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Haiti AUTOUR DU 7 FEVRIER (2ème partie)

Il est minuit : makout fin pran chenn nan peyi a ! Avec aujourd’hui les Mayard, Lambert, Latortue, Nelson, Raymond jr, Sophia…, nous sommes de retour au temps des Roger Lafontant, Franck Romain, Jean Tassy, madame Max Adolphe et autres zélés du même acabit (bourreaux et fiyèt lalo).

AUTOUR DU 7 FEVRIER

(2ème partie)

Il est minuit : makout fin pran chenn nan peyi a ! Avec aujourd’hui les Mayard, Lambert, Latortue, Nelson, Raymond jr, Sophia…, nous sommes de retour au temps des Roger Lafontant, Franck Romain, Jean Tassy, madame Max Adolphe et autres zélés du même acabit (bourreaux et fiyèt lalo).

« En 1957, après avoir éliminé tous ses adversaires, Papa Doc remporte les élections, grâce à l’appui de l’armée. Il met en place sa milice privée, les tontons macoutes, véritables commandos de la mort, qui vont terroriser le peuple haïtien dans les coins les plus reculés du pays. […] Leur formation technique avait été assurée par la mission militaire américaine et les officiers de confiance de Papa Doc. Un certain nombre d’entre eux furent formés en France par la Gendarmerie Nationale, à Melun.

Sous Papa Doc et Baby Doc l’arbitraire remplaça la légalité, et le droit de la force remplaça la force du droit. Des centaines d’assassinats sont perpétrés parfois en plein jour et sous les yeux de la foule et des enfants des écoles. Des disparitions de suspects sont enregistrées, des représailles sont exercées contre les proches parents des inculpés et des restes de certaines victimes exposés publiquement.

Le 26 avril 1963, une tentative de rapt de Jean-Claude Duvalier, élève des frères de l’Instruction Chrétienne à St Louis de Gonzague, échoua. Une vague d’assassinats déferle sur Port-au-Prince, la capitale. Papa Doc fait massacrer la famille Benoît, soupçonnée d’être l’auteur de la tentative de rapt, alors que l’évènement avait été, en fait, l’oeuvre de Clément Barbot, un des chefs tontons-macoutes, qui voulait déstabiliser le régime.

En mai 1967, 1e colonel Jean Tassy, chef des TTM, un des principaux bourreaux de Fort-Dimanche, le plus célèbre centre de torture et d’emprisonnement de cette époque, appelé aussi Fort la Mort, révéla qu’au quartier général de la Police de Port-au-Prince 2053 personnes avaient été tuées.

1964 : Année de l’asservissement des chefs de l’Église catholique. Après avoir expulsé les évêques étrangers, puis les jésuites en 1964 et les spiritains en 1969, le dictateur signe un nouvel accord avec le Vatican de Paul VI et choisit Mgr F. Wolf Ligondé comme archevêque de Port-au-Prince. Cet archevêque s’avèrera comme un fervent serviteur de la dictature, ami personnel de Duvalier, père et fils. Faisant fi des règlements de sa propre Eglise, il « bénira » le mariage de ce dernier avec Michèle Bennet, sa cousine ; Il fut d’ailleurs toujours prêt à faire exercer la répression sur les membres non alignés du clergé haïtien ou étranger.
En 1991 : dans un discours fleuve contre Aristide qui venait d’être élu, cet archevêque encouragera un coup d’État qui sera stoppé par Washington dans un premier temps mais relancé quelques mois plus tard (en septembre de la même année). Mgr Guire Poulard a été chargé de reprendre le flambeau durant tout le deuxième mandat d’Aristide. Il a été récemment promu, lui aussi, archevêque de Port-au-Prince. Mgr Kébreau, ancien auxiliaire de cet archidiocèse et promu il y a peu archevêque du Cap-Haïtien, n’a jamais manqué une occasion d’utiliser sa chaire pour coonseiller son « fils spirituel » M. Martelly, allant jusqu’à lui faire ""injonction’’ de diriger en Sweet Micky, yon Micky ki pa te bezwen tout van sa a pou l ale Lagonav…

" Religions pour la paix", qui a cautionné la mascarade du 8 mars du « Prezidan Konpa » soutenu par ""son’’ ambassadeur Kenneth Merten, réunit des membres de différentes confessions religieuses (catholique, protestante, épiscopale, musulmane et vodoue) et est coordonné par l’Evêque des Nippes, Mgr Pierre-André Dumas, macoute notoire, particulièrement très actif lors des événements de 2003/2004 qui débouchèrent sur le coup-d’état kidnapping du 29 février. Il eut aussi à ""bénir’’ la bastonnade mortelle infligée au feu père Jean-Juste par les Gnbistes à l’église St Pierre de Pétion-Ville, en déclarant au cours de la cérémonie même : « C’était un incident sans importance. Continuons ! ». Quel pacifique prélat !

Nous ne dirons jamais assez que les États-Unis et la France, solidaires et finalement complices, ont enlevé Baby Doc d’Haïti, alors qu’ils venaient de perdre le pouvoir face à l’immense soulèvement populaire qui réclamait la fin du régime mortifère et l’instauration de la démocratie, pour éviter que ce début de révolution se radicalise.
Ces deux « grandes puissances » colonialiste, ont agi de concert, en donnant asile en France à leur "protégé" [1], tout en cherchant à maintenir le système en place, en le remplaçant par son propre chef d’État-major, le général Namphy. Le Duvaliérisme se succédant à lui-même !

C’est encore et toujours la crainte de la contagion de l’exemple haïtien, première République Noire, victorieuse de l’ordre esclavagiste, et proclamant son indépendance en 1804, qui a constamment poussé ces deux puissances, au cours de l’Histoire, à réduire Haïti et à la soumettre à leur domination, politique et économique [2] ».

Nous avons aujourd’hui avec Martelly comme instrument une classe prête à tout pour garder son pouvoir, face à une multitude - qui souffre - laminée par des décennies d’oppression systématique et incapable pour l’heure de la renverser,… Les ingrédients essentiels pour une aventure totalitaire sont réunis. D’aucuns l’ont déjà souligné : P. Elie, H. Rebu ... Dans un tetelang avec Wendell Théodore le 8 mars - anniversaire de Radio Métropole -, le puissant ministre de la Défense a confessé que le gouvernement ap travay pou Ayiti cheri a tounen sa li te ye a… il y a 25 ans ! Tout moun ki konn sa rejim Divalye a te ye fremi lè yo tande pawò l saa… Pa Wendell. Les "Amis d’Haïti" nous ont donné un « gouvernement de la Restauration ». A bon entendeur, salut !

Quid donc du 7 Février ?

Pour comprendre l’avant et l’après 7 février, il faut, nous dit Gilles Danroc lors d’une table ronde en mars 1989, se référer au duvaliérisme comme dictature d’une part, et d’autre part, comme couronnement de toute une histoire qui est celle de la naissance empêchée du peuple haïtien. En effet, malgré 1804, malgré l’indépendance, la nation, le peuple haïtien (il faudrait définir les termes) n’est pas arrivé à naître, et cherche encore à naître aujourd’hui. Le 7 février représente comme une cassure, comme une lézarde qui permet de voir en profondeur ce jeu d’une naissance empêchée. Et William Smarth d’ajouter : le 7 février 1986, c’est « l’entrée en scène du peuple », selon une expression de Gustavo Guitierrez ; sur la scène de théâtre de l’histoire, le peuple réclame désormais sa place.

Le 16 décembre 1990, le peuple haïtien a eu conscience qu’il était devenu le sujet de sa propre histoire et qu’il pourrait participer vraiment à la « chose publique ». C’est ce rêve qui est la cause du sanglant coup d’état du 29 septembre 91. Et c’est donc à travers Aristide que le "" pouvoir’’ macoute vise et frappe violemment les partisans du renouveau, en 91, en 2004. Et, sans vouloir être prophète de malheur, dans pas très longtemps encore...

Rappelons que la candidature d’Aristide en 90 avait bouleversé tout le scenario déjà mis en place pour assurer le succès d’élections dirigées, au bénéfice d’un candidat au goût des classes dominantes ! » Mais que d’eau a coulé sous les ponts ! Hélas ! …

Patrick Mignard, yon Antwa n nan Gonmye, nous annonce un réveil plutôt brutal : « nous nous efforçons, [nous dit-il] à défaut d’autre chose, de croire que la solution (hypothétique) réside dans les vieilles formes de contestation et finalement dans…les élections. Pendant tout ce temps les contradictions se développent, les conflits se multiplient, le tissu social se délite,… Pendant combien de temps cette déliquescence peut-elle durer ? Personne ne peut répondre. Mais l’on peut/doit penser, à juste titre, que ce processus ne peut éternellement se poursuivre…ça ne peut que « casser ». « Casser » veut dire que la révolte - stérile - aboutira sur un désordre inacceptable pour les dominants, mais aussi pour les dominés. Seul, dans les conditions d’alors, un coup d’Etat, militaire ou militaro-policier (toutes les formules sont possibles), pourra assurer une stabilité politique, économique et sociale. Paix des cimetières, mais paix tout de même. Et aucune force - forcément inorganisée - ne pourra s’y opposer… Certains même, parmi le peuple aspireront à cette stabilité… L’exemple de la montée du nazisme en est une parfaite illustration. Lassitude et peur seront de puissants moyens de restabilisation sociale au travers d’un coup de force. Ce raisonnement, ces exemples, on n’en parle jamais… Ils font peur. On préfère s’accrocher aux certitudes futiles - pour le moment - de politiciens patelins, sécurisants ou, si l’on est plus velléitaires, de tribuns plus ou moins contestataires qui séduisent par leur verve et leurs gesticulations médiatiques. Nous ne savons pas tirer les leçons de l’Histoire, nous préférons nous laisser croupir dans le lit douillet - qui se délite- des acquis du passé, espérant que le froid calcul des intérêts égoïstes du Capital ne frappera que les voisins. Le réveil va être brutal » !

Arrestations arbitraires, emprisonnements, attaques contre la presse, attaques contre les étudiants, assassinats ciblés…, tel est le menu macoute.

Face à ce malè pandye, cette menace réelle et imminente, ces « kouri » programmés, nos progressistes n’ont d’autre choix que de s’entendre sur un plan de bataille commun. Et le plus tôt sera le mieux. Que cessent les papelardes lamentations sur les interminables soubresauts que connaît la vie politique haïtienne. Allons au fond des choses.

Yvon Pierre

12 mars 2012

Notes :

[1] documentaire francais : Nos amis les dictateurs

[2] Paris, 21 juin 1999

http://membres.multimania.fr/photosgbloncourt/index-18.html
Révérend Père René SOLER

Pour comprendre le régime duvaliériste, lire absolument ce livre paru en espagnol à Mexico Haïti, "Radiografia de una dictatura", de Gérard Pierre-Charles en 1969 et édité en français à Montréal par les éditions Nouvelle Optique en 1973, sous le titre Radiographie d’une dictature.

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