Le banquier et le joueur de cartes visent les yeux

Un policier, un gendarme ne prend jamais la moindre initiative : il obéit aux ordres. Si les forces de l’ordre ont crevé des yeux, c’était intentionnellement et parce qu’elles se situaient au bout d’une chaîne de commandement dont l’origine était le président de la République (le banquier) et son ministre de l’Intérieur (le joueur de cartes).

Regardez attentivement cette vidéo. Elle est un peu longue (une petite dizaine de minutes) mais très explicite. Nous avons affaire à des manifestants totalement pacifiques qui vont, qui viennent, qui discutent. Soudain, l’un d’entre eux crie à plusieurs reprises à l’adresse d’un flic : « baisse ton arme, tu vises la tête ». Et puis un coup part. Jérôme Rodrigues reçoit une balle dans l’œil. Quelques instants plus tard, la police charge le cordon sanitaire qui tente de protéger Rodrigues. Au fait, avez-vous entendu Castaner s’excuser pour l’œil perdu de ce manifestant pacifique ?

Lorsque j’étais enfant dans les années cinquante, on me disait que, durant la “ Grande Guerre ”, 11 kilos de plomb étaient nécessaires pour tuer un homme. La boucherie était tellement aléatoire et les armes tellement peu précises que cette énorme quantité de munition était requise. Aujourd’hui, les armes des forces de l’ordre sont si sûres – surtout à 5 ou 10 mètres – que quarante grammes suffisent à énucléer un individu (ou à lui ficher du plastique dans le cerveau) et à briser sa vie.

Qu’il ait été ministre de l’intérieur, Premier ministre ou président de la République, Chirac ne fut jamais un tendre pour les manifestants. Dans les années soixante-dix, tandis que Le Canard enchaîné l’appelait “ Château-Chirac ” (il avait fait restaurer à nos frais – par un stratagème dont il avait le secret – un château lui appartenant et qu’il n’occupa jamais), les gens de gauche l’appelaient “ Facho-Chirac ”, car sa police réprimait sévèrement. Il n’est pourtant jamais allé aussi loin dans l’horreur que l’enfant de la bonne bourgeoisie du quartier Henriville à Amiens. Tout récemment, Xavier Lemoine, maire de Montfermeil, figure de la droite catholique, déclarait que la police avait moins réprimé les émeutes en banlieue en 2005 que les gilets jaunes, que les consignes de sécurité avaient été beaucoup moins « excessives » à l’époque. Il ne m’étonnerait pas que Lemoine craigne pour la vie de ses neufs enfants et petits-enfants. Le banquier, pour sa part, ne peut connaître ces affres.

Le banquier et le joueur de cartes visent les yeux

Tant qu’il sera entouré de carpettes, le banquier d’Henriville et de la Providence réunis pourra continuer à viser la tête. Ce n’est pas son ministre Rugy, arriviste institutionnel flamboyant, qui l’en empêchera. Et pourtant, il n’y a pas si longtemps, François Goullet de Rugy estimait que le LBD était « une source permanente de bavures ». En 2009, il avait déposé, avec ses comparses écologistes Mamère et Cochet aujourd’hui bien discrets, une proposition de loi pour « interdire l’utilisation d’armes de 4ème catégorie par la police ou la gendarmerie contre des attroupements ou manifestations » (les LBD de l’époque). Ce texte ne sera malheureusement jamais examiné par les députés en séance bien qu’ayant été rédigé après la blessure à l’œil au “ Flash-ball ” d’un manifestant à Montreuil. Selon Le Figaro, cette proposition « n’a pas pris une ride et pourrait, sans aucun doute, être aujourd’hui défendue par un groupe de l’opposition. »

Bernard Gensane

PS : mystère et poésie du capitalisme. L’article du Figaro est parrainé par une crème soins anti-rides de L’Oréal. Volontairement ou involontairement, il ne me déplairait pas de le savoir…

COMMENTAIRES  

30/01/2019 11:34 par Georges SPORRI

Contrairement à ce qu’affirme MACRON toutes les morts accidentelles sur les ronds points sont déjà des bavures ! Les gendarmes ayant pour consigne de noter les N° d’immatriculation des véhicules qui bloqueraient ou ralentiraient la circulation pour les amender lourdement, les Gilets Jaunes ont été obligés de se déguiser en piétons désarmés face aux électeurs fanatiques de Macron et autres dégénérés irascibles.

Les dispositifs policiers colossaux et les blessures infligées aux manifestants sont une techniques efficace pour réduire le nombre de manifestants. Nous vivons donc dans une république où la colère doit être plus forte que la peur ! Macron est cependant un peu givré lorsqu’il choisit de radicaliser ses ennemis de classe au risque de créer une ambiance corse années 80 dans toute la France rurale et dans toutes les petites villes de province, comme Villeneuve-sur-Lot, qui crèvent de devenir inhabitables !

30/01/2019 14:41 par Autrement

Castaner démission !
Mélenchon à l’Assemblée Nationale :
https://melenchon.fr/2019/01/30/video-de-la-tribune-de-lassemblee-castaner-demission/

31/01/2019 05:46 par alain harrison

Vidéo ? Ou est-il.

31/01/2019 08:24 par szwed

Ce n’est pas parce que le pouvoir macronien est aveugle et sourd à la détresse sociale, que cela l’ autorise à éborgner et mutiler les braves gens. Notre colère est grande !

01/02/2019 20:29 par Eric Mestre

"Un policier, un gendarme ne prend jamais la moindre initiative : il obéit aux ordres. Si les forces de l’ordre ont crevé des yeux, c’était intentionnellement et parce qu’elles se situaient au bout d’une chaîne de commandement dont l’origine était le président de la République (le banquier) et son ministre de l’Intérieur (le joueur de cartes)."

J’ai lu quelque part sur ce site, de la part d’un grand chef flic que "ce sont nous qui créons au départ le niveau de violence d’une manifestation, et non pas les éventuels manifestants ou casseurs"’

Voilà, tout est dit

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