Avec des artistes de la trempe de Roger Waters, membre fondateur du cultissime groupe Pink Floyd et, en l’occurrence, de Danny Glover, l’acteur, réalisateur et producteur de cinéma étasunien, devenu célèbre pour son rôle de co-équipier de Mel Gibson dans L’Arme fatale, la défense de la cause palestinienne a trouvé deux avocats de poids, dont la notoriété planétaire offre une formidable caisse de résonance à leurs ardents playdoyers qui retentissent de leurs appels vibrants au boycott d’Israël.
Très remonté contre le Festival DocAviv qui bat actuellement son plein à la cinémathèque de Tel Aviv, Danny Glover ne décolère pas depuis qu’il a appris que le documentaire intitulé American Revolutionary : The Evolution of Grace Lee Boggs, retraçant la vie de la philosophe et féministe Grace Lee Boggs, et auquel il a participé aux côtés de nombreuses autres personnalités, a été projeté à l’insu de toute l’équipe de réalisation, y compris de la star du film âgée de 98 ans et de lui-même.
Devant ce manque cruel de déontologie de la part des organisateurs israéliens de l’événement, qui se sont autorisés à prendre des libertés avec la diffusion d’une œuvre sans le consentement de ses auteurs, Danny Glover a pris la tête de la fronde, après avoir été estomaqué par le refus clair et net d’annuler la projection que ces derniers ont opposé avec le même aplomb phénoménal aux producteurs du documentaire.
Faisant bloc derrière Danny Glover et Grace Lee Boggs qui, malgré son grand âge, a gardé intacte sa capacité à s’indigner, que ce soit contre cet affront ou contre la cruauté du régime d’apartheid israélien, douze personnalités ont signé d’une seule main un texte de protestation, condamnant avec fermeté les méthodes peu orthodoxes des dirigeants du festival de Tel Aviv, mais aussi et surtout témoignant de leur solidarité avec le peuple palestinien : « Nous avons immédiatement pris des mesures pour que le film soit retiré du festival, mais les organisateurs du festival et les producteurs du film nous ont informés que cela n’était pas possible et que la projection se ferait quand même, en dépit de nos objections », le meilleur restant pour la fin : « Nous sommes solidaires avec le peuple palestinien et soutenons leur appel au boycott culturel et universitaire d’Israël ».
Plus habitué aux primes à l’impunité qu’aux réquisitoires qui brisent le mythe, le Congrès juif mondial, par la voix de son président Ronald S. Lauder, n’aura pas tardé à tempêter contre sa bête noire, Danny Glover, rappelant que, depuis 2009, l’acteur est un fervent partisan du boycott d’Israël, avant de sommer Hollywood et toute l’usine à fabriquer des blockbusters standardisés à faire le ménage dans ses rangs. « Il est temps qu’ Hollywood (acteurs, producteurs etc..) s’insurgent contre ceux, qui au sein de leurs propres rangs, diabolisent Israël et attisent ainsi les flammes de l’antisémitisme en Amérique et en Europe », a fulminé ce dernier.
Lancé en représailles contre un artiste qui préfère rester fidèle à ses convictions profondes plutôt que de se renier en acceptant le diktat hollywoodien, l’appel menaçant à boycotter Danny Glover et à saborder la carrière de tous ceux, qui comme lui, sont épris de justice et de vérité, ne parviendra pas à couvrir la clameur mondiale qui monte en faveur de l’appel au boycott de l’ultra-sionisme au pouvoir en Israël.