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Benoît XVI au Mexique et à Cuba

L’Amérique latine, dans son ensemble, est une région fortement attachée aux valeurs religieuses et, de façon spéciale, aux pratiques cultuelles de la foi chrétienne. Si le catholicisme a perdu plusieurs de ses adeptes au profit d’autres confessions chrétiennes, il n’en demeure pas moins toujours important, à travers ses institutions et la sublimation de la papauté. Cette importance trouve également écho chez les décideurs politiques et les oligarchies économiques du Continent. Il y a un dicton qui affirme « qu’aucun coup d’État militaire ne serait possible en Amérique latine sans la bénédiction des hautes autorités de l’église catholique ». Les cas récents du Honduras, en 2009, et du Venezuela, en 2002, en sont une illustration plus que probante. Il n’est donc pas surprenant que ces pouvoirs tentent d’influencer les orientations de ces visites papales aux mieux de leurs intérêts.

Benoît XVI, ce pape qui dirige l’Église catholique depuis 2005, ne manque certes pas d’esprit et d’intelligence. Sans avoir le charisme de son prédécesseur, Jean-Paul II, il demeure celui qui a l’intelligence de la doctrine de la foi, fondée davantage sur les enseignements des Pères de l’Église et la tradition de l’Église que sur les Évangiles et la vie des premières communautés chrétiennes. En ce sens, il est plus institutionnel qu’évangélique, plus doctrinal que pasteur. Cette classification ne fait que marquer un accent sans exclusion des autres aspects.

Dans son livre sur Jésus de Nazareth que j’ai eu l’opportunité de commenter, j’y ai trouvé, entre autres, deux passages, plutôt surprenant de la part de cet homme très critique à l’endroit des théologiens promoteurs de la théologie de la libération. L’Amérique latine étant le berceau de cette théologie, les citations relevées n’en prennent que plus de sens.

Au sujet du capitalisme si fortement remis en question par les pays émergents de l’Amérique latine et la théologie de libération, il a ces propos :

Face aux abus du pouvoir économique, face aux actes de cruauté d’un capitalisme qui ravale les hommes au rang de marchandise, nos yeux se sont ouverts sur les dangers que recèle la richesse, et nous comprenons de manière renouvelée ce que Jésus voulait dire quand il mettait en garde contre la richesse, contre le dieu Mammon qui détruit l’homme et qui étrangle, entre ses horribles serres de rapace, une grande partie du monde Jésus de Nazareth (p.120).

Au sujet de l’aliénation et de Marx, si souvent décrié par les uns et admiré par les autres, il a ce commentaire plus que surprenant :

N’est-il pas vrai que l’homme, cette créature appelée homme, tout au long de son histoire, est aliéné, brutalisé, exploité ? L’humanité dans sa grande masse a presque toujours vécu sous l’oppression. Et inversement, les oppresseurs sont-ils la vraie image de l’homme, ou n’en donnent-ils pas plutôt une image dénaturée, avilissante ? Karl Marx a décrit de façon drastique « l’aliénation » de l’homme. […] Il a livré une image très concrète de l’homme qui tombe aux mains de bandits (p.224).

Imaginons un seul instant que le message, livré au Mexique et à Cuba, soit inspiré par ces prises de conscience qu’il a su si bien exprimer dans son livre sur Jésus de Nazareth. Ce serait une véritable révolution pour l’Église et pour l’ensemble des pays de l’Amérique latine. Ce serait également une levée de boucliers de toutes les oligarchies latino-américaines et, plus que tout, de Washington. Il se ferait rappeler qu’il n’est pas de sa mission de s’introduire dans les affaires des États et dans les réalités politiques. Qu’il se contente de parler de Dieu, des Évangiles, de la dévotion à la Vierge, de la célébration des sacrements et de la vie de l’Église. Le reste, ça ne le concerne tout simplement pas.

Il faudrait pratiquement un miracle pour qu’il en appelle à ces prises de conscience dans ses interventions au Mexique et à Cuba. Il demeure foncièrement un allié de Washington et des pouvoirs oligarchiques. Qu’on se souvienne, en 2008, de cet anniversaire, célébré en grande pompe à la Maison Blanche. De quoi alimenter un certain sentiment de reconnaissance et de solidarité.
A QUOI PEUT-ON S’ATTENDRE ?

Au Mexique, du 23 au 25 mars, son séjour aura un « air de déjà vu ». Les foules viendront acclamer en lui le représentant du Christ sur terre, se prosterneront pour recevoir sa bénédiction et lui diront, sans doute, leur douleur de cette violence qui ne cesse de les poursuivre. Quelques uns trouveront, peut-être, le moyen de dénoncer les injustices structurelles et institutionnelles dont ils sont victimes. Ils lui rappelleront que la pauvreté n’est pas un destin naturel réservé à une majorité d’humains, qu’elle est froidement générée et entretenue par un système entièrement au service d’oligarchies avec lesquelles l’Église est trop souvent complice.

Pour sa part, Benoît XVI se fera sensible aux victimes de la violence et à toutes ces souffrances générées par un monde sans Dieu, nourrit par la cupidité et l’égoïsme. Il se gardera d’en préciser la nature et les principaux acteurs. Il invitera toutes les personnes de bonne volonté à se confier à la Madone de Guadalupe et de vivre profondément leur foi en union avec leurs pasteurs. Il les mettra en garde contre ces rêves aux horizons matériels et terrestres et les invitera à s’en remettre au Christ, sauveur du monde.

A Cuba, du 26 au 29 mars, les choses risquent de se présenter différemment. Cuba n’est plus ce qu’elle était il y a 20 ou 30 ans. Il en va de même pour l’Église cubaine. La visite, en 1998, du pape Jean-Paul II, s’était déroulée dans un climat de grande harmonie et de respect. Jean-Paul II avait lui-même reconnu que cette visite l’avait profondément impressionné et marqué.

Cette fois-ci, la collaboration entre le Gouvernement et l’Église cubaine est encore plus intense. Les préparatifs à cette venue du pape ont été réalisés sans qu’il y ait accrochage de part et d’autre. Cela ne plait pas beaucoup aux anti-cubains de Miami et, à en croire certaines informations qui circulent, Washington ne voit pas cette visite d’un bon oeil.

Le Gouvernement cubain a mis à jour une opération visant à perturber par tous les moyens cette visite de Benoît XVI. Des sommes d’argent importantes, venant des Etats-Unis, sont mises à la disposition de collaborateurs et collaboratrices, appelés (es) les dissidents et dissidentes dont font partie les femmes en blanc, pour s’adjoindre d’autres cubains et cubaines en vue de créer du désordre au moment des célébrations et retenir ainsi l’attention des médias. Plusieurs, venant de Miami, se présenteront comme pèlerins pour coordonner ces actions. En échange de ces gestes de désordre, des visas pour émigrer aux Etats-Unis seront offerts aux plus méritants. Une manière de retenir l’attention des médias pour mieux discréditer le régime cubain.

Quoi qu’il en soit, le peuple cubain et les autorités n’ont rien négligé pour recevoir ce chef d’État et ce pasteur avec tous les honneurs et le respect dû à son rang. Une immense estrade a été érigée au pied du monument de la Place de la Révolution où des centaines de milliers de personnes pourront s’unir pour la célébration eucharistique.

Depuis, maintenant plusieurs années, les communautés chrétiennes se développent et la liberté religieuse, davantage affranchie de certaines influences étrangères, retrouve sa pleine expression. Si, pendant plusieurs années, l’église catholique de Cuba a été un maillon important de l’intervention des États-Unis dans l’ile, il semblerait que ce ne soit plus exactement le cas. Toujours est-il que le thème de la liberté religieuse n’a plus sa raison d’être.

Fidel Castro, toujours vivant et actif, comme écrivain et personne ressource, ne cesse de poser des questions fondamentales sur l’avenir de l’Humanité. Il traite de l’environnement, des guerres de conquêtes, des armements toujours plus sophistiqués, de nouveaux paradigmes dans la gouvernance du monde. Il attire à lui des intellectuels de partout à travers le monde, des croyants influents, des chefs d’État, des écrivains et de nombreuses autorités religieuses. Chavez, Morales, Correa, Roussef, Fernandes et bien d’autres, tous et toutes chefs d’État de pays de l’Amérique du Sud et de foi chrétienne, trouvent en Fidel sagesse, profondeur et une grande humanité.

Déjà nous connaissons les réalisations de Cuba dans les secteurs de la santé et de l’éducation. Tout cela se réalise, en dépit d’un blocus économique qui défie le droit international, tout en étant foncièrement criminel à l’endroit de tout un peuple. Ce sont des centaines de millions de dollars qui sont votés chaque année par le Congrès des Etats-Unis pour déstabiliser le pays et faire en sorte que le régime échoue sur toute la ligne.

A ce jour cette stratégie, dénoncée par la Communauté internationale, se poursuit comme si rien n’était. On vote contre le blocus, mais personne n’ose agir. A ceci s’ajoute, évidemment, le cas de ces cinq antiterroristes cubains, condamnés injustement et emprisonnés, depuis 13 ans dans des prisons à sécurité maximale.

Il faut croire que ces deux questions seront soulevées par les autorités cubaines pour que le Vatican dénonce ce Blocus et intervienne auprès de Washington pour réclamer qu’il y mette fin et qu’il libère les cinq antiterroristes cubains, injustement condamnés.

Je souhaite, personnellement, que tout se déroule normalement et qu’aucun évènement fâcheux ne vienne ternir cette seconde visite d’un Pape à Cuba. Il est possible qu’une rencontre ait lieu entre Benoît XVI et Fidel Castro, tous les deux âgés de 85 ans. Leur parcours de vie, au service de l’humanité, sera une référence pour alimenter ces moments d’échange.

Oscar Fortin

Québec, le 21 mars, 2012-03-20

http://humanisme.blogspot.com

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