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Ca caille ! Dans un paradis situé en Finlande, Adam aurait délaissé une Eve en doudoune et moon-boots.

Ce qui se dit et ce qui se voit si peu (de Finlande)

Eva Wissenz

J’ai lu récemment des choses pénibles sur la Finlande, notamment depuis que les Vrais Finlandais ont fait leur apparition officielle sur la scène politique.

Les épisodes racistes qu’on peut compter en Finlande, les réticences, les difficultés d’intégration (dues notamment à la grande complexité de la langue), tout cela existe et c’est évidemment plus que déplorable. Mais c’est tout de même par ailleurs un pays qui finance les arrivants étrangers pour les aider, justement, à s’intégrer.

Il faut savoir que la Finlande n’a jamais colonisé personne, ce n’est pas un empire, pas de tradition aristocratique, petit pays, récemment urbanisé, forestier, méritant, travailleur, tenace, à l’esprit pratique et terriblement efficace sur bien des points, faisant des erreurs (notamment sur son évaluation du nazisme pendant quelques mois) et capable de repousser l’armée rouge à lui tout seul, quand même. Aussi, aux dernières élections présidentielles de 2012, se trouvait face au vainqueur de droite (l’actuel président Sauli Ninistö), Pekka Haavisto, écolo et ouvertement gay. Serait-ce seulement possible en France ? Bref, ce n’est pas le Paradis la Finlande, mais ça se situe sur une ligne historico-sociale rudement intéressante.

Pas le Paradis, parce que ça caille et que si le jardin d’Eden s’était situé dans le Grand Nord, Adam n’aurait probablement été que peu tenté par une Eve en doudoune et moon-boots.

Pas le Paradis parce qu’ici aussi il y a des catastrophes écologiques majeures dont on ne vous aura pas beaucoup parlé en France ni ailleurs.

La fuite s’est produite l’hiver dernier dans la région centre-est, à Sotkamo, dans la mine de nickel de Talvivaara. Il semble que des milliers de mètres cubes d’eau contaminée de nickel et d’uranium soient pollués, et passés dans les rivières avoisinantes, et donc les sols, les cultures, etc.

En Finlande comme ailleurs, on supprime bien des choses utiles, comme les comités régionaux indépendants de l’environnement chargés il y a encore peu de surveiller les infrastructures potentiellement polluantes. Dont les mines font partie. Celle de Talvivaara est ancienne, un incident avait déjà eu lieu quelques semaines avant (source). On peut lire un rapide compte-rendu ici et un historique des actions de la compagnie Talvivaara - associée à des grosses et juteuses exploitations, notamment avec Cameco au Canada (ici).

C’est un peu comme à Bhopal - toutes proportions gardées : les équipements vieillissent, les lois ne sont pas respectées, les alertes pas écoutées et l’incident est là même si la corruption relativement faible du pays incite à espérer que cet accident soit traité au mieux pour les populations. Où et quand le prochain en Europe ?

Donc voilà , de la Finlande on vous parle quasiment exclusivement du super niveau d’éducation et de "la montée" du racisme, mais Talvivaara, nada.

Et le racisme ? Et le fascisme ? Qu’en dit-on ?

Samedi dernier, il y a eu à Tampere (2e ville du pays) une manifestation de protestation contre ces deux fléaux. Tampere a été avec Londres, Dublin et Derry (Irlande), Barcelone et Ossona (Catalunya), Lyon, Chicago et New York, l’une des villes à dire non.
A ne pas faire semblant de ne pas voir.
Parce que racisme et fascisme ne montent pas : ils sont là .
Et ils sont d’autant plus là que la crise financière n’en finit pas de s’intensifier, alimentant toutes les peurs et les haines, l’humain étant on le sait assez fort peu enclin à l’altruisme quand il a la trouille et qu’on lui flatte la testostérone.

Jusqu’à il y a quelques jours, je pensais aussi que le fascisme "montait" en Grèce, jusqu’à ce petit montage coup de poing, "Hélas pour nous". Le fascisme qu’on voit là , c’est son visage le plus nu, le racisme de crise assoiffé de boucs émissaires, triste corollaire du fascisme global porté par toutes les mécaniques mortifères actuellement à l’oeuvre dans le monde. De IG Farben, à Bayer à Monsanto. On ne pourra vraiment pas dire qu’on ne savait pas.

Alors même si se dire anti-fasciste ne rime à rien sans bosser d’arrache-pied à tout ce qui peut changer l’infernale logique qui nous maintient dans ce manichéisme depuis des décennies, même si je le sais très bien, pour une fois, micro-grain de sable, j’étais contente d’en être samedi dernier avec les 200 ou 300 personnes qui avançaient péniblement dans le froid de Tampere en solidarité avec les Grecs, contre racisme et fascisme, dans cette micro-foule où se mélangeaient jeunes socialistes venus d’Helsinki, écolos, communistes, hippies, libertaires, black bloc en puissante et parents à poussette.

Eva Wissenz

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COMMENTAIRES  

23/01/2013 18:05 par BM

Oui, d’accord, mais le "racisme" anti-pays méditerrannéens se retrouve en Finlande d’un bout à l’autre de l’échiquier politique. A ma connaissance, la Finlande est le seul pays en Europe où il y unanimité (à la fois dans l’opinion et dans la classe politique) sur le fait que les souffrances de la Grèce sont "méritées". Comme dans tous les pays nord-européens de tradition protestante, la tradition de "l’antipapisme" a survécu à la déchristianisation massive de la société, et s’est transformée en un discours toxique sur la punition "méritée" des "cigales" méditerranéennes (forcément immorales et fainéantes), ainsi que sur le fait que les "fourmis" "vertueuses" de l’Europe du Nord ont non seulement le droit, mais même le devoir de ne fournir aucune aide (afin que les "cigales" empruntent le chemin de la "réforme" et donc de la "rédemption").

En 1847, l’Irlande avait 8 millions d’habitants, et le refus de la Grande-Bretagne coloniale de lui venir en aide était fondée sur ces mêmes arguments. Le résultat : 150 ans après, une population irlandaise diminuée des deux tiers par rapport à la population de 1847, et des dizaines de millions de descendants d’Irlandais de par le monde (principalement aux Etats-Unis et en Australie), car en 1847, les Irlandais n’ont eu le choix qu’entre la valise et le cercueil. La Grèce connaîtra-t-elle le même sort que l’Irlande de 1847, pendant que les nord-européens penseront qu’elle l’a bien "méritée" ?

P.S. qui n’a rien à voir. La Finlande n’a "repoussé l’armée rouge" en 1939-1940 que parce que les Russes blancs avaient fomenté son indépendance en 1918 pour affaiblir la toute jeune URSS, et parce qu’elle était alors alliée avec l’Allemagne du Troisième Reich en la personne du caudillo local Mannerheim (il y a donc bien eu une dictature dans cette Finlande censément si démocratique !). Je ne m’attendais franchement pas à voir cet épisode peu glorieux de l’histoire de la Finlande être transformé en titre de gloire. Certains en Finlande ont bien retenu les leçons d’Orwell : "Qui contrôle le passé contrôle l’avenir", et d’Oscar Wilde : "Le seul devoir que nous ayons envers l’histoire est de la réécrire". A moins qu’il ne s’agisse de la conviction toute protestante qu’étant prédestiné, c’est-à -dire choisi par Dieu (cf. Luther et Calvin), on ne peut être que du côté du bien quoi qu’on fasse... (On appelle aussi ceci l’arrogance.)

02/12/2013 11:12 par waymygod

Je vous dire just q’in ya pas un pays aussi racite que la Finland . Si quelqu’un veut mourir phySiquement et moralement il a que de venir ici en Finlande , in ya pas un pays aussi raciste que la finlande . En meurt ici , en mer ducement , apres une aventeur avec une finlandaise et apres les enfants sont nes , 3 ans de ca , jäi oublier la saveure de la vie , he siis perdu les etres humains , je suis perdu chez les ELFS , je suis onformaticien , avant je vivais en France avont ma catastrophe de venir ici , ca fait 3 ans que je cherhe de travail , jour par jour , j ai pas trouver , ca fait une annee qu’on vit avec 300euros par moi l allocation pour enfannt , une reel misere croie moi , nous les immigeres , nous somme les seule sorte de gens pauvres , on vit pas vien ici , on souffre , partir et lasser les enfants , Une. Perte de plus , rester encore la vie est inseportable pour nous , je regrete le jour au j ai laisser la France , je regrete a jamais ,

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