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L’éducation socialiste cubaine, un exemple pour le monde

Il peut paraître surprenant, pour de nombreuses personnes, que ce petit pays qu’est Cuba, qui continue à tracer et à perfectionner sa propre voie socialiste dans des conditions ô combien difficiles et dans un contexte géopolitique particulièrement tendu, ait néanmoins réussi à développer un système éducatif d’une aussi excellente tenue. Il convient d’emblée de rappeler que Cuba reste aujourd’hui un pays relativement pauvre, principalement en raison du blocus criminel imposé par les Etats-Unis d’Amérique depuis 1961 (57 ans de blocus !), juste après la victoire de la révolution cubaine et du pouvoir socialiste, marquant le point de départ du processus de réappropriation et de nationalisation des ressources naturelles du pays.

Ce paradoxe apparent d’un pays majoritairement peu développé ayant réussi à se constituer de véritables secteurs de pointes (éducation, santé, agriculture) est d’autant plus incompréhensible aux yeux des esprits malins qui « prédisaient » l’effondrement imminent de Cuba socialiste dans le sillage de la défaite de l’URSS, sous prétexte que l’île n’aurait été qu’un vulgaire « satellite » incapable de se satisfaire à lui-même : non seulement Cuba a tenu bon, mais a hautement perfectionné son mode de développement socialiste et s’est doté d’un modèle pédagogique comptant aujourd’hui parmi les plus performants du monde, dépassant de loin ceux de la plupart des pays capitalistes monopolistes dit « avancés » - les Etats-Unis se retrouvant, en la matière, relégués loin derrière.

Si les institutions internationales ne peuvent démentir, sous peine de se trouver frappées d’une mauvaise foi trop manifeste, les immenses réussites du système éducatif cubain (l’UNICEF déclare Cuba « paradis de l’enfance » et champion du monde de la protection des droits des enfants et l’UNESCO évoque son éducation comme un « exemple pour le monde »[1] entier), il est clair que le caractère criminel d’un tel blocus (qui n’est pas réductible à un simple embargo, mais qui possède tous les caractères propres à une véritable mesure de guerre économique visant à l’appauvrissement et asservissement de tout un peuple) ne peut que limiter les colossales potentialités d’un tel système : aussi Cuba socialiste ne bénéficie que d’un accès pour le moins restreint au matériel et aux outils informatiques, ou même, plus basiquement, au matériel élémentaire que sont les cahiers, les livres, les stylos.

Lénine disait que « là où il y a une volonté, il y a un chemin ». Cuba demeure l’exemple par excellence d’un pays et d’un peuple héroïques parvenus à se doter des meilleures institutions de santé et d’éducation, grâce à la volonté politique inébranlable de son Parti Communiste. Sans nous étendre sur les détails du domaine de la santé (l’industrie pharmaceutique et le système cubain de santé constituent les principales sources économiques du pays), il est évident que ces deux systèmes vont de paire : ainsi, par exemple, La Havane possède la meilleure université de médecine de toute l’Amérique Latine. Remarquons que cette université ouvre ses portes à de nombreux étudiants latino-américains et américains (une centaine par an pour ces derniers), tout en leur assurant l’entière gratuité de la formation, à condition qu’ils mettent ensuite, durant quelques années, leurs compétences au service des régions pauvres de leurs pays respectifs (la concentration des structures médicales au sein des capitales latino-américaines est un véritable problème pour cette moitié du continent).

Il faut certainement chercher les raisons du fait que Cuba ait aujourd’hui un indice de développement de l’éducation pour tous extrêmement élevé, bien supérieur à ceux des pays dits développés, dans le fait que la République socialiste de Cuba, en vertu du rôle central accordé à l’éducation comme axe de développement, ait cherché à mettre en place de nombreux programmes ayant pour but de favoriser la sociabilité et le goût de l’apprentissage chez l’enfant, et ce, dès son plus jeune âge.

L’exemple le plus parlant est certainement le fameux programme « Educa a tu Hijo » (« Eduque ton enfant »), produit d’un investissement de la République cubaine effectué dans les années 1970, à travers l’Institut Central des Sciences Pédagogiques (ICCP), à destination des parents et des familles vivant dans les zones reculées - que ce soit dans les campagnes ou dans les montagnes - n’ayant pour ces raisons que très peu accès aux Cercles infantiles (institutions pédagogiques et d’enseignement, mis en place à partir de 1961 et accueillant des enfants en âge périscolaire, de 45 jours à 6 ans. Il existe actuellement à Cuba environ 1130 Cercles infantiles, pour environ 9000 éducateurs) afin de les préparer au mieux à la vie en société, à l’intégration scolaire mais également à la prévention hygiénique et sanitaire. Ainsi, 70% des enfants en âge périscolaire participent à ce programme « Educa a tu Hijo », que l’UNESCO reconnaît comme un programme d’excellence et de très haute tenue, au côté d’un programme cubain d’alphabétisation, « Yo si puedo », utilisée désormais dans de nombreux pays et traduit dans un grand nombre de langues. On estime actuellement à des millions de personnes le nombre de personnes alphabétisées grâce à cette méthode.

Dans sa forme et dans son contenu, l’éducation à Cuba se répartit en 6 étapes, du premier moment pédagogique (préscolaire) au niveau le plus élevé (université). Ces 6 étapes comprennent quant à elles douze niveaux scolaires (l’université suivant justement le niveau 12), l’éducation étant obligatoire du premier niveau (première année de primaire) au neuvième niveau (dernière année du secondaire basique), avec des journées de cours s’étendant de 8h à 17h. Se succèdent donc : les Cercles infantiles (préscolaire) ; le primaire (du premier au sixième niveau) où sont enseignés les mathématiques, l’espagnols, l’informatique, la géographie et l’histoire, l’éducation civique et l’histoire nationale, les sciences naturelles et l’éducation au travail.

Parallèlement à cette éducation élémentaire, la République socialiste cubaine encourage le développement et l’activité de cercles d’intérêts et d’ateliers dans le but d’éveiller la créativité de l’enfant à travers des activités variées, afin de l’aider à prendre connaissance de ses propres talents et vocations. De ce point de vue, l’association de jeunesse des Pionniers joue un rôle considérable.

Le secondaire couvre quant à lui le 7ème, le 8ème et le 9ème niveau, et aborde le même type de matières, sans oublier l’éducation artistique, afin de détecter les prédispositions et d’orienter potentiellement les élèves vers les Ecoles des Arts (peinture, musique, danse, théâtre). Vient ensuite le niveau pré-universitaire pour les élèves du 10ème et 11ème niveau.

Le 12ème niveau répartit les élèves en 4 sections pré-universitaires que sont 1) la filière des sciences médicales, agricoles, biologiques et les cultures physiques, 2) celles des sciences techniques (physique, biologie et mathématiques), 3) celle des sciences pédagogiques, 4) l’éducation technique professionnelle préparant les futurs ouvriers et techniciens. L’Université, quant à elle, est accessible après ce 12ème niveau (12+).

L’éducation des adultes se trouve assurée avec un système pédagogique organisé sur trois niveaux : l’éducation ouvrière et paysanne, la secondaire ouvrière et paysanne, et enfin, la faculté ouvrière et paysanne.

Pour ce qui est de la prise en charge et de l’apprentissage des enfants souffrants d’handicaps physiques ou mentaux, l’île s’est dotée d’un ensemble de plus de 420 écoles capables de répondre aux objectifs de préventions, d’assistance et d’intégration.

Il est à noter que les élèves du primaire et du secondaire reçoivent chaque midi un repas gratuit défrayé par l’Etat. L’aide matérielle garantie par l’Etat cubain ne s’arrête d’ailleurs pas là puisque la République fournit également, à un prix très bon marché, les habits portés par les jeunes scolarisés ainsi qu’une autorisation d’inscription en demi-pension, pour ceux dont le domicile se trouverait trop loin de chez eux. A l’université, les étudiants sont quant à eux rémunérés par l’Etat à la hauteur d’environ 25$ par mois, sous une condition d’un service social (également rémunéré) d’une durée de deux ans à la sortie de leurs études universitaires. Tout cela dans le but de faire participer les jeunes diplômés cubains à l’effort collectif de production, tout en faisant profiter la population laborieuse de leurs compétences.

Il est évident que la forme prise par le système éducatif à Cuba est indissociable de son mode même de production qu’est le socialisme, comme production socialisée et fin de l’exploitation de l’homme par l’homme et où la recherche effrénée du profit laisse enfin place à la volonté politique consciente et forte du Parti Communiste, instrument des masses laborieuses. Cuba socialiste conçoit d’ailleurs sa conception de l’accès à la culture comme droit humain fondamental comme découlant directement des principes révolutionnaires du héros national de la lutte pour l’indépendance, José Marti, créateur en 1892 du Parti révolutionnaire cubain, et selon lequel on ne devait pas s’arrêter dans l’effort tant que l’idéal d’une société garantissant la justice pour tous n’a pas été atteint.

Cette volonté politique et cet héritage extrêmement prégnant de Marti s’inscrit directement dans la Constitution de 1976, adoptée démocratiquement à partir d’une large majorité populaire, prévoyant une instruction publique obligatoire et gratuite. En ce sens, l’évocation du caractère premier de l’éducation au sein de la Constitution ne fait que ratifier la volonté première exprimée par les révolutionnaires cubains de 1959 : la promotion de la meilleure éducation moderne et publique (la loi d’enseignement du 6 juin 1961 abolit le droit à l’enseignement des établissements privés ainsi que les vieilles méthodes pédagogiques) possible, capable de garantir le plein développement de l’être humain.

Simon-JRCF

[1] A partir de plusieurs critères (qualité de l’enseignement, première enfance, primaire, jeunesse, alphabétisation des adultes, égalité entre les sexes).

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