Les ballades à dos d’éléphant
Plusieurs pays d’Asie (la Thaïlande notamment) proposent des ballades à dos d’éléphant. Il faut savoir que derrière ce divertissement, se cache une pratique cruelle : le phajaan (ou "élephant crushing"). Le principe est simple. Il s’agit de briser psychologiquement l’animal afin qu’il obéisse au doigt et à l’oeil. Le phajaan dure entre 4 et 6 jours et est réalisé sur de jeunes éléphants. Séparés de leur mère dès leur plus jeune âge, ces derniers sont enfermés dans des cages étroites et frappés de manière répétitive (à des endroits sensibles). Ils sont également privés de sommeil, d’eau et de nourriture. La torture ne s’arrête que lorsque les dresseurs estiment que le comportement de l’animal a changé, que son esprit est brisé. Selon les estimations, plus de la moitié éléphants ne survivraient pas au phajaan ; d’autres en garderaient des troubles irréversibles (rendus inutilisables, ces derniers seraient alors tués).
Les selfies avec des tigres
Autre activité plébiscitée par les touristes, en Asie (Thaïlande) notamment, celle consistant à poser avec des tigres. Donner le biberon à des bébés tigres, les caresser, les trimballer de bras en bras ... de quoi ramener de beaux souvenirs de vacances. Mais pour permettre cela, les petits tigres sont enlevés précocement à leur mère et détenus dans des conditions sordides (petites cages...). Enchaînées sous une chaleur assommante, les animaux doivent leur apparente docilité au fait qu’ils sont généralement drogués. Quant à ceux qui refusent de coopérer, ils sont battus ou privés de nourriture. Nul ne sait ce qu’il advient des tigres une fois adulte. Considérés comme trop dangereux pour interagir avec les touristes, on ne les retrouve pas dans les parcs ; et on sait qu’ils sont inaptes à la survie dans la nature. Hormis l’Asie, on retrouve les parcs à tigres en Australie, au Mexique ou en Argentine.
Marcher avec des lions
En Afrique du Sud, c’est le même principe qui est proposé, mais cette fois-ci avec des lions. Séparés de leur mère a quelques mois de leur naissance, les bébés lions deviennent le jouet de touristes qui viennent les caresser, leur donner le biberon ou encore prendre des selfies avec eux. Lorsqu’ils ont un peu grandi (mais pas suffisamment pour être considérés comme dangereux), il est possible de marcher à leur côté. Quant aux lions devenus adultes, là encore, un flou entoure leur sort. Inaptes à la survie dans la nature (après avoir vécu en captivité), ils ne sont pas pour autant gardés dans les parcs. Sont-ils utilisés dans des parties de chasse privées ? Tués pour être revendus sur les marchés d’os asiatiques ? Nul ne le sait. Comme pour les parcs à tigres, on retrouve la présence des parcs à lions dans d’autres endroits du monde : au Zimbabwe, au Sénégal ainsi qu’à l’île Maurice.
Les fermes de crocodiles
Il existe des fermes de crocodiles dans divers endroits du monde mais celles de Thaïlande sont probablement les plus sordides. Bassins minuscules, eau peu entretenue, animaux amorphes, dressage cruel ... Que doit-on faire subir à ces super-prédateurs pour qu’ils acceptent de rester la gueule ouverte avec la tête d’un humain à l’intérieur ? A cela s’ajoute les problèmes de température (souvent inadaptée à la température corporelle de l’animal), de surpopulation (provoquant de nombreux combats), de stress (affectant le système immunitaire des animaux) et de maladies (variole du caïman, hépatite adénovirale). Outre les spectacles, les fermes de crocodiles proposent généralement diverses activités annexes, comme celle d’aller observer les animaux de près (visites de nurseries), de participer à leur nourrissage, ou encore d’aller déguster leur viande dans l’un des restaurants du parc.
Les spectacles de "singes dansants"
Des singes qui marchent comme des humains, s’habillent comme eux, font du vélo, joue d’un instrument de musique ou exécutent un numéro de danse. Les touristes éblouis mitraillent les petits macaques de photos, lâchent une petite pièce, mais ignorent souvent l’envers du décor : à savoir, des animaux arrachés à leur forêt naturelle, dressés de façon violente et enchaînés à longueur de temps (ou retournant dans leur petite cage une fois leur représentation terminée). Les numéros entrainent déformations et douleurs. Quant à l’enfermement, il génère stress, dépression et anxiété. Ces spectacles de rue, connus sous le nom de Topeng Monyet ("singe demandé" ou "singe dansant") sont très répandus en Indonésie. On les retrouve également dans quelques pays voisins (Vietnam, Thaïlande, Sri Lanka) ainsi qu’au Maroc (Marrakech).
Les ballades à dos de cheval, chameau, dromadaire, âne
De nombreux sites touristiques proposent des ballades à dos d’animal. Des chameaux au pied des pyramides (Egypte), aux dromadaires de la palmeraie de Marrakech (Maroc) en passant par les chevaux de Pétra (Jordanie) ou les ânes de Santorin (Grèce), partout le même constat : des animaux se trainant le long des routes, avec leur charge lourde, et semblant parfois souffrir de boiteries, de blessures ou d’épuisement. D’autres attachés en plein soleil, sans accès à l’eau, la nourriture, ni même à l’ombre, et attendant figés leur prochain tour de circuit. Des animaux à l’allure émaciée (voire abîmée), à la posture rentrée (tête baissée) et au regard éteint. Ce type de négligence/maltraitance n’exclut pas les pays occidentaux, comme on a pu le voir récemment avec des chevaux (de calèche) s’écroulant dans les rues de Rome, Londres, Montréal, ou encore New York.
Nager avec des dauphins, raies, tortues
Aux îles Caïman, plusieurs parcs proposent de nager avec des dauphins, côtoyer des raies ou encore, tenir dans ses bras des bébés-tortues. Derrière la façade reluisante de ces parcs, qui se targuent de préserver et soigner des espèces en danger, se cache la détresse de ces animaux captifs. Car même pour les activités situées en mer, les dauphins et autres raies sont quand même détenus dans des endroits clos. Parfois drogués, toujours contraints, ces animaux doivent subir un entraînement forcé pour se plier aux desiderata des touristes. A cela s’ajoute le risque accru de maladies (à cause de l’affaiblissement du système immunitaire) ainsi que de blessures (tortues qui se débattent pendant qu’on les manipule par exemple). Ce genre de parcs est typique de la région des Caraïbes (Jamaïque, Mexique) mais on le retrouve aussi dans d’autres parties du monde (Malte, Sri Lanka).
Les delphinariums (les spectacles avec des orques, dauphins)
Dans la même veine, les delphinariums sont des attractions très sollicitées pendant la période estivale. Là encore, on impose à des animaux sauvages, habitués aux grands espaces marins, de rester confinés dans des bassins minuscules, en supportant le soleil et l’eau chlorée, le bruit des pompes et des spectateurs ainsi que leurs propres sonars (se répercutant à l’infini contre les parois des bassins). Ennui, stress, les animaux deviennent dépressifs, certains développent des maladies. Pour compenser, on leur administre de fortes doses de calmants. Notons que si certains animaux naissent aujourd’hui en captivité, d’autres sont toujours capturés en mer. Un épisode traumatisant pour eux, à tel point que beaucoup n’y survivent pas. On trouve des delphinariums dans divers endroits du monde : en Europe (Espagne, France, Pays-Bas), aux Etats-unis, au Mexique, au Japon, en Chine, en Russie.
Les cirques et les zoos
Un peu partout dans le monde, des animaux sont confinés dans des cages ou des enclos, souvent bien trop petits pour satisfaire aux besoins de leur espèce. Privés d’espace, mais aussi de comportements sociaux, territoriaux, exploratoires etc., certains développent des troubles psychologiques graves (dépression, névroses, psychoses). Ces derniers peuvent s’accompagner de déviances comportementales, comme les gestes stéréotypés (allers-retours incessants, balancements). Certains parcs sont particulièrement sordides. En Asie, des animaux faméliques subsistent en se nourrissant de déchets laissés par les visiteurs. D’autres, perturbés dans leur métabolisme, sont au contraire en grave surpoids. Le sordide confine parfois à l’horreur. Ici, on impose aux animaux des numéros de dressage cruels. Là, on propose aux visiteurs de les nourrir avec des proies vivantes.
Nourrir des animaux sauvages
Sur la "plage aux singes" en Thaïlande, des foules de touristes se précipitent auprès des macaques pour les nourrir. Un comportement qui, s’il peut paraître sympathique au premier abord, est en réalité très néfaste. En effet, ces animaux perdent les comportements utiles à leur survie, et surtout deviennent très agressifs. Ils attaquent, mordent et parfois même volent les touristes (pour ensuite échanger les objets volés contre de la nourriture). Un phénomène que l’on retrouve dans d’autres localités asiatiques (ville de Lopburi en Thaïlande, site d’Angkor au Cambodge). Parfois, les conséquences peuvent être plus tristes encore. Comme lorsque les touristes en arrivent à martyriser directement les animaux qu’ils côtoient. Entre autres exemples connus, citons : des cochons empoisonnés avec des chips et de la bière, un dauphin déshydraté en le sortant de l’eau pour des selfies, une tortue à la carapace cassée, des nids de tortue détruits.
Les lâchers de taureaux et les corridas
Chaque année, des touristes se rendent à Pampelune en Espagne pour assister à l’encierro, un lâcher de taureaux dans les rues de la ville. Avant le lâcher, les taureaux sont tourmentés à l’aide de piques et de décharges électriques. Ils trébuchent et se cognent ensuite, lorsque des centaines de personnes les pourchassent (harcèlent) dans les rues de la ville. Le spectacle se termine dans l’arène, où les taureaux subissent alors le supplice de la corrida. Au programme, coups de piques et banderilles, jusqu’à ce que l’animal, affaibli, soit finalement achevé d’un coup d’épée. Ce dernier meurt parfois noyé dans son sang, lorsque l’épée transperce les poumons au lieu du coeur. La corrida est pratiquée dans certains pays d’Europe (Espagne - sauf Catalogne -, Portugal, sud de la France) ainsi qu’en Amérique Latine (Mexique, Pérou, Colombie, Venezuela, Équateur et Bolivie).
Les fermes à civettes
Le café de civette est très prisé. Son goût unique en fait le café le plus cher du monde (entre 200 et 400 euros le kilo). C’est aussi un cauchemar pour l’animal qui le produit : la civette asiatique. Le principe est simple : la civette mange les cerises de caféier et le grain est ensuite récupéré dans ses excréments. Une telle récolte ne nuit pas à l’animal lorsque les grains sont récoltés dans la nature. Mais pour produire plus, les fermiers se sont mis à capturer des civettes et à les enfermer dans des cages. Le développement des visites de fermes, où les touristes peuvent voir les civettes et goûter le café, a contribué à en capturer encore plus. En Indonésie, Chine, Thaïlande, aux Philippines ou au Vietnam, les civettes s’entassent alors dans de petites cages où on les nourrit uniquement de cerises. Soumis à tant de stress, certaines d’entre elles tombent malades ; d’autres s’automutilent.
Les chèvres des arganiers
Au Maroc, dans la région d’Agadir, les chèvres perchées sur les arbres sont devenues une véritable attraction. Elles grimpent sur les arganiers pour en grignoter les fruits et leur capacité à tenir en équilibre (sur des branches parfois très fines) donne lieu à des scènes étonnantes. Face à la popularité de ce phénomène, des fermiers opportunistes ont décidé d’en tirer parti. Ils forcent les chèvres à rester pendant des heures dans les arbres (en installant parfois même des plateformes) et proposent aux touristes de passage, moyennant finance, de poser pour la photo (en tenant éventuellement des petits dans leurs bras). Ainsi, même si les chèvres sont incroyablement agiles quand il s’agit de grimper dans les arbres, on peut constater qu’elles restent en général immobiles au même endroit (sans accès à l’ombre ni à l’eau) et paraissent souvent en piteux état.
Les charmeurs de serpents
Ce divertissement, très ancien en Inde, attire beaucoup les touristes. Il faut dire que le spectacle de ces animaux dangereux, envoûté dans une sorte d’hypnose, a quelque chose d’impressionnant. En réalité, les serpents sont sourds. Ce n’est donc pas au son du pungi (flûte) qu’ils se dressent mais aux mouvements du musicien (de sa flûte) ainsi qu’aux vibrations qu’il produit sur le sol (en donnant des petits coups de pied). Se sentant en danger, le serpent se dresse alors dans une position de défense. A ce stress, récurrent, s’ajoute celui de l’enfermement (dans un petit panier où l’animal passe le plus clair de son temps). Il faut aussi savoir que le serpent a ses glandes à venin percées et ses crochets arrachés (pour le rendre inoffensif). Une pratique conduisant à des infections, souvent létales. On trouve des charmeurs de serpents en Asie du sud (Inde, Népal, Pakistan) et dans une moindre mesure en Afrique du nord (Maroc).
Les parcs à ours
Il existait une vieille tradition en Europe de l’est (Roumanie, Bulgarie, Serbie, Albanie, Kosovo), qui consistait à faire "danser" un ours brun. En utilisant des méthodes cruelles (plaque brûlante placée sous ses pieds, nez percé à vif pour le tirer avec une chaîne), le dresseur obtenait ainsi de son animal ce qu’il veut. Enfermés dans des petites cages, les ours servaient ensuite d’attraction dans des spectacles de rue, souvent à proximité d’hôtels ou de restaurants. Si cette coutume a été interdite dans certains pays (ceux entrés dans l’Union Européenne notamment), elle persiste de façon plus ou moins clandestine dans d’autres (Albanie, Kosovo). Surtout, elle se décline aujourd’hui sous d’autres formes (fosses à ours, cirques itinérants) où des animaux captifs, à la vie misérable, sont toujours exposés au public.
Et autres
On pourrait aussi parler des spectacles avec des orangs-outans en Thaïlande, des chiens-taxis en Chine, des bars à animaux au Japon, des dresseurs d’hyènes au Nigeria, des combats entre chiens et ours au Pakistan, des combats de coqs en France, de la fish pédicure un peu partout dans le monde (pratiques peut-être plus liées à une demande autochtone qu’à une réelle activité touristique), pour en conclure une chose : utiliser des animaux, pour le divertissement ou autre, c’est de la maltraitance. Trop de touristes se laissent encore berner par les discours rodés des guides (parcs) ou la publicité complice des agences de voyages, quand ce n’est par l’apparente sérénité des animaux eux-mêmes : "ils allaient mourir dehors", "on en prend bien soin ici", "regardez comme ils sont mignons", "ils adorent faire des câlins".
Le tourisme de masse
A cela, s’ajoute le problème, plus global, du tourisme de masse. Ou comment l’effet de nombre, associé au surconsumérisme, menace les habitats naturels et leurs hôtes. Pollution de l’air (trajets en avion), de l’eau et des sols (rejets d’eaux usées, détritus, crèmes solaires), déforestation (construction de complexes gigantesques), colonisation d’espaces sauvages (sorties en bateau, plongée), (sur)consommation de ressources locales (viande de brousse, cadeaux-souvenirs), autant d’aspects de l’activité humaine qui menacent la faune sauvage et contribue à sa perte. Peu d’entre nous sont prêts à vivre comme des Jaïns (en se masquant la bouche ou en balayant devant soi pour ne pas tuer d’insectes). On peut quand même éviter de déraper dans l’autre extrême. Et prendre conscience de certains aspects les plus néfastes, cruels parfois, de l’activité humaine (ici du tourisme), est déjà un premier pas.
Quelques références
World Animal Protection : The Customer Isn’t Always Right
Dressage des éléphants
Temple de tigres
Trafic de tigres
Elevages de Lions
Commerce d’os de lions
Lions élevés pour la chasse
Fermes de crocodiles
Singes dansants
Balades à dos de cheval, chameaux ...
Ballades à dos d’âne
Fermes de tortues
Commerce de viande de tortue
Des animaux vivants jetés aux fauves dans un zoo
Des animaux morts de faim dans un zoo
Des animaux obèses dans un zoo
Nourrir les singes sur les plages
Des cochons sauvages empoisonnés
Un dauphin mort deshydraté
Une tortue battue pour des selfies
Des oeufs de tortue écrasés
Café de civette
Chèvres perchées
Charmeurs de serpents
Ours dansants