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Espagne : Célébrations de l’Opus dei

Eloge de la clarté morale II
DIVERS

Il y a peu, on se demandait dans ce journal (Herri Batasuna , Aznar et la Fondation Franco ELOGE DE LA CLARTÉ MORALE) pourquoi le ministère de la culture espagnole consacrait 10% de son budget à une organisation dont l’objet est de célébrer la mémoire de FrancoIl semblait curieux en effet qu’un état qui se permet d’interdire un parti politique puisse donner des fonds à une organisation fasciste. Ce que nous ne savions pas à l’époque, c’est que ce même état se préparait à la canonisation du fondateur d’une secte qui, elle, a toujours soutenu Franco.

Ces derniers jours, on a enfin (nous tous femmes et hommes de peu de foi attendions cet événement depuis très longtemps) canonisé le fondateur de l’Opus dei, José Marà­a Escrivá de Balaguer (Barbastro, 1902-Rome, 1975). A l’heure qu’il est nous savons tous à peu prés qui est cet homme, (pardon ! ce saint !), et quelle est la secte (pardon ! la congrégation !) qu’il a fondée.

Il faut tout de même reconnaître que le pedigree (pardon ! le who’s who !) de l’opus dei est impressionnant. Ceux d’entre les lecteurs qui seront canonisés un jour, seraient heureux sans doute à l’idée que cette opération très politique du saint esprit (Amen ! s’il vous plait) se fera en la présence d’une ministre des affaires étrangères, Ana Palacio (Dieu la bénisse) et du Ministre de la justice du même état, José Marà­a Michavila (Dieu l’ait en sa Sainte Garde). La délégation espagnole comprend aussi le président du gouvernement de Navarre, Miguel Sanz, l’épouse du président de la Generalitat de Catalunya, Marta Ferrusola, le secrétaire d’état pour les relations avec le parlement Jorge Fernández Dà­az, le maire de Barbastro et, « à titre personnel » (d’après elpais) ce qui veut dire que les susnommés sont venus es qualité) le ministre de la Défense dans toute sa grandeur, le Très Pieu Federido Trillo, avec toute sa famille ainsi que le recteur de l’université catholique de Murcia et de Navarre.

Le gratin de la cour espagnole était donc présent. Et la couverture médiatique n’a pas manqué. La télévision et la radio nationales y ont consacré deux heures trente (de 1Oh à 12h30) et cela n’a pas manqué d’attirer l’ire du groupe socialiste espagnol, des hérétiques sans aucun doute, qui l’a jugée « totalement disproportionnée ». Son porte parole, un autre impie ma foi, quoiqu’il porte un nom chétien, Máximo Dà­az Cano prétend qu’il s’agit là d’une manière d’appeler les espagnols à voter pour le parti d’Aznar, à aller à la messe et à s’inscrire à l’Opus Dei. Voilà un homme qui découvre enfin les chemins de la vérité. Mais qui ne veut pas voir. Il mérite certainement la question. A y regarder de prés il franchit même les lignes jaunes lorsqu’il reproche par exemple à cette même télévision de ne pas même prendre la peine de transmettre « le débat parlementaire sur les finances de l’Etat où se décident les choses réellement importantes pour les citoyens ». Pire encore il va jusqu’à dire qu’il s’agit là « d’un retour aux positions propres à l’époque du National-socialisme ». Cet homme doit être brûlé vif. D’autant plus qu’il fait allusion, de manière subreptice (et donc pernicieuse, le diable est dans les détails) à la devise même de la congrégation (pardon ! secte !) : « chercher dieu dans la vie et le travail quotidien », manière toute germanique, il est vrai, de rappeler, que le travail est une forme de libération. [1]

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