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Brésil : victoire à la Pyrrhus ou défaite stratégique ?

Les élections fédérales viennent de s’achever au Brésil et le résultat – malgré les hésitations du militantisme "de gauche" – a été au rendez-vous : Lula a été élu président pour la troisième fois. L’ex-président a battu Bolsonaro avec une marge d’environ 1 %, dans un ensemble de près de 100 millions de votes utiles.

Le profond discrédit accumulé au niveau national et international par Bolsonaro, à la tête d’un mandat chaotique, réduisant le Brésil à un nain géopolitique, marqué par des crimes, des excès, la corruption, la perte de contrôle sur l’économie, la privatisation de ressources stratégiques et une myriade d’événements incroyablement bizarres auraient suggéré, selon la logique la plus simple, un raz de marée pour Lula, dès le premier tour.

[Les sondages d’opinion n’ont jamais indiqué que cela se produirait, mais les instituts de recherche ne sont pas du tout fiables au Brésil, alors laissons de côté les pseudo-informations provenant de ces sondages.]

La "gauche" n’a pas su imposer à Bolsonaro, et à son mythique "bolsonarisme" – imbécillisme serait un terme plus approprié – une défaite nette et définitive. Dans les lignes qui suivent, j’examine quelques-uns des facteurs conjoncturels et les perspectives d’exercice de la présidence par Lula.

Militantisme euphorique et "woke" : la sixième colonne brésilienne

Lors de la destitution de Dilma Rousseff, Jair Bolsonaro s’est désigné comme le mandataire d’Olavo de Carvalho (NDT idéologue brésilien d’extrême droite, décédé récemment) et de militaires rebelles de haut rang, dirigés par le général Villas Boas, et a fini par être élu en 2018 à la suite de l’effondrement de la stratégie de la droite et de la cinquième colonne, qui présentaient Geraldo Alckmin, actuel vice-président de Lula (sic), du PSB, à l’époque du PSDB – comme candidat à la présidence. La cinquième colonne a surfé sur la vague de l’antipétisme (NDT contre le Parti des Travailleurs de Lula) fomentée pendant près de 20 ans par certains secteurs, mais a été vaincue par quelque chose d’encore plus viscéral : un discours de haine pur, diffus et imbécile, catalysé par Bolsonaro. Alckmin n’a pas atteint le second tour et ses partisans ont automatiquement soutenu Bolsonaro contre Fernando Haddad du PT. Lula a ensuite été illégalement emprisonné, sur ordre de Sérgio Moro, l’un des chefs de la tristement célèbre opération Lava-Jato et désormais élu sénateur de son État, le Paraná.

Le militantisme de "gauche", qui a toléré le coup d’État contre Dilma Rousseff et qui n’a pas réussi à éviter l’arrestation de Lula, n’a jamais été en mesure de comprendre et de combattre le bolsonarisme. En fait, les stratèges "woke" de la campagne de Haddad ont préféré se déconnecter de la réalité de la plupart des travailleurs, et faire abstraction d’autres facteurs tactiques très concrets, comme la capillarité profonde du bolsonarisme dans les réseaux sociaux, les églises évangéliques et les forces de l’ordre de l’État, pour adhérer à une signalétique vertueuse et ridicule (les "mèmes" ) (1) pour s’opposer à Jair Bolsonaro. Les "vertus indiquées" ont été extraites, comme toujours, du "wokisme" et du mouvement identitaire qui ne touchent qu’un petit secteur de la classe moyenne urbaine, alors qu’elle est majoritairement réactionnaire et idéologiquement esclavagiste. Des slogans comme "L’amour vaincra la haine" signifient peu de choses pour une population de travailleurs vivant dans une situation de vulnérabilité permanente et exposée aux assauts cognitifs des réseaux sociaux et à une violence urbaine écrasante.

Les quatre dernières années du Brésil sous Jair Bolsonaro ont vu l’approfondissement et la consolidation du "wokisme" et de l’identité en tant qu’attitudes idéologiques dominantes parmi les militants de "gauche". Ce militantisme a massivement adhéré aux slogans "Ele não" (Pas lui) ou "Fora Bolsonaro" (Bolsonaro dehors) et a dénoncé sans relâche le gouvernement comme étant fasciste et opposé aux directives civilisationnelles "wokistes", réagissant aux clickbaits (2) politiques avec des "mèmes", et en censurant les voix dissidentes. Tout cela en ignorant le démantèlement de l’infrastructure économique et industrielle du Brésil. Par exemple, des manifestations massives ont été organisées au fil des ans pendant et autour des parades Gay Pride, mais peu ont levé le petit doigt pour défendre l’Eletrobras ou la Petrobras de la privatisation. Pendant la pandémie, cette "gauche" a rejoint et légitimé l’érosion des droits humains attaquée lors de la mise en place des confinements, et largement soutenu le déraillement de la structure nationale de santé pour la fabrication des vaccins, au profit des multinationales Big Pharma. Enfin, la même "gauche", qui a dénoncé Bolsonaro comme fasciste pendant quatre ans, s’est rangée du côté de l’Occident collectif et du régime nazi à Kiev, lorsque l’Opération militaire spéciale russe a été lancée pour défendre la population du Donbass dans l’ex-Ukraine.

Tout cela a contribué à former une image de déconnexion avec la réalité et de dissonance cognitive qui a produit l’anomie (4) dans la population et la démobilisation des entités et des cadres représentatifs de l’agenda de la vraie gauche souverainiste et des travailleurs, ouvrant un espace pour la formation de larges alliances à droite, articulées afin de signaler les bonnes vertus "wokes" à la masse de travailleurs et de chômeurs qui ont envahi les rues du pays, mais sans aucun détail réel sur ce qui compte vraiment, c’est-à-dire l’agenda économique et la récupération des ressources liquidées pour des recours financiers à cours terme par Bolsonaro. Le vice-président de Lula (Geraldo Alckmin) est un cadre organique de la cinquième colonne, et son choix est passé très loin des opinions des militants les plus critiques et les plus engagés. Le militantisme "woke", d’autre part, répétait jusqu’à la nausée des slogans vides comme "garantie de gouvernabilité" ou "il (Alckmin) a changé et il cherche la rédemption" et autres absurdités.

institutions renégates

La perte de contrôle sur les institutions a commencé dès le premier mandat de Lula, qui a perdu le contrôle de l’ABIN (NDT Agence brésilienne de renseignement) par pure incompétence. Dès le début, le principal promoteur de l’érosion de l’ordre institutionnel est le STF (Supremo Tribunal Federal – Cour Suprême), qui a commencé à agir comme un parti politique d’opposition au gouvernement de gauche, en collusion avec les médias, et conspirant avec les partis politiques de droite de la cinquième colonne et les intérêts transnationaux. Dans les années qui ont suivi, la rébellion réactionnaire s’est étendue aux secteurs inférieurs du système judiciaire et du Ministère Public – voir l’opération Lava-Jato – à la Police fédérale (judiciaire et routière) – des policiers fédéraux ont régulièrement publié des vidéos sur les réseaux sociaux les montrant s’entraînant à tirer sur des cibles avec le visage de la présidente Dilma Rousseff, sans subir de sanction autre qu’un blâme. Le désordre institutionnel s’est rapidement étendu à la société civile, au bas clergé de la magistrature, et a contaminé les polices étatique et municipale. Les boycotts promus par les camionneurs et soutenus par les institutions censées les réprimer, judiciairement et pénalement, sont devenus monnaie courante. Les institutions renégates de la République, qui comprenait désormais également le haut commandement des forces armées, ont officiellement toléré et encouragé en coulisses tout type d’action qui pouvait saper le gouvernement de gauche et contribuer à précipiter le pays dans l’abîme de crise institutionnelle.

Cependant, la boîte de Pandore de l’anarchie institutionnelle, ouverte pour renverser le gouvernement de Dilma Rousseff et emprisonner Lula, ne peut plus être refermée. Et ceux qui l’ont ouvert ont perdu le contrôle des colères qu’ils ont déclenchées. Bolsonaro en est devenu le catalyseur et le représentant.

Au moment où j’écris cet article, des camionneurs bloquent des routes – avec le soutien d’agents des polices routières fédérales et étatiques – pour protester contre les résultats des élections. Les actes de vandalisme et de boycott économique s’intensifient dans les États où Bolsonaro a gagné. La poursuite de cette situation nécessitera inévitablement le recours aux forces armées pour rétablir l’ordre public. Mais cela est problématique, car les forces armées sont principalement occupées par des commandants rebelles et des bolsonaristes, et une telle action serait largement interprétée par la moitié de la population qui a élu Lula comme un coup d’État, ce qui aggraverait fatalement le chaos institutionnel.

Le grand jeu géopolitique

Le scénario national de bouleversement institutionnel en vigueur depuis 2008, combiné à la politique étrangère inepte et chaotique de Dilma Rousseff, ainsi qu’à l’alignement maladroit du Brésil sur les États-Unis de Trump, promu par Bolsonaro, a réduit le pays à un membre non pertinent des institutions dont le Brésil lui-même a été le protagoniste et a aidé à créer, comme le G20 et les BRICS. L’absence d’une politique étrangère cohérente et nationaliste a fait du Brésil un terrain de jeu pour les puissances économiques occidentales et la Chine, qui ont acquis le patrimoine stratégique national à des valeurs dérisoires. L’économie nationale s’est en outre financiarisée, entraînant une profonde désindustrialisation. Tout cela concomitamment à une précarité historique du travail salarié, qui a transformé les villes brésiliennes en véritables zones de guerre pour le trafic de drogue, et a réactivé les réseaux de prostitution et de traite internationale des êtres humains.

Juste une autre "talking head" ? (juste une tête parlante ?)

Dans son discours, prononcé peu après l’annonce des résultats des élections, Lula a fait, comme d’habitude, un excellent usage de la rhétorique. Surtout si on le compare aux (non)interventions de son bizarre adversaire. Si on laisse de côté l’euphorie qui a infecté le militantisme "woke" de la "gauche", qui a tout vécu comme un carnaval hors saison, et que l’on analyse quels sont les signaux qui ont été effectivement donnés, force est d’admettre que les perspectives sont sombres. Lula a cité la nécessité de rétablir d’urgence les contacts commerciaux avec l’UE et les États-Unis, a parlé superficiellement de la restauration de l’économie, a cité les BRICS en passant et n’a rien dit sur la reprise des entreprises publiques stratégiques qui ont été liquidées par le duo Jair Bolsonaro et Paolo Guedes (NDT Ministre de l’économie). Des thèmes peu pertinents, ingrédients de la recette "woke", tels que "l’énergie verte" et le réchauffement climatique tinrent une large place dans le discours, alors qu’aucun geste n’a été fait en direction des pays du Sud.

Aussi important qu’il ait été de retirer Bolsonaro de la présidence du pays, la vérité est que la victoire de Lula n’était pas, et ne peut en aucun cas être vue, comme une victoire pour la gauche, ni pour les secteurs progressistes et souverainistes du pays.

Il s’agit ici de consolider une coalition de centre-droit pour remettre sur les rails une économie fortement déréglementée et rétablir une certaine normalité institutionnelle dans le pays, sans pour autant changer les règles du jeu. Le rôle de Lula dans cette coalition pourrait bien se limiter à apporter des votes et à communiquer avec le peuple. Une sorte de néolibéralisme à visage humain.

Certaines preuves de cet arrangement sont déjà visibles. Geraldo Alckmin et Aloísio Mercadante (NDT ancien président de la Banque Centrale) – qui ne jouissent pas de la confiance de Lula – dirigent l’équipe gouvernementale de transition. Bolsonaro a peut-être perdu les élections, mais il a remporté plus de voix que jamais, et il a déjà sa troupe de fous enragés occupant les rues à plusieurs endroits – appelant à une intervention militaire – et sabotant le réseau logistique de distribution de nourriture et de carburant du pays. Bolsonaro a approuvé de telles activités dans une récente déclaration (3). En même temps, ce qui se passe dans les coulisses de la formation du nouveau gouvernement n’inspire rien de positif. Par exemple, Simone Tebet – fortement liée à l’agro-industrie du Mato Grosso do Sul – a conditionné son soutien à Lula au second tour à sa nomination au ministère de l’Éducation.

Donc, dans l’ensemble, nous sommes obligés d’envisager la possibilité que la victoire de Lula aux élections de 2022 représente une simple avancée tactique dans une guerre à la Pyrrhus ou, ce qui semble encore plus probable, qu’elle représente une défaite stratégique pour la gauche historique et ouvrière, qui pourraient bien être sans aucune représentation dans le nouveau gouvernement, depuis qu’elle est remplacée par les "wokes" et leur programme vert et identitaire.

(1) Note du traducteur : un mème Internet est un élément ou un phénomène repris et décliné en masse sur Internet.

(2) Note du traducteur : Clickbait : un piège à clics ou attrape-clics, appelé vulgairement pute à clics, ou putaclic, est un contenu web destiné exclusivement à attirer le maximum de passages d’internautes afin de générer des revenus publicitaires en ligne, au mépris de toute autre considération. Chaque clic rapporte de l’argent au créateur de l’article donc il y a une réelle motivation économique. Pour ce faire, il s’appuie sur un titre racoleur, voire mensonger, et sur des éléments sensationnels ou émotionnels au détriment de la qualité ou de l’exactitude (avec un basculement possible vers la fausse information). Le piège à clics sert à attirer les clics à peu de frais et à encourager le transfert d’un contenu sur les réseaux sociaux.

(3) Note du traducteur : ces manifestations se sont calmées assez vites.

(4) Note du traducteur : l’anomie est un concept de poïétique désignant l’état d’un être ou d’une société qui ne reconnaît plus de règle. Le terme d’anomie est notamment utilisé pour caractériser des collectivités lorsqu’elles souffriraient du chaos dû à l’absence de règles de bonne conduite communément admises. Une anomie pourrait être suscitée par une propagande promouvant l’isolement ou même la prédation plutôt que la coopération. Ce serait la manifestation d’une politique antisociale.

 https://sakerlatam.org/vitoria-pirrica-ou-derrota-estrategica/

COMMENTAIRES  

05/11/2022 20:34 par Cunégonde Godot

Article intelligent et lucide...

06/11/2022 10:03 par Zéro...

Pour moi, c’est d’une simplicité biblique : si Lula a été adoubé par l’Occident, c’est qu’il n’en est qu’un pion !!

Bolsonaro aurait pu en être un autre et recevoir la bénédiction de la "Communauté Internationale " - c’est à dire l’Occident plus le Japon - ... s’il avait été plus gérable !

Rien à voir avec le comportement, la présentabilité et les idées : il est juste question de soumission complète au Système Mondialiste... ou pas !

Je peux maintenant lire l’article pour voir ce qu’il en dit - sans avoir été influencé...

06/11/2022 10:15 par Zéro...

J’ai donc lu l’article...

Je ne m’étais pas trompé !

La Gauche brésilienne a (elle aussi...) troqué le Social contre le Sociétal, prôné le rapprochement avec l’UE et les USA, et s’est alignée sur les Occidentaux en Ukraine : TOUT POUR PLAIRE au Système Mondialiste !!

Et PLUS RIEN de Gauche.

Même le BRICS semble être passé à la trappe...

"Brave New World "...

06/11/2022 10:21 par cinto

Un article sérieux, qui confirme et argumente les doutes qu’on pouvait avoir : qu’est-ce que cette gauche Lula qui, après plus de 10 ans de règne, laisse le pays et les rapports de force tel qu’ils étaient ? Qu’est-ce que cette "victoire" que proclament les médias de "gauche", et même de gauche, acquise par seulement 50% et des poussières ? Je regrette de m’être enthousiasmé, en 2019, pour le film Bacurau, de Kleber Mendonça, ou d’avoir pensé qu’il fallait mettre de côté mes réserves : avoir choisi comme héros positif et leader de la communauté villageoise une femme, médecin, lesbienne vivant avec une jeune femme, n’est pas anodin ; Mendonça s’alignait ainsi avec cette gauche woke qui soutient des causes parfaitement étrangères au peuple, et qui assure ainsi l’hégémonie de la droite.

06/11/2022 10:43 par Georges Rodi

> Note du traducteur : ces manifestations se sont calmées assez vite.

Oui, bon, inutile de se précipiter.
Un peu comme les injections Pfizer qui annonçaient 95% d’efficacité... Mieux vaut attendre un peu pour voir...
Beaucoup parlent d’une fraude massive pour faire gagner Lula.
Et les militaires peuvent intervenir pour le contrôle des résultats, ce que Bolsonaro a demandé me semble-t-il.
Tout serait joué ? Pas sûr...

Je n’ai aucune sympathie pour ce dernier, mais il faut convenir qu’il semble bien avoir su profiter de prises de position anti-woke et vaccination qui échappent étrangement aux dirigeants "de gauche", pour autant que cette expression ait encore du sens (au niveau des dirigeants).
L’article met fort justement le doigt là dessus.
Et en France, il n’y aurait pas comme un sérieux retard à l’allumage sur ces sujets ?

Cela dit, au début du feuilleton Covid au Brésil, je me souviens que Bolsonaro a tout fait pour empêcher les essais de vaccins à virus désactivé pour pousser l’utilisation des produits made in USA. Comme quoi, l’oubli de tout contexte historique , pourtant très récent, règne en maître.
C’est étonnant, fascinant même, de voir à quel il est facile de faire oublier à la population un passé qui dérange...
Un peu comme les accords de Minsk en France : quelques enzymes médiatiques gloutons et hop, oubliés...

Intéressant aussi de voir à quel point les membres des BRICS qui entourent la Chine font l’objet en ce moment de déstabilisations massives.
Russie, Iran, Brésil... La CIA et ses ONG n’ont pas encore tout à fait perdu la main semble-t-il.
L’Iran va probablement revenir au calme, mais le Brésil, du peu que j’en vois est tout prêt d’une guerre civile.
Une situation qui ne dérangerait pas beaucoup nos maîtres du monde.
Le chaos... Quoi de mieux par les temps qui courrent ?

06/11/2022 14:37 par Erno Renoncourt

Le Chaos fut à l’origine du monde par un Big Bang gigantesque libérant des flux d’énergie en pulvérisant la Matière à vitesse vertigineuse. Cela a donné l’équation quantique E = MC2.

Les bâtisseurs d’empire se sont appropriés ce chaos pour dominer le monde et imposer leur vision : " Donnez-moi de la matière et du mouvement, et je ferai un empire !" Cela a donné le Big Gang de la mondialisation qui, en décrétant la suprématie du libre marché sur tout, a donné carte blanche au mouvement de la monnaie par la libéralisation des flux de marchandises. Mouvement qui ne peut se maintenir que par une double géostratégie de chaos :

1-) Déformation et précarisation des espaces et des écosystèmes pour extraire les matières premières ;
2-) Déformation de la conscience humaine par des cycles d’urgence qui nourrissent l’impensé en comprimant le temps de la réflexion, de la pensée critique, de l’apprentissage , de la transmission et de l’intelligence.

La cinétique définit le mouvement comme une variation dans l’espace selon un certain temps. Et comme par hasard, l’équation du surgissement de l’énergie E= MC2 est maintenue, mais le flux est transformé, il est devenu foudroiement chaotique entraînant l’errance des collectifs humains.
E = MC2 ,
Lisez L’Errance humaine est proportionnelle au pouvoir de la Monnaie sur la Culture et la Conscience .
N’est-ce pas par sa monnaie, le dollar, que l’hyper impérialisme américain maintient sa suprématie sur le monde en imposant ses valeurs, ses lois, sa domination, ses médiocrités, sa corruption et sa criminalité.

Du chaos originel au chaos permanent, il y a dans le récit de la civilisation occidentale une permanente urgence de déshumanisation par abrutissement collectif.

06/11/2022 14:55 par Xiao Pignouf

Par exemple, des manifestations massives ont été organisées au fil des ans pendant et autour des parades Gay Pride, mais peu ont levé le petit doigt pour défendre l’Eletrobras ou la Petrobras de la privatisation.

C’est une manie. Cela signifie peut-être que les « pédés » sont aujourd’hui mieux organisés que les syndicalistes... Il ne faudrait pas mettre sur le dos des uns les trahisons des autres.

06/11/2022 16:40 par Assimbonanga

@Cinto : avoir choisi comme héros positif et leader de la communauté villageoise une femme, médecin, lesbienne vivant avec une jeune femme !!!
Man dieu ! C’est horrible ! Tu aurais dû émettre des réserves. C’est sûr.

06/11/2022 17:36 par Roubachoff

@Cinto
Ne mélangez pas tout, par pitié ! Que l’héroïne du film soit lesbienne n’a absolument aucune importance. Et si c’est ça la cause de vos réserves, quel dommage ! Le problème, chez nous, c’est qu’une gauche qui n’a plus rien de gauche (il n’y a même pas une feuille de papier cigarette entre les positions sur l’Ukraine de la NUPES et de Macron) se replie sur des bastions sociétaux pour cacher le vide de sa pensée. (C’est Hollande, continuateur de Mitterrand, qui a fait de cette technique un art majeur, et il a des émules.) Même s’il s’agit d’un combat fondamental (j’insiste sur ce point), cette même gauche réussit à instrumentaliser grotesquement la lutte contre le racisme. Bref, elle se jette sur tout ce qui l’aide à dissimuler le réformisme profond qui lui interdit d’envisager une rupture radicale avec les monstres - OTAN et UE - qui nous conduisent vers le gouffre. (Et une rupture avec le capitalisme, bien entendu...) Et ce n’est pas un programme, même sympa, qui nous arrachera aux griffes de Biden, de Von der Leyen et d’une Allemagne redevenue toxique comme à ses plus "beaux" jours.

06/11/2022 20:12 par Xiao Pignouf

Je regrette de m’être enthousiasmé, en 2019, pour le film Bacurau, de Kleber Mendonça, ou d’avoir pensé qu’il fallait mettre de côté mes réserves : avoir choisi comme héros positif et leader de la communauté villageoise une femme, médecin, lesbienne vivant avec une jeune femme, n’est pas anodin

Réaction affligeante, mais pas surprenante chez ceux qui voient des wokes partout comme David Vincent des Envahisseurs... Je veux bien admettre que le cinéma et la production américaine de séries, tous deux netflixés et amazonifiés, sont infoutus aujourd’hui de produire leurs merdes sans nous pomper l’air avec des choix artistiques motivés non plus par le scénar’ mais par des considérations progressistes au point de sombrer irrémédiablement dans la médiocrité la plus déplorable, mais enfin, laissons le vrai bon cinéma en dehors de ça ! Bacurau est et reste un excellent moment de cinoche. Point barre. Si on peut moins aimer un film quelques années après l’avoir vu pour la première fois, ce n’est certainement pas pour la raison que vous donnez, Cinto, et selon vos critères d’aujourd’hui, le seul bon cinéma (durablement couillu) se situerait entre celui des Sixties en France (la trogne de Gabin + les baffes venturesques) et celui des Eighties (la trogne de Schwarzy + les baffes stallonesques)... Pas qu’j’aime pas, hein, mais modérément, pis entre temps, j’ai découvert un tas de trucs poétiques et politiques en me foutant royalement de l’orientation sessuelle des protagonistes...

Que de beaux et bons films faudrait foutre au rebut si on vous écoutait : Priscilla, folle du désert, Portrait de la jeune fille en feu, Brokeback Mountain, 12 years a Slave, Moonlight, The Dallas Buyers Club, Happy Together, Laurence Anyways, My Summer Of Love, Un Chant d’Amour, Anders als die Anders... la liste est tellement longue et remonte à des temps si lointains que les wokes ne les point foulèrent...

De toute façon, où est l’analyse politique ici ? Du wokisme, des mèmes et des clickbaits (dont on se garde bien de nous montrer le moindre exemple)... On nous présente le wokisme ou les wokes comme une entité vide de sens. Aucun nom, aucune figure identifiable, juste le wokisme ou les wokes, comme un blob informe avalant tout sur son passage. Un gosse de sixième au Brésil aurait fait mieux. Encore une fois, il a bon dos, le wokisme, et je ne doute pas que sa mention attire, à l’image du premier commentaire, les sempiternelles corneilles zé corbeaux qui croassent d’incessants « woooke ! woooke ! woooke ! »

07/11/2022 11:31 par cinto

Je me demande aussi où est l’analyse dans l’intervention de Xiao Pignouf ; énumérer des titres de films - USaméricains - ne constitue pas un argument. Le problème étudié dans l’article de Quantum Bird va bien au-delà de nos positions individuelles sur les LGTB : est-il responsable de continuer à brandir le drapeau LGTB (2 à 3 % de la population) quand il s’agit de tout le peuple brésilien, qui a bien d’autres chats à fouetter que lesdits LGTB ?L’article nous rappelle qu’il serait bien plus significatif, pour la "gauche" (et alors on pourrait enlever les guillemets), de réclamer la renationalisation de Petrobras que de s’extasier sur les gay prides. C’est tout le problème du sociétal, qui sert à saboter le social, et toutes les chances d’une alternative vraiment de gauche.

07/11/2022 13:14 par Xiao Pignouf

@cinto

énumérer des titres de films - USaméricains

Priscilla, folle du désert est australien
Portrait de la jeune fille en feu est français
Happy Together est chinois
Laurence Anyways est québecois
My Summer Of Love est polonais (le réal)
Un Chant d’Amour est français
Anders als die Anders est allemand

Je réitère : vos arguments sont débiles. Aucun drapeau LGBT dans le film Bacurau. Vous auriez raison, et je vous appuierais si vous parliez de productions plus récentes, mais là, c’est juste ridicule... La Cage aux Folles ou Tenue de Soirée sont même bien plus revendicatifs dans le genre...

07/11/2022 15:22 par Ellilou

à Roubachoff
"il n’y a même pas une feuille de papier cigarette entre les positions sur l’Ukraine de la NUPES et de Macron"
Heu....minute, papillon ! asséner un beau mensonge comme ça au débotté me paraît un peu léger. Etayez au minimum cette grave accusation quand on voit la position de macron.

07/11/2022 20:05 par Ivan

« il n’y a même pas une feuille de papier cigarette entre les positions sur l’Ukraine de la NUPES et de Macron »

Je trouve moi aussi que sur l’Ukraine il n’y a pas de différence entre la position de la Nupes ni même de LFI avec celle de Macron. Je n’invente rien, c’est JLM disant que la France parlerait d’une seule voix sur ce sujet (s’il était premier ministre).
Le même vocabulaire que Macron, comme la "guerre de Poutine", rien sur la maltraitance du Donbass, rien sur les nazis ukrainiens. Un alignement de fait sur l’Otan (ce n’est pas ce que j’avais lu dans le programme), aucune critique de la position de Macron, le silence total.
J’en suis très en colère et comme je n’ai aucun moyen de faire connaitre mon point de vue dans le mouvement, je n’ai que le choix de m’en éloigner. Heureusement que sur ce site je sens que je ne suis pas seul avec ce ressentiment.

08/11/2022 00:52 par Roubachoff

@Ivan
Merci de confirmer que je n’ai pas proféré un "gros mensonge", comme un intervenant le prétend, ce qui n’est pas très poli. Sur ce site, nous débattons du sujet depuis des mois, et rien, hélas, n’est venu contredire la position initiale de la "gauche" française. Pourtant, je crois que nous espérions tous un sursaut. Mais pas le moindre geste. Ne serait-ce qu’un défilé pour la paix, au lieu d’une marche mal foutu contre la "vie chère et l’inaction climatique".

08/11/2022 01:21 par Roubachoff

@Cinto
Non, non et non ! Votre position quasi-soralienne (Gauche du travail/Droite des valeurs) ne me convaincra jamais. Comme le dit Xiao Pignouf, est-ce la faute des LGBT si la "gauche" et les syndicats sont incapables de s’unir et de faire descendre un million de personnes dans la rue ? Toujours opportuniste, l’extrême-droite a récupé le "wokisme" (lui-même étant une instrumentalisation de l’intimité humaine lancée par les Démocrates US et leurs émules) pour réclamer à grands cris le retour de l’ordre moral, de la religion et des valeurs traditionnelles. Qu’on ne compte pas sur moi pour hurler avec ces loups-là.
Une analyse objective m’amène à conclure que la guerre en Ukraine est préparée de longue date par l’Otan, la France et l’Allemagne ne s’étant jamais souciées de faire respecter les accords de Minsk. D’autre part, j’estime que la Chine a raison de vouloir se défendre (y compris par la récupération de Taiwan) après la guerre économique surprise et dévastatrice que lui a déclaré Trump (à ne pas oublier, même si le personnage est peut-être un peu moins toxique qu’on l’aurait cru). Vais-je pour autant adhérer à la vision puritaine et rétrograde de Poutine, un type qui, par exemple, inflige des amendes et des peines de prison aux gens qui parlent favorablement de l’homosexualité ? Vais-je me réjouir du retour en Chine du culte de la personnalité et du communisme de guerre - ou approuver l’illusion de la politique Zéro-Covid ? (Si quelqu’un veut en débattre, j’ai des arguments - si c’est pour me faire chahuter, je passe la main.) En ces temps dangereux, on ne le répétera jamais assez, il est impératif de ne pas tout mélanger.
PS : Bravo pour la liste de films "américains" de Xiao Pignouf. Avec vous, je crois que nous tenons un champion du monde. Et ça, c’est une référence à un film français très connu et très drôle...

08/11/2022 18:05 par Zéro...

"C’est tout le problème du sociétal, qui sert à saboter le social, et toutes les chances d’une alternative vraiment de gauche." Cinto

Je l’ai déjà dit mille fois ici même : la Gauche n’a plus l’exclusivité du Sociétal et l’entrainer dans ce combat - juste, là n’est pas la question ! - est utilisé par le Système pour escamoter le Social.

Il ne s’agit pas d’opposer ces causes mais de ne pas les confondre !!

A part les attardés mentaux, qui est réellement, dans le fond, antisémite, raciste et homophobe ?!!!
A moins de confondre critiquer un Juif, un Noir, un Arabe et un homo, pour son comportement individuel, avec condamner sa communauté ; ce qui, soit dit en passant, est une extrapolation abusive souvent de mise...

"Par contre", les pays occidentaux ont refusé de condamner le néonazisme, comme le demandait une résolution russe à l’ONU...
Braves dirigeants qui prétendent lutter contre les extrémismes... mais ne veulent pas le faire contre le nazisme !

09/11/2022 10:11 par lou lou la pétroleuse

A part les attardés mentaux, qui est réellement, dans le fond, antisémite, raciste et homophobe ?!!!
A moins de confondre critiquer un Juif, un Noir, un Arabe et un homo, pour son comportement individuel, avec condamner sa communauté

Ceux et celles qui se font casser la gueule parce qu’ils sont juif, noir, arabe, LGBT, ou ne serait-ce que femme (non citée dans ce commentaire) apprécieront certainement cet argument !
Ceux et celles qui sont victimes de ces violences "sociétales", ne sont, c’est certain, qu’une minorité, mais ceux et celles que les menaces "sociétales" privent d’une partie de leur droits et libertés, sont peut-être bien majoritaires (il n’y a pas de statistiques à ce sujet : c’est trop subjectif).

09/11/2022 12:22 par Xiao Pignouf

Les pays occidentaux ont refusé de condamner le néonazisme, comme le demandait une résolution russe à l’ONU.

Cela fait des années que c’est le cas. Ni la France ni aucun pays de l’UE n’ont jamais voté pour la résolution russe. Jusqu’alors ils s’étaient toujours abstenus. Qui ne dit mot consent, comme on dit. Je ne sais pas ce qui est le pire. Au moins, cette année ont-ils une excuse toute trouvée pour ce rejet : le conflit en Ukraine.

Ça ne fait que confirmer cet autre adage : plutôt Hitler que le Front populaire.

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