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Les ravages de la Loi Bachelot

Les Guignols font de Madame Bachelot une gourde intégrale.
Consciemment ou non, ils se trompent. Nous sommes en présence d’une femme redoutable, intelligente, ambitieuse, fortement de droite et exceptionnellement phallique. Une dure de dure.
Autant la LRU est une belle saloperie, autant la « Loi Bachelot » est une ignominie. Car cette loi va tuer. La LRU s’attaque à des populations qui peuvent (qui devraient tous, en tout cas) se défendre : des étudiants, des enseignants, des personnels administratifs et de service. La « Loi Bachelot » s’en prend à des personnes fragilisées, dépendantes, handicapées, proches de la mort.

Arrêtons-nous un instant sur son intitulé qui fleure bon la dissimulation technocratique : « Hôpital, patients, santé, territoires ». Juxtaposés de la sorte, ces quatre mots ne signifient à priori rien. Que vient faire la notion de « territoires » (au pluriel, s’il vous plait,) à côté de celles de « patients » ? Cette dernière n’est-elle pas redondante à côté de la notion de « santé » ? Justement, là est le problème. En mélangeant des domaines qui n’ont normalement rien à voir, en les obligeant à cohabiter et à interagir, la loi vise à créer des synergies monstrueuses au détriment des malades, de la qualité de la santé, en faisant fi d’un principe sacro-saint depuis la Libération : si elle a un coût, la santé n’a pas de prix et elle est l’affaire de tous en tout lieu, en tout moment, solidairement.

L’objectif de Bachelot, de Sarkozy et de tous les serviteur du capitalisme financier, en France comme ailleurs, est de faire cadeau de la Santé aux assurance privées. Or le principe fondamentale de la Sécurité sociale, de la mutualisation des soins est que la maladie, les malades sont inassurables. La règle d’or est « je suis malade, tu payes ; tu es malade, je paye ».
Je voudrais, pour bien situer le débat, reprendre un article publié par Charlie Hebdo il y a quelques mois, sous la plume de Patrick Peloux. Pour l’urgentiste bien connu, le gouvernement actuel poursuit la casse de la Sécurité sociale et de l’hôpital public impulsée par Chirac en 2007. De même que Raffarin et Fillon, avec la complicité de la CFDT, avaient « sauvé » les retraites en les rognant et en les privatisant, la Loi Bachelot va « sauver » l’hôpital public en l’inféodant au secteur privé. Les fonds de pension (suédois, italiens et autres) préparent les chéquiers pour racheter les établissements hospitaliers de France qui ne sont pas encore tombés dans leur escarcelle. La faible mobilisation des syndicats (qui, il est vrai, ont bien de chats à fouetter actuellement), mais aussi des mutuelles (j’ai fort peu entendu ma MGEN préférée s’insurger contre cette loi) encouragent les grands investisseurs privés de la santé et de l’assurance-maladie à sortir les couteaux pour « tailler dans le gras de la carcasse de notre pays ».
Peloux explique que la santé sera régionalisée, avec la création de « préfets de santé » ( !), à la tête d’agences régionales de santé. Le passage « des missions de service public aux établissements privés à but lucratif sera désormais possible ». Le statut des praticiens hospitaliers va disparaître. Le salaire des médecins évoluera en fonction de contrats d’objectif. Des pénalités pourront être infligés aux établissements si les objectifs ne sont pas atteints. Plus encore que les présidents d’université, les directeurs d’hôpitaux seront quasiment les seuls maîtres à bord. Comme pour l’université, « des fondations seront créées « pour fondre en un bloc les centres hospitalo-universitaires, l’industrie pharmaceutique et les grands argentiers.

Le professeur Valancien a été chargé par le gouvernement d’établir une liste de services de chirurgie à fermer. La mission fut parfaitement accomplie par ce grand urologue : 113 services, représentant un quart du total, devraient être fermés. Si l’on jette un coup d’oeil sur quelques pays proches du nôtre, on se rend compte que la France a pris du retard sur les « réformes nécessaires » et que Sarkozy et Bachelot ne font que nous mettre en conformité avec les critères de Maastricht. En Allemagne, 86000 lits ont été fermés entre 1992 et 2003. Le nombre des hôpitaux a chuté de 186 entre 1995 et 2005. La durée de séjour a été raccourcie de 2,8 jours. Le nombre des personnes employées dans les hôpitaux a chuté de 91000. En Belgique, suite aux recommandations de l’OCDE, le nombre de lits d’hôpital pour 100000 est passé de 772 en 1993 à 611 en 2004. En Grande-Bretagne, 21000 emplois ont été supprimés entre février et novembre 2006. Dans certains services psychiatriques, le nombre des infirmières a été divisé par deux. En Italie, 185000 postes ont été supprimés entre 2000 et 2003. En Lombardie, 7200 lits pour grands malades ont été fermés entre 1996 et 2002 tandis que le nombre de lits augmentait de 3200 dans le secteur privé.

De même que la LRU a considérablement réduit le champ démocratique dans les universités, la Loi Bachelot va réduire l’espace démocratique dans les hôpitaux : avec la fin du conseil d’administration de l’hôpital, présidé par le maire de la ville, on fait sauter, selon Peloux, « un des derniers verrous qui empêchait la casse du service public hospitalier ».
Naturellement, la réforme Bachelot va renforcer les inégalités sociales, dès lors qu’elle a décidé de se focaliser uniquement sur les écarts géographiques.

Vive les économies de serpillières ! Vive les principes de gestion empruntés au monde de l’entreprise : externalisation de la désinfection des chambres des patients et du matériel médical, optimisation, rationalisation ! Vive le lavage à l’eau des bassins en plastique ! Bienvenue aux infections nosocomiales qui affectent un patient sur 20 et qui en tuent déjà environ 4000 chaque année !

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