d’état par la communauté internationale et qui possède un dossier comme inculpé devant la justice. Nous sommes face à un gouvernement qui subventionne la corruption par le biais de subventions afin de museler la résistance citoyenne à travers la société civile. Nous sommes face à un gouvernement dont la priorité judiciaire est faire taire toute exigence de justice, de museler toute demande d’exemplarité et de bonne gouvernance.

Un tel gouvernement n’est pas à prendre à la légère, surtout dans le contexte de ce clair-obscur international. Et, historiquement, il y a des raisons de craindre la résurgence d’une dictature obscurantiste à Haïti.

Qu’on se souvienne : ce n’est pas l’obscurité profonde qui annonce la nuit, mais le premier vol du hibou et le premier cri de la chouette qui surviennent toujours furtivement et discrètement au crépuscule. Malheureusement, distrait par les bruits ambiants et le vol des pigeons, personne ne prête attention. Et le temps de s’en rendre compte, noire, immonde, obscure, émerge la nuit avec son cortège de morts, de fusillés, de disparus et d’exilés. Voilà pour le contexte local.

Quant au contexte global, il nous semble qu’Haïti a besoin de se frayer un chemin dans l’itinérance des luttes internationales qui promeuvent l’insoumission et la pensée critique. Il nous faut de nouveaux médias, de nouveaux outils, de nouveaux directeurs d’opinion, de nouveaux experts, un nouveau leadership citoyen pour valoriser des valeurs manifestes qui vont à contre-courant de l’indigence triomphante et de la désespérance collectives.

Plus que jamais, Haïti a un immense besoin de justice et d’intelligence éthique. Il est grand temps d’éteindre ces fumiers qui obscurcissent et polluent tout depuis 1987 à travers les mêmes thématiques indigentes et simplistes sur l’économie, la société civile, la politique, la responsabilité citoyenne et la technologie. Il faut allumer de nouveaux foyers d’insoumission pour laisser émerger la pensée critique, digne, libre et insoumise. Car pour reprendre la pensée d’Egard Morin, C’est la pensée éthique qui éclaire la décision et la transforme en action éthique. C’est la pensée critique et insoumise qui éclaire le jugement et l’immunise contre toutes les formes d’indigence.

Erno Renoncourt,
un indigné qui revendique l’insoumission.
29 avril 2017

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