RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

Des habitudes à perdre

Liban : immense foule aux funérailles de Hassan Nasrallah. Stade bondé, rues adjacentes noires de monde. La presse occidentale concède "des dizaines de milliers". Plutôt des centaines de milliers, mais passons, on a l’habitude. Des avions de combat israéliens ont survolé à deux reprises la foule dans un geste d’intimidation plutôt pathétique.

Venues des quatre coins du monde, des personnalités sont présentes, mais vous n’en saurez rien car, là aussi, en matière de "non information", c’est devenu une habitude.

Pour ceux qui émettraient des réserves sur le personnage, je vous aurais bien orienté vers un site qui traduit régulièrement, entre autres, les discours de Nasrallah. Mais ce serait inutile car vous obtiendrez un message du ministère de l’intérieur français qui vous informe que l’accès au site est bloqué. Pour les raisons que vous pouvez imaginer, mais passons, on commence à avoir l’habitude.

La première fois que j’ai lu une de ses interventions, et une fois passées les inévitables invocations d’ordre religieux, j’ai été surpris par la modération de ses propos et leur intelligence politique (à défaut d’un meilleur terme). Pas de prosélytisme, pas d’envolées lyriques interminables, mais des comptes-rendus assez exhaustifs à la population de la situation et des options offertes. Et une grande rigueur. Je l’ai même comparé à un "Fidel Castro" du Moyen-orient, comparaison que je m’aventure à faire très rarement, pour ne pas dire jamais. Bref, à peu près le contraire du portrait qu’on en dressait chez nous. Là aussi, j’avais pris la mauvaise habitude de les croire sur parole.

Je me suis demandé du coup pour quelles raisons son organisation était qualifiée de terroriste par une poignée de pays impérialistes (mais pas au Liban) et... je n’ai rien trouvé de concluant. La seule explication semble être "parce que". Hum. Un peu léger. Mais on a l’habitude, non ?

A l’inverse, les dirigeants israéliens et Israël cochent toutes les cases pour recevoir la même qualification. Pour ces derniers, il y a tellement de cases à cocher qu’il faudrait en rajouter pour obtenir un questionnaire complet. Bref, et vous l’aurez deviné, on a l’habitude.

Je pense aussi au personnage qui "dirige" actuellement la Syrie. Décapiteur et fou de Dieu. Avant hier encore, le Département de Justice US offrait une prime de $10 millions pour toute information sur sa localisation. L’offre a récemment été retirée, sans explication. Il a même été reçu à l’Élysée, le mec. Pas très rancuniers les représentants du monde civilisé. En tous cas moins qu’avec, je ne sais pas, Georges Ibrahim Abdallah, par exemple.

Mais bon, le deux-poids deux-mesures, les indignations à géométrie variable, on a, hum... je cherche le mot... ah oui : l’habitude.

Viktor Dedaj
comme d’habitude

URL de cet article 40214
   
Même Auteur
Cuba est une île
Danielle BLEITRACH, Jacques-François BONALDI, Viktor DEDAJ
Présentation de l’éditeur " Cuba est une île. Comment l’aborder ? S’agit-il de procéder à des sondages dans ses eaux alentours de La Havane, là où gisent toujours les épaves des galions naufragés ? Ou encore, aux côtés de l’apôtre José Marti, tirerons-nous une barque sur la petite plage d’Oriente, et de là le suivrons -nous dans la guerre d’indépendance ? Alors, est-ce qu’il l’a gagnée ? C’est compliqué ! L’écriture hésite, se veut pédagogique pour exposer les conséquences de la nomenclature (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

« L’utopie est ce qui n’a pas encore été essayé. »

Theodore Monod

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.