En Ecrivant ce papier en ce jour de Novembre, mois des morts, avec ce titre impossible à penser, je sais d’avance produire un certain niveau de scepticisme et d’incrédulité. J’ai souvent cette caractéristique de visualiser les possibles avant que ceux-ci ne se matérialisent (« https://legrandsoir.info/la-matrice-des-siecles-2016-pire-que-2015.html »). L’objectif de ce papier est de chercher à raisonner froidement sur la situation politique actuelle dont au premier abord, on peut considérer qu’elle est au contraire désespérante, ce qui, pour celui qui reste collé aux médias du quotidien, est un fait avéré. Mais en prenant de la hauteur historique et en faisant une analyse politique rigoureuse, l’idée d’un Mélenchon élu Président est possible. D’ailleurs, je pense qu’il n’irait pas à cette confrontation, s’il pensait l’inverse. Je précise que je ne fais pas partie du cercle rapproché de Mélenchon. Souvent perçu comme « casse couille », je n’ai jamais fait partie des cercles proches du pouvoir. Comme pour toute situation politique, il nous faut d’abord prendre de la hauteur et du recul historique.
La situation Historique : La situation du monde est un immense brasier invisible, invisible car masqué par l’idéologie, qui confine les conflits du monde (Proche et Moyen-Orient, Afrique, Asie) comme étant des « conflits locaux », alors qu’ils sont la conséquence directe du système de sous-développement imposée au monde (« Mondialisation »). Le retour des religions et leurs médiatisations masquent la réalité des guerres qui sont, depuis la guerre de Troie, d’origine, de nature et d’objectif économique (Possession et exploitation). Jaurès « Le capitalisme porte la guerre, comme la nuée porte l’orage » a suffisamment développé cet aspect, pour qu’il ne soit pas nécessaire de développer. Observons que c’est ce système qui par les famines et les guerres, engendre les mouvements de « migration sans fin », qui déstabilisent les sociétés, nourrissant les ressentiments, les jalousies, les extrémismes, favorisant de ce fait, le retour du fascisme en Europe, car « le ventre est encore fécond d’où jaillit la bête. ».
On ne peut envisager de réfléchir sur les Élections Présidentielles en France sans avoir en tête, tous ces éléments géopolitiques, que je n’ai fait qu’esquisser. Observons d’ailleurs que sur ce point, comme sur d’autres d’ailleurs, on n’y reviendra, l’analyse développée par Mélenchon, à partir du matérialisme historique dont il se revendique, est d’une grande pertinence.
La Boite de Pandore. A partir de 1945, instruit par la crise de 1929 et ses effluves sociales (chômage de masse, pauvreté) cause de la monté des fascismes ayant engendré la seconde guerre mondiale, les Etats instituèrent les politiques publiques, intégrant une certaine forme de planification, y compris aux U.S.A.
Jamais les capitalistes, par idéologie et surtout, pour leur intérêt de matérialité du profit, n’ont accepté ces orientations,. Les guerres américaines (Vietnam, Corée) engendrant des besoins de financement énormes, précipitèrent la crise du système de « Bretton-Woods » en 1971 engendrant la déstabilisation du monde. Depuis, les « crises » successives du capitalisme ne firent que s’amplifier, générant chômage de masse, précarités et pauvretés. Ajoutons, qu’avec la fin de l’U.R.S.S, le capitalisme a pu enfin ouvrir sa boite de pandore, de ses effluves oligarchiques. Nous ne sommes plus dans un capitalisme régulé par la lutte des classes, via l’Etat, mais dans un capitalisme où la partie financière l’emporte sur les autres formes (commercial et industriel) faisant de la finance, un continent qui se développe pour lui-même, sur le malheur du plus grand nombre. La Phrase de Victor Hugo : « c’est de l’enfer des pauvres, qu’est fait le paradis des riches » n’a jamais eu autant de matérialité. On pourrait dire aujourd’hui : « Le chômage de masse et les précarités nourrissent le business ». Pour pouvoir toujours accumuler, le Capital a besoin d’avoir tous les pouvoirs effectifs, tout en gardant la forme apparente de la démocratie.
Le Quinquennat au service des marchés : La modification de la constitution instituant le Quinquennat, crée de fait un système au service des « cycles du marché ». Le « cycle de Juglar » dit « cycle des affaires » est un cycle économique analysé sur 8 à 10 ans. Cependant, avec la « financiarisation » de l’économie, ce cycle des affaires s’est raccourci, expliquant l’accélération des retours de crise (2001-2007). Le Quinquennat, n’est que l’adaptation du système politique au rythme des marchés. Le Quinquennat, n’est donc que la forme de l’apparence démocratique, qu’impose effectivement la dictature des marchés fondé sur un cycle de rentabilité court. Quel que soit le Président de la Vème, désormais le marché domine. Plus les Présidents changent (Sarkozy/ Hollande), et plus le marché domine la définition des politiques effectives.
Du concept de Gouvernance : C’est pourquoi le Capital au pouvoir, utilise le concept de « Gouvernance », qui n’est que la contraction de deux mots (Gouvernement-Finance), la gouvernance, c’est le « gouvernement de la Finance », qui se substitue au « gouvernement du peuple par lui-même », dans le cadre de la Démocratie (« Pouvoir du peuple »). Si la démocratie est le « pouvoir du peuple », la gouvernance impose un nouveau régime, qui s’intitule « démocratie de marché », dans lequel, le marché est au-dessus du peuple. Cette approche permettant d’expliquer les réactions des bourses à chaque « surprise électorale ». A chaque fois que le peuple vote en surprenant les marchés, ceux-ci ont tendance à sur-réagir (Grèce, Brexit, Trump etc.). Les marchés, comme le disent les commentateurs boursiers, n’aiment pas l’incertitude, mettant d’ailleurs à mal, leur propre modèle théorique, qui stipule l’incertitude. De fait, le capitalisme actuel est construit sur une « planification du profit », expliquant la nécessité d’avoir une organisation sociale flexible, car devant jouer le rôle de « variable d’ajustement ». Dès lors, que l’on accrédite l’idée que le marché planifie ses profits, en réduisant au maximum les zones d’incertitudes, on comprend, le besoin pour le Capital d’être dans la cabine de pilotage politique, condition structurante de son accumulation : « Accumulez, accumulez, c’est la loi et les prophètes » Karl Marx.
Structure-superstructure : Dans l’analyse marxiste, une distinction est faite entre Structures (système économique) et Superstructure (système politico-juridique et institutionnel), qui le surplombe. Marx Expliquant que l’essentiel de la lutte se porte sur la Structure (système économique), qui fonde les rapports d’Exploitation. La Superstructure (passerelle de commandement), en clair l’Etat, étant le régulateur suprême, c’est-à-dire jouant le rôle de « négociateur social » [1], le contraire de ce que voulait en faire le Conseil National de la Résistance. Depuis la prise de pouvoir de la Finance mondiale, la séparation entre Structure et Superstructure se sont amoindris puis dissous. De fait, « Superstructure et Structure » ne font plus qu’un, expliquant l’importance du besoin d’une Révolution Institutionnelle, que représente l’idée de VIème République. En ces temps de « monarchie Républicaine », s’attaquer à la superstructure institutionnelle revient de ce fait, à s’attaquer à la structure, d’où la possibilité de pouvoir parler à nouveau d’Oligarchie, c’est-à-dire du pouvoir directe de la finance sur l’Etat, sans passer par la case négociations, qu’avait pu imposer le programme « les jours heureux », dans lequel il y avait plus de communisme qu’en U.R.S.S. La création de la sécurité sociale, c’est du communisme concret [2]. Enfin observons que la crise, n’est que le mot utilisé pour masquer dans les faits, la reprise en main par le Capital des rapports sociaux, dans une logique d’exploitation et de domination. De plus, ce système ne produit effectivement que des Milliardaires et des Pauvres. C’est dans ce cadre de système que se rajoute ce qui est appelé la « crise de la politique ».
La Crise de la Politique : Cette crise n’existe pas, elle est une invention qui vise à masquer une autre question, qui est la crise des « formes politiques ». Crise de la Politique non, car les citoyens se mobilisent dès lors qu’ils sentent que la situation est grave et que leur avis peut être entendu. Ce fut notamment le cas lors du référendum de 2005, mais aussi dans les élections Présidentielles qui phagocytent les formes de la Politique. Par contre, ce qui est en crise, ce sont les formes de la politique, qu’elles soient sur le plan des organisations politiques, qui ont perdu leur rôle d’acteur politique (60.000 adhérents au P.C.F, 1 million fin des années 70), que des institutions républicaines. Celles-ci ne sont plus que des relais de la mise en place des politiques libérales, notamment avec la Vème République, amplifié par le quinquennat, qui fait émerger le « monarque-Président » et les « citoyens otages ».
L’Impérium Métropolitain : d’où aussi l’Impérium des Métropoles, qui se substituent aux communes et aux villes, et qui contribuent à repousser encore plus loin le lieu de décision des espaces de « vie en commun », mettant de ce fait, la démocratie en périphérie et en péril. Du niveau local, au niveau National, l’abstention populaire, n’est pas un signe de « crise de La Politique », mais des formes de la Politique dans le sens où quel que soit leur vote, les citoyens du peuple, ne voient rien changer pour leur vie au quotidien (chômage, précarités, pauvreté etc..). Nous avons, du fait du système Institutionnel imposé, un gouvernement, qui comme dans la féodalité d’ancien régime est déconnecté du peuple, expliquant, en retour ses réactions apparemment désordonnées (Luttes sociales et Vote F.N) et sporadiques (par intermittence).
La Bifurcation : La « multitude » tel est le concept que mets en avant Mélenchon, pour alerter sur la situation du monde, par son évolution démographique. Il ne fait pas de la « multitude du monde », un problème, mais un élément politique majeur. Et il pose à ce moment-là, la question de l’avenir de l’humanité, si le système capitaliste continue à dominer les relations du monde, la planète n’y suffirait pas. Le seul moyen qu’a alors le capitalisme de continuer à dominer en abusant l’exploitation de la terre, c’est d’imposer une généralisation de la pauvreté à l’ensemble de l’humanité, en s’appuyant sur les dynamiques réactionnaires, d’où le besoin des religions, qui vise à éloigner les peuples des questions qui les concerne. En ce sens « Ecologie » et « lutte des classes » font partie du même mouvement d’émancipation, ce qui explique le concept de « planification écologique » du programme des insoumis. Tout ceci est cohérent.
« Libre échange » ou « planification écologique » : L’écologie ne touche pas que la question énergétique, elle est la condition du « développement humain durable », c’est-à-dire devant conditionner toutes les formes de production et d’échange de « l’humanité émancipée », ce qui signifie obligatoirement, une sortie du « libre échange », cause de tous les déséquilibres du monde. On le voit, l’approche des « insoumis » dépasse les frontières de l’élection Présidentielle et la Personne de Mélenchon. Elle a une portée Historique, dans le sens d’une rupture de vision du monde et pas simplement de la France. Elle rejoint en ce sens la portée universelle de la Révolution Française. Il ne peut y avoir de solution à la crise de l’humanité sans se mettre en rupture avec le logiciel de pensée du capitalisme financier, qui domine toutes les relations humaines.
Dans quelle situation politique sommes-nous ? Là aussi, il nous faut analyser de la manière la plus objective possible la situation. On peut considérer, contrairement aux discours politiques des médias, au service du capital, que le paysage est déjà explosé. Il ne faut pas grand-chose pour le faire exploser davantage…
La montée de l’extrême droite : Le F.N, n’est pas un corps étranger, mais le pur produit politique du Capitalisme en crise [3], qui a besoin, dans ces circonstances de crise dont le niveau renvoie aux années 30, d’une organisation politique permettant de masquer, une fois de plus, les enjeux en termes de « lutte des classes ». Observons que son développement politique se fait de manière concomitante, avec le développement des « crises du Capitalisme » et ce, depuis 1971 (crise de « Bretton Woods »). Plus la crise progresse sous ses formes sociales (chômage, précarités, migrations, insécurités, délinquances) et plus le F.N progresse. La concordance des temps n’est pas innocente. Pour un parti dont les dirigeants se prétendent antisystème, observons qu’ils sont en permanence dans les médias, qui se disputent leur passage. Dans le F.N, le plus dangereux est Filipot, car lui vient du monde de « gauche », et connait l’analyse marxiste, qu’il récite sans trembler, d’où son opposition déclamée à la loi « Travail » et ses dénonciations de la mondialisation et du « libre échange ». Il sait parfaitement comme Mélenchon, dans quelle période historique nous sommes, celle de la crise des années trente, dont il reprend comme à l’époque d’Hitler, l’analyse en termes de « National-socialisme ». Doriot, à l’origine député communiste, et exclu, fut par la suite le créateur de L.V.F (Légion des Volontaires Français), sous le régime de Pétain. Un signe de plus de ce retour de l’Histoire. Difficile dans ces conditions pour le prolétariat et les citoyens, dont les médias ont nourris l’inculture politique, de s’y retrouver. Marx écrit : « celui qui ne connait pas l’Histoire est condamné à la revivre ». C’est à l’aune de cette approche qu’il nous penser les événements actuels.
La Gauche Eclatée ? Difficile de prétendre l’inverse. Mais ce concept médiatique n’a aucun sens, car il mêle les « sentiments de gauche » et la matérialité politique gouvernementale pilotée par le couple « Hollande-Walls ». En fait, la gauche n’a plus aucun sens pour le peuple, dès lors que celui-ci ne voit pas de différence de résultats pour son quotidien, entre politique de gauche et de droite. Faut-il en rajouter pour comprendre pourquoi avec raison, les « insoumis » ne sont ni de gauche ni de droite, et encore moins libéraux, ils sont insoumis. L’insoumission est depuis Spartacus, le premier pas du Communisme. Marx fut le premier philosophe « insoumis » à l’idéologie bourgeoise, celle du capitalisme de marché.
La droite est à droite : qui pourrait en douter ? François Fillon sera le candidat de droite et il a été choisi sur un programme de droite très à droite. Mais tout ceci est normal, d’autant plus que la politique de Hollande étant déjà de droite, pour se démarquer, celle-ci ne peut être que plus à droite. A contrario, cette radicalité du programme de droite (Fonctionnaires, 35 h, T.V.A etc), est une immense opportunité, à radicaliser le programme de transformation sociale.
L’irruption du centre : Avec l’arrivée de Macron, autre « ballon de baudruche » des médias, et la possibilité d’une candidature Bayrou, du fait de la victoire de Fillon, le paysage est tout autant éclaté à droite qu’au centre. Macron, soulignons-le va se présenter avec le soutien sous terrain de Hollande, de la droite et des médias. Comment pourrait-il en être autrement, s’il obtient ses 500 signatures ???
L’existence du Parti communiste ? Communiste depuis l’âge de 14 ans et 58 printemps aujourd’hui, je suis désespéré de voir où nous en sommes, quand pendant des années, nous nous sommes battus contre ce capitalisme de marché, qui détruit tout. J’apprenais dans ma jeunesse, que « l’Union est un combat » [4], j’admirais le comportement des Résistants, j’applaudissais nos engagements révolutionnaires et participais enthousiaste aux « fêtes de l’Humanité », plus grande librairie du monde, qui permettaient de refaire le monde. Tout aurait pu se passer autrement, dans la continuité de la campagne de 2012.
Au-delà du « ralliement » actuel opéré à pas compté, la question qui nous est posée aujourd’hui, est la même que celle de 1930, construire le rapport de forces indispensable à une victoire, contre les forces du marché et de l’obscurantisme. Les communistes ont ce rôle, dans l’Histoire d’être les premiers, les plus nombreux et les plus motivés dans ce combat. Le point positif, c’est que la dynamique de campagne peut, comme en 1936, favoriser la victoire de l’insoumission. Sachons transformer les luttes sociales contre la loi du Capital (Loi El Khomri) en actes politiques. A ce jour, rien n’est définitivement écrit. L’unité et l’existence même du Parti sont aujourd’hui posées, sachons, comme en 1940, y répondre en Communiste.
L’avenir en commun. En tant que communiste, je n’aime pas Mélenchon, car je ne suis pas marié avec lui. Je ne suis pas là pour l’aimer, je suis là pour construire un « rapport de forces électoral », dont Mélenchon est l’outil. Pas plus, pas moins. Pour le reste, je lis ce qu’il écrit et j’écoute ses interventions. Elles sont d’une grande qualité d’analyse. Surtout, il se positionne comme celui ayant une vision Historique, qui dépasse la temporalité du quinquennat, pour embrasser le destin de l’Humanité toute entière. Y compris, son égocentrisme, supposé ou réel, le pousse, à préférer rentrer dans l’Histoire, qu’être otage des marchés. C’est cela qui en fait un candidat « hors norme », expliquant les sondages positifs tant de l’opinion (fin d’article) que de la jeunesse https://antoineleaument.fr/2016/04/08/melenchon-personnalite-politique-preferee-des-jeunes-selon-un-sondage/ , comme personnalité politique préférée.
Ne nous trompons pas, ce qui est jugé ici, n’est pas son programme, ni ses idées, mais l’authenticité de sa démarche. Le peuple de France, tellement trompée par la « social-démocratie », est à la recherche de cette authenticité. Il nous faut l’entendre et le comprendre.
Camarades, je connais vos ressentiments, je ne vous demande ni de l’aimer, ni de rejoindre mon point de vue, mais d’écouter ses interventions publiques que l’on trouve facilement (Internet). Au lieu d’écouter « ce qui est dit de ce qu’il dit », comportement des médias que nous subissons aussi au quotidien par les « médias libres », lisez le texte d’origine. Sachons écouter ce qu’il dit vraiment.
Camarades, votre apport est essentiel à la victoire et au lieu de subir le cauchemar du débat Fillion-Le-Pen, médiatiquement annoncé, et politiquement planifié (sondages) contribuez comme « révolutionnaires » à favoriser l’insoumission, qui depuis Spartacus, est le premier pas vers l’émancipation. Le communisme selon Marx, c’est « le mouvement réel qui abolit l’état existant. » Le communisme n’est donc pas un état, ni une structure, mais une dynamique, qui engendre les Révolutions.
Le chiffrage de l’analyse : dans ce paysage éclaté, la droite certes, pèse fort entre le F.N et la droite Fillon. Mais observons, que la campagne n’a pas commencé et dans la primaire, Fillon n’a fait que 3 millions de voix, dont l’analyse révèle qu’il s’agit essentiellement de quartiers bourgeois et de personnes plutôt âgées. Rien n’indique de plus, que le report de voix des électeurs Juppé se reporte intégralement sur Fillon, compte tenu du programme libéral et destructeur. Rappelons ici, que 59 % des citoyens sont opposés au programme de Fillon. Bayrou ou et Macron seront les « porte- voix » des désaccords à droite. De fait, Fillon ne fera pas 30 % au premier tour, ou alors il le fera en pompant sur les voix du F.N, ce qui de fait l’affaiblira. Dans le même temps, la montée des voix de droite sur un programme de droite, peut avoir un effet positif de radicaliser les positions progressistes et donc de chercher un candidat pouvant s’opposer à la radicalité du programme de droite. Tout ceci n’est pas dans les sondages, mais existe en termes de potentialité et suggère la possibilité d’une dynamique.
Le candidat du P.S Walls ou Hollande, ne sera pas perçu comme crédible à gauche, et entre leurs résultats effectifs et les sondages qui montrent Mélenchon comme celui qui porte le mieux les valeurs de gauche, ces candidats vont être balayés par le vent de l’Histoire, au mieux 4 ou 5 %. Le « vote utile » [5] à gauche sera le vote pour l’insoumission, et cet aspect se renforcera au cours de la campagne, surtout avec un programme de droite qui se radicalise. Et nous ne sommes pas rentrés dans la campagne effective, car le débat contradictoire aura un moment donné lieu et là, le « tribun de l’Histoire », va pouvoir donner toute sa plénitude. De plus, pour certains socialistes ex Hollandais et déçus, il sera plus simple de voter pour Mélenchon, issu de sa maison d’origine que pour un candidat qui viendrait du P.C.F par exemple. Il faudra aussi que les « frondeurs » éliminés se positionnent… On mesure ainsi de quel côté est la dynamique potentielle…et les électeurs socialistes proche des frondeurs n’iront pas voter Hollande. En absence de leur champion, ils voteront pour celui qui représente le plus ces valeurs de fronde… On voit donc que nous ne sommes aujourd’hui qu’une boule de neige, mais dont le potentiel d’agglomération, dès la pente des élections abordée, est immense.
Rien n’est écrit : Bon pour résumer, le premier tour risque de donner, comme aux U.S.A, des résultats surprenants mais, il est fort possible que les trois premiers candidats du premier tour se tiennent dans un mouchoir de poche. Dans ce mouchoir de poche, le F.N peut sortir premier certes, mais ce peut être aussi Fillon ou Mélenchon. Rappelons, ici qu’en 2012, Mélenchon a commencé à 2 % et il a fini à 11 %. Aujourd’hui il a démarré à 11 % et il est déjà entre 15 et 17 %, sans véritable soutien des structures politiques classiques et sans soutien médiatique. C’est déjà une performance.
Illusion Politique ? Je pense que cet article de réflexions permet de voir à quel point, loin d’être fermée, les perspectives politiques sont infiniment plus ouvertes qu’il n’y parait. Tout dépend de nous.
Utopie réalisable ? Pour réaliser la troisième hypothèse, une chose est indispensable, retrouver la dynamique de campagne qu’avait initié la campagne de 2012. Il faut donc que les militants des forces de l’émancipation, se retrouvent et militent ensemble autour de quelques idées simples en reconstruisant des « espaces citoyens de l’insoumission », point de rencontre de tous les insoumis.
- L’insoumission est la bannière des Français, depuis Vercingétorix, de nos ancêtres, les « gaulois »,
- Mélenchon sera le dernier Président de la Vème République. La réalisation de la constituante définira les nouvelles institutions à mettre en place allant dans le sens d’une plus grande démocratie. Cette démarche est essentielle de l’insoumission. Elle attaque de front le système oligarchique. Il s’agit ici, de rendre le pouvoir au peuple.
- L’identité de la France, c’est « Liberté, Egalité, Fraternité », banderole de la Révolution,
- Mise en place d’un référendum révocatoire, applicable à tout élu ne respectant pas son programme.
- Abolition de la loi Travail, proposition d’un nouveau code du travail en phase avec les transformations du système économique, pour plus de sécurité collective et individuelle.
- Planification écologique (Energie, agriculture, Industrie), dont la mise en place générera la création de centaines de milliers d’emplois, du fait des besoins générés par ces ruptures.
- Nouveau système fiscal fondé sur la justice sociale (plus on touche de revenus, plus on contribue) et chasse aux fraudeurs (60 à 80 milliards d’euros à récupérer chaque année sur les fraudes du patronat).
- Budget construit pour répondre aux besoins du peuple et non aux exigences des marchés,
- Sécurité sociale intégrale (plus besoin de mutuelles complémentaires).
- Retraite à 60 ans pour toutes et tous, 55 ans pour les métiers pénibles, 75 % du dernier traitement,
- Maintien des 35 h et marche vers les 32 h.
- Dénonciation des traités européens, carcans du capitalisme.
- Refus du C.E.T.A, du T.A.F.T.A et autres camisoles libérales,
- Droit d’interventions dans la gestion des entreprises, et droit de préemption des « salariés associés »,
- Dénonciation du « libre-échange » et mise en place d’un « protectionnisme solidaire », favorisant la relocalisation productive dans tous les Pays, condition indispensable à l’arrêt des « migrations de survie ».
Voilà les quelques idées à mettre en avant. Bien sûr que nos experts fassent le travail, pour interpeller les élites, mais, Je pense essentiel de ne pas diffuser massivement un programme complet, précis, chiffré pour trois raisons.
- La « Paix du pain » fut le meilleur SMS politique de l’Histoire du monde, et l’on sait, sur quoi il déboucha.
- Les médias présenteront de toute façon ce programme, quel que soit la qualité du chiffrage, comme étant, populiste, irréalisable, dangereux, ne prenant pas en compte l’Europe, la dette etc... La question, comme en 1789 ou 1917, n’est pas le chiffrage, mais sa correspondance avec les besoins du peuple.
- La meilleure des propositions est celle qu’il développe sur la Constituante et son départ, démontrant sa volonté de rendre le pouvoir. Cette proposition est plus parlante que n’importe quel chiffrage.
J’ai conscience que cette réflexion, à l’instant où elle est écrite est une utopie. Mais comme toute utopie, sa matérialisation ne dépend que de nous, c’est-à-dire du rapport de forces.
Fabrice AUBERT
27 novembre 2016
Post-Scriptum du 29 Novembre : Si tôt la primaire terminée, les manipulateurs sont repartis de plus belle, imposant le sondage qu’il faut, pour que surtout la pensée ne puisse fonctionner. On nous impose donc déjà un duel de second tour Le-Pen Fillon. Cependant dans ce graphique apparait bien le potentiel que représente Mélenchon. Observons que Hollande se trouve derrière, que la primaire du P.S, si elle a encore lieue, n’intéressera que les hollandais, donc se trouve confirmé ici que le « vote utile » à gauche, est le « vote Mélenchon ». Macron est un ballon de Baudruche, du type Deferre en 1969 monté par les médias qui se dégonflera au fur et à mesure de la campagne, c’est-à-dire de la montée en puissance de positions radicales. Plus la droite sera radicale, et plus le besoin d’une réponse à hauteur, sera essentiel. La campagne n’est pas jouée, il nous faut donc faire preuve d’inventivité et d’actions.
Encore plus vite… P.S du 1 Décembre 2016 : Au moment où j’ai écrit l’article qui précède, je n’avais pas cette information qui vient de tomber et que je vous livre sans aucun commentaire tellement, elle me semble correspondre à ce que j’ai essayé de visualiser. Rien n’est écrit, tout est possible. Ce résultat ne sanctionne qu’une chose, l’authenticité d’une démarche, qui avec le temps, prends de la valeur humaine, car c’est dans le temps long que s’est construite « l’humanité qui marche ».
P.S du 4 Décembre 2016 : La renonciation de Hollande et l’arrivée de Valls, ne change rien à l’analyse. L’article parle d’ailleurs de Valls ou Hollande, comme quoi tout était prévisible.