RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
14 
Votez utile !

Pourquoi j’ai voté Républicain dans le Massachusetts (CounterPunch)

Le nouveau sénateur républicain du Massachusetts, Scott Brown, élu le 19 janvier 2010 / REUTERS / B.Snyder

« Bougez-vous les fesses » implora la maire Démocrate de Boston, « Mumbles » Menino. Ainsi s’est exprimée la maire lors d’un meeting électoral désespéré en présence de Barack Obama dimanche dernier avant le scrutin pour le siège de Sénateur du Massachusetts. Mumbles eut l’intelligence de reconnaitre que l’électorat démocrate du Massachusetts, le seul état qui a voté pour George McGovern (homme politique réputé "très à gauche" selon les normes US - NdT), était profondément déçu par Obama et les Démocrates.

Pourquoi ai-je voté pour le Républicain Scott Brown ? Je ne me suis pas laissé convaincre facilement. Au final, ce sont mes amis et militants du Parti Démocrate qui m’ont convaincu. Que je vous explique. Il était évident que le scrutin était en réalité un référendum pour Obama et les Démocrates qui contrôlent tout le gouvernement fédéral - Congrès et Maison Blanche.

Je dois avouer que mon premier instinct avait été de voter pour un candidat tiers, le Libertarian. (Il n’y avait pas de candidat écologiste ou indépendant en course). Après tout, le Libertarian, un type nommé Kennedy, était - comme moi - contre les guerres de l’empire et favorable aux libertés civiques. D’un autre côté, je savais parfaitement que lorsque les véritables enjeux se présentaient, les candidats changeaient leur fusil d’épaule une fois passées la ferveur de la campagne et les promesses formulées pour arracher quelques voix. Et bien sûr, tous les candidats se prononçaient contre un projet d’assurance santé universelle, une préoccupation de l’auteur depuis 20 ans. Alors ma première intention a été de voter pour le Libertarian, c’est-à -dire pour quelqu’un qui pensait comme moi dans 70% des cas, contre 0% pour les autres.

N’y avait-il pas un risque pour le projet d’assurance santé d’Obama si le Démocrate perdait ? (les démocrates n’avaient qu’une seule voix de majorité au Sénat - NdT). Le fait est que je n’en veux pas du projet d’Obama. Son projet n’est rien d’autre qu’une formule destinée à remettre la totalité du système santé entre les mains du secteur capitaliste financier connu sous le nom d’Assurances privées, à taxer les plans d’assurance santé décents et à remettre à jamais la mise en place d’un système égalitaire, universel et abordable. La Docteure Marcia Angel, ancienne rédactrice en chef du New England Journal of Medecine et partisane d’un système de caisse unique, a déclaré qu’elle préférerait rien plutôt que cette Obamination appelée « réforme de l’assurance santé ». Je suis d’accord avec elle, comme le sont beaucoup de mes collègues de Physicians for a National Health Program, même si ce n’est pas notre position officielle. Donc en matière de santé, peu importait le candidat.

Alors pourquoi ne pas voter pour le Libertarian ? Pourquoi voter Républicain ? C’est là que mes amis Démocrates sont intervenus. Chaque fois que je votais pour Nader ou un écologiste, ils m’expliquaient que je gâchais ma voix sur des candidats tiers. N’allais-je pas refaire la même chose en votant pour le Libertarian ? Soudain j’ai réalisé que les Démocrates avaient raison. Si je voulais protester contre les mensonges des Obamacrates et « envoyer un message » à l’élite du Parti Démocrate, je ne devais pas gâcher ma voix sur le Libertarian. C’est ainsi qu’ils m’ont convaincu de voter Républicain. Scott Brown, le Républicain, a donc gagné dans le Massachusetts grâce à ma voix et celles de nombreux autres gens qui sont fous de rage d’avoir été trahis par les Démocrates.

Bien sûr, les caciques du parti Démocrate sont en train de rejeter la faute sur la malheureuse perdante, Martha Coakley, qui aurait mené « une campagne médiocre ». Mais en quoi sa campagne était-elle médiocre ? Elle a seulement présumé que les él ecteurs du Massachusetts, qui sont plutôt progressistes que pas, n’avaient pas le choix. Qu’ils étaient obligés de voter pour elle, et qu’elle n’avait donc pas besoin de faire campagne. Les Démocrates ont été très surpris par le résultat. La faute d’une telle défaite humiliante n’incombe pas à la candidate, mais au Parti Démocrate qui pense que les progressistes lui sont acquis et qu’ils n’ont pas d’autres choix.

J’ai commencé à comprendre que quelque chose n’allait pas lorsque je me suis rendu compte du nombre de personnes qui brandissaient des pancartes, dans les rues, partout dans l’état, les pieds dans la neige, qui appelaient à voter Brown. Rien de tel pour Coakly - je n’ai pas vu une seule pancarte pour elle. Que je vous explique la démographie par ici. Central Massachusetts est une région de cols bleus, qui souffre beaucoup du chômage et de la crise. Elle est consciente du sauvetage des banquiers dans la moindre création d’emploi par cette politique d’Obama/Bush. Et c’est justement Central Massachusetts qui a donné une large victoire au Républicain Brown qui s’est présenté comme un populiste.

Je ne vote pas dans Central Massachusetts, mais à Cambridge, très largement libéral (« progressiste » dans le jargon US - NdT) , mais même là le manque d’enthousiasme pour la Démocrate Coakly était évident. Elle ne s’est prononcée contre les guerres d’Obama en Afghanistan et au Pakistan que lorsque son concurrent l’a obligée à le faire. Il n’y avait pas de pancartes pour Coakly autour de mon bureau de vote, prés de Harvard Square. Les partisans de la paix de Cambridge, comme dirait la vénérable « Mumbles » Menino, sont allés voter en trainant les fesses.

Après avoir glissé mon bulletin pour le Républicain et voté utile, j’ai dit à un jeune étudiant qui sortait du bureau de vote que j’étais tellement en colère contre les Démocrates et Obama que j’avais voté Républicain, tout en me demandant si je n’aurais pas mieux fait de voter Libertarian. Il m’a répondu qu’il ressentait la même chose mais qu’il avait malgré tout voté Démocrate. Il m’a avoué qu’il commençait déjà à avoir des remords.

Ainsi, le Massachusetts a envoyé un avertissement au Parti Démocrate. Ne négligez pas le vote pacifiste et le vote contre le chômage. Nous voulons la paix et nous voulons des emplois et nous voulons un système de santé décent et abordable. Si vous êtes incapables, nous irons voir ailleurs. Nous ne voterons pas pour vous. Nous voterons pour les Autres, en signe de protestation. Ou nous resterons à la maison et voterons avec nos fesses.

John V. Walsh

Traduction Le Grand Soir

ARTICLE ORIGINAL
http://www.counterpunch.org/walsh01202010.html

URL de cet article 10040
  

Même Thème
Hillary Clinton, la « Reine du Chaos »
Diana JOHNSTONE
1. Dans votre dernier livre, vous appelez Hillary Clinton la « Reine du Chaos. » Pouvez-vous expliquer pourquoi vous avez choisi ce sobriquet péjoratif pour décrire Hillary ? En un mot, la Libye. Hillary Clinton était si fière de son rôle majeur dans le déclenchement de la guerre contre la Libye qu’elle et ses conseillers avaient initialement prévu de l’utiliser comme base d’une « doctrine Clinton », ce qui signifie une stratégie de changement de régime façon « smart power » , comme un slogan de la (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

« Je pense que l’un des grands défis des Occidentaux, c’est d’être capables de mettre le curseur sur des forces politiques que l’on va considérer comme fréquentables, ou dont on va accepter qu’elles font partie de ce lot de forces politiques parmi lesquelles les Syriennes et les Syriens choisiront, le jour venu. Et je pense que oui, l’ex-Front al-Nosra [Al-Qaeda en Syrie - NDR] devrait faire partie des forces politiques considérées comme fréquentables »

François Burgat sur RFI le 9 août 2016.

Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’Occident
Il y a des sujets qui sont aux journalistes ce que les récifs sont aux marins : à éviter. Une fois repérés et cartographiés, les routes de l’information les contourneront systématiquement et sans se poser de questions. Et si d’aventure un voyageur imprudent se décidait à entrer dans une de ces zones en ignorant les panneaux avec des têtes de mort, et en revenait indemne, on dira qu’il a simplement eu de la chance ou qu’il est fou - ou les deux à la fois. Pour ce voyageur-là, il n’y aura pas de défilé (...)
43 
Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.