RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Pour ne pas oublier de quoi l’extrême droite est capable

Dans quelques semaines, seront commémorés, ici et là, le cinquantième anniversaire des Accords d’Évian puis celui de l’accès de l’Algérie à l’indépendance. Ces événements ont mis fin à des mois de terreur, orchestrée, des deux côtés de la Méditerranée, par les factieux de l’OAS, Organisation armée secrète, créée en février 1961 pour s’opposer à la politique de décolonisation mise en place par le général de Gaulle.

Longtemps, la guerre d’Algérie, épisode honteux qui a souillé la France d’après-1945, a fait l’objet d’un consensus de refoulement collectif, malgré les initiatives courageuses de certains historiens tels que Benjamin Stora.

Aujourd’hui, le tabou tombe.

Paris a été, le 6 octobre 2011, la première institution française à témoigner officiellement de reconnaissance à l’égard des victimes en leur dédiant un monument au cimetière du Père Lachaise. Ce geste demeure cependant isolé. En effet, loin d’une condamnation rétrospective des 2 700 assassinats perpétrés par les nostalgiques de l’empire colonial, nous assistons au contraire à une consécration de leur mémoire, au mépris des victimes de leurs actes odieux.

Ayant survécu à un attentat dirigé contre le ministre André Malraux le 7 février 1962 et à la suite duquel, grièvement blessée, j’ai perdu la vue, je serais non pas une victime mais une "bavure", selon une confidence récente d’un vieil activiste - pas du tout repentant - à un journaliste.

J’avais jusqu’alors gardé le silence. Je choisis de le rompre ici pour dire ma révolte.

Sous le couvert d’hommages a priori légitimes rendus aux morts, des stèles ont été élevées non à la mémoire mais bel et bien à la gloire de criminels de l’OAS, pourtant condamnés en leur temps par la justice française.

Dans les municipalités où ces impudents cénotaphes ont vu le jour, l’idéologie extrémiste et le révisionnisme ont triomphé à la fois du sens commun et de l’esprit républicain : pas de tueurs de l’OAS, mais des combattants, des résistants, des patriotes ; et, dès lors, pas de crimes non plus, mais des exécutions et pas de victimes, mais des traîtres ou simplement des bavures !

Le 28 novembre dernier, le chef de l’État lui-même a apporté une contribution éminente à l’excitation des passions mémorielles en remettant personnellement la plus haute distinction de la Nation au légionnaire putschiste Hélie Denoix de Saint Marc et en érigeant ainsi en modèle la rébellion contre l’autorité légitime.

Peu après, le 10 janvier, lors d’une audience du tribunal administratif de Marseille liée à un recours contre l’édification d’une stèle magnifiant l’OAS dans un cimetière de Marignane, l’on a pu entendre l’avocat de la défense parler tranquillement des "prétendus assassinats" reprochés à l’organisation terroriste !

Tribune de Delphine Renard (Le Monde du 7 février 2012), défigurée à 4 ans par une bombe posée à Paris par l’OAS

Aujourd’hui, le révisionnisme glisse vers un véritable négationnisme. À l’oubli des victimes succède la négation de la réalité des faits auxquels cette guerre sale a donné lieu de la part des ultras de l’Algérie française.

Selon Élie Wiesel, "tolérer le négationnisme, c’est tuer une seconde fois les victimes."

Il est des ressorts sur lesquels l’extrême-droite s’appuie pour sa montée en régime : l’Histoire nous l’a appris et elle adore bégayer. Nous sommes tous concernés par une République qui s’oublie au point de commettre des attentats à la vérité en honorant ceux qui ont eu recours à la barbarie pour tenter de renverser l’ordre démocratique.

Le 8 février, rappelant la responsabilité écrasante de l’État dans les neuf morts du métro Charonne, nous célébrerons, à travers eux, le sacrifice de tous ceux qui sont tombés sous les coups de l’OAS. N’oublions pas, certes, mais surtout souvenons-nous, car la mémoire est une action en marche.

Delphine Renard, pour l’AMPROMEVO (Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS)

URL de cet article 20947
  

Derrière les fronts : chroniques d’une psychiatre psychothérapeute palestinienne sous occupation
Samah JABR
EN LIBRAIRIE LE 22 MARS 2018 En coordination avec la sortie en salle du documentaire d’Alexandra Dols – Derrière les fronts : résistances et résiliences en Palestine – nous vous proposons en coédition avec Hybrid Pulse le premier livre de la psychiatre et écrivaine Palestinienne Samah Jabr. Le livre ne sera pas disponible en librairie pour le moment mais seulement sur notre site ou par demande par courrier à PMN Éditions. « Nous voulons une vie décente, pas n’importe quelle vie. Notre action pour (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Quand je donne à manger aux pauvres, ils disent que je suis un Saint. Quand je demande pourquoi les pauvres sont pauvres, ils disent que je suis un communiste.

Dom Helder Camara

"Un système meurtrier est en train de se créer sous nos yeux" (Republik)
Une allégation de viol inventée et des preuves fabriquées en Suède, la pression du Royaume-Uni pour ne pas abandonner l’affaire, un juge partial, la détention dans une prison de sécurité maximale, la torture psychologique - et bientôt l’extradition vers les États-Unis, où il pourrait être condamné à 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre. Pour la première fois, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, parle en détail des conclusions explosives de son enquête sur (...)
11 
Hier, j’ai surpris France Télécom semant des graines de suicide.
Didier Lombard, ex-PDG de FT, a été mis en examen pour harcèlement moral dans l’enquête sur la vague de suicides dans son entreprise. C’est le moment de republier sur le sujet un article du Grand Soir datant de 2009 et toujours d’actualité. Les suicides à France Télécom ne sont pas une mode qui déferle, mais une éclosion de graines empoisonnées, semées depuis des décennies. Dans les années 80/90, j’étais ergonome dans une grande direction de France Télécom délocalisée de Paris à Blagnac, près de Toulouse. (...)
69 
Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.