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La CGT à la croisée des chemins

Cela fait maintenant plus d’un an qu’à Montreuil, le siège de la CGT est dans la tourmente au sujet de la « succession » de B. Thibault à la tête de ce qui est toujours la première organisation syndicale de France.

Les réunions succèdent au réunions, les médias se saisissent de l’aubaine pour réduire la question à une opposition d’égos alors que depuis maintenant plus de 10 ans et son adhésion à la Confédération Européenne des Syndicats financée par l’Ue de Bruxelles, la direction confédérale tente de jeter par dessus bord son héritage de classe.

Pourtant au moment de l’adhésion à la CES, on allait voir ce qu’on allait voir, la CGT allait transformer en organisation de lutte cette héritière de la Confédération européenne des syndicats libres fondée par la CIA et de l’Organisation européenne de la Confédération Internationale des Syndicats Chrétiens fondée par le Vatican !

En réalité, l’adhésion à la CES puis la participation à sa direction (Joël Decaillon, secrétaire général adjoint) a permis de réaliser ce qui semblait impossible (et qui avait échoué en 1947 avec la création de FO) : le « syndicalisme rassemblé » et la réunification syndicale française par le haut sur une ligne réformiste et d’alliance avec la direction de la CFDT .

Ralliement à l’Europe, perte d’indépendance et actions seulement dans le « cadre unitaire », toutes ces dérives passent de moins en moins : lorsque dans la préparation du 49ème congrès, le bureau confédéral lança une enquête dans toutes ses UD et fédés, les remontées furent : « nous on est d’accord avec la ligne de la Conf’ mais sur le terrain et dans les syndicats, ça ne passe pas » ; pendant ce même congrès pourtant cadenassé, la visite prévue de Chérèque dut même être annulée au dernier moment par peur du chahut !

Ce qui passe de moins en moins, c’est aussi la gouvernance calquée sur le syndicalisme anglo-saxon à l’opposé de la démocratie syndicale réelle, avec des organismes élus (Commission exécutive et Bureau confédéral) concurrencés par un cabinet de « collaborateurs » plus ou moins discrets dont le chef de file n’est autre que JC Le Duigou, qui n’a décidément jamais eu autant de pouvoir dans la CGT que depuis qu’il a quitté le Bureau Confédéral.

Pourtant, ce « camarade » ne présente pas toutes les garanties d’indépendance que les travailleurs attendent d’un dirigeant syndical. Il participe notamment depuis des années à la direction de l’association « Confrontations-Europe » dirigée par Philippe Herzog, toute entière dédiée à la construction européenne et à l’association capital-travail, aux côtés de toute la fine fleur du capitalisme, de ses grands patrons et de ses serviteurs : Jean-Paul BAILLY (Président du Groupe La Poste), Jean GANDOIS (Vice-Président du Conseil d’Administration de Suez), Marcel GRIGNARD (Secrétaire général adjoint de la CFDT), Francis MER (Président de SAFRAN, ancien ministre de l’économie, des finances et de l’industrie), Michel PEBEREAU (Président du Conseil de surveillance de BNP-Paribas), Franck RIBOUD (Président Directeur Général du Groupe DANONE), Alain LAMASSOURE (Membre du Parlement européen), Michel ROCARD, Alexandre ADLER, Henri DE CASTRIES, Jacques DELORS, Pierre GADONNEIX, Louis GALLOIS, Denis KESSLER, Pascal LAMY, Anne LAUVERGEON, Gérard MESTRALLET, Mario MONTI, Pierre MOSCOVICI, Guillaume PEPY, Henri PROGLIO, Louis SCHWEITZER, Jean-Cyril SPINETTA, Dominique STRAUSS-KAHN...

Négation de la lutte des classes, engagement pour le dialogue entre partenaires sociaux, soutien à l’UE et à tous ses textes, le résultat est que le monde du travail n’a jamais connu de tels reculs de toute son histoire.

La question n’est donc pas aujourd’hui pour la CGT de savoir si le successeur de Bernard Thibault doit être un homme ou une femme venant de telle ou telle fédé, désigné en novembre et ratifié par un congrès sous contrôle ; la question essentielle est celle de l’orientation à donner à la Grande Dame pour faire renaître un syndicalisme victorieux.

Il faut donc être clair : si, au sommet de l’organisation, le clivage qui dure depuis un an se présente comme une opposition et une compétition de personnes, dans toute la CGT, le débat de fonds, qui concerne le bilan des 15 dernières années et l’orientation à modifier en profondeur, arrive à maturité après notamment l’échec de la lutte de 2010 sur les retraites.

Dans la grave crise que nous traversons avec ses graves conséquences pour de plus en plus de travailleurs, la question centrale pour notre CGT est décisive aussi pour l’ensemble des travailleurs :

- ou la CGT sous l’égide de la Confédération européenne des Syndicats se calque sur le syndicalisme à l’anglo-saxonne contrôlé et rassemblé par en haut, rompant avec le fédéralisme

- ou elle renoue d’une part avec la défense intransigeante des revendications immédiates et d’autre part avec le syndicalisme des structures de base, d’entreprises et le fédéralisme sur la base de l’objectif commun, au-delà des revendications spécifiques, de la fin de l’exploitation et de la socialisation des moyens de production et d’échange.

Avec les adaptations nécessaires aux évolutions du monde du travail, sans confondre l’intelligence dans le combat avec le renoncement à ses exigences et aux impératifs de ce qui ne change pas : les intérêts des travailleurs … et la lutte des classes !

Le 50ème congrès confédéral à venir doit connaître une intense confrontation d’idées et être un congrès souverain. Pour cela, il appartient à tous les militants de préparer ce congrès en exigeant que la désignation des congressistes -mandatés après débat sur les orientations et les revendications- ne soit pas imposée par en haut comme c’est devenu la coutume et qu’aucun délégué, même jugé « peu sûr », ne soit accueilli par les lacrymogènes d’un service d’ordre musclé comme ce fut le cas lors du dernier congrès de la Fédé du Commerce à Poitiers.

Dans toutes les sphères de la vie collective, le besoin de démocratie grandit ; la CGT doit s’inscrire pleinement dans ce courant et dans cette volonté populaire, la candidature Delannoy lors du 49ème congrès, illustrant cette exigence malgré le rejet autoritaire dont il a été victime.


Alors oui, le 50è congrès doit constituer un nouveau départ !

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