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Des menteurs qui mentent sur presque tout. (Strategic Culture)

Au moins depuis l’époque de Marcus Tullius Cicero à la fin de la République romaine, tout le monde a certainement compris que les politiciens mentent tout le temps. Certes, le président Donald Trump a été exceptionnel en ce sens qu’il a tenu certaines des promesses qu’il avait faites au cours de sa campagne, insistant périodiquement qu’il faisait ce qu’il avait dit qu’il ferait. Malheureusement, les choix qu’il a faits pour complaire à ses partisans ont été terribles, y compris le déplacement de l’ambassade des États-Unis en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem, la menace de mettre fin à l’accord nucléaire iranien et la construction d’un mur le long de la frontière mexicaine. Le suivi de certaines autres promesses a été moins cohérent. Il a augmenté l’engagement militaire américain en Afghanistan et a confié la guerre aux généraux tout en hésitant dans sa promesse d’améliorer les relations avec la Russie. La percée potentielle offerte par des échanges prometteurs lors d’échanges téléphoniques avec Vladimir Poutine a été annulée par des menaces, des sanctions et des expulsions pour satisfaire les membres hystériques du Congrès et les médias.

En ce qui concerne la Syrie, Trump a dit mardi dernier "Je veux en sortir ", promettant de retirer les troupes américaines très bientôt, mais a été rapidement mis au pied du mur par la pression du Congrès et un appel téléphonique du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qui l’a contraint à changer d’avis dans les 24 heures. Israël veut le chaos en Syrie et son instrument de choix est l’armée américaine. Netanyahu a le Congrès pour effectuer ses basses oeuvres et, pour quelque raison que ce soit, semble aussi avoir Trump à ses ordres.

Donald Trump s’avère donc être un très bon menteur, même s’il faut tenir compte du fait qu’il n’a souvent aucune idée de ce dont il parle. Mais le prix pour avoir menti à un niveau élevé doit aller aux Britanniques en ce qui concerne ce qui se passe à la fois au Moyen-Orient, avec la Russie, et aussi en Grande-Bretagne elle-même. L’ancien Premier ministre Tony Blair a été le premier maître de la dissimulation en 2002 lorsque son chef du renseignement Sir Richard Dearlove lui a dit que la Maison Blanche de Bush avait décidé d’entrer en guerre et que "les renseignements et les faits étaient autour de la politique" concernant l’Irak, ce qui signifie qu’il ignorait l’information qui n’appuyait pas son désir de créer un prétexte pour envahir le pays et expulser Saddam Hussein. Blair aurait probablement pu faire arrêter l’invasion malheureuse en refusant de participer à l’entreprise, qui était un crime de guerre, mais au lieu de cela, il a pleinement soutenu George W. Bush dans l’attaque et a ainsi joué un rôle dans le pire désastre de politique étrangère de l’histoire de l’Amérique. En 2016, une enquête officielle du gouvernement britannique a déterminé que Bush et Blair s’étaient effectivement précipités ensemble à la guerre. L’Establishment Global a néanmoins récompensé Tony Blair pour sa fidélité avec une générosité Clintonesque. Il a bénéficié d’un certain nombre de missions bien payées et vaut maintenant plus de 100 millions de dollars.

Pour en revenir au présent, nous avons le premier ministre Theresa May. May a eu de sérieux problèmes, politiquement parlant. Après les pertes subies lors des récentes élections parlementaires, elle s’accroche au pouvoir et est de plus en plus impopulaire, même au sein de son propre Parti conservateur. Alors, que faites-vous lorsque vous avez des problèmes à la maison ? Vous créez une crise à l’étranger à laquelle vous devez faire face. Si vous êtes quelqu’un d’aussi vénal et sans scrupules que l’ancien président américain Bill Clinton, vous y parviendrez en tirant quelques missiles de croisière sur une usine pharmaceutique au Soudan et sur des huttes de boue en Afghanistan. Si vous êtes Theresa May, vous montez considérablement la mise, avec un ennemi puissant qui vous menace, ce qui vous permet d’apparaître à la fois résolu et fort face à un ennemi redoutable. C’est précisément ce que nous avons vu au cours du mois dernier au sujet de l’empoisonnement présumé de l’ancien agent de renseignement russe Sergei Skripal et de sa fille Yulia.

Il y a quelque chose d’étrange dans l’affaire Skripal. Même le journal Guardian, de plus en plus néocon, a admis que "l’affaire britannique [contre la Russie] s’est jusqu’à présent davantage appuyée en public sur des preuves circonstanciées et des renseignements secrets". Et les renseignements secrets, ainsi appelés, ont trop souvent été le dernier refuge de la canaille lorsqu’un gouvernement rouler le public dans la farine. Dans cette affaire, le ministre des Affaires étrangères Boris Johnson s’est précipité à porter un jugement sur la Russie moins de quarante-huit heures après que les Skripals ont été trouvés inconscients sur un banc à Salisbury, en Angleterre, trop tôt pour qu’une analyse chimique de l’empoisonnement présumé ait pu avoir lieu.

Theresa May s’est adressée au Parlement peu de temps après pour blâmer le Kremlin et exiger une réponse officielle russe à l’événement dans les 36 heures, même si elle a dû tergiverser considérablement, en disant que l’empoisonnement apparent était "très probablement" causé par un agent neurotoxique fabriqué en Russie et désigné par son nom générique Novichok. Elle a néanmoins rallié les députés au Parlement, qui ont répondu avec beaucoup d’enthousiasme. Lorsque le chef travailliste Jeremy Corbyn a tenté de ralentir le train express en suggérant qu’il serait sage d’attendre de voir ce que l’enquête policière a révélé, il fut hué. Les médias britanniques se sont rapidement ralliés avec vengeance à la version du gouvernement selon laquelle une opération aussi délicate nécessitait l’approbation de Vladimir Poutine lui-même. L’expulsion des diplomates russes n’a pas tardé à suivre.

L’un des aspects les plus étranges de l’affaire Skripal est ce qui se passe maintenant que la fille Yulia pourra bientôt sortir de l’hôpital et que Sergei n’est plus dans un état critique. Une cousine, Viktoria Skripal a offert de prendre l’avion depuis Moscou pour aider sa famille, mais on pense qu’elle ne pourra pas recevoir de visa Britannique. La télévision russe a diffusé une conversation téléphonique entre les deux cousines dans laquelle Yulia dit qu’elle était désorientée mais qu’elle s’améliorait et que ni elle ni son père n’avaient subi de dommages permanents à cause de l’empoisonnement. L’appel fut coupé brusquement et Viktoria Skripal croit qu’il fut coupé par le gouvernement britannique sur une ligne téléphonique contrôlée.

Les demandes répétées de la Russie pour obtenir un échantillon de l’agent neurotoxique présumé pour des tests ont été rejetées par le gouvernement britannique en dépit du fait qu’un agent neurotoxique de qualité militaire aurait sûrement tué les Skripals ainsi que n’importe qui d’autre dans un rayon de 100 mètres. Selon un des derniers récits britanniques, le poison présumé avait été trouvé sur la poignée de la porte de la résidence des Scripals, mais l’horaire n’est pas convaincant non plus. Cela signifie que les deux auraient passé trois heures, y compris un arrêt à un pub et un déjeuner, avant de succomber sur un banc de parc. Les agents neurotoxiques de qualité militaire tuent instantanément.

Une demande pour que les essais soient effectués par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, politiquement neutre, est en cours, mais il y a peu d’enthousiasme de la part des Britanniques, qui ne veulent pas qu’un observateur russe participe au processus. Le gouvernement de May a déjà établi son propre récit et aurait certainement beaucoup à cacher si toute l’affaire s’avérait être fabriquée. Et si elle a été fabriquée, c’est peut-être parce que l’agent neurotoxique, s’il existe réellement, aurait pu être fabriqué presque n’importe où.

Le chef de l’usine d’armes chimiques de la Grande-Bretagne, Porton Down, a lui-même contredit les affirmations de May, du ministre des Affaires étrangères Boris Johnson et de l’ambassadeur britannique à Moscou, Laurie Bristow. Le directeur général du laboratoire, Gary Aitkenhead, a témoigné qu’il ne sait pas si l’agent neurotoxique a été effectivement produit en Russie, ce qui n’est pas surprenant puisque la formule chimique a été révélée au public dans un article scientifique en 1992 et qu’il y a une vingtaine de pays capables de la produire. Il y a aussi des stocks possibles de Novichok dans les pays indépendants qui faisaient autrefois partie de l’Union soviétique, dont l’ennemi russe du jour, l’Ukraine, alors qu’une opération sous faux drapeau par les Britanniques eux-mêmes, la CIA ou le Mossad, n’est pas impensable.

Le recours à la langue officielle orwellienne par les Britanniques tout au long du processus est remarquable, mais particulièrement douloureuse en ce qui concerne le traitement des animaux de compagnie des Skripals, deux cochons d’Inde et un chat. Un porte-parole du ministère de l’Environnement a rapporté que "La propriété dans le Wiltshire a été scellée dans le cadre de l’enquête policière. Lorsqu’un vétérinaire a pu accéder à la propriété, deux cochons d’Inde étaient malheureusement morts. Un chat a également été trouvé dans un état de détresse et un vétérinaire a pris la décision d’euthanasier l’animal pour soulager ses souffrances. Cette décision a été prise dans le meilleur intérêt de l’animal et son bien-être."

Ainsi, la présence d’escadrons de techniciens et de flics dans la résidence ne permettait à personne de prendre une minute pour nourrir le chat et les cobayes. Et le chat a été tué dans un geste purement humanitaire - le "meilleur intérêt" était apparemment de mourir. Ça me rappelle quelque chose, n’est-ce pas ?

Enfin, le meilleur argument contre les propos évasifs du gouvernement britannique au sujet de ce qui s’est passé à Salisbury le 4 mars reste la question du motif. Ainsi, les Britanniques voudraient faire croire que Vladimir Poutine a personnellement ordonné le meurtre d’un ancien agent double britannique qui avait été libéré d’une prison du Kremlin lors d’un échange d’espions et qui n’était plus capable de faire du tort à la Russie. Il l’a fait en dépit du fait qu’il avait une élection en vue et qu’il allait être l’hôte de la Coupe du monde cet été, un événement qu’il voudrait voir se dérouler sans heurts. Il se serait donc délibérément tiré un balle dans le pied pour deux raisons. La première parce qu’il voulait envoyer un message aux traîtres et la deuxième parce qu’il ne peut pas s’en empêcher puisqu’il est un type du KGB vindicatif dont les impulsions constituent le mal à l’état pur. Est-ce que cela a un sens pour le lecteur ? Pas pour moi.

Philip GIRALDI

Traduction "lorsque je vous dis que les psychopathes ont pris le pouvoir, ce n’est pas une boutade" par Viktor Dedaj pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles.

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