Bon,
À part pour les adorateurs de la "démocratie représentative" qui à présent se moqueraient de l’enterrement forcé de toute stratégie de ré-écriture d’une constitution, il y a de quoi s’étonner du peu de réactivité à la nouvelle situation qui prévaut depuis dimanche.
Si je me permet d’ajouter un commentaire c’est, qu’avec une certain nombre d’amis, comme moi déterminés au départ à aller à la pêche dès le premier tour, on a finalement opté pour un vote Mélenchon, car on souhaitait éviter précisément le deuxième tour obtenu.
Ce qui nous donne à pense qu’on soit loin d’être seuls dans notre cas, et qu’il y en ait quand même pas mal qui ait comme nous voté "utile" en votant Mélenchon, mais pas plus, c’est à dire en étant au moins dans la réserve face au caractère réformiste très limité de "l’avenir en commun"...
Qu’est-ce qu’il faut croire à vous lire ? Que même après une défaite aussi significative, il faille garder cette référence que pour m’a part j’ai toujours comprise comme un "support de coalition", notamment avec les oripeaux et du PS et du PCF ? Et je trouverais ça ballot. Pour plusieurs raisons :
– vu les votes de dimanche, et leur composition potentielle, projeter un soutien équivalent au législative ce serait, de la part des citoyennistes insoumis, d’une incroyable naïveté...la marge d’espoir "représentatif", vu la forme des scrutins, est du même ordre que celle qui limite depuis des lustres celle du FN, par exemple, et qui ne correspond en rien à une représentation proportionnelle.
– vu le contexte ou Macron a à peu près 90% de chances d’être élu, et même dans l’hypothèse où ce soit la crieuse de bazar qui passe, nous allons vers la turbulence sociale majeure à assez brève échéance.
Donc les "insoumis" vous avez un choix à faire dès aujourd’hui et plus d’excuse présidentielle ou même électorale pour le reporter : soit vous reconnaissez la légitimité des aspirations populaires à des changements radicaux : mutualisations, limitations du pouvoir de l’argent, sanctuarisation de la dignité humaine, et toutes sortes de choses qui viendront à l’esprit de celles et ceux qui se mobiliseront pour renverser le système ; soit vous continuer à faire semblant de le combattre pour y faire votre petite place...en continuant à accréditer ce qui est écrit dans l’avenir en commun : avenir scientiste, enfants embrigadés dès 3 ans, tout technologies, maintien des clivages maîtres/valets/bétail...et autres fantasmes de technocrates dans la veine "transition vers les renouvelables"...
Si vous choisissez la deuxième option vous pourrez continuer tranquillou à faire ce que vous faites ici, vous auto-féliciter, et reprocher aux autres ou au contexte les raisons de la défaîte. Si vous choisissez la première, et bien commencez par admettre que le "programme" que vous proposiez ne réponde sur le fond à aucune des aspirations profondes et des prolos et même de ceux qui ne se comprendraient pas comme tels. Commencez à raisonner autrement qu’en épiciers qui aient un "programme" à vendre dans les médias, et plutôt en être humains qui se situeraient ailleurs que parmi les insupportables désignant les français comme des veaux voire pire. Admettez que si des cons sont au secopnd tour, ça puisse être aussi parce que votre propre démonstration d’intelligence n’était pas adaptée à la situation. Vous aviez les moyens de proposer des changements profonds de société, et la posture putassière "de gauche" que vous avez adopté, vous a valu certes un "succès d’estime" auprès de ceux qui savent et qui ont raison d’avoir peur, mais - et c’est devenu très sensible dans la compétition-séduction avec le candidat du PS, vous n’avez jamais été crédibles au travers des fariboles timorées et décallées de "l’avenir en commun".
Ce qu’il faille construire, c’est un projet de société atteignable et qui fasse non seulement envie au français mais plus largement à tout peuple saigné à blanc par le capitalisme libéral quel que soit son maquillage. Et ce n’est évidemment pas pour être "atteignable", un projet de société qui reprenne à son compte les préjugés et pré-supposés qui font les miel des politiciens de carrière de tous bords : vertus de la compétition, de la discipline punitive, des élitismes quels qu’ils soient (et pas seulement de classe), et plus généralement de toute raison qui légitime le déni chez l’autre de sa dignité et de son droit à l’ouvrir, qui soit construit sur le modèle de la meute, qui trouve sa cohésion sociale dans la désignation de parias et d’ennemis.
Car le problème auquel nous devons faire face n’est pas tant dans le capitalisme ou dans sa déclinaison libérale, mais plus précisément dans le fait qu’il dispose aujourd’hui - et plus encore très bientôt - de tous les pouvoirs. Et le résultat électoral à cette lumière ne devrait pas tant surprendre : il n’en est qu’une conséquence. Pour qui admet déjà ça, il faut vraiment être niais pour s’obstiner dans le déni de la nécessité d’une phase insurrectionnelle. Dans ces conditions les vraies questions aujourd’hui ne sont plus les mêmes, elles imposent de réflechir à comment concrètement résister, comment combattre la machine, comment désobéir en sorte d’affaiblir le pouvoir de l’argent et non pas le renforcer. S’interroger sur quel mode de participation aux farces électorales, et qui sont comme on le voit, des instruments exclusivement dédiés à sa légitimation est plus que décevant. Le contexte est inédit et chaud bouillant : à vous de choisir votre camp.