Mardi, 12 Mai, 2015 - 06:44
Déclaration de La Havane
Mes chers compatriotes
Caros compagneros
Amis, camarades, concubins, maris sages, femmes savantes...
Me voici enfin à La Havane, capitale du goulag tropical, avec danseuses de cabarets, mulâtresses révolutionnairement plantureuses, plages communistes, mais de rêve.
Les réalités géopolitiques et l’entêtement de cette île, pourtant si petite, m’ont obligé à reconnaître qu’elle existe, souveraine, à 150 kms des côtes de nos amis Ricains.
Je vais donc en profiter pour m’encanailler quelques heures avec ce peuple si coloré, si joyeux, si insouciant... Je me suis essayé à la « salsaaa », mais Manuel m’a vite découragé. Il paraît que la salsa, c’est le mélange...
Cette dictature ensoleillée doit sûrement emprisonner les nécessiteux pour les empêcher de demander l’aumône dans la rue. On n’en voit pas... Et elle pousse même le culot jusqu’à soigner gratuitement tout le monde, même ceux qui n’ont pas accès au dollar, alors qu’il est si facile de mettre en place une médecine à deux ou trois vitesses. Quel gaspillage ! On dit même que ce bagne exotique consacre 60% du PIB à la dépense publique ! Tu vois bien que ce n’est pas possible Manuel. Ici les parachutes sont depuis longtemps rouillés.
Je n’ai jamais aimé cet enfer moiteux. Je préfère l’autre rive de l’océan. A chacun ses côtes Manuel.
Je fais un voyage historique, si historique qu’il en restera « historique ». Vu qu’il y a belle lurette que Cuba s’est ouverte au monde – le savais tu, Manuel ? – il ne me reste plus qu’à ouvrir notre cher occident à ce « cauchemar politique ». Au port, j’ai même vu des coches près de la mer...
Encore un verre de « mojito », Manuel. A la santé de feu la révolution. A notre société médefiée ! J’ai toujours cru, môi, à une troisième voie entre capitalisme et capitalisme. Entre « daïquiri » et « quiridaï ».
C’est vrai, je suis le premier, mais en fidèle porteur de valises, j’ai eu la patience d’attendre le feu vert du patron. Les affaires sont les affaires.
J’ai trouvé le temps de conseiller à nos amis Cubains de respecter les droits de l’homme, de promouvoir le chômage massif, la précarité généralisée, le flicage macronique, l’amour des sans papiers, des Gitans, la haine du CAC40, de cet anachronisme : « l’égalité ». Je leur ai demandé de ramener les dépenses publiques à des niveaux nivelés, et les acquis sociaux à de lointains souvenirs.
A nos opportunismes fidèles, Manuel !
Ah !, ce front de mer... ! Le « Malecón », qui a le front de regarder en face, sans ciller, les Ricains !
Normal. Normal.
Source : blog de Jean Ortiz, l’Humanité.