Comme il faut bien pour certains qui ne se contentent pas de respirer l’air du temps qui leur est insufflé dans les bronches par mille tuyaux, tâcher quand même de comprendre le monde dans lequel il vivent réellement : « Pas plus qu’on ne juge un individu sur l’idée qu’il se fait de lui-même, on ne saurait juger une [telle] époque de boule ver se ment sur sa conscience de soi », ils réfléchissent, étudient, analysent, et tentent d’agir dans la mesure de leurs moyens.
L’analyse du substrat économique de l’impérialisme, on la connaît : fusion du capital industriel et bancaire au sein du capital financier.
Les effets économiques et sociaux des contradictions de l’impérialisme en son sein, chacun les vit.
Ce qui n’a rien de nouveau. Au temps des impérialismes rivaux, quand il s’agissait pour eux de s’approprier le reste du monde en s’entre-étripant, nos aïeux en ont su aussi quelque chose.
Le neuf depuis, c’est qu’on parle de l’impérialisme en désignant une puissance qui tient en association et sous son parapluie toutes les autres de moindre importance, chacune jouant son jeu dans son pré carré plus ou moins contesté par les autres.
L’histoire de l’accès pacifique des États-Unis à l’hégémonie sur les anciens rivaux pendant la seconde moitié du XXe siècle a été vécue dans son entier par de nombreux témoins encore bien vivants.
Cependant le monde et ses populations sont trop grands : l’expansion impérialiste s’est heurtée à des obstacles. La Révolution d’octobre et l’Union soviétique en premier, au temps des conflits inter impérialistes. Maintenant la Chine communiste dont les impérialistes américains deviennent les débiteurs
Aux marges, il y a tous ces peuples qui ne sont qu’imparfaitement soumis, comme les Arabes, et ceux de l’Amérique latine qui cherchent leur autonomie.
Dans toutes les grandes formes impérialistes historiques les peuples qui restaient en dehors étaient qualifiés sans fausse pudeur de barbares, plus récemment de sauvages, alors qu’aujourd’hui la nouveauté idéologique, c’est que les plus rétifs sont exclus par l’euphémisme devenu pourtant peu valorisant de « civilisation ».
Pure adaptation moderniste aux fades valeurs du temps parce que, quand on y regarde de plus près, ces soi-disant « civilisations » antagonistes n’ont que le « mérite » ( négatif, mais qui sert précisément à les constituer en tant que telles) d’être dépourvues de la plupart des affiquets dont se pare la civilisation occidentale quand elle interroge son beau miroir : la Démocratie, les Droits de l’homme, l’Humanisme, le Droit des femmes, en premier lieu.
Et si l’on gratte un peu, de la richesse. Sauf si celle-ci sert les intérêts de l’Occident.
Un contre-exemple ? Pour les Arabes qui vivent sous le régime des Émirs, la question de « civilisation » ne compte plus : ils accueillent les compétitions de tennis à Dubaï, ils accueillent aussi la base militaire française d’Abu Dhabi qui contrôle le Golfe persique et pointe agressivement vers l’Iran, se payent un Louvre au même endroit, pourvu en collections par des conservateurs français délégués malgré le conflit d’intérêt, ils sont les propriétaires d’un club de football et subviennent en philanthropes aux besoins de quartiers défavorisés en France, etc. Malgré le défaut chez eux de toutes les « valeurs » rappelées ci-dessus.
Ces rappels pour en arriver à conclure que la notion de « choc des civilisations » ne tient pas en dernière analyse, non plus d’ailleurs que les conflits basés sur des questions religieuses : il s’agit encore, partout et toujours de l’impérialisme, de son expansion larvée ou violente incessante, et de la résistance ou de la décomposition des peuples confrontées à la marée verte du dollar.
Dwaabala