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Des marchands de Chine en Afrique.

Il y a toujours des africains, attachés à des intérêts dont seuls eux savent ce qu’ils leur rapportent, qui drainent des masses noires derrière eux avec cette fumeuse idée que l’arrivée et l’enracinement progressif de la Chine en Afrique constituent le remède aux maux que l’Occident a infligés aux africains des siècles durant. Une telle idée est des plus farfelues qu’il ait été donné d’entendre. Quand bien même la désespérance puisse conduire à raisonner de travers, à délirer, il faut dire que là, on a atteint des sommets du larbinisme et de l’enfance. Il ne s’agit pas ici de haïr, encore moins de participer à un quelconque concert de diabolisation de la Chine. Il s’agit simplement de voir le monde tel qu’il est, dans sa réalité et de tirer des enseignements pour nous. Il s’agit de lire le comportement des Etats, et la Chine en est un, pour définir notre propre comportement en tant que continent sous domination qui veut briser ses chaînes et libérer puis réorienter l’énergie créatrice africaine trop longtemps confisquée ou détournée.

Tout d’abord : la Chine, comme tout autre pays, n’a pas vocation à résoudre les problèmes des autres. La Chine n’a pas, dans cette logique, pour mission de doter l’Afrique des attributs de la puissance. Si elle le faisait, cela conduirait ce continent à s’affranchir de sa propre tutelle, ou à tout le moins à le détourner rapidement de ses propres desseins. La Chine doit défendre ses propres intérêts et faire en sorte que sa population bénéficie, dans la mesure du possible, de tout ce qu’il lui faut pour rayonner davantage. Et sur ce plan, l’Afrique offre des atouts indéniables. Que ce soit sur le plan politique, commercial, culturel, agricole ou minier.

Ensuite, pour que la Chine arrive au stade où elle est actuellement, elle a dû payer un lourd tribut lorsqu’elle s’est engagée dans la lutte la conduisant à se débarrasser douloureusement, l’un après l’autre, de tous les facteurs inhibiteurs de sa renaissance, aussi bien sur le plan intérieur qu’extérieur. La révolution engagée par Sun Yat-Sen continuée et achevée par Mao Tse Toung a permis à la Chine d’écraser courageusement les envahisseurs étrangers ainsi que leurs suppôts, de véritables gendarmes locaux qui immobilisaient le peuple chinois pendant que leurs mentors pillaient le pays. C’est à partir de là que cette Chine qui rayonne aujourd’hui et qui ravit des africains s’est forgée les instruments de son "retour sur la scène mondiale" d’où elle a été écartée violemment par les Occidentaux et les Japonais. La Chine a, avant tout, puisé les éléments de sa renaissance en son propre sein en réintégrant sa culture, en comptant d’abord sur sa propre force, sa propre intelligence et son organisation interne sous la houlette d’un leadership clairvoyant. C’est dire combien il est pure vérité que l’identité et l’âme des peuples leur apparaissent lorsqu’ils décident de s’opposer à leurs adversaires, aussi puissants soient-ils. Toutes ces choses qu’elle a donc gagné dans la douleur, la Chine ne va pas les donner ou les enseigner aux populations miséreuses africaines sur un coup de tête.
Aussi, avec une classe dirigeante aussi corrompue, prévaricatrice, imbécile, imprévoyante, antipatriotique, totalement obscure, piteusement enfermée dans son tour d’ivoire colonial attendant de pieds fermes tout contestataire du désordre ambiant et pillard tenant lieu d’ordre établi, la Chine n’a rien d’autre à faire en Afrique que s’offrir les ressources qu’elle veut sauf à trouver les Occidentaux, maîtres des lieux, sur son chemin. Avec une telle gouvernance, c’est peu dire que l’Afrique ne va nulle part.

Croire et faire croire aux populations africaines qu’avec les Gnassingbé, les Bongo, les Biya, les Obiang, les Nguesso, les Djotodia, les Ouattara, les Compaoré, les Déby, les Yayi Boni, les Jonathan, les Guelleh et toutes les créatures de leur espèce flanqués de leurs ministrons « technocrates et intellectuels » comme dirigeants, l’Afrique a des chances sous les Chinois est une bonne blague dramatique. Même à supposer que les Chinois aient de bonnes intentions à l’égard de l’Afrique, les soi-disant dirigeants actuels de l’Afrique ne sauront pas quoi en tirer à part quelques maigres satisfactions à commencer par le soin de leurs propres panses d’abord, et ensuite obtiendront-ils quelques kilomètres de routes, quelques stades de football, quelques palais soi-disant présidentiels, quelques points d’eau, quelques ponts et quoi encore !? C’est pourquoi, pour que l’arrivée de la Chine en Afrique soit une « bonne nouvelle » pour les africains, il faut au minimum un agenda africain et un leadership crédible, éclairé et foncièrement patriote qui le conduise fermement. Ces éléments manquent cruellement à l’Afrique depuis que les razzias négrières islamiques et transatlantiques suivies du colonialisme brutal et pillard ont littéralement décapité les institutions africaines. Celles-ci étant remplacées par des hommes-liges intégralement illégitimes et joyeusement criminels qui n’ont que faire des problèmes des populations préalablement désorientées.

Il faut donc que les africains s’organisent pour se débarrasser de ces hologrammes abusivement appelés "dirigeants" qui les régentent et construire à la place un nouveau leadership éclairé, apte à conduire « l’émergence » de l’Afrique en défendant ce que sont leurs intérêts avec un agenda africain maîtrisé dans un monde si dur. Autrement dit, avant même de parler de partenariat sino-africain bénéfique au peuple noir, la maison Afrique doit d’abord être remise sur pieds. Ce n’est que suite à ce redressement vital que lorsque des étrangers, chinois ou pas, arrivent sur le sol africain, ils sauront qu’ils ont affaire à un peuple debout avec qui ils doivent traiter de manière plus ou moins équitable dans un cadre de respect mutuel. Seuls les africains peuvent et doivent accomplir cette tâche-là. La Chine ne le fera pas à notre place. Les Occidentaux ne l’ont pas fait et ne le feront pas à notre place. On ne s’affranchit jamais par délégation. Bien au contraire si tout ce beau monde peut concourir à fragiliser davantage l’Afrique pour la dépouiller, à bas prix, dans la logique capitaliste et libérale les biens dont elle dispose -et ce beau monde le fait déjà- il ne s’en privera pas. En tant qu’Etat normal, si la Chine arrive dans une maison qu’elle trouve dans un état de déliquescence avancée, où les autorités sont des laquais sans aucune ambition patriotique mais plutôt des amoureux fous de gadgets et du pouvoir colonial, où les populations sont désorganisées et muselées au point de ne s’intéresser qu’à leur pain quotidien fait de miettes, elle ne va pas se mettre à bâtir là un Etat, un peuple et des institutions fortes. Ceci n’est pas dans son intérêt. Les officiels chinois, d’ailleurs, le disent clairement. Ils sont « en Afrique pour du business ». Point barre ! Ils ne s’embarrassent pas des mots creux type : Etat de droit, droit de l’homme et autres balivernes avec lesquels les occidentaux continuent de bassiner les africains. Au moins sur ce plan, la Chine joue franc-jeu.

En définitive, il faut même dire que la Chine n’est pas le problème. C’est tout à fait normal qu’elle défende ses intérêts sur les terres africaines. Le problème c’est nous, africains. Sommes-nous capables de payer le prix de notre Renaissance ? Ceux qui prétendent qu’il est possible pour les africains de grandir en esquivant la lutte libératrice certes douloureuse mais formatrice et vivifiante, en se réfugiant sous les chinois à qui on déléguera ce combat qui est un combat pour la vie, après les fameux traités de protectorat extorqués aux africains au 19ème siècle par les Européens, les égarent.

Le chemin est long, rude et il va l’être davantage étant donné que les africains n’ont pas d’alliés dans le monde. Mais, les africains n’ont pas le choix et c’est vain de vouloir se réfugier dans la fuite en avant et dans des rêveries infantiles d’une Afrique pro-chinoise, pro-indienne, pro-russe, pro-brésilienne ou pro-japonaise après que cette Afrique ait été si longtemps pro-occidentale. Il est grand temps que l’Afrique pro-africaine émerge à présent. Cela sera le fait des africains avant tout et après tout. Le monde est un jeu d’intérêts sans pitié. Aucun peuple ne fait le bonheur d’un autre. Aucun peuple n’a ni le temps, ni la vocation, ni les ressources pour veiller au bien-être d’un autre. Surtout pas ceux qui, par camouflage et par propagande, répandent partout qu’ils sont la transfiguration de la bonté. L’histoire, la vraie, est là pour renseigner celles et ceux qui veulent, en la matière, se draper une fois encore dans le doute cartésien. De Gaulle, un des plus grands patriotes français ayant le plus bataillé pour maintenir l’Afrique dans "la vie de la Métropole" ne disait-il pas que la vie internationale, sinon la vie tout court est un combat et qu’en conséquence, il soit donné à chacun selon les œuvres de ses armes ? Autrement dit, les peuples défaits et vaincus n’occupent que la place qu’ils méritent. Si par indolence, par peur, par désorganisation et par attachement aux miettes ces peuples ne se redressent pas en reconquérant leur trône volé, ils n’ont qu’à s’asseoir à même le sol. Personne ne regrettera leur position.

KPOGLI Komla
http://lajuda.blogspot.ch/2013/08/des-marchands-de-chine-en-afrique.html

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