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L’explosion du port de Beyrouth : Une analyse complète

Le soir du 4 août, deux explosions ont eu lieu dans la zone portuaire de Beyrouth. La première était relativement petite et a été causée par des feux d’artifice enflammés que les pompiers sont allés éteindre. D’énormes nuages de fumée ont attiré un grand nombre de spectateurs, qui ont filmé la seconde explosion. Celle-ci ressemblait à la détonation d’un engin nucléaire tactique. L’explosion était si puissante que tous les bâtiments du quartier des affaires de la ville et même l’aéroport, qui se trouve dans une autre partie de la ville, ont été endommagés par l’onde de choc.

Le 12 août 2020 − Source Oriental Review

Dans la soirée du 5 août, le nombre de morts s’élevait à 135, avec près de 5 000 blessés. Il ne s’agit cependant que de statistiques officielles. Il est probable que des chiffres plus précis suivront. Des étrangers ont été tués et blessés. Selon un journal du Bangladesh, par exemple, quatre ressortissants bangladais ont été tués et 101 blessés, dont 21 membres de la marine bangladaise qui se trouvaient au Liban dans le cadre d’une mission de l’ONU.

On sait qu’un employé de l’ambassade de Russie au Liban a également été blessé dans l’explosion. La Russie est intervenue immédiatement et le premier avion est arrivé à Beyrouth le lendemain, chargé de secouristes, de médecins et d’équipements spéciaux.

Le maire de Beyrouth a qualifié l’explosion de tragédie nationale, et le premier ministre libanais a déclaré une période de deuil.

Dans les premières heures qui ont suivi l’explosion, les médias sociaux étaient pleins de soupçons envers les États-Unis et Israël, ce qui est logique étant donné le long conflit entre le Liban et ces pays.

La publication étasunienne Veterans Today s’est intéressée à un étrange objet qui a été filmé en l’air au-dessus des entrepôts du port avant la seconde explosion. En outre, une signature radiologique de l’explosion reçue d’une source en Italie a montré un pic d’activité radioactive. Certains ont suggéré qu’Israël (peut-être avec les États-Unis) a attaqué le Liban en utilisant une arme nucléaire tactique. Les opposants à cette théorie ont fait valoir que, dans un tel cas, il y aurait eu une impulsion électromagnétique qui aurait éteint les téléphones portables de tout le monde. Mais comme les images ont été prises sous différents angles, cela prouve que la théorie de l’ogive nucléaire compacte est fausse. L’hypothèse suivante était l’utilisation possible d’un autre type d’ogive pour faire exploser une grande quantité de salpêtre, qui, à elle seule, ne peut pas produire un tel effet par la seule mise à feu.

Il est intéressant de noter que cette théorie a même été mentionnée sur la chaîne de télévision étasunienne CNN, lorsque l’ancien agent de la CIA Robert Baer a déclaré que le nitrate d’ammonium ne pouvait pas, à lui seul, produire une telle explosion.

Une agence de presse iranienne a également publié des informations sur l’activité suspecte de quatre avions espions de la marine américaine sur la côte libano-syrienne dans la soirée du 4 août. Des drones israéliens ont également été aperçus au-dessus de Beyrouth quelques jours avant l’incident. Une semaine auparavant, des drones avaient également été vus passer au-dessus du Sud-Liban, dont l’un s’est écrasé, selon le Hezbollah. Il convient de mentionner que le Liban ne dispose pas de capacités antiaériennes, de sorte qu’Israël utilise souvent l’espace aérien libanais pour lancer des attaques aériennes sur la Syrie.

Le matin du 5 août, la version officielle de ce qui s’est passé a été annoncée. Des travaux de soudure étaient en cours dans l’entrepôt 12, dont les étincelles ont allumé les feux d’artifice. Au bout d’un moment, les flammes se sont propagées aux sacs de nitrate d’ammonium, qui ont ensuite explosé. Au total, l’entrepôt contenait 2 750 tonnes.

Le nitrate d’ammonium est arrivé au port à bord du cargo Rhosus, qui était immatriculé en Moldavie. Selon les documents, la cargaison était transportée du port de Batumi en Géorgie au Mozambique, mais en 2013, elle a fait escale à Beyrouth pour prendre d’autres cargaisons. Le navire a ensuite été interdit de quitter le pays. Un tribunal libanais a retenu le navire et sa cargaison pour non-paiement des droits portuaires. Le capitaine et plusieurs autres membres de l’équipage ont également été détenus pendant une longue période, mais ont ensuite été autorisés à quitter le navire par les autorités. Depuis lors, la cargaison était stockée dans des entrepôts du port. Derrière toute cette histoire se cache un citoyen russe de Khabarovsk, Igor Grechushkin, qui a abandonné la cargaison et l’équipage à leur sort. Grechushkin vit aujourd’hui à Chypre. Il va sans dire que l’inclusion de tout homme d’affaires russe dans l’histoire (peu importe qu’il ait été directement impliqué ou qu’il se soit simplement laissé entraîner, attiré par l’argent facile) nuit encore plus à l’image de la Russie en général, et du Liban en particulier.

Mais cette version est réfutée par un correspondant de la chaîne de télévision Al-Manar, Ahmad Hajj Ali. Il pense que le nitrate d’ammonium était destiné à des groupes terroristes en Syrie, et que la cargaison était transportée pour le compte des monarchies arabes du Golfe Persique, qui agissaient sous les ordres de Washington. Cela explique pourquoi le propriétaire de la cargaison n’a pas été retrouvé, alors qu’elle valait une telle somme d’argent.

Mais la question se pose alors : pourquoi un volume aussi important de cette substance dangereuse a-t-il été stocké pendant tant d’années dans un centre de transport d’une importance capitale et à proximité des silos à grains et des zones résidentielles ? Le problème est que, ces dernières années, il n’y a pas eu de gouvernement stable au Liban. Le pays a été secoué par des scandales de corruption. Beaucoup de ceux qui sont au pouvoir abusent de leur position. Ils sont arrêtés et remplacés, y compris par ceux qui aiment aussi l’argent facile et le risque. Les autres sont tout simplement incapables de contrôler la situation.

Il est tout à fait possible que de nombreux autres produits douteux aient été stockés dans les entrepôts, comme des déchets chimiques ou nucléaires. Il y a de fortes chances que cela explique le pic d’activité radioactive. En fait, des sources à Beyrouth ont déclaré que des déchets radioactifs provenant d’Europe étaient auparavant enterrés au Liban en violation de la législation. Les hommes d’affaires locaux ont été payés très cher pour cela, mais il sera très difficile de trouver le responsable final.

La situation est exacerbée par la fragmentation politique et la présence au Liban d’agents étrangers provenant de pays tels que les États arabes, Israël et les États-Unis. Par conséquent, les informations concernant la localisation exacte de ces quantités de nitrate d’ammonium n’étaient pas un secret pour leurs services de renseignement. S’ils avaient eu besoin de mener un acte de sabotage, c’était la situation idéale pour les aider à couvrir leurs traces.

Et l’on peut, bien sûr, se demander : à qui profite une telle situation ? Le port libanais traite au moins 70 % des importations du pays. Outre les entrepôts, des stocks de médicaments ont également été brûlés, dont certains provenaient d’Iran. Comme le Liban est également soumis à des sanctions strictes et au bord de la faillite, un tel coup porté à ses infrastructures vitales rend en fait le pays directement dépendant des donateurs étrangers.

Le journal israélien Haaretz a déjà prédit que le Liban pourrait être confronté à un effondrement économique et à des soulèvements sociaux, et les médias israéliens conservateurs ont interprété l’explosion comme une punition venant d’en haut et l’accomplissement des prophéties qui annoncent l’arrivée du Messie, c’est-à-dire du faux Christ, notant en chemin que les forces armées israéliennes n’auraient pas pu attaquer Beyrouth.

Immédiatement après l’explosion, le président français Emmanuel Macron s’est rendu dans le pays et a effectivement lancé un ultimatum en évoquant une possible intervention de l’OTAN. Dans le même temps, la situation sociale au Liban même a commencé à s’intensifier. Les manifestants se sont heurtés à la police et à l’armée et ont pris possession du bâtiment du ministère des affaires étrangères et d’autres installations gouvernementales. Ils ont été chassés peu de temps après, mais la situation est loin d’être normale. Il semble que les protestations, qui ont déjà été décrites comme une tentative de nouvelle révolution de couleur parrainée par l’Occident, pourraient être au premier plan des nouvelles, alors que l’explosion elle-même devait juste servir à déclencher un soulèvement.

Pourtant, une enquête détaillée sur les causes de l’explosion est essentielle. Après tout, quelques jours après l’incident, le président libanais Michel Naim Aoun a déclaré qu’une intervention d’une force extérieure utilisant une roquette ou une bombe était possible.

Leonid Savin

Traduit par Hervé, relu par Wayan pour le Saker Francophone


De Geb.

Une analyse cohérente des événements hors de toute prise de parti subjective.

On notera les explications qui discréditent la thèse de l’explosion nucléaire et signalent l’origine possible réelle de l’explosion ainsi que la possibilité de la présence d’éventuelles radiation Gamma.

Par contre l’auteur déclare l’"impossibilité d’une explosion de cette amplitude uniquement avec du Nitrate d’ammonium".

Et, sur le fai,t il a raison. Le Nitrate d’ammonium seul brûle à l’air libre et en masse et haute température il déflagre. Mais il néglige le fait que la puissance de l’explosion, si elle a été impulsée en combinaison avec du nitrate "ET" des éléments carburés, (fioul, kérozène, ou gaz liquide) peut être augmentée par cinq ou dix. C’est ce qui s’est passé à "AZF" à Toulouse et à Oklahoma City lors de l’attentat de Timothy McWeight contre le Siège du FBI.

Or juste mitoyens des hangars se trouvaient les réservoirs de carburant lourd destinés aux cargos ainsi qu’une cuve de GNL. Deux éléments carbonés.

Ce qui prouve avant tout l’absence d’explosifs "brisants" c’est que le mur sud des silos a résisté alors qu’en cas d’explosion aux explosifs de combat, nucléaires, ou à l’aluminium, (MOAB) il aurait lui aussi brisé par l’onde de choc supersonique à sa base.

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