Au programme : inventer l’écommunisme / ecosocialisme municipal !
5 janvier 2019 - LYON - Forum national de la gratuité - VOIR PROGRAMME
Les gauches, socialistes d’abord puis communistes, sont largement nées à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle avec l’essor du socialisme / communisme municipal. Ce sont dans les municipalités ouvrières qu’on a vu fleurir les premières crèches, les premières coopératives, les premières piscines, les premiers théâtres populaires, puis les premiers cinémas...
Cette gauche qui visait ostensiblement la conquête du pouvoir central et se voulait ardemment révolutionnaire n’a jamais négligé pour autant le local.
Elle avait en mémoire le souvenir de la Commune de Paris et de Lyon.
Les Maires n’étant plus nommés par le pouvoir central depuis 1882 et la loi de 1884 ayant fait de la commune une véritable entité politique, tout était prêt pour que s’invente le socialisme municipal alors que les gauches connaissaient (comme aujourd’hui) une véritable impasse stratégique. Le courant « possibiliste » jouera certes un grand rôle dans cette mutation, avec notamment l’invention du service public à la française et du droit public. Les autres courants socialistes, notamment guesdistes, suivront bientôt et se lanceront aussi à la conquête des villes dès 1892 et gagnent Roubaix. Ce socialisme municipal résulte d’abord largement d’un bricolage mais il sera bientôt théorisé notamment par Jean Jaurès et l’idée de communalisme fait son chemin, parallèlement à celle des différents courants de l’idée coopérative.
Ce socialisme municipal sera revisité dans les années 30 puis au lendemain de la seconde guerre mondiale où il donne naissance aux banlieues rouges. L’objectif est bien de faire le lien entre la ville et la logique de classe.
Ces villes communistes sont alors dénoncées avec la même hargne que certains mettent aujourd’hui pour vomir les expériences de gratuité.
Les villes rouges sont soupçonnées de soviétiser les enfants et les habitants.
C’est de cette époque que date la fameuse affiche appelant à battre l’ennemi intérieur, le bolchévique au couteau entre les dents.
Cette gestion ne sera, certes, pas exempt de critiques, avec le culte de l’URSS, avec la volonté de battre sur leur propre terrain la droite et l’Etat conduisant ainsi à construire des Mairies (symbole du pouvoir ouvrier) plus hautes que les préfectures (symbole du capitalisme), avec des politiques locales qui confinent parfois au clientélisme, avec des bastions rouges qui faisaient des maires des notables/élus à vie.
L’essentiel est ailleurs : dans la capacité à faire vivre au présent l’idéal communiste. Ce socialisme/communisme municipal est entré en crise dès les années 1970. Les villes ouvrières ont perdu en originalité avec la récupération des thématiques comme le sport, la culture, le logement, la santé par les maires d’autres partis, elles perdent aussi en originalité en oubliant souvent la spécificité communiste, tout comme le sport ouvrier, autrefois non compétitif, devient lui aussi compétitif, ou que les Comités d’entreprise perdent en spécificité. Trop souvent ils se contentent d’être des sous-traitants de la FNAC. Trop souvent ils fantasment aussi mal que les marchands de voyage en se fondant sur la devise « toujours plus loin pour toujours moins cher ».
L’heure est à repenser les services publics municipaux pour refonder un ecommunisme/ecosocialisme municipal.
Nous savons tous que les gauches mondiales sont orphelines d’un grand projet émancipateur à la hauteur des enjeux climatiques (qui ne se limite pas au réchauffement climatique et à l’épuisement des ressources naturelles mais comprend aussi la crise de la biodiversité).
La défense et l’extension de la sphère de la gratuité ne font certes pas tout le projet mais elles peuvent y contribuent grandement, c’est pourquoi l’appel « Vers une civilisation de la gratuité » fondé sur le livre-manifeste gratuité vs capitalisme et le Forum national de la gratuité qui se tiendra à Lyon le samedi 5 janvier agrègent toutes les familles des gauches et de l’écologie antilibérale.
Ce n’est pas par hasard que les gauches se retrouvent autour de cette belle idée alors qu’elles peinent autant à s’unir dans les luttes et les élections. C’est pourquoi nous invitons tous les amoureux de la gratuité à venir fêter la gratuité en dressant l’état des lieux des gratuités existantes et à venir : gratuité des transports en commun urbains et périurbains, gratuité des TER, gratuité de l’eau et de l’énergie élémentaires, gratuité de la restauration scolaire, gratuité du logement social, des services culturels et funéraires, gratuité de la santé, de l’éducation, du numérique, reconnaissance du droit au beau, etc.
Cette convergence de tous les partis des gauches et de l’écologie (PCF, FI, PG, EELV, NPA, Ensemble !) et de nombreuses associations (ATTAC, Fondation Copernic, etc) au plus haut niveau autour de l’idée de gratuité des services publics donne du grain à moudre pour préparer, dès aujourd’hui, les municipales de 2020. Parce que la gratuité est l’arme absolue contre le capitalisme, parce que la gratuité est bonne socialement, écologiquement et politiquement, parce qu’elle rend l’espoir à gauche et accélère la transition écologique.
Paul Ariès
Politologue, directeur de l’OIG
A lire le livre-manifeste (cadeau original pour les fêtes (20 euros) :
« Gratuité vs capitalisme » de Paul Ariès (Editions Larousse).
Toute information sur le site appelgratuite.canalblog.com