Le juge d’instruction, Renaud Van Ruymbeke, qui enquête sur le volet financier de l’affaire Karachi, se trouve actuellement à Genève (Suisse) pour y entendre un acteur clé dans cette affaire.
L’objectif est encore et toujours de trouver les preuves d’un éventuel financement illégal de la campagne menée par l’ancien Premier ministre et candidat, Edouard Balladur, lors de l’élection présidentielle de 1995.
La ténacité du juge Van Ruymbeke, dans cette affaire, est à la hauteur de l’explication farfelue qui veut que la somme de plus d’un million d’euros ayant servi à financer cette campagne provienne de la vente de "pin’s" !
A ce stade, on aurait également pu nous affirmer avec conviction que la campagne menée par M. Balladur avait été financée par la vente de canettes de bière vides transformées en cendriers. C’est la même chose.
Face à une explication aussi ridicule, vous en conviendrez, une enquête approfondie s’impose car il y a anguille sous roche.
C’est dans ce contexte que le juge va rencontrer un homme d’affaires libano-espagnol vivant en Suisse, Abdulrahmane El Assir. Cet ex-associé du désormais célèbre Ziad Takiedine (déjà mis en examen dans l’affaire Karachi), pourrait apporter un éclairage nouveau dans cette affaire, car comme Takiedine, El Assir, l’un des intermédiaires, a eu un rôle important dans le déroulement et la signature des contrats "Agosta et Sawari".
M. El Assir a été mis en examen pour "complicité d’abus de biens sociaux, blanchiment aggravé et recel d’abus de biens sociaux aggravés".
Ainsi, M. El Assir est-il également concerné par les commissions et leur versement.
Cette enquête traîne, les juges enquêtent mais, de toutes parts, des esprits malveillants font le nécessaire pour leur compliquer la tâche.
Ceux qui oeuvrent pour ralentir l’enquête sont les mêmes qui, face caméra, parlent avec conviction de la justice, de son indépendance et avec fierté dépeignent la France comme un Etat de droit.
Le pire dans cette affaire reste que, tout comme l’affaire des frégates de Taiwan, la vérité est quelque part, écrite noir sur blanc, dans des documents où figurent les noms de celles et ceux, personnalités de droite comme de gauche, qui ont touché commissions et rétrocommissions dans l’affaire Karachi.
La vérité est classée secret défense, mais la commission du secret défense peut le lever afin que toute la lumière soit faite. En effet, Les juges Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire soupçonnent que des rétrocommissions en marge de ces contrats ont servi à financer la campagne présidentielle d’Edouard Balladur en 1995.
La levée du secret défense dans l’affaire Karachi faisait pourtant partie des promesses du candidat François Hollande durant la campagne présidentielle. Il l’avait assuré aux familles. Pour le moment, au vu de l’enquête des juges, il n’y a eu aucune levée de ce secret défense et il n’y en aura sans doute pas. Cette promesse n’a, une fois de plus, engagé que ceux qui l’ont écouté.
Les groupes de pression oeuvrant, en coulisses, pour l’adoption d’enfants par des couples de même sexe seront, sans doute, plus écoutés que les familles des victimes, car le président de la République tiendra sa promesse.
En revanche la pression des familles qui, ont, injustement, perdu leurs proches dans un attentat lié aux rétrocommissions et mettant en cause un ancien candidat à l’élection présidentielle soupçonné d’avoir financé sa campagne avec ces mêmes rétrocommissions, ne représente manifestement pas une pression suffisante pour que le président de la République, François Hollande tienne sa promesse de lever le secret défense comme il s’était engagé à le faire lorsqu’il avait reçu les familles des victimes.
Comment expliquer cela ? Soit la levée de secret défense n’est pas intéressante pour François Hollande, d’un point de vue électoral maintenant qu’il est élu soit des personnalités politiques de droite comme de gauche ont des choses à se reprocher dans l’affaire Karachi.