RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher
10 

Irak : Enquête sur la vidéo de la pendaison de Saddam Hussein, et au-delà qui est responsable de quoi ?



Iran : les choses se mettent en place pour l’ escalade, par Sam Gardiner.






 Bush : L’exécution de Saddam est un événement important pour l’Irak.

 Le soldat répond : Et une pierre tombale pour nous.






Mercredi 3 janvier 2006.



1) Comment se présente l’affaire ?

Les autorités irakiennes ont ordonné l’ouverture d’une enquête pour découvrir l’identité de l’auteur d’une vidéo pirate de la pendaison de Saddam Hussein.

"Une enquête a été ouverte pour déterminer qui a filmé, avec son téléphone portable, la vidéo de l’exécution" de l’ancien président irakien, a indiqué une source proche du Premier ministre Nouri al-Maliki.

Les autorités veulent connaître également le nom de celui ou de ceux qui sont responsables de la diffusion de ces images sur internet.

Condamné à mort le 5 novembre 2006 pour "crime contre l’humanité", l’ex-dictateur a été pendu samedi à l’aube par les autorités irakiennes dans une caserne des renseignements militaires de Khadamiyah, quartier nord et majoritairement chiite de Bagdad.

Quelques heures après l’exécution, la télévision publique Iraqia avait diffusé une séquence sans bande sonore d’une vingtaine de secondes -tournée par une équipe autorisée- montrant les derniers instants de Saddam, avant la pendaison elle-même.

Une vidéo pirate mais complète de l’exécution avait été diffusée le lendemain sur internet. De médiocre qualité, ces images révèlent que certains témoins scandaient le nom du chef radical chiite Moqtada Sadr peu avant la mort de Saddam. Elle semble avoir été tournée avec des téléphones portables.


2) Les chiites, le gouvernement irakien et l’Iran désignés comme « responsables » pour « blanchir » les Etats-Unis ?

C’est peu de dire que cette video a été un choc pour tous ceux qui l’on vue. Saddam Hussein y apparaît digne, calme et ce sont les bourreaux cagoulés qui paraissent des gangsters remplissant un contrat, pour qui et au profit de qui ?

L’Iran, et les chiites Irakiens qui sont ses alliés sont les grands perdants de l’affaire, non seulement parce que Saddam appelant à l’unité de son peuple les a désigné avant de mourir comme des gens dangereux mais parce qu’ils portent ou on tente de leur faire porter le poids de ce qui est un assassinat. Tout dans cette video contribuait d’ailleurs à renforcer ce sentiment non d’une exécution légale mais d’un assassinat par des spadassins.
Plusieurs d’entre eux ont invectivé le supplicié à ses derniers instants, alors que des cris de vengeance ont retenti immédiatement après sa mort. L’enquête ordonnée par le gouvernement doit également déterminer l’identité des auteurs de ces cris.
Interrogé par l’AFP, un porte-parole de Moqtada Sadr, Nassar al-Roubaïe, a qualifié de "réaction personnelle" d’un des témoins l’invocation du nom de "Moqtada" lors de l’exécution.

Dans cette affaire, les chiites et l’Iran qui est le seul pays avec les Etats-Unis et Israël a s’être félicité de cette exécution a perdu beaucoup du crédit accumulé auprès des masses arabes et musulmanes ces derniers temps. Peut-être était-ce là l’effet recherché, comme d’ailleurs les Etats-Unis tentent de s’employer à faire retomber sur le gouvernement irakien chiite le poids d’une telle exécution à cette date symbolique.

Le gouvernement des Etats-Unis qui a pourtant contrôlé de A jusqu’à Z le processus ne serait-ce que parce qu’il détenait Saddam Hussein et que c’est lui qui l’a livré à ses bourreaux qui n’ont aucune indépendance par rapport à la puissance occupante, a tout fait pour jouer les Ponce Pilate, nous offrant même un communiqué inhabituel sur les heures tranquilles du président Bush. S’agissait-il de faire accroire à la fiction d’un Irak indépendant et « démocratique » ou d’exaspérer les conflits entre sunnites et chiites, ou enfin cela prévoit-il des renversements d’alliance, un futur orienté vers l’abaissement des Chiites que l’invasion, le conflit du Liban ont fait gagner en puissance et avec eux l’Iran ? Probablement les trois à la fois...

"Nous avons tous été surpris. C’était un acte terrible", a expliqué à la BCC un conseiller du Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, Sami al-Askari, qui assistait à la pendaison.
"Nous souhaitions tout faire en accord avec la loi. Et puis à la dernière minute, l’un des gardes a commencé à crier ces mauvaises choses", a déclaré M. Askari. "C’était l’un des gardes masqués. Tous les témoins dans l’assistance ont été choqués", a-t-il accusé.
Selon le procureur général Mounqeth al-Faroun, également présent à la pendaison, seuls deux témoins disposaient de téléphone portable parmi la vingtaine de personnes présentes. "Tous deux étaient des hauts responsables du gouvernement", a-t-il souligné sur la chaîne al-Jazira refusant cependant de les nommer.

De son côté, le président Jalal Talabani a affirmé mardi qu’il s’était "tenu à l’écart" de l’exécution, assurant qu’il "ne savait pas à l’avance" la date de la pendaison de l’ex-dictateur.

Très embarrassante pour le Premier ministre Maliki et la coalition chiite au pouvoir, ces images ont encore accru l’indignation au sein de la communauté sunnite irakienne et du monde arabe, alors que des milliers d’Irakiens continuaient mardi à venir rendre hommage à l’ancien président dans son bastion de Tikrit (180 km au nord de Bagdad) et dans son village natal d’Aouja, où repose sa dépouille. Des délégations venues des principales régions sunnites du pays, Anbar, Diyala, Mossoul, ont continué d’arriver sur place.

Dans un communiqué sur internet, Ezzat Ibrahim, l’ex-numéro deux de Saddam Hussein, toujours en fuite, a appelé tous les groupes jihadistes à former un "front" commun de "résistance" pour "libérer" l’Irak, en rendant un vibrant hommage posthume au président déchu.


3) Les troupes nord-américaines et étrangères doivent quitter le sol irakien.

Il est clair que les trois objectifs : premièrement faire assumer comme une « étape de la démocratie » d’un Irak indépendant l’exécution de l’ancien dictateur, deuxièmement accroître les divisions internes confessionnelles de l’Irak, empêcher son unité nationale, enfin troisièmement faire porter le poids de l’assassinat du président légitime de l’Irak le jour de la plus grande fête musulmane, celle de la clémence, sur la communauté chiite et sur l’Iran, ont été remplis avec des fortunes diverses.

Il n’est guère que l’opération d’isolement de l’Iran et des chiites irakiens qui semble momentanément avoir marqué des points grâce il faut bien le reconnaître à la maladresse politique dont ils ont témoigné dans cette affaire, en privilégiant le désir de vengeance sur la simple justice et l’autodetermination du peuple irakien. En effet se féliciter de la mort de Saddam Hussein alors qu’il emportera probablement dans sa tombe les complicités nouées avec la CIA dans la répression des Chiites irakiens comme communistes, dans la guerre Iran-Irak, c’est vraiment se montrer aussi irresponsables que les bourreaux de la vidéo-pirate. Ni le Hezzbolah, ni le Hamas ne les ont suivi, sans parler du monde musulman où la condamnation a été unanime de la part des populations, de l’homme de la rue. Les dirigeants arabes qu’ils soient chiites ou sunnites qui se sont tus devant cet assassinat politique ont été sévérement condamnés par cette même opinion publique, ce qui relativise l’isolement de l’Iran.

Si Bush par cette execution a cru pouvoir y compris faire face à l’opinion publique nord-américaine qui réclame de plus en plus le retrait de l’Irak, dans le même temps où il tente d’isoler l’Iran, de diviser le monde musulman, il est clair que cette opération se retourne une fois de plus contre lui.

Car le fond d’un tel événement, celui sur lequel toutes les forces progressistes doivent tabler, est que l’occupation nord-américaine et ses alliés britanniques se justifie moins que jamais, il n’y aura aucun gouvernement légitime en Irak tant qu’il subsistera un seul soldat étranger. L’Irak paraît moins que jamais indépendant et il ne le sera qu’avec le départ des troupes nord-américaines. Cette occupation illégale entretient les divisions confessionnelles, les attise, les crée et le seul gouvernement légitime sera celui qui sera capable de recréer l’unité nationale de l’Irak, son indépendance, la véritable étape démocratique ici comme ailleurs passe par le respect de la souveraineté de l’Irak.

Danielle Bleitrach, sociologue.



Butin de guerre : la loi qui légalise la rapine des ressources irakiennes prochainement approuvée par Bagdad, par Stefano Chiarini.


L’administration Bush élabore des plans pour un bain de sang en Irak, par Bill Van Auken.

La peine de mort contre Saddam Hussein, pierre angulaire de la haine, Danilo Zolo. + Jean Bricmont.


Objectif Iran : la vérité sur les projets de la Maison Blanche en vue d’un changement de régime - interview de Scott Ritter par Amy Goodmann.




 Dessin : Latuff http://latuff2.deviantart.com


URL de cet article 4557
   
Même Auteur
Les Etats-Unis de mal empire : Ces leçons de résistance qui nous viennent du Sud
Danielle BLEITRACH, Maxime VIVAS, Viktor DEDAJ
Présentation de l’éditeur Au moment même où les Etats-Unis, ce Mal Empire, vont de mal en pis, et malgré le rideau de fumée entretenu par les médias dits libres, nous assistons à l’émergence de nouvelles formes de résistances dans les pays du Sud, notamment en Amérique latine. Malgré, ou grâce à , leurs diversités, ces résistances font apparaître un nouveau front de lutte contre l’ordre impérial US. Viktor Dedaj et Danielle Bleitrach, deux des auteurs du présent livre, avaient intitulé (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

"Jamais je ne demanderais pardon au nom des Etats-Unis - quelles que soient les raisons."

Président George Bush (père)
après qu’un avion de ligne régulière Iranien ait été abattu par un missile états-unien

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.