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Histoire : 1920-1926, Deng Xiaoping apprend la révolution en France

Par Patrick Rambaud pour Actuel en juillet 1989 (1)

Marseille, le 13 décembre 1920. Le steamer "Porthos" vient d’accoster. Un petit jeune homme de seize ans débarque sur le quai, égaré parmi les autres Chinois du Seutchouan qui viennent en France. C’est Deng. Après la Première Guerre mondiale, Ies Européens contrôlent la Chine et ouvrent leurs universités aux étudiants de ce pays.

De 1920 à 1926, Deng, le sympathique petit joufflu entouré de rouge sur la photo, a fabriqué des chaussures en France, à l’usine de Montargis, milité le soir avec des étudiants, manifesté et s’est même emparé de I’ambassade de Chine à Paris. Il est devenu copain avec un autre militant, Zhou Enlai.

Au bureau de I’immigration, Deng est enregistré sous le pseudonyme de Deng Si-Sien. Il va passer quatre mois au collège de Bayeux avant de partir pour La Garenne-Colombes. Là, il va s’intéresser à la politique en rencontrant des compatriotes, communistes, réunis au sein de I’Association des travailleurs franco-chinois, 45 rue de la Pointe. Il se met à dévorer Marx et Lénine puis adhère sans tarder à la toute jeune "Ligue de Ia jeunesse communiste chinoise". Il participe à des manifs. En novembre 1921, à Lyon, la police cogne. Qu’est-ce que Deng faisait à Lyon ? Protester contre la sélection qui fermait les portes de I’Institut franco-chinois aux étudiants sans diplômes. Etre reçu à I’Institut, cela signifiait alors qu’on était logé, nourri et blanchi. Campés devant le bâtiment, les étudiants chinois avaient refusé de déguerpir. La police était donc intervenue, une grande partie des manifestants avait été embarquée sur le "Paul-Lecat" et expédiée en Chine. Deng échappe à la rafle.

Il se méfie quand même et se réfugie à Montargis chez un agronome chinois, un anarchiste qui a créé à La Garenne une usine de Soja. Sous le numéro 22, Deng s’inscrit à la mairie comme ouvrier à I’usine Hutchinson, dans l’atelier de chaussures. Il gagne un franc de I’heure. Le soir il apprend le français. Il apprend aussi à jouer au bridge. ce qui ne I’empêche pas de s’échapper de temps à autre vers Paris où le Parti communiste chinois de France vient d’être créé rue Godefroy, près de la place d’Italie. Deng rencontre fréquemment Zhou Enlai.

Le 7 mars 1923, il est viré de chez Hutchinson. Motif ? "Refuse de travailler." Deng retourne à La Garenne-Colombes et, en 1924, prend sa carte du Parti. Il imprime diverses publications et tire deux journaux. On le surnomme "Docteur es ronéo". Poussé par Chou, Deng va devenir le patron de I’agit-prop. Sa technique doit être la bonne ; en 1924 Ie Parti communiste chinois de France compte cinq cents membres actifs ; plus qu’en Chine. L’année suivante, parce que Chou est rentré au pays soutenir Mao, Deng devient inspecteur délégué.

Il s’installe dans un hôtel de Boulogne-Billancourt où logent des ouvriers de chez Renault : leur bleu de travail aurait, dit-on, inspiré le costume Mao... Voici Deng chez Renault pour deux années. C’est lui qui va organiser, le 21 juin 1925, la prise de la Légation de Chine, rue de Babylone, pour soutenir la révolte des communistes de Shanghai.

Brève du journal ’Action Française’ relatant la prise de l’ambassade de Chine le 21 juin 1925

Deng ne sera repéré par la police qu’en 1926. Quand on perquisitionne chez lui, 3 rue Castejac, il a déjà filé à Moscou...

Une information parvenue le 4 courant a fait connaitre que le Comité d’Action des Groupes Chinois en France avait tenu, le 3 janvier après-midi, dans la salle de la Bellevilloise, 21 rue Boyer, une réunion au cours de laquelle plusieurs orateurs avaient formulé des protestations contre "l’impérialisme international" et invité les Chinois de France à se rallier à la politique pro-communiste du général Feng-Yu-Keiou (2) contre le gouvernement de Pékin.

Le Comité d’Action avait dans les mêmes circonstances décidé d’inviter le ministre de Chine à Paris à prendre position dans le conflit entre le Nord et le Sud de la Chine et à s’élever contre toute intervention internationale. En raison de la prudence observée par les organisateurs du Comité d’Action, l’enquête à laquelle il a été procédé n’a pas encore permis de découvrir le siège et les membres de ce comité.

Cependant, quelques-uns des Chinois ayant pris la parole à la réunion du 3 janvier, ont été identifiés.

L’un d’eux, Teng-Hi-Hien (3), né le 14 juillet 1904 à Sétchouan (4) de Teng-Wo-Min et de Tain-Ché-Tong, loge depuis le 20 août, à rue Castejac à Boulogne-Billancourt.

Il a satisfait aux loi et décret concernant les étrangers.

Arrivé en France en 1920, il a travaillé d’abord à Marseille, puis à Bayeux, à Paris, et à Lyon.

Revenu à Paris en 1925, il a été employé aux usines Renault, à Billancourt, jusqu’au 5 courant.

Il est représenté comme militant communiste et aurait pris la parole au cours de différentes réunions organisées par les communistes chinois, préconisant particulièrement le rapprochement avec le gouvernement de l’URSS.

Teng-Hi-Hien est d’ailleurs en possession d’une quantité de brochures et journaux communistes et il reçoit une correspondance importante provenant de Russie et de Chine.

Deux compatriotes logent avec Teng-Hi-Hien et semblent partager ses opinions politiques. Ils l’accompagnent toujours.

(1) Ne cherchez pas de lien, j’ai recopié l’article à partir d’un exemplaire original du magazine.

(2) Feng Yuxiang

(3) Deng Xiaoping

(4) Sichuan

6 septembre 2021

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