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Haïti : Pour un pouvoir sans le peuple, coupable attraction de nos candidats !

"Les Etats-Unis eux-mêmes, par leur tendance croissante à agir de manière unilatérale et sans respect pour les préoccupations d’autrui, sont devenus un état voyou."

Robert MacNamara
secrétaire à la défense étatsunien de 1961 à 1968
(International Herald Tribune, 26 juin 2000)

Une énième fois Messieurs et Dames, responsables de partis politiques ! Cette fois-ci, c’est la fois de trop. Les électeurs, le peuple, les laissés-pour-compte en ont assez, le pays en a assez, Abraam di sètase . Nous faisons face aujourd’hui, dans cette puanteur suffocante, à un risque d’implosion évident, imminent. Cessez vos mesquineries, vos compromissions sur le dos de ce peuple... résilient, se plait-on à jacasser ! Avec condescendance et souvent ironie, d’ailleurs.

Attendre les résultats du CEP, pour décider quoi ? Rencontrer le CEP, pour partager quoi ? Vous serez récompensés par le coup de pied de l’âne, point. « Ce qui semblerait être de la graisse sur les pattes n’est au fait qu’une coupe de ‘ cicuta ‘ destinée à neutraliser ceux qui l’auront acceptée », comme l’a si bien dit le Dr Hénold Buteau. « Jusqu’ici la politique de l’entonnoir a toujours bien réussi aux décideurs internationaux. Il s’agit d’attirer tout le monde vers l’entonnoir et une fois coincé dans le segment serré il ne reste plus qu’à avancer, car il n’y a plus de possibilité de retour » [1] Le 9 août, en ordre de bataille, l’oligarchie a décidé de frapper un grand coup. Du fétide, du crime à grande échelle contre des innocents ! Il nous faut, pour répéter le Dr Buteau, nous dresser face à cette nouvelle « coalition des élites » ; nous nous devons d’arrêter cette offensive macabre. Il nous faut refuser ce nouvel équilibre de l’échiquier politique construit à coups d’argent et de fraude. Il nous faut refuser tout net l’inacceptable. Sans concession. Dignement. « Tout ce qu’il faut pour que le mal persiste, c’est que les braves gens ne fassent rien ». [2] Nous devons agir. Vite.

Ce peuple que vous arguez accompagner, que vous dites vouloir représenter, messieurs et dames, n’a jamais, lui, fait le choix de la défaite. Il l’a prouvé moult fois, entre autre lors des élections du 16 décembre 90. Les idéaux de justice, d’égalité, de prospérité qui nous ont amené au 7 février 86 sont toujours vives. Et malgré la trahison à répétition, -au pouvoir ou dans l’opposition-, de certains de nos dirigeants, ces idéaux restent vivaces auprès du peuple.

« La peau de mes fesses avait été arrachée. Le sang coulait. Mais ils n’étaient pas dégoûtés. Au contraire, on aurait dit que la vue de mon sang les excitait. Quand j’étais sur le point de mourir, ils me détachaient et me traînaient vers une cellule sombre », témoigne, en mars 1985 à Amnesty International, Evans Paul arrêté le 16 octobre 1980 et libéré le 26. Il campe aujourd’hui de l’autre côté ; il a, tèt dwat , franchi le Rubicon. Accord d’El Rancho aidant. Il a choisi avec les nostalgiques de 57, 71, les Avril, Gilot et tutti quanti, de renforcer un système oligarchique dans lequel, avec les bourgeois, ils sont rois. C’est un coup dur pour ce peuple avec qui Kplim s’est battu contre les fòs fè nwa, contre les tonton makout, contre les bourreaux du régime sanguinaire des Duvalier, ses bourreaux. C’est un coup dur pour ce peuple qui a opté pour la démocratie lors des événements anti-duvaliéristes de 1986. Accompagné de Victor Benoit et consorts, il s’est détaché de la cohorte des ‘’ carriéristes’’ de l’opposition pour rejoindre les Roro Nelson, Sonson la familia, Lambert, Clifford Brant, Sophia, Kiko et co, ce ramassis de cr[......].

Kplim, Mèt Benn et consorts ont lutté avec le peuple, ce n’est pas faux, mais ce qui fut vrai n’est plus. Que Dieu leur en fasse grand bien ! Leur choix aujourd’hui aux côtés de l’Internationale et de Sweet Micky du FRAPH de 91 : la réalisation des élections de ces derniers, ces élections que Kplim a qualifié de « grande fête démocratique », que Michel Martelly, le président qui a tout fait pour qu’il n’y ait pas d’élections pendant son mandat, juge lui « bonnes » et que le pourvoyeur s’est empressé de dire « acceptables ». Et d’entériner. Élections qui sont les plus frauduleuses de la nouvelle ère de la démocratie haïtienne ! D’un narcissisme exacerbé, propulsé par un goût immodéré pour l’exposition médiatique, le propagandiste Sweet Micky, coutumier de la distorsion des faits selon une grille conforme à ses orientations macoutes, duvaliéristes, se sert du PHTK et de la multitude de groupuscules accouchés juste pour diviser le vote, comme formidable tremplin à la modernisation du macoutisme ce, à la faveur de la totale destruction de l’appareil d’état.

Ce qui enrage cependant l’oligarchie et l’Internationale, c’est que, même sans leader, ce peuple est toujours là, debout, digne.

Aux forces « démocratiques », auxquelles s’adresse le dr Buteau et bien d’autres avant et après lui (Marcus, Marvel, Duval, Jean Monard...), nous disons que la balle est dans leur camp, que, aux yeux du peuple, le CEP est plat atè . L’œil était dans la tombe et regardait Caen. L’œil sera (est) aujourd’hui dans la rue et fixera non plus les conseillers électoraux, mais bien les candidats, les responsables des partis politiques et tous ceux et toutes celles qui se disent démocrates. « Quand une seule victime ne peut obtenir justice, chacun doit s’attendre à être le premier à subir ensuite les ‘’outrages’’ » harangue Démosthène dans sa plaidoirie contre Midias, an 384 av. J.C. Chacun, hein !

« La catastrophe que vit notre pays aujourd’hui traduit une absence de conscience dans les milieux gouvernementaux et dans la communauté internationale. Absence de conscience concrétisée dans les élections législatives frauduleuses du 9 août en cours. Tentative d’effacer la mémoire vivante (expériences, témoignages) des électeurs pour paralyser la société en l’obligeant d’accepter comme un fait accompli la mascarade organisée par le pouvoir ». [3].

Il ne suffit pas aux forces démocratiques d’avoir une bonne idée pour qu’elle se déploie ; il leur faut être en ordre de bataille. Ce qu’impose cette nouvelle conjoncture dans laquelle nous sommes entrés est que l’on s’accorde sans détours, san grate tèt sur les modalités de la reprise des législatives. Les dirigeants politiques qui font partie des forces démocratiques doivent être capables de discerner ce qui relève de la « cuisine » politique et ce qui relève de l’intérêt général. Laisser au sectarisme le choix du calendrier, est une forme d’inconséquence politique.

Notre problème est que l’accumulation de nos inconséquences, que ce soit celles des analystes et des intellectuels dont certains semblent plus préoccupés de leur virginité politique que du bien commun, ou que ce soit celles des dirigeants politiques, aura un coût politique énorme. Ces inconséquences empêchent aussi d’éduquer militants, adhérents et sympathisants aux tâches qui se profilent et risquent fort de ne laisser le choix qu’entre l’impuissance totale ou la véritable confusion des motifs. De ce point de vue, il est urgent de se remettre à faire de la politique dans le sens le plus noble de cette dernière.

Comment les partis conçoivent-ils leur fonction pédagogique : encadrement, mobilisation, socialisation ? Quelle place accordent-ils à la formation des militants, l’une des modalités concrètes de la transformation sociale ? Qui, par exemple, est intéressé à se pencher sur la/les liste(s) d’émargement au budget de la CIA, de l’USAID et autres, des dirigeants des différentes oppositions au projet populaire ?

« Il nous faut constamment soulever les va-nu-pieds contre les gens à chaussures et mettre les gens à chaussures en état de s’entre-déchirer les uns les autres, c’est la seule façon pour nous d’avoir une prédominance continue sur ce pays de nègres qui a conquis son indépendance par les armes. Ce qui est un mauvais exemple pour les 28 millions de noirs d’Amérique » [4].

Concernant les prestidigitateurs, prestidigitatrices du CEP, leur mise en scène politico-macabre a assez duré. Il est temps que les secteurs qu’ils représentent sortent de leur mutisme. Nous citons : patronat, presse, cultes réformées, conférence épiscopale, université, paysan, vaudou, droits humains, femme, syndical. Leur silence est plus que suspect, il est complice. Seraient-ils tous des disciples de Judas, de Ponce Pilate... !? Comment peuvent-ils défendre des voyous, des malfrats qui nous volent, qui volent le « bon » peuple sans gêne aucun, en toute impunité, qui devraient être contraints de reprendre les législatives sur toute l’étendue du territoire, de réaliser les élections que nous sommes en droit d’attendre d’eux et pour lesquelles ils sont grassement payés.

Gouvernement de transition. Au profit de qui ? Mme Manigat, Evans Paul, Verella,... que sais-je ? Pourquoi faire ? À bien regarder, le pouvoir Martelly n’est-il pas un de transition, une sorte de répétition générale... ?

« Il faut attirer violemment l’attention sur le présent tel qu’il est si on veut le transformer » [5].

La démocratie n’est pas un enjeu et une cause parmi d’autres. Elle est la cause. Quiconque se sert d’elle ne peut que chuter et ... disparaitre.

Yvon Pierre

Doctorant, Sociologie

»» http://www.alterpresse.org/spip.php++cs_INTERRO++article18799#.Ve8zjZfySk8

[1] Jean Hénold Buteau, Haiti Élections : « Arrêtons cette offensive macabre », adresse aux forces démocratiques, http://www.alterpresse.org/spip.php?article18733#.Ved5ZyVViko

[2] Edmund Burke, homme politique et philosophe irlandais, 1729-1797.

[3] Leslie Péan : Vive la résistance contre le fascisme créole, in Le Monde du Sud, 28 août 2015

[4] Franklin D. Roosevelt , président des États-Unis, 4mars 1933-12 avril 1945

[5] Gramsci : 1891-1937. Co-fondateur du parti communiste italien (1925), emprisonné (1926-1937)


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