ILS ONT FAIT LEUR TEMPS, PLACE A L’INEDIT par Michel Peyret.
Mercredi 10 novembre, je rentrais à Bordeaux après une douzaine de jours d’absence.
L’éditorial du Monde titrait : « La France définitivement orpheline du gaullisme. »
UN ANACHRONISME
Après avoir rappelé que Charles de Gaulle voyait loin et grand, l’éditorial poursuivait : « Héros de la seconde guerre mondiale, héros tonnant de la guerre froide, de Gaulle ne reconnaîtrait plus son « cher et vieux pays. » Il en découle que le gaullisme aujourd’hui, revendiqué par les uns, exploité par les autres, est un anachronisme. Restent la figure historique et le mythe, l’homme d’Etat modèle et la nostalgie. Hauteur de vue, foi inébranlable dans le génie français, style, verbe, rapport puritain à l’argent... Comment ne pas voir que, par comparaison, le théâtre politique d’aujourd’hui est peuplé de nains. Le mythe, lui, perdure... »
Anachronisme, mythe, nostalgie, nains politiques, en quelques mots beaucoup est dit.
LA LIBERATION ET MAI 1968
Les hommes et les forces politiques qui, aujourd’hui, ne proposent d’autre ambition pour la France et son peuple ont également vécu : l’avenir qu’ils proposent appartient au passé, et rien ni personne ne le pourra faire revivre.
Il en est de même pour ceux qui, dans d’autres milieux, au moins à première vue, s’essaient à comparer le mouvement actuel pour les retraites à celui de 1968.
C’est effectivement le même passéisme. Mai 1968 fut, personne ne peut le nier, un immense mouvement de tout un peuple caractérisé par la grève, l’occupation des entreprises et de splendides manifestations. Cependant, peut-on considérer que les acquis non négligeables du mouvement d’alors épuisaient toutes ses potentialités ? Le faire serait pour le moins conclure hâtivement.
Comme en d’autres époques, à la Libération par exemple, et même si les acquis furent là bien supérieurs à ceux de 1968, il n’est pas hasardeux de considérer que les processus ouverts, ou entre-ouverts alors, auraient pu connaître d’autres évolutions.
LE PARTAGE DE L’EUROPE ET L’ERRANCE STRATEGIQUE
Pour ma part, et avec d’autres, j’ai plusieurs fois évoqué les limites que les dirigeants des forces, en principe révolutionnaires de part leur nature, qu’elles soient politiques ou syndicales, trouvèrent et acceptèrent dans les traités qui partagèrent l’Europe à la fin de la deuxième guerre mondiale. C’est à cette époque que le « mur » fut effectivement érigé dans le partage politique, décidé et accepté par les dirigeants soviétiques et ceux des principaux pays capitalistes.
Que les effets de ces traités aient perduré longtemps, la visite de Georges Marchais à Moscou le 11 janvier 1980 en témoigne encore. Aussi conviendrait-il de considérer que les effets de ces traités à cette date réaffirmés, leur influence sur la stratégie du PCF, se soient prolongés dans le temps au moins jusqu’en 1989 et aux changements qui intervinrent alors en URSS et dans les pays de l’Europe de l’Est, dits « communistes ».
En tout cas, ce qui apparaît certain, c’est que le peuple français et, en son sein les forces progressistes, n’ont plus, ou plutôt ne devraient plus connaître aujourd’hui cet effrayant handicap stratégique, et devraient en conséquence disposer d’une liberté réelle d’élaboration des processus de leur avenir, ce qui constitue en soi un changement considérable des conditions qui président à la recherche des voies à prendre pour parvenir au changement de société.
SYSTEME CAPITALISTE ET COLLABORATION DE CLASSE
Cependant, en plus d’un demi-siècle, la Libération est intervenue il y a maintenant 65 ans, bien des habitudes ont été prises, lesquelles conduisaient, loin des images d’Epinal officielles, à limiter les élaborations stratégiques en une acceptation fondamentale de la domination capitaliste, même s’il était communément accepté que cette domination soit mise en cause dans ses aspects les plus négatifs.
Aussi, pour l’essentiel, nombre des acquis de la Libération et de 1968 furent longtemps préservés. Et c’est à ce sujet, à cette situation, qu’il est important de se référer si l’on souhaite comprendre ce que, sous la forme du « fordisme », le grand capital a « acheté » pour maintenir l’essentiel de sa domination et contenir le ou les mouvements populaires dans des formes acceptables de collaboration de classe qui ont pu conduire le mouvement populaire à accepter d’aller assumer directement par la participation directe de certains de ses représentants la gestion « systémique », c’est-à -dire la gestion au sommet de l’Etat et à tous les niveaux de la société, du système capitaliste.
FORDISME ET POST-FORDISME
Et c’est également à la compréhension de cette situation qui a prévalu durant toutes les décennies qui nous séparent de 1945 qu’il est nécessaire de parvenir pour saisir ce que le post-fordisme implique aujourd’hui de remise en cause de cette situation antérieure, pour comprendre que le capital ne peut plus aujourd’hui accepter ce qu’il a dû accepter hier.
Pour dire vite, mais je me réfère à nombre de mes articles de ces derniers temps, lesquels sont répertoriés dans la « Tribune Libre » mise à ma disposition par « Rouge Midi », je rappelle simplement que le capitalisme est aujourd’hui confronté à un nombre de contradictions croissantes, entre autres donc à ce que Marx appelait la « baisse tendancielle du taux de profit », laquelle est au fond sa négation même, ce qui donne aujourd’hui à sa crise quasi-permanente des dimensions qu’elle n’avait pas à d’autres étapes historiques précédentes.
Aujourd’hui, et pour la première fois avec cette acuité, la question posée au capitalisme est celle « d’être ou de ne plus être », ce qui ne conduit cependant en aucune façon à un quelconque automatisme dans la venue des changements sociétaux.
UNE SITUATION TOTALEMENT INEDITE
Mais cela conduit cependant, et cela est loin d’être négligeable, à ce que aujourd’hui, pour l’essentiel, le grand capital d’une part, le mouvement populaire d’autre part, sont en présence, sont ensemble, dans une situation totalement inédite.
Pour l’un comme pour l’autre, je pense l’avoir donné à voir, bien des choses ont vécu et, pour l’essentiel, il est primordial, sinon existentiel, de penser nouveau.
Ce fut le titre d’un des articles de ma « Tribune Libre » dont je viens de parler.
Ce qui apparaît assez clairement aujourd’hui, c’est que le grand capital devant sa crise, se trouve confronté à des phénomènes auxquels il n’est plus en mesure de concevoir des solutions crédibles.
Aussi, en France comme ailleurs, il est conduit à recourir à diverses formes d’illusionnisme sociétal qui consistent à monter des scénarios, à choisir des artifices apparaissant les plus aptes à travestir l’apparence des réalités et conduire l’affrontement de classe sur des terrains fallacieux ou sur des chemins qui ne conduisent nulle part.
Bien évidemment, pour que le piège fonctionne, il est tout-à -fait primordial présenté avec tous les aspects de la réalité, et même qu’il intègre une partie de la réalité, une partie qui préserve l’essentiel qui doit demeurer intouchable, le système capitaliste lui-même.
Ainsi, pourrait être mis en avant, à tel ou tel moment, tel ou tel sujet sensible, voire ultra-sensible même, pour parvenir à ses fins et aux aspects de crédibilité qu’elles impliquent.
Ainsi, par exemple, Bush n’a pas hésité un instant avec les tours de New-York et l’émotion mondiale que leur écroulement susciterait, pour trouver les motivations susceptibles de justifier ses guerres sans fin et s’assurer une part déterminante des réserves mondiales de pétrole.
Sans doute, de même, saurons-nous un jour si Sarkozy s’est inspiré du modèle pour choisir le thème sensible des retraites pour montrer à ses mandataires industriels et financiers qu’il était toujours en mesure d’assumer les responsabilités qu’ils lui ont confiées.
En tout cas, et quelle que soit la manière dont il conduise l’affaire, ce qui lui est demandé c’est de mettre tout en oeuvre pour parvenir à tout prix à accentuer l’exploitation de la force de travail, de remettre en cause ce que le capital a dû céder en d’autres temps, en tous domaines, de susciter toutes les contre-tendances susceptibles de contrecarrer la tendance à la baisse tendancielle du taux de profit.
Qu’il s’agisse d’une « mission impossible » importe peu à ses mandataires, car c’est dans tous les domaines de la vie de la société que ce que propose et fait le capital ne peut avoir une quelconque rationalité, et même selon ses propres critères.
QUAND SOROS RENCONTRE HOBSBAWM
Il est ainsi totalement significatif que l’un des plus connu des capitalistes de notre temps, je nomme Soros, en soit conduit à prendre rendez-vous avec l’un des marxistes parmi les plus reconnus aujourd’hui, j’ai nommé Eric Hobsbawm, afin que ce dernier lui parle de Marx et de ses théories économiques.
Dans le contexte actuel de crise du capitalisme, ce ne peut être une simple anecdote.
C’est, au plan mondial cette fois, la situation mise en avant par l’éditorialiste du Monde que je cite largement.
C’est quelque peu la panique, l’homme « providentiel » de l’avenir n’est pas là et ne peut d’ailleurs être là , le comportement de Soros le montre bien.
L’AVENIR EST DANS LE PEUPLE
L’avenir ne peut être que dans le peuple, Marx, en son temps disait « les masses ». Elles devaient faire l’histoire.
Les révolutionnaires de la bourgeoisie montante de 1789 l’avaient également mis en évidence car ils avaient besoin de lui pour enlever le pouvoir au roi et à sa noblesse. Ils avaient constitutionnalisé « le pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple. »
Et cependant, ils ne lui ont jamais donné ce pouvoir, le système dit de « démocratie représentative » qu’ils ont inventé avait plutôt l’objectif de le lui enlever, ce semble plutôt évident aujourd’hui.
NOUS SOMMES DANS LES FINS
En ce domaine comme en d’autres, nous sommes dans les fins, dans les fins de tout un système.
C’est la société toute entière, la société dans tous ses aspects, qui est malade du capitalisme.
C’est donc toute la société, la société dans tous ses aspects qu’il convient de changer.
Et il n’est que le peuple lui-même qui puisse le faire.
J’ai montré à diverses reprises que le mouvement actuel, avec ses caractéristiques principales, vient de loin.
Il n’y a pas de génération spontanée, et il ne peut y en avoir.
Et il en est trop qui veulent déjà l’archiver aux oubliettes de l’histoire.
UN MOUVEMENT QUI VIENT DE LOIN
L’affirmation de ce mouvement dans la période récente est l’une de ses principales caractéristiques. De la fin des années d’endormissement mitterrandiennes à ce jour, le mouvement s’est affirmé, il est monté en puissance et en conscience.
Je vais le répéter une fois de plus, mais je considère que c’est toujours une nécessité de le faire à nouveau : quand 72% des salariés de notre pays considèrent le capitalisme comme négatif, c’est un phénomène inédit, un phénomène sans précédent en France et certainement dans le monde.
NI DROITE NI GAUCHE : RASSEMBLEMENT
Pour quiconque y pense sérieusement, c’est un phénomène significatif des exigences populaires dans la société actuelle, un phénomène qui dévalorise toutes les notions de « droite » et de « gauche » dans lesquelles se complaisent tous les arnaqueurs politiques qui, eux, se félicitent des errances stratégiques de plus d’un demi-siècle de notre histoire, du programme dit « commun » à la « gauche plurielle » du gouvernement Jospin.
Ce sont ces 72% qui sont dans la concordance la plus totale et la plus vaste avec les 71% qui demandaient le projet inique de Sarkozy. Ou inversement !
La force du mouvement populaire, qui s’est déjà mesurée avec le boycott des institutions du système, est là , et bien là .
Et aujourd’hui les interventions et les pressions extérieures ne sont plus là .
A SITUATION INEDITE, SOLUTIONS INEDITES
Le mouvement populaire se trouve donc dans une situation inédite, avec des objectifs inédits, une haute conscience politique également inédite.
Sans doute sera-t-il en mesure de trouver les formes d’organisation inédites qui lui sont nécessaires pour concrétiser dans les lieux de travail, les quartiers et les villages, le projet de société inédit et les processus qui peuvent y conduire selon sa volonté de peuple souverain qu’il entend être véritablement aujourd’hui.
Michel Peyret.
EN COMPLEMENT :
Le mythe « de Gaulle décolonisateur » Par Jean-Pierre Dubois.
Le 2 novembre, France 2 a présenté deux documentaires consacrés à de Gaulle et l’Algérie [1]. L’occasion de dissiper pas mal de légendes qui entourent la personnalité du « grand homme ».
Parmi celles-ci, la thèse selon laquelle il aurait accompagné, voire précédé, et non subi la décolonisation est sans doute une des plus tenaces. Comme preuve de sa lucidité, ses admirateurs se plaisent à citer le discours qu’il a prononcé lors de la conférence de Brazzaville en janvier 1944.
Rappelons le contexte : la victoire sur le nazisme est encore incertaine. Pour participer avec quelque crédibilité à l’effort de guerre, de Gaulle, chef de la France libre, veut pouvoir compter sur les ressources humaines et matérielles des colonies ; et, pour atteindre cet objectif, il saura manier la carotte et le bâton.
Le bâton c’est un traitement infligé aux populations qui ne diffère guère des bonnes vieilles méthodes coloniales ; car les administrateurs de la France libre ont « la main lourde » : travail forcé, réquisition des produits, cultures agricoles obligatoires, salaires bloqués, augmentation des impôts ; c’est, surtout, la conscription souvent imposée à des centaines de milliers « d’indigènes » lesquels constitueront le gros des troupes françaises, présentes aux côtés des forces anglo-américaines, lors des débarquements en Europe.
Août 1944 : Les troupes coloniales avant leur débarquement en Provence
La carotte ce sont de vagues promesses destinées à donner aux peuples - dont il a besoin du concours - l’espoir qu’il sera mis fin à leur statut colonial après la victoire.
C’est ce que représente le fameux discours d’ouverture de la conférence de Brazzaville de 1944 : de Gaulle s’y montre « généreux dans ses intentions, mais vague dans son contenu ». Les recommandations qui suivront écartent d’ailleurs « toute idée d’autonomie », « toute possibilité d’évolution en dehors du bloc français », « toute constitution même lointaine de self-government ».
En ce sens, « Brazzaville n’est pas l’acte fondateur de la décolonisation française, comme a pu l’affirmer un certain gaullisme complaisant ».
Le programme du Conseil national de la Résistance (CNR) portera la marque du même désintérêt pour le sort des peuples coloniaux [2] ; et, la guerre finie, l’instauration d’une « Union française » - vide de contenu - ne répondra en rien à leurs aspirations ; sous un habillage rénové, c’est la mystique de l’Empire colonial qui se perpétue.
Dans les faits, cette volonté de ne rien lâcher conduira à une politique répressive en Algérie, au Vietnam, à Madagascar. Quand, en juin 1944, de Gaulle quitte Alger pour rejoindre la France, aux généraux restés sur place, il ordonne d’empêcher que l’Algérie « ne nous glisse entre les doigts ». C’est l’annonce des massacres de Sétif et de Guelma de mai 1945.
Presse française du 8 mai 1945 : « Les peuples délivrés » ? PAS TOUS !
Après son retour au pouvoir en 1958, et durant quatre années, de Gaulle tentera de perpétuer la domination de la France sur l’Algérie ; ces années seront parmi les plus meurtrières d’une guerre qui aura coûté la vie à plusieurs centaines de milliers d’Algériens - de 500.000 à un million selon les estimations.
S’il avait été institué un Nuremberg qui juge les crimes du colonialisme, la place de De Gaulle était au banc des accusés.
Jean-Pierre Dubois
Source et citations : Bernard Droz, Histoire de la décolonisation, Ed. du Seuil, 2006.
[1] Serge Moati, Je vous ai compris : de Gaulle 1958-1962 et Hugues Nancy, De Gaulle et l’Algérie : le prix du pouvoir.
[2] Ce document de plusieurs pages définit avec précision « les mesures à appliquer dès la libération du territoire » : démocratie la plus large ; liberté d’association, de réunion et de manifestation ; respect de la personne humaine ; et, au plan économique et social, les nationalisations, l’instauration de la Sécurité sociale et du régime de retraites par répartition, etc. Mais, toutes ces dispositions progressistes ne concernent que la seule population métropolitaine ; quant au sort des peuples coloniaux, il se trouve réglé en une seule phrase : « Extension des droits politiques, sociaux et économiques des populations indigènes et coloniales ». Même dépassée, cette promesse sera sans lendemains.
EN COMPLEMENT :
De quoi de Gaulle est-il le nom ?
Par leComité Valmy.
En ce mois de novembre 2010, après une période marquée par une très forte et légitime contestation sociale et politique contre le pouvoir en place et son idéologie ultralibérale, des commémorations officielles vont venir rappeler au peuple français, à l’ occasion du 40e anniversaire de la mort du général de Gaulle, la figure historique d’un héros national qui fut aussi un rebelle et un résistant farouche et qui sut incarner une « certaine idée de la France », aujourd’hui totalement reniée par nos dirigeants, lesquels détruisent méthodiquement tout ce qui constitue son héritage politique, social, diplomatique et moral.
Ces commémorations, le pouvoir politique s’efforcera de leur donner un caractère anodin, passe-partout, faussement laudateur, abusivement récupérateur et totalement hypocrite. Il s’agira surtout d’enterrer sous des fleurs le dangereux précédent de contestation d’un homme qui a su dire non à la fatalité historique et incarner tout au long de sa carrière publique un combat pour la libération et l’émancipation des peuples à commencer par le nôtre.
Le ministre Éric Woerth n est-il pas allé jusqu’à oser affirmer sans la moindre honte que la pseudo reforme des retraites, inacceptable régression sociale imposée a la hussarde aux Français contre leur volonté, est une « réforme gaulliste » !
Comme beaucoup d hommes de gauche, qui reprochèrent longtemps au général de Gaulle les conditions de son retour au pouvoir en 1958, l’historien Marc Ferro, avec le recul du temps, reconnaît aujourd’hui les immenses mérites historiques de l’Homme du 18 Juin, en comparaison avec la triste période que nous traversons actuellement. La conclusion de son dernier livre « de Gaulle expliqué aujourd’hui » est significative de ce que représente en 2010 le symbole de Gaulle pour tout citoyen français, épris de progrès, de liberté, d’égalité, de fraternité et de justice sociale :
« Homme politique intègre - comme il en est peu -, de Gaulle disait volontiers qu’il n’avait qu’un ennemi, l’argent. Et de fait, c’est lorsqu’il en a menacé les gestionnaires en parlant de Participation que la coalition de ses défenseurs l’a abattu.
Pouvait-il imaginer que, décennie après décennie, une fois qu il serait parti, au nom de la rentabilité, on détruirait peu a peu les travaux et les jours de cette République dont, au nom de l’État, il avait voulu être le meilleur défenseur ? »
Autre témoignage remarquable d’un écrivain totalement à l’écart du monde politique, celui d’Olivier Germain-Thomas, grand spécialiste de la culture indienne, qui expliquait avec une rare pertinence dans le No 161 de la revue Espoir, quelle influence de Gaulle avait eu dans sa manière de voir le monde : « Grâce à de Gaulle, j’avais compris que la « vraie révolution » devait s’appuyer sur les valeurs nationales à condition qu’elles restent ouvertes au sens de l’universel qui est le plus bel apanage de la France. Intégrer la nécessite de la révolte, si la dignité et la liberté sont en jeu, porter une idée élevée de la nation, rendent ensuite aisés les dialogues avec les autres cultures ou l’on constate en parcourant les routes de la terre qu’il n’y a d’universalité féconde qu’à partir d’une solide base : celles de ses racines. Si un tel modèle, ajouté à d’autres, permet un regard lucide sur les moteurs réels de l’histoire, il est également une « source d’ardeurs nouvelles » (Ch. de Gaulle) afin de perpétuer l’élan inauguré le 18 Juin. Devant l’état lamentable du monde, soumis aux puissances mortifères de l’argent, il est nécessaire que la France s élève avec toute son énergie pour faire entendre ce « Non » de dignité et d’espoir lancé dans la solitude d’un petit bureau de Londres.
Une révolution, si possible, pacifique est aujourd’hui nécessaire pour rendre sa souveraineté, aujourd’hui confisquée, au peuple, et arracher le pouvoir à une oligarchie qui colonise l’État pour mieux le détruire avec l’aide de l’Union Européenne, selon les principes de la mondialisation libérale. Cette révolution doit se faire d’abord dans les consciences puis dans les urnes avec 2012 pour objectif.
Dans ce combat d’intérêt général pour changer le monde, Charles de Gaulle peut être une source d inspiration pour chacun d entre nous comme il le fut pour Fidel Castro, Hugo Chavez et Yasser Arafat .
Le 9 novembre 2010
Michel Anfrol, ancien secrétaire général des étudiants gaullistes ;
Gilles Bachelier, Collectif national gaulliste de gauche ;
Geneviève Blache, Résistance et Renouveau gaulliste ;
François de la Chevalerie, membre de la Fondation Charles de Gaulle ;
Alain Corvez, Résistance et Renouveau gaulliste ;
Jean Yves Crevel, Comité Valmy ;
Vice-amiral (2s) Michel Debray, Résistance et Renouveau gaulliste.
Claude Gaucherand ;
Denis Griesmar, Comité Valmy ;
Philippe Lecreux, Comité Valmy ;
Étienne Tarride, Collectif national gaulliste de gauche ;
Paul Violet, Collectif national gaulliste de gauche ;
(par ordre alphabétique)