RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Dans le combat contre Ebola, Cuba joue dans la catégorie poids-lourds. (The Washington Post)

Les premiers membres d’une équipe de 165 médecins et travailleurs de la santé cubains déchargent eux-mêmes les caisses de médicaments et matériel médical d’un avion, à leur arrivée à Freetown pour aider à la lutte contre Ebola, à Sierra Leone, le 2 octobre 2014. Photo LORIAN PLAUCHEUR / AFP / Getty Images/ Washington Post

Alors que la communauté internationale a été accusée de traîner les pieds sur la crise de l’Ébola, Cuba, un pays de seulement 11 millions d’habitants qui jouit encore d’une relation tendue avec les États-Unis, a émergé comme un fournisseur essentiel de l’expertise médicale dans les pays d’Afrique de l’Ouest frappés par le virus Ebola.

Jeudi, 165 professionnels de la santé du pays sont arrivés à Freetown, en Sierra Leone, pour se joindre à la lutte contre le virus Ebola - la plus grande équipe médicale d’une nation étrangère unique, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Et après avoir été formés pour faire face à Ebola, 296 médecins et infirmiers cubains supplémentaires se rendront au Libéria et en Guinée, les deux autres pays les plus touchés par la crise.

Cuba, à tous égards, n’est pas un pays riche. Son produit intérieur brut (PIB) était légèrement supérieur à 68 milliards de dollars en 2011, selon la Banque Mondiale, ce qui la place à quelques places au-dessus de la Biélorussie. À $ 6051, son PIB par habitant était inférieur à un sixième de celui de la Grande-Bretagne. Cependant, sa réponse officielle au virus Ebola semble beaucoup plus robuste que de nombreux pays bien plus riches - et apporte une preuve supplémentaire que les professionnels de santé sont à parité avec le rhum et les cigares en termes d’exportations cubaines.

Le système de soins de santé universel de Cuba permet une telle exportation. Le pays a nationalisé ses soins de santé peu après sa révolution, en mettant fin aux soins de santé privés et en garantissant la gratuité des soins dans sa Constitution. Les résultats ont été largement salués. En 2008, dans une évaluation de 30 ans de « révolution des soins de santé primaires » à Cuba, l’OMS a souligné les progrès impressionnants que le pays avait accompli dans certains indicateurs de santé. « Ces indicateurs - qui sont proches ou égaux à ceux des pays développés - parlent d’eux-mêmes, » a relevé Gail Reed, de l’OMS, en montrant une énorme réduction du nombre de décès d’enfants de moins de cinq ans et une grande espérance de vie à Cuba, de 77 ans.

Le succès de soins de santé de Cuba repose sur sa formation médicale. Après la révolution cubaine, la moitié des 6.000 médecins du pays ont fui et le pays et a été contraint de reconstruire sa force de travail. Le système de formation a connu une telle croissance qu’en 2008, il formait 20.000 étrangers par an pour devenir médecins, infirmiers et dentistes, en grande partie gratuitement.

Ebola n’est pas la première fois que les travailleurs de la santé cubains sont envoyés pour faire face à une catastrophe mondiale. Même en 1960, immédiatement après la révolution, Cuba a envoyé des médecins au Chili à la suite d’un tremblement de terre dévastateur, et la pratique a continué depuis. En 2005, Cuba a même offert d’envoyer des travailleurs de la santé aux États-Unis après l’ouragan Katrina en 2005 (ils ont apparemment été repoussés).

Reuters rapporte que Cuba compte actuellement environ 50 000 travailleurs de la santé qui interviennent dans 66 pays. Malgré quelques actes de charité très médiatisés, la diplomatie médicale semblait le plus souvent s’exercer à des fins plus pratiques - environ 30.000 travailleurs de la santé sont actuellement au Venezuela en guise de paiement partiel de pétrole, par exemple. L’exportation de l’expertise médicale devrait rapporter 8,2 milliards de dollars à Cuba en 2014, selon un rapport récent paru dans le quotidien officiel Granma. On espère que le tourisme médical et l’exportation de la technologie médicale pourraient un jour fournir des chiffres similaires.

L’affaire n’est pas simple. Des critiques se sont plaints que Cuba a commencé à sacrifier la santé de ses citoyens pour faire de l’argent en envoyant de travailleurs médicaux à l’étranger, et les conditions de ces travailleurs médicaux eux-mêmes ont été critiquées - Le Los Angeles Times a rapporté plus tôt cette année qu’un nombre important de travailleurs de la santé cubains au Venezuela ont fui le pays pour échapper à une charge de travail « écrasante ».

Malgré tout, la réponse surdimensionnée de Cuba au virus Ebola semble avoir balayé ces critiques, pour l’instant du moins. Le nombre de personnel médical cubain en Sierra Leone, au Libéria et en Guinée semble supérieur à ceux envoyés par des pays bien plus riches, comme la Chine. Israël, un pays riche avec une population similaire, a déclenché une controverse cette semaine en rejetant les appels à envoyer des équipes médicales.

« L’argent et le matériel sont importants, mais ces deux choses ne suffisent pas pour arrêter la transmission du virus Ebola, » a déclaré le mois dernier le Dr Margaret Chan, directrice générale de l’Organisation Mondiale de la Santé. « Il est clair que notre besoin le plus pressant, ce sont les ressources humaines. »

Adam Taylor

Traduction "ebola le travail !" par Viktor Dedaj pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles.

NdT : Cet article a été repris et commenté par le site cubain Cuba Debate. Voici le commentaire :

En parlant des prestations de santé à Cuba et de la migration de certains travailleurs de la santé des missions [programmes massifs de santé dans différents pays - NdT], le Washington Post ignore ou oublie certains éléments qui nous paraissent importants :

- Malgré les milliers de médecins cubains participant à des missions de solidarité, Cuba continue d’être parmi les 5 premiers pays ayant la plus forte proportion de médecins par habitant en service dans leur système national de santé. Les indicateurs de santé de la population n’ont pas diminué au cours des dernières années, mais progressent constamment.

- Le pays s’est engagé dans un vaste plan de rénovation de ses installations de santé et l’amélioration de son système de soins, en reconnaissant l’insatisfaction devant ces services.

- Les Etats-Unis développent un programme visant à encourager l’exode des professionnels de la santé cubains en mission dans d’autres pays, en allouant des ressources financières et humaines, et autorisent l’admission accélérée dans le territoire américain de ces professionnels ; mais sans garanties d’emploi dans le système de santé nord-américain.

http://www.cubadebate.cu/noticias/2014/10/04/washington-post-en-la-res...

»» http://www.washingtonpost.com/blogs/worldviews/wp/2014/10/04/in-the-me...
URL de cet article 27114
  

Même Thème
L’Histoire m’acquittera
Fidel CASTRO, Jacques-François BONALDI
L’Histoire m’acquittera (en espagnol : La Historia me absolvera) est un manifeste d’auto-défense écrit par Fidel Castro en octobre 1953, à la veille de son procès (il est jugé pour avoir attaqué la caserne de Moncada le 26 juillet 1953, en réaction au coup d’état de Batista). Fidel Castro est diplômé en droit, il manie la plaidoirie, exercice qu’il connaît bien, avec aisance : il y explique ses actes et son implication dans le soulèvement contre Batista mais surtout, il y développe ses différentes thèses (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Le succès ou l’échec d’une révolution peut toujours être mesuré par l’ampleur avec lequel le statut de la femme a rapidement évolué dans un sens progressiste.

Angela Davis

Lorsque les psychopathes prennent le contrôle de la société
NdT - Quelques extraits (en vrac) traitant des psychopathes et de leur emprise sur les sociétés modernes où ils s’épanouissent à merveille jusqu’au point de devenir une minorité dirigeante. Des passages paraîtront étrangement familiers et feront probablement penser à des situations et/ou des personnages existants ou ayant existé. Tu me dis "psychopathe" et soudain je pense à pas mal d’hommes et de femmes politiques. (attention : ce texte comporte une traduction non professionnelle d’un jargon (...)
46 
La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.