Délocalisations ? Compétitivité ? Salaires à bas coûts ? Cette guerre que livrent les financiers aux coûts de production ne va certainement pas cesser de sitôt. Les robots sont prêts à faire leur coming-out.
La robotisation industrielle est évidemment la plus connue. Sa croissance est continuelle et pas près d’infléchir. Prenons l’exemple de la Chine qui offre des salaires à bas coûts. En 2013, elle est devenue la plus grosse acquéreuse de robot avec une part de marché de 20% ! 70% de la vente se fait au Japon, Chine, Etats-Unis, Corée et Allemagne. Le marché de la vente de robots a régulièrement crû de 9.5% par an (CAGR).
Les principaux secteurs gourmands en robotique et automation sont : l’industrie de l’automobile largement en tête, puis celle de l’électricité ou l’électronique.
Les marchés prospectifs restent gigantesques tant aux plans géographiques que sectoriels. Un grand nombre de pays de la planète ont du « retard » en termes d’équipement. Et là les salaires à bas coûts restent trop chers par rapport aux coûts liés à un robot. De même que certaines projections montrent que l’avenir de la robotisation est de coloniser le domaine de la santé, du divertissement, mais surtout celui des ménages privés (maison). Les prévisions du World robotics montrent l’explosion potentielle de la croissance dans le domaine personnel et domestique.
Un autre domaine d’application de la robotique est le monde de la sécurité. Dans un monde chaotique dominé par l’insécurité ce marché semble très porteur. Ainsi, une application qui ne peut nous laisser insensibles est le robot K5 qui peut « voir », « entendre », « ressentir » et « sentir », et amasse ainsi des tonnes de données en temps réel, qui sont traitées au travers d’un moteur d’analyse prédictive. Dès que ce robot va détecter le moindre bruit, odeur, attitude suspecte de la zone qu’il est chargé de surveiller il va alors déclencher l’alarme. De multiples questions se posent dont la plus importante est quelle est cette attitude ou activité suspecte ? Quel en est le référentiel intégré dans le système ? Qui gère les millions d’informations scannées et collectées par ces créations ?... Microsoft s’est jeté à l’eau dans l’acquisition de ces sympathiques gardiens qui ambitionnent de diviser par 2 le taux de criminalité..
Une véritable révolution est en marche. Un économiste allait jusqu’à dire récemment la chose suivante : » Les robots voient leurs « corps » devenir de plus en plus mobile et réactif et leur « cerveau » de plus en plus gros. Ils sont en train de se redresser, d’apprendre à marcher et de voir leur boite crânienne grossir comme les hominidés. Sauf que le changement se compte en dizaine d’années quand il nous a fallu des millions d’années. » On peut comprendre le côté jouissif de pareil progrès mais tout de même savons-nous vraiment où nous allons ? Un autre scientifique constatait quant à lui que la technologie qui apportait des réponses aux scientifiques était d’une grande aide. Pourtant, il y a quelque chose d’inquiétant quand les rôles sont inversés et que c’est elle qui pose les questions et demande à l’homme de répondre.
Les financiers ont bien saisi les enjeux de ce nouveau monde en plein essor. Les investissements sont considérables. Bruno Bonnell, fondateur d’Awabot et président du premier fonds européen exclusivement dédié au financement de la robotique est catégorique. Pour lui c’est certain qu’ » en 2020, la « robolution » va toucher tous les secteurs industriels, de la médecine aux transports en passant par les loisirs. Un marché de 100 milliards de dollars » résumait le journaliste qui l’interviewait pour les Echos.
Que vont devenir les emplois ? Que va devenir l’humain dans une relation de plus en plus intime et obligée aux machines ? Est-ce une révolution bénéfique ou sommes-nous à l’ère de la prise de pouvoirs par la science mais qui ne mesure pas les conséquences à long terme de son savoir ? Enfin la question existentielle et essentielle ultime est la suivante : existe-t-il la moindre probabilité à ce que l’humain perde le contrôle de sa création ?