RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
« Les hommes politiques du monde entier discutent de la guerre avec le même langage insipide et bourré de clichés. »

Syrie : un bombardement de clichés !

Peut-être enverrons-nous des missiles... Mais le bombardement de clichés est lui, bien réel - d’assez mauvaise qualité pour ne faire de mal à personne, sauf à ceux qui les envoient. Vraiment, qui donc prépare d’aussi mauvais scripts pour Kerry ? Il était question « d’isolationnisme dans un fauteuil » . Pourquoi un fauteuil ? Et qui donc était la cible de cette étrange référence à l’isolationnisme américain post-première guerre mondiale ?

Kerry essayait-il de présenter Obama comme un Roosevelt après le « jour d’infamie » de 1941 ( là, un véritable non-cliché de ce vieux Franklin D) ? Puis - rappelé par le chef de la majorité Eric Cantor - nous avons eu notre vieil ami « l’État qui sponsor le terrorisme » de l’époque de Saddam. Pas étonnant qu’un ministre britannique ait confondu Assad avec le dictateur irakien assassiné. Et il suffit d’écouter ce qui vient de Kerry : « Ce n’est pas le moment d’être spectateurs d’un massacre. Ni notre pays ni notre conscience ne peuvent se permettre le coût de silence. » Ouais, quel figure de style, les gars : spectateurs+massacre, le pays+conscience+coût.

Devant des manifestants, le secrétaire d’État américain John Kerry s’adresse au Comité des affaires étrangères de la Chambre à propos de la Syrie

Et puis une fois de plus - comment pouvez-vous ne pas être lassé de cette soupe ? - Kerry a estimé qu’il pouvait comparer Assad à Hitler. C’est absurde. Plus de cent mille Syriens peuvent être morts dans cette guerre terrible, mais Hitler déclencha une guerre qui a tué 70 millions de personnes. Peu-être Kerry pense-t-il que Hitler est encore en vie ? L’ ancien Premier ministre israélien Menahem Begin avait fantasmé dans une lettre envoyée à Ronnie Reagan, que quand il était en train d’envahir le Liban, en 1982, il avançait en fait sur Berlin (et Arafat était bien sûr l’homme dans le bunker). Et il n’y a pas longtemps le désormais Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu nous avait déclaré que le président de l’’Iran (Mahmoud Ahmadinejad à l’époque) était « pire que Hitler ». Donc, nous allons encore une fois devoir le rappeler à tout le monde : Hitler est mort !

Et notez bien cela. Obama ne demande pas à l’Amérique d’entrer en guerre, mais de « dégrader et dissuader » la capacité d’Assad à utiliser des armes chimiques. Nous sommes allés « dégrader » dans la guerre du Golfe en 1991, puis nous l’avons à nouveau fait lorsque l’OTAN a bombardé les copains de Milosevic en Serbie (des objectifs, vous vous en souvenez peut-être, qui comprenaient une station de télévision, un train express et un hôpital). Et : « les coûts de l’inaction sont plus grands et plus graves encore » - celui-ci venant du président démocrate de la commission du Sénat, Robert Menendez. Mais est-ce que tout cela est bien sincère ? Quand Saddam a utilisé des gaz contre les Kurdes de Halabja, les États-Unis ne voyaient pas cela comme une « grave coût » pour leur nation. En effet, il a fallu attendre des années avant d’entendre une condamnation, parce que Saddam était notre bon copain à l’époque.

Mais cela ne s’arrête pas là... Nancy Pelosi parle de cette « ligne rouge » à nouveau et, bien sûr, que « toutes les options sont sur la table » - je n’ai aucune idée de qui a inventé cette vieille ânerie - mais les potentats du Moyen-Orient ne sont pas en reste. Nous avons eu Assad lui-même qui a mis en garde pour la énième fois que la « poudrière » de la région pouvait exploser, que « le chaos et l’extrémisme » pouvaient se propager. La condamnation de « l’extrémisme » est bien dans l’air du temps et devrait certainement permettre à Assad d’obtenir la citoyenneté américaine.

Puis, brusquement, apparaît - à Beyrouth - le président de la commission parlementaire iranienne pour la sécurité nationale, Alaeddin Boroujerdi, annonçant qu’une attaque américaine pourrait « embraser toute la région ». Ce qui, comme je l’ ai déjà dit, laisserait la partie belle pour le gouvernement syrien pour lancer des attaques avec des armes chimiques. Mais jusqu’à présent, nous avons dû compter sur ces fameux « agents de renseignement » pour les détails, les mêmes escrocs et abrutis qui nous parlaient des armes de destruction massive en Irak, tout en étant incapables de relever les indices qui leur crevaient les yeux dans des rapports sur leurs bureaux faisant état de19 ressortissants arabes qui prévoyaient d’envoyer des avions sur des buildings, il y a 12 ans.

Et pendant ce temps, planant au-dessus de l’horizon, il y a ce missile mystérieux qu’Israël a tiré sur la Méditerranée mardi dans un « exercice conjoint » avec les États-Unis. Ce sont les Russes qui ont révélé l’affaire, bien sûr. Mais pourquoi ce missile est-il tiré maintenant, à ce moment précis, alors que le régime syrien prévoit de recevoir des missiles de croisière lancés à travers les airs ? Il a été tiré pour évaluer les défenses antimissiles d’Israël, selon le Pentagone. Mais une défense contre qui ? Le Hezbollah ? Le Hamas ? La Syrie ? L’Iran ? Eh bien, cela prouve une chose : si Obama décide de foncer, nous aurons heureusement les Russes pour nous informer en direct. Mais s’il vous plaît, pas de clichés !

Robert Fisk

Robert Fisk est le correspondant du journal The Independent pour le Moyen Orient. Il a écrit de nombreux livres sur cette région dont : La grande guerre pour la civilisation : L’Occident à la conquête du Moyen-Orient.

Source : http://www.independent.co.uk/voices/comment/this-bombardment-of-syria-...

Traduction : Info-Palestine.eu - al-Mukhtar http://www.info-palestine.net/spip.php?article13944

»» info-palestine.net
URL de cet article 22326
  

Les éditocrates - Mona Chollet, Olivier Cyran, Sébastien Fontenelle, Aude Langelin
Vous les connaissez bien. Leur visage et leur voix vous sont familiers. Ils signent tous les jours un éditorial dans la presse écrite ; ils livrent une chronique chaque matin sur une antenne de radio ; ils occupent les plateaux des grandes - et des petites - chaînes de télévision ; chaque année, voire plusieurs fois par an, leur nouveau livre envahit les tables des librairies. « Ils », ce sont les « éditocrates ». Ils ne sont experts de rien mais ils ont des choses à dire sur (presque) tout et, à (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Big Brother est déjà chez vous. Il est dans le logiciel que vous venez de télécharger depuis la boutique en ligne de Apple.

Julian Assange

Ces villes gérées par l’extrême-droite.
(L’article est suivi d’un « Complément » : « Le FN et les droits des travailleurs » avec une belle photo du beau château des Le Pen). LGS Des électeurs : « On va voter Front National. Ce sont les seuls qu’on n’a jamais essayés ». Faux ! Sans aller chercher dans un passé lointain, voyons comment le FN a géré les villes que les électeurs français lui ont confiées ces dernières années pour en faire ce qu’il appelait fièrement « des laboratoires du FN ». Arrêtons-nous à ce qu’il advint à Vitrolles, (...)
40 
Hier, j’ai surpris France Télécom semant des graines de suicide.
Didier Lombard, ex-PDG de FT, a été mis en examen pour harcèlement moral dans l’enquête sur la vague de suicides dans son entreprise. C’est le moment de republier sur le sujet un article du Grand Soir datant de 2009 et toujours d’actualité. Les suicides à France Télécom ne sont pas une mode qui déferle, mais une éclosion de graines empoisonnées, semées depuis des décennies. Dans les années 80/90, j’étais ergonome dans une grande direction de France Télécom délocalisée de Paris à Blagnac, près de Toulouse. (...)
69 
Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’Occident
Il y a des sujets qui sont aux journalistes ce que les récifs sont aux marins : à éviter. Une fois repérés et cartographiés, les routes de l’information les contourneront systématiquement et sans se poser de questions. Et si d’aventure un voyageur imprudent se décidait à entrer dans une de ces zones en ignorant les panneaux avec des têtes de mort, et en revenait indemne, on dira qu’il a simplement eu de la chance ou qu’il est fou - ou les deux à la fois. Pour ce voyageur-là, il n’y aura pas de défilé (...)
43 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.