..."Ahora queda luchar por la Unión de Latinoamérica, reconstruir el Tahuantinsuyo la Patria grande de Bolàvar para vivir bien". [1]
..." Maintenant il nous reste à nous battre pour l’Union de l’Amérique Latine, reconstruire le Tahuantinsuyo [2] ou la grande Patrie de Bolivar pour vivre bien.".
Décembre 2005
Evo Morales a gagné par K.O. Il a dépassé les 51% des votes malgré la campagne méprisable de la droite, malgré les médias et la CNN qui ont fait appel à la peur, aux sentiments réactionnaires et au mensonge. Malgré l’épuration des listes des électeurs qui a empêché des centaines de milliers de Boliviens d’exercer leur droit légitime d’exprimer leur volonté souveraine. Malgré la haine ancestrale de l’oligarchie et des grands monopoles, le Mouvement pour le Socialisme (MAS) dirigé par Evo Morales a obtenu une victoire complète lors des élections qui ont eu lieu ce dernier dimanche dans le pays andin.
Cela n’était pas prévisible selon les froids calculs de Wall Street. Jamais ils n’auraient imaginé qu’un paysan, un homme d’origine indigène, un berger parmi les plus humbles, quelqu’un sans une grande machinerie médiatique derrière lui ni des sommes d’argent colossales, réussirait à leur disputer le pouvoir. Il n’avaient pas compté que ce personnage quelconque avait fabriqué tout en bas un outil qui représentait l’immense majorité du peuple bolivien.
Du fond des racines de la terre, du fond de la pauvreté la plus douloureuse, celle qui se dessine sur le visage et sur les mains des pauvres.
Cette pauvreté ancestrale qui a privé de leur éclat le regard des enfants boliviens. De jeunes garçons destinés au travail des champs, aux mines et à la mort. Des fillettes qui à 10 ans deviennent des vendeuses ambulantes ou des servantes.
Des petits enfants portés sur le dos de leur mère, tandis que celles-ci travaillent en vendant en ville ce que leurs familles récoltent. Des enfants habitués à travailler dès leur naissance. Des enfants sans berceuse ni berceau, avec pour seule chaleur celle de la couverture qui enveloppe le dos fatigué de leurs mères. Dès qu’ils naissent, ils apprennent à supporter le froid, la chaleur ou la pluie. Des garçonnets et des fillettes qui grandissent sans jouets, sans écoles, sans chansons, sans rires.
Dans les années 80, j’ai eu dans les mains un livre d’une femme bolivienne, épouse d’un mineur. Ce texte que nous lisions en cachette sous la dictature militaire argentine passa de mains en mains. Ce témoignage de Domitila Chungara demandait la permission de raconter au monde la vérité enfouie que vivaient les mineurs boliviens. "Si on me laisse parler" était terrifiant. Domitila racontait la vie des mineurs, la vie d’une famille où les hommes étaient vieux à 35 ans et où les femmes se couvraient de rides à 30. Des familles entières comme celle de Domitila qui s’entassaient dans des conditions de vie désastreuses dans des taudis tandis que leurs époux travaillaient dans les mines.
Elles devenaient veuves et leurs enfants n’avaient plus de père. Les mineurs mouraient à cause de l’étain dans le sang, de la tuberculose ou de l’éboulement d’une mine. Les enfants, d’une maladie quelconque, de celles qui se soignent ailleurs, ou de faim. Les femmes mouraient de misère ou en couches.
La victoire de Evo Morales est la victoire des exclus, des humiliés et des oubliés. C’est la victoire du peuple. L’esprit de Tupac Amarù [3] remporte à nouveau la victoire pour faire de cette Bolivie, tant aimé par le Libérateur [ Simon Bolivar, ndt] qui lui a donné son nom, le Potosì [4] mis à sac pendant quatre siècles d’extermination.
Des vents nouveaux parcourent notre Amérique. Le Che doit sourire en pensant à tous les combats qu’il va falloir livrer à partir de ce présent où l’ALBA se fraie un chemin parmi tant d’obscurité.
De nouveaux cours sont en fête et célèbrent ce triomphe de notre Amérique brune. Nos bras et nos voix sont prêts à les appuyer et à les défendre à l’aube de cette victoire pour que à nouveau nos enfants de Bolivie aient les yeux qui brillent et de la lumière dans leur sourire.
Salut, Président de Bolivie, Evo Morales, compagnon de la lutte contre l’ALCA, solidaire de toutes les batailles, que Tupac Amarù te bénisse et que Bolivar te protège de son épée.
Graciela Ramàrez
Graciela Ramàrez est née en Argentine. Elle vit actuellement à La Havane, où elle coordonne les actions du Comité de Libération pour les Cinq Héros Cubains, los Cinco de Miami.
– Traduction Annie
– Transmis par Cuba Solidarity Project
Bolivie, 18 décembre : Evo Morales premier Président Indien ? L’Amérique Latine dit "No mas", par Jason Miller.
Une, deux, trois Bolivie... La déferlante Evo Morales, Benito Perez / Nadine Crausaz.
Une nouvelle vague révolutionnaire traverse la Bolivie, par Jorge Martin, + chronologie de la crise bolivienne.