Constitution Européenne : L’aveu de Raffarin ! par J.J. Chavigné et G.Filoche.


C’est quand même inouï, inespéré, superbe, l’aveu que nous fait Raffarin : surtout ne confondez pas la politique que je mène avec la Constitution européenne ; ma politique est calamiteuse mais la Constitution est merveilleuse.

Je ne tiendrai aucune des promesses que j’avais faites. Je le reconnais humblement. Mais croyez-moi sur parole, la Constitution, elle, tiendra toutes ses promesses. C’est moi qui vous le dit et vous savez combien mes promesses sont fiables !

J’ai échoué dans la lutte contre le chômage. Mais la Constitution, elle, réussira.

J’ai échoué dans mon combat pour relancer la croissance. Mais la Constitution, elle, réussira, grâce à la Banque Centrale Européenne, à l’euro fort et au pacte de stabilité.

J’ai mis à mal vos retraites et votre assurance-maladie. Mais la Constitution, elle, garantira votre protection sociale. C’est inscrit, noir sur blanc, dans la Charte des droits fondamentaux.

Je me suis acharné à augmenter votre temps de travail, à faciliter les licenciements, à diminuer les droits des chômeurs, des « intermittents du spectacles » et ceux des Rmistes. Mais la Constitution vous rendra tout cela au centuple. C’est inscrit, noir sur blanc, dans la Charte des droits fondamentaux.

Quand le projet de directive « Bolkestein » a été adopté par la Commission européenne, je n’ai rien dit, je le reconnais humblement. J’ai même fait adopter par ma majorité parlementaire un projet de pavillon de complaisance qui est une fidèle transposition de cette directive dans le domaine de notre marine. Mais la Constitution, elle, vous protégera de la directive « Bolkestein ». Elle protègera même nos marins contre ma politique.

Je le reconnais, je me suis acharné à démanteler vos services publics. J’avais pourtant une excuse : toutes ces directives européennes qui ouvraient à la concurrence le transport ferroviaire, la poste, le gaz, l’électricité... Mais la Constitution, elle, protégera vos services publics : c’est marqué noir sur blanc à l’article III-122.

Je suis resté au Gouvernement malgré le désaveu de millions de salariés descendus dans la rue en 2003. Je suis resté Premier ministre malgré deux énormes raclées électorales en 2004. Mais la Constitution, elle, vous apportera la démocratie.

Ne confondez pas ma politique et la Constitution, c’est le jour et la nuit.

Si je m’humilie aujourd’hui en reconnaissant que ma politique est nulle ce n’est absolument pas parce que j’espère une victoire du Oui qui me permettrait de rester à mon poste pendant encore quelques années. Non, c’est tout simplement parce que la Constitution est merveilleuse et qu’il ne faut pas la confondre avec ma politique.

La preuve, c’est que l’opposition dit la même chose que moi...


Jean-Jacques Chavigné,
Gérard Filoche, 11 avril 2005 pour Démocratie & Socialisme
www.democratie-socialisme.org



L’Europe malTRAITEe : une vidéo en ligne. A voir absolument.


Constitution : Dix mensonges et cinq boniments.



Huit bonnes raisons de dire non à la "Constitution" , par Jacques Généreux.


Une mauvaise Constitution qui révèle un secret cancer de notre démocratie, par Étienne Chouard.




COMMENTAIRES  

11/04/2005 23:43 par Marcel Pignol

Il est pas frais ton poisson, Raffarin, il pue..!?

Non, non , c’est pas mon poisson c’est moi..!

Triste marché qu’on nous propose.

20/04/2005 15:43 par cliquet

Voulons nous une Europe du chomage ?
En ce cas, ne changeons rien, votons "oui" et attendons.
Dans les années 70, sous la présidence de Giscard d’Estaing, un critère de quantification de l’état de "socialisme" d’un pays est apparu sous forme d’un taux maximum de prélèvement obligatoire rapporté aux ressources des gens du pays en question. Un esprit brillant a même énoncé un théorème :
"un état est considéré comme socialiste si les prélèvements obligatoires dépassent 40%"
Pour éviter que la France tombe de ce coté, il a fallu orienter différemment les ressources budgétaires et on a financé sur la masse salariale des entreprises la part grandissante de nos dépenses publiques et ccela s’est traduit par un renchérissement des côuts de main d’oeuvre en France. Cela arrangeait bien des gens car les impots n’augmentaient pas en apparence et on pouvait continuer a être démagogique (toujours utile en période électorale)
Dans un premier temps les entreprises ont raisonné a "marges constantes"et ont simplement répercuté les surcôuts sur les prix de vente, d’ou d’ailleurs une inflation qui, dans les annés 75-80 a depassé les 14%.
Conscient de cela, le gouvernement de Raymond Barre a bloqué les salaires, mais uniquement les salaires et non les charges qui ont continué d’augmenter.
La première réponse de nos entreprises a été de diminuer par l’automatisation et la mécanisation les postes de travail. On a donc assité a une montée sans précédent du chomage. Socialement parlant, on a donc décidé d’indemniser le chomage et cette indemnisation a été financée par une nouvelle augmentation des charges venant alourdir la masse salariale.Lorsque les entreprises, du moins celles qui ont survécu, ont atteint les limites de l’automatisation, la competitivité n’etait toujours pas restaurée et nous sommes rentrés dans la période des "délocalisations"
Simultanément, les règles de gestion des entreprises ont évolué et on est passé du système de "marges constantes" (on fait un certain bénéfice fixé a l’avance sur un article et on cherche a en vendre le pus possible*) a celui du profit maximum, c’est a dire qu’on cherche a optimiser l’ecart entre prix de revient en production et prix de vente. Cela revient en fait a produire le moins cher possible et vendre au plus haut compatible avec les ressources des gens. Un meme article peut être vendu ainsi a des prix tres différents fonction des endroits de vente, voir de la période a laquelle on le vend.
Il y a donc déconnection totale du prix de revient et prix de vente et on ne cherche plus a produire un maximum d’articles. Devant la montée continue des masses salariales, les entreprises ont bien sur continué la politique de déflation des effectifs, mais en redémarrant les activités la ou les contraintes et les prix de revient étaient les plus faibles. Indolore au départ, ce système retransférrait une partie des charges salariales vers la collectivité par le jeu des pre-retraites qui n’étaient rien d’autre qu’un chomage indemnisé avec une victime consentante qui y trouvait son propre intérêt.Le système s’est mis a diverger financièrement assez rapisement, on a donc décidé de prélever directement sur les salaires. Conséquence logique, la consommation a diminué et le chomage qui s’etait stabilisé est reparti a la hausse. Personne n’a aujourd’hui de remède miracle.
Conséquence de la politique monétaire européenne, plutot que financer les déficits publics par le système de la "planche a billets", on les couvre par des emprunts a répétition dont la charge d’intérêts génère par elle-même de nouveaux emprunts (environ 1.100 milliards d’euros de dette aujourd’hui pour notre pays) Certes, la dévaluation systèmatique n’est pas recommandable mais elle a un effet secondaire contraire a celui de l’emprunt en ce sens qu’elle diminue momentanément le differentiel de competitivité. Les Etats-Unis financent du reste comme cela leurs deficits budgétaires, du moins en partie. Si l’euro avait, comme c’etait plus ou moins prévu, supplanté le dollar comme monnaie de référence, nous aurions été les gagnants mais, hélas, tel n’est pas le cas.
La France a donc une position qui préfigure assez bien celle que vont connaitre a court terme ses voisins européens. Lorsque on nous disait qu’il était impératif de respecter les critères de convergence exigés pour être admis dans la zone euro, cela était évident. Aujourd’hui, on voudrait minimiser les effets a terme de leur non-respect alors qu’ils vont se révéler dramatiques. Il conviendrait aujourd’hui de dévaluer l’euro en raison des déficits budgétaires mais dévaluer augmenterait les charges dues a nos importations et en particuliers le prix du pétrole et des matières premières dont nous ne disposons plus. On a donc tout intérêt, du point de vue des marchands européens, a garder un euro fort (monnaie dans laquelle on vend) et un dollar faible (monnaie dans laquelle on achète). Les sociétés multinationales n’ont par définition plus d’intérêts locaux et dans un monde ou un simple clic déplace instantanément une masse gigantesque de capitaux, on conçoit facilement que leur souci premier ne soit pas lié aux difficultés que pourra rencontrer dans le futur tel ou tel pays dont elles ne dépendent plus.
Je ne suis du reste pas certain que le vote "non" a lui seul modifie en quoi que ce soit la situation actuelle, mais il me parait evident intellectuellement que voter "oui" ne peut qu’accélérer les choses.

*C’etait le principe qui avait guidé Henri Ford pour la fabrication de la célèbre Ford T, qu’il voulait pouvoir vendre a ses propres ouvriers. Peu de marge unitaire, mais une très grande série.

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