@Le grand soir
Je ne crois pas me tromper en disant qu’une grande majorité de commentateurs du forum du Grand ont voté Mélenchon. Ça n’empêche pas de faire un bilan critique sur l’impuissance de ce parti à engager un rapport de force contre la politique de Macron pour améliorer nos conditions de vie comme un salaire qui nous permette de vivre dignement sans aller quémander une " prime d’activité" à la CAF.
Ainsi je ne cesse de mesurer auprès de mes collègues un désintérêt grandissant envers l’injustice sociale, une indifférence assumée pour les questions internationales et un refus d’engager une stratégie collective. Quand ils sont politisés je constate les effets dévastateurs de la désinformation et une superficialité des revendications qui peinent à mobiliser plus largement. Or sans un mouvement de masse, le combat contre le capitalisme atlantico- europeiste et girondin de la Macronie est déjà perdu.
Pour être concret : aujourd’hui je suis allé tracter avec les doctorants- vacataires (surexploités) de l’université organisés en un collectif de lutte syndiqué à la cégète.
Découragés par le refus des étudiants de prendre les tracts ou d’etre solidaires avec les revendications d’augmentation des salaires sous prétexte que n’étant pas encore salariés ils ne se sentaient pas concernés, je propose de dire " de l’argent pour les salaires pas pour faire la guerre" ....
C’est là que j’ai mesuré les dégâts intellectuels commis par une gauche déboussolée complètement alignée sur la position belliciste de l’OTAN-EURO. Les jeunes étaient choqué que j’ose remettre en question le soutien armé de la France à l’Ukraine de Zelinsky puisque toute la gauche fait consensus sur ce point. Ils refusaient catégoriquement d’adopter une ligne anti-impérialiste américaine qu’ils associaient à une allégeance a Poutine, et ils refusaient de me suivre dans ma comparaison entre le budget de l’armement et celui de l’enseignement supérieur ou de l’éducation nationale pour ne parler que du budget de l’Etat.
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Leur mantra était celui que j’ai entendu il y a 2 mois juste avant que je ne quitte la FINUPES de ma circonscription pour divergences de points de vue : " Poutine est l’agresseur" " il n’a pas respecté le droit international" , " son impérialisme et son ingérence sont impardonnables" " il faut le condamner d’avoir violé la souveraineté d’un pays" puis aussi " c’est un criminel de guerre : le soutien aux Ukrainiens est légitime, enfin le plus pathétique " les subventions aux entreprises d’armement françaises ne sont pas un investissement à fonds perdus dans la mesure où ces entreprises payent leurs impôts en France". " Sortir de l’OTAN serait prématuré en ce moment ".
J’ai parlé du droit des Palestiniens, des Cubains, du Yémen, de la Yougoslavie, de l’Irak, de l’Afghanistan, de la Libye, de la Syrie, de la guerre civile au Donbass ( dont ils ne savaient rien) j’ai parlé de Julian Assange qu’ils connaissent à peine et dont ils avaient oublié le chef d’inculpation, d’Edward Snowden qui était un souvenir encore plus flou... Ils se sentaient solidaires de tout ça mais ils m’opposaient " la discrimination homophobe de Poutine", " ses crimes de guerre et les tortures contre ses opposants puis "du danger de l’impérialisme russe".
Ces doctorants sont certes jeunes et encore immatures ou ignorants (22 à 25 ans), mais ils donnent tout de même des cours à la fac, et ce sont parmi les plus politisés : syndiqués à la cégète ( mais ça aurait pu être Sud-Solidaires) qui votent FI, EELV ou NPA.
Voilà les idées, l’idéologie, le fondement intellectuel que leur à transmis cette gauche, j’estime qu’on peut s’en plaindre sur le grand soir.