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L’exposition "Our Body, à corps ouverts" devant la justice

Exhibés comme une marchandise spectacle, 17 cadavres de jeunes Chinois sont actuellement présentés, à l’occasion d’une bien étrange exposition dénommée "Our Body, à corps ouverts", organisée Boulevard de la Madeleine à Paris. Montrés comme des curiosités, les corps sont dépecés, disséqués, éviscérés, découpés, innervés. De nombreux visiteurs acquittent la somme de 15€ pour assister à cette contestable exposition de corps humains dont l’origine reste encore sujette à interrogation. Quelle aurait été la réaction du grand public (et des autorités) si les corps avaient été ceux de ressortissants français ? Peut-on imaginer qu’on n’aurait pas alors tenté d’en déterminer l’origine ? La nationalité chinoise des êtres humains ainsi traités serait-elle une circonstance atténuante de ces manipulations et de leur exhibition ?

Aux côtés de ces cadavres conservés selon une technique particulièrement sophistiquée, l’imprégnation polymérique, dont l’organisateur explique qu’elle nécessite des heures de travail, de nombreuses vitrines présentent des organes, eux-mêmes prélevés sur des corps humains : poumons, foies, coeurs, estomacs, reins…

Les visiteurs, qui semblent pour certains fascinés par cette exposition morbide, ont-ils, un instant, imaginé le sentiment qu’ils pourraient éprouver en constatant que le corps d’un de leur proche, en eut-il fait don à la science, a fait l’objet de manipulations pour être ensuite exhibé aux yeux du grand public dans une galerie située sur une grande artère parisienne ? Se sont-ils posé la question de l’origine de ces cadavres, qui ont été fournis par une fondation située en Chine, alors même que les pratiques judiciaires et carcérales de ce pays sont dénoncées par toutes les organisations de défense des droits de l’homme ? Se sont-ils demandé si les personnes dont les cadavres sont présentés ont consenti à cette macabre exposition ? Ne sait-on pas ici que, dans de nombreux cas, les parents des suppliciés chinois se plaignent de n’avoir pas pu voir ni recueillir la dépouille de leur proche ? Selon la tradition chinoise, la mise en terre d’une personne décédée correspond à l’acte le plus sacré de la vie familiale. On peut en déduire à quel point l’exposition de corps sans sépulture peut être traumatisant pour les familles concernées.

Harry Wu, ancien prisonnier politique chinois de 1960 à 1979 et actuellement réfugié aux États-Unis où il oeuvre pour les droits des Chinois, explique que les prisonniers sont, en Chine, exploités par l’État de leur vivant, mais que cette exploitation ne cesse pas avec leur mort. Les corps et les organes des prisonniers ou des condamnés à mort font l’objet d’un commerce. Harry Wu reste convaincu que certains des corps présentés à l’occasion d’expositions comparables à celle qui est actuellement organisée à Paris sont ceux de condamnés à mort chinois, il est d’ailleurs parvenu à faire interdire cette exposition dans plusieurs états américains.

Avant qu’elle ne soit présentée en un lieu privé, à l’Espace Madeleine, la Cité des Sciences et le Musée de l’homme avaient été sollicités. Ces deux établissements ont refusé d’ouvrir leurs portes à cette manifestation en raison notamment de l’avis donné par le Comité Consultatif National d’Ethique à son propos. Selon le Comité, cette manifestation introduit un regard techniciste sur les corps, proposant une approche qui "n’est pas sans rappeler le traitement des cadavres dans les camps d’extermination lors de la dernière guerre". Il ajoute, dans son avis, que l’exhibition des corps constitue une atteinte à l’identité des individus qu’ils ont été, et donc à leur dignité. Le Comité d’éthique ajoute "il parait donc difficile de considérer qu’une telle exposition satisfait à une vision éthique de la personne humaine".

L’exposition semble d’ailleurs organisée au mépris des dispositions du Code Civil qui prévoient que le respect du au corps humain ne cesse pas avec la mort, que les restes de personnes décédées doivent être traitées avec dignité et décence, que l’atteinte portée à l’intégrité du corps ne peut se concevoir qu’en cas de nécessité médicale. (Articles 16 et suivants). Cette exhibition parait également contrevenir au principe, prévu par le Code de la Santé Publique, qui dispose que le prélèvement d’organes sur une personne dont la mort a été dument constatée ne peut être effectué qu’à des fins thérapeutiques ou scientifiques.

De nombreux intellectuels, dont le directeur de la Maison Auschwitz, le Président de Paris IV, et Marie Darrieussecq se sont élevés contre l’organisation de cette exposition, en signant une pétition restée à ce jour sans effet. L’exposition a accueilli 110 000 spectateurs à Lyon, 35 000 à Marseille et l’organisateur en espère 300 000 à Paris.

Reste enfin l’aspect mercantile de la manifestation. Le droit d’entrée est de 15 €, le catalogue coûte 15,50 €, et le producteur de l’évènement explique qu’il espère en tirer un bénéfice. Que penser dès lors d’une société qui accepte qu’on fasse profit de cadavres, d’organes et des restes de personnes décédées dans des conditions ignorées et qui se trouvent ainsi privées d’une sépulture décente ?

Les associations Ensemble Contre la Peine de Mort et Solidarité Chine, que je représente, ont décidé de saisir le Tribunal de Grande Instance de Paris tant leur semblent graves les atteintes portées à certains des droits fondamentaux de la personne humaine.

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