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La "décroissance" est un poison pour l’agroécologie

Une réaction de l'auteur de "L'écologie réelle, une histoire soviétique et cubaine" (Delga, 2018) au dernier essai de Paul Ariès "Les rêves de la jeune Russie des soviets" (2017, Les bords de l'eau).

Science ? Théorie politique ? Agronomie ? Nostalgie romantique ? Un malentendu plane souvent sur le terme d’écologie... ce qui invite certains « décroissants » à réduire par exemple l’immense expérience soviétique en la matière à sa seule dimension de « protection de l’environnement » contre un homme par nature mauvais et dilapidateur de ressources. C’est dans ce contexte qu’à la faveur du centenaire de la révolution d’Octobre, nombreux sont ceux, à gauche, qui finissent par reconnaître l’héritage « écolo » des jeunes années du bolchevisme... pour mieux souligner bien sûr son écrasement rapide par le tyran Staline.

Il faut dire que cette histoire écologique de l’URSS est restée jusqu’aux ouvrages de Bellamy Foster[1], assez largement inconnue du grand public. A tel point que beaucoup de communistes eux mêmes, ignorant ce précieux patrimoine, se sentent obligés de défendre l’agriculture chimique ou l’Uranium pour mieux se démarquer d’une dernière mue de la « gauche anticommuniste », voire de ce que les intellectuels nomment « l’écosocialisme » (adjonction à un marxisme « incomplet » d’une question écologique qu’il aurait manqué).

Dans le récent essai de Paul Ariès « Les rêves de la jeune Russie des Soviets, une lecture antiproductiviste de l’histoire du stalinisme » (2017, Ed. Le bord de l’eau), un chapitre est justement consacré à cette question cruciale, un siècle après le fameux decret Lénine sur la protection des forêts et jardins (1921), fondateur du mouvement. Celui-ci, en nationalisant l’ensemble du territoire russe, imposa pour la première fois à cette échelle la création de vastes réserves naturelles intégrales, interdisant absolument l’accès à l’homme (sauf quelques scientifiques désignés) ; les fameux zapovedniks, « must » des réserves naturelles y compris à ce jour.

Pour Paul Ariès, il y eu bien un influent mouvement de protection de la nature dans les premières années, qui disparut brutalement sous Staline avec la construction du socialisme (NEP puis collectivisation). Il est vrai que l’ensemble des dispositions prises par les bolcheviks pour la protection des forêts, considérées comme partie de la richesse nationale à préserver absolument, fut un virage à 180 degrés par rapport à la politique de déforestation intense et de commerce du bois qu’organisait le Tsar jusque là. Mais celle-ci, soulignons le dès maintenant, atteint son apogée non sous Lénine mais bien sous Staline à la fin des années quarante, après une longue période de restructurations et de reculs[2] liés aux aléas de la sociologie rurale. Car, du point de vue scientifique, l’agroécologie réelle ne se développe malheureusement pas par décret : elle suppose une vraie accumulation de richesses tant du point de vue technique (la polyculture est plus couteuse que la monoculture par exemple en terme de matériel de récolte), que du point de vue scientifique (la permaculture suppose un bond en avant des connaissances en biologie végétale et en pédologie) et social (elle suppose aussi un plus haut degré d’éducation et de formation chez les paysans, qui passent de statut d’exécutant à celui d’agronomes de leur propre sol). En URSS comme plus récemment à Cuba, actuel leader mondial du développement durable et de l’agroécologie, il a fallu une NEP écologique pour obtenir ensuite des résultats tangibles.

PIONNIERS DE L’AGROÉCOLOGIE DANS LES ANNÉES TRENTE ET QUARANTE

Un paradoxe : Les zapovedniks, ces réserves naturelles intégrales, qui protégèrent l’infinie richesse des paysages soviétiques. On ne s’y attarde pas dans le livre, et pour cause : ils n’ont jamais cessé de se développer, en nombre et en surface... jusqu’aux années cinquante, avant l’arrivée au pouvoir de Khrouchtchev. Celui-ci, décidant brutalement de suivre le modèle productiviste agricole américain, balaya en effet d’un revers de main ces « surfaces improductives »... qui ne se redéveloppèrent qu’à partir des années 70.

Mais il y a plus grave : rien n’est dit dans ce chapitre, au-delà de la simple « protection de la Nature », sur l’agriculture soviétique elle même ! Quel écologiste actuel pourrait se désintéresser des questions agricoles, en particulier de la lutte contre l’agriculture intensive et court-termiste, pour ne se consacrer qu’aux seules réserves naturelles ? Nous le montrerons plus loin : Cette ombre est elle aussi trés opportune pour servir le propos, car c’est bien dans les années trente et surtout quarante que l’URSS développa à grande échelle une agriculture de type résolument écologique, opposée à « l’agriculture chimique » à la mode à l’époque en Occident.

C’est sur les hommes et les théories politiques, bien plus que sur les acquis, bien réels, de la politique forestière et agricole soviétique que se penche Paul Ariès, pour sa démonstration. C’est assez peu scientifique et très individualiste. Mais là encore, on peut se permettre quelques doutes.

VERNADSKI FUT APPUYÉ PAR STALINE, NON PAR LÉNINE

S’agissant du célèbre Vernadski, le premier, le plus célèbre des écologistes scientifiques, l’inventeur du concept central de « biosphère », et qui fût soviétique, l’auteur convaincu a priori de l’hostilité du « tyran rouge », attribue l’appui politique à sa première publication, « La biosphère » (1926) ... à Lénine ! Ou plutôt au spectre de Lénine, puisque ce dernier était mort depuis deux ans...

L’exemple de Vernadski est pourtant un exemple très parlant du niveau de reconnaissance qu’eut l’Etat soviétique pré-khrouchtchévien pour les sciences et la protection de l’environnement. Lui qui mourut en 1945 avait donc « survécu » au stalinisme sans tracas politique. Pour Ariès, c’est parce qu’il était devenu « intouchable »[3] par cette gloire scientifique qu’avait adoubé (le spectre de) Lénine en 1926. En réalité ce que ne dit pas le livre, c’est que Vernadski n’était pas bolchevik ! Il était même avant Octobre, parallèlement à sa carrière de scientifique, un des cadres du parti Cadet (le parti de droite aux affaires entre février et octobre 1917). C’est pour cette raison qu’il resta en exil jusqu’en 1926, date de son retour en Russie.

N’est-il pas particulièrement incompréhensible, sous cet angle de vue étroit, qu’un tel profil ait pu devenir en quelques années le « père de la science soviétique », bardé de médailles et donnant son nom à tant de rues et d’immeubles soviétiques après sa mort en 1945 ? Qu’il ait pu avoir droit cette année là à des obsèques nationales et officielles ?

A l’évidence, que l’Etat soviétique consacre un tel scientifique pour son œuvre écologiste, puisqu’elle n’était pas la récompense d’une soumission politique (Vernadski n’était pas communiste), prouve qu’au coeur de l’histoire écologiste de l’URSS se tenait l’Etat lui-même, plutôt que quelques initiatives individuelles, réprimées ou non.

DU ROMANTISME DECROISSANT A LA MATURATION D’UNE VERITABLE PERMACULTURE NATIONALE

Si on examine cette époque d’un peu plus près on comprendra que la jeune Russie soviétique n’avait pas vu naître un mais plusieurs courants « écologistes » dans le sens que l’on entend aujourd’hui. Deux pour l’essentiel : le courant « antiproductiviste », composé d’intellectuels plus enclin aux mythes naturels qu’aux sciences biologiques, et le courant « scientifique », lié à la prestigieuse Académie des Sciences, qui quant à lui expérimentait à l’époque une agriculture tirant profit de la nature de façon « durable », pour utiliser le vocabulaire en vogue.

Le premier courant, que Paul Ariès met en avant, était un mouvement à forte connotation romantique et radicalement naturaliste, d’aucuns diraient « gauchistes », tandis que l’autre reprèsentait, nous le montrerons, la véritable maturité du courant « écologique » en URSS, sa traduction opérante, concrète. Le premier, fort naturel dans les premières années quand explosaient toutes sortes de courants idéalistes ou maximalistes, en pédagogie, en art, en littérature, en urbanisme, dans tous les domaines de la société, fut défait avec le retour au réel et les premières famines que connut l’URSS –contexte omis par Paul Ariès- tandis que le second se construisit progressivement jusqu’aux expériences agroécologiques d’après guerre, celles qui furent démantelées quelques années plus tard par le seul véritable « productiviste » qu’ait connu l’URSS : Khrouchtchev.

Le tort de Staline d’après Ariès serait d’avoir discrédité, caché derrière les intellectuels soviétiques Déborine ou Prezent, les cadres du mouvement écologiste « conservateur » pour cause d’« anti-productivisme »... au début des années trente.

Comment peut-on sérieusement soutenir le courant idéaliste des Lounatcharsky et autres Bogdanov qui voulaient soustraire la « Nature » à « l’exploitation » humaine quand les famines des années vingt et trente devenaient le principal problème à résoudre pour l’Etat soviétique ? Le précieux travail de l’historien américain Mark Tauger (« Famine et transformation agricole en URSS », Delga) démontre que c’est bien vers la fin des années trente (fin de la collectivisation des campagnes) que les famines disparurent. Une disparition qui fut définitive dans l’immédiat après guerre, après les disettes liées à l’invasion nazie et non liées aux infrastructures agricoles. Or c’est à cette époque qu’on put se permettre de mettre en place sur une très large échelle de véritables expériences d’agroécologie, tant moquées par les agronomes occidentaux de l’époque, adeptes sans scrupules de l’agriculture chimique et intensive.

Rien sur cette période cruciale dans le livre de Paul Ariès donc, c’est dommage. Ce point est pourtant crucial pour les permaculteurs d’aujourd’hui, qui s’intéresseraient sans doute, y compris de façon critique, à un tel héritage technique. Ariès oppose dans son livre le courant « écologiste » des Lounatcharsky et Bogdanov, à un courant péjorativement « scientiste », supposé incarner le retour du productivisme contre la protection de l’environnement. Sortons donc de telles caricatures.

Dans les années trente, l’agronomie soviétique était elle-même le siège d’un affrontement entre deux écoles de pensée : d’une part celle d’un certain Pryanichnikov, zélateur du modèle chimique d’agriculture intensive très influencé par l’occident dans ses pratiques et ses techniques, et d’autre part celle de Williams, Lyssenko[4] et plusieurs autres adeptes « mitchouriniens » d’une méthode « agrobiologique », plus naturelle, prudents vis-à-vis des engrais chimiques et hostiles aux pesticides, considérant le sol et sa préservation comme la base de toute fertilité[5].

Pryanichnikov eut lui aussi son heure de gloire, assez courte, pendant les années de guerre, quand l’industrie militaire produisait des déchets azotés utilisables en agriculture pour dopper la productivité et tenter dans l’urgence d’enrayer les famines (en particulier les nitrates). Mais dans les années suivantes, alors que cette production d’engrais continua opportunément de se développer en agriculture à l’ouest jusqu’aujourd’hui, avec les résultats que l’on sait, l’agronomie soviétique prit un tournant extraordinaire en rejettant les méthodes (productives mais court-termistes) de Pryanichnikov pour installer dès 1948 un « grand plan de transformation de la nature » sous la forme de la plus grande entreprise d’agroforesterie de l’histoire, sur une surface deux fois supérieure à la France, dans la Russie méridionale.

AGROBIOLOGIE SOVIÉTIQUE CONTRE AGROCHIMIE OCCIDENTALE

Les permaculteurs parlent aujourd’hui d’agroécologie plutôt que d’agriculture « bio », car au-delà d’une simple suppression des engrais chimiques et des pesticides en agriculture, produire « autant » (puisqu’il s’agit de nourrir les hommes dans leur ensemble et non quelques privilégiés) sans de tels dopants relève bien sur d’une science naturelle complexe : L’agroécologie considère par définition le sol fertile comme une « usine » qu’il faut entretenir pour qu’elle soit productive, quand les chimistes de l’agriculture intensive le considèrent comme un « réservoir » passif et sans vie, qui n’aurait qu’à accumuler les intrants nécessaires à la croissance des plantes cultivées.

Il y avait bien en URSS une lutte théorique entre les chimistes partisans d’un sol « réservoir », donc à fertilité « limitée » et qu’il faut nier/supplanter par la chimie (en niant la biologie du sol), et les agrobiologistes partisans d’un sol « usine » qu’il faut gérer pour que celui-ci soigne à son tour les plantes qu’on y cultive. Telle est aujourd’hui encore la définition de la permaculture. Or pour gérer un sol et la vie qu’il abrite, il faut se départir des intrants toxiques qui le fragilisent à long terme, quand même ils augmenteraient son rendement à court terme.

C’est par la voix des plus « antistaliniens » de l’époque qu’on peut mesurer à quel point l’agronomie soviétique était à contre courant, face à un occident massivement converti à la monoculture chimique intensive. Jaurès Medvedev, célèbre auteur de « Grandeur et chute de Lyssenko » (1971), préfacé par le Nobel Jacques Monod, raillait cette agronomie d’après guerre qui « préconisait de ne pas développer l’industrie des engrais, de laisser les champs en trèfle pendant deux ou trois années d’affilée, (...) [et invitait aussi à] renoncer à utiliser certaines machines (herses, tracteurs) qui détruisent la texture du sol ». Dans « La petite histoire des grandes impostures scientifiques » (Gilles Harpoutian, 2016), on se rassure en rappelant : « Staline meurt en 1953. Khrouchtchev et son gouvernement abandonnent le « système Lyssenko » de rotation des cultures, imposé avec autorité à l’ensemble de la filière agricole soviétique, mais incontestablement inefficace. Les méthodes américaines de production du maïs sont reprises. (...) Pendant la seconde guerre mondiale, Lyssenko [dirigeait] un projet forestier en Sibérie et [imposa] une étonnante idée de plantation en nids de graines d’arbres afin de sauver la toundra du dessèchement ». Medvedev moque aussi la volonté d’inverser la recette des compostes naturels habituellement composés de 80% de fumier et de 20% de paille, c’est-à-dire en y mélant 80% de paille et 20% de fumier. Cette absurdité, selon Medvedev et tant d’autres admirateurs de l’agriculture intensive occidentale, reflète pourtant une réalité que connaissent bien les praticiens soucieux d’augmenter le rapport C/N des sols cultivés (plus de carbone organique, issu des pailles, moins de nitrates, issus du fumier) donc de stimuler la vie du sol, facteur de fertilité naturelle.

LE PLUS VASTE PLAN D’AGROFORESTERIE AU MONDE

Plus encore, l’agroforesterie est souvent considérée dans le milieu de l’agroécologie, comme la forme la plus aboutie de coopération entre plantes pour repousser les parasites et mauvaises herbes sans recours à la chimie. Les arbres sont, on le sait aujourd’hui, les maîtres du sol et les garants naturels de sa fertilité (les sols de forêts sont les plus « productifs » au monde, sans intervention humaine) : ils favorisent par leur enracinement la vie du sol et la formation lente de complexes argilo-humiques retenant les sels minéraux contre le lessivage, autant de facteurs qui améliorent la structure du sol, plus que sa simple composition chimique. Structure qui détermine à la fois la facilité d’enracinement, la capacité de retenir l’eau contre le dessèchement, et la capacité à produire de façon endogène et à retenir les sels minéraux indispensables aux plantes cultivées.

En général la polyculture agroforestière préconisée par les permaculteurs se compose d’une stratification à trois étages de productivités décroissantes : les herbacées annuelles au sol, les arbustes pour les courvrir, eux même couverts par les arbres à productivité lente. L’étage arborescent peut être composé d’avocatiers, couvrant des arbustes tels que les bananiers ou des goyaviers à Cuba. Il peut être une palmeraie couvrant des grenadiers arbustifs ou des figuiers, etc dans les oasis africains, le tout protégeant des cultures annuelles de légumes au sol. C’est exactement sous une telle forme qu’on développera en 1948 le plan d’afforestation le plus ambitieux du monde en URSS. Et c’est d’ailleurs une ambition parfaitement cohérente avec la théorie des agronomes « mitchouriniens » soucieux de protéger la texture des sols sur le long-terme, contre les labours profonds, les sols nus et la chimie destructrice de la microfaune et des champignons du sol.

Dans la prose un peu ésotérique de Lyssenko, on retrouvera à la lettre une telle approche : « Jusqu’à présent la steppe [écosystème de sol pauvre et de « mauvaises herbes », ndla], dans la plupart des cas, triomphait de la forêt. Ce n’était point parce que la forêt, comme fait naturel, n’est jamais en mesure de lutter contre la steppe, mais parce que l’intervention de l’homme dans la nature, étant donné l’anarchie du mode d’exploitation capitaliste, contribuait toujours à la victoire de la steppe sur la forêt, et rarement au résultat contraire... Car, tout récemment encore, dans la très grande majorité des cas, l’homme se contentait d’abattre la forêt et ne se préoccupait guère de la faire repousser. C’est pourquoi, qu’il le voulût ou non, il aidait la steppe contre la forêt. Il est vrai qu’après avoir défriché la forêt afin de faire place nette pour les cultures, il prenait toujours des mesures en vue d’empêcher l’envahissement des champs cultivés par la végétation sauvage de la steppe.

La végétation sauvage de la steppe est donc l’ennemi commun de la forêt et des plantes cultivées. Mais par l’agrotechnie l’homme a toujours protégé ces dernières contre les plantes adventices [mauvaise herbes, ndla], y compris les pionniers de la végétation de la steppe tel que le chiendent. Nous savons aussi, vous et moi, que dans la steppe les forêts assurent des conditions favorables à la culture. Elles atténuent et même font disparaître des facteurs climatiques défavorables tels que les vents violents ou desséchants, les tempêtes de poussière.

Ne pouvons-nous donc, travailleurs de la science, associer la culture des jeunes plantations et semis forestiers à celle de différentes plantes utiles afin qu’ils fassent front contre l’ennemi commun, la végétation sauvage de la steppe et les facteurs climatiques défavorables, et ne pouvons-nous dans la circonstance avoir pratiquement l’avantage ? » (Agrobiologie, Trofim Lyssenko, 1953). Il s’agit bien de lutter contre les mauvaises herbes, non par l’emploi de quelque ancêtre du glyphosate, mais bien par la « coopération » entre espèces cultivées ensemble, dont les permaculteurs actuels sont coutumiers.

Les préconisations sont précises, mais pour garantir sur un territoire immense des résultats tangibles, là où tous les permaculteurs actuels misent sur la « miniaturisation » des cultures (idéologie malthusienne « décroissante » vivement opposée à la mécanisation « en grand » jugée productiviste)[6]. On remarquera même une mise en avant du « semis sous couvert végétal » (SCV) comme alternative au labour, fort à la mode chez les agriculteurs bio, assez légitimement puisque le sol nu a toujours tendance à s’appauvrir en matière organique (baisse du rapport C/N) et à perdre sa texture friable apte à retenir l’eau : « Quand on fera la récolte, on se gardera de couper les tiges [des maïs ou des tournesols, ndla]. Il faut les laisser pour qu’en hiver, elles retiennent la neige sur toute la surface du semis forestier. » (id.). De même « Il faut quand on récolte le seigle couper la tige le plus haut possible afin d’avoir un chaume élevé pour retenir la neige sur l’écran forestier. » (Id.).

On y retrouve bien les trois niveaux d’exploitation des parcelles selon les principes actuels de l’agroforesterie : « Cette protection sera assurée tant par le tapis de ces dernières que par les façons données au terrain qu’elles occupent. Là réside l’avantage que les jeunes sujets d’essences forestières retireront de leur association avec les semis de plantes annuelles cultivées, tant que les branches des arbres et des arbrisseaux ne se seront point suffisamment rapprochées. Après quoi, le mélange d’essences recommandé par nous, — chênes, érables et arbrisseaux — qui constitue l’écran forestier, sera en mesure de résister par lui-même à la végétation de la steppe, et ne laissera s’installer ni le chiendent, ni aucun autre ennemi de la forêt. » (Id.)

Nulle place ici on le voit pour l’agrochimie, mais au contraire un ensemble de soins minucieux et rationels dans le temps, pour favoriser la récolte de façon durable et adaptée à chaque environnement, contre tout nihilisme agrochimique pratiqué chez nous indifféremment dans toutes les régions.

POUR LA MÉCANISATION AGRICOLE, L’ÉNERGIE RENOUVELABLE !

Nous allons de surprises en surprises, puisqu’à l’évidence ce qui gêne nos décroissants actuels dans le prétendu « productivisme » soviétique n’est pas tant la méthode que la nature « extensive » de son agriculture. Comme s’il fallait par décret limiter à la plus petite surface possible les cultures bio... Mais comment explique t-on cette volonté de limiter les cultures ? Est-ce la « mécanisation », consommatrice de carburants polluants, inhérente à la culture de grandes surfaces ?

Si tel est le cas, on pourrait rétorquer que tout dépend de l’énergie utilisée, car en URSS, même sur ce plan là des expérimentations étaient réalisées contre le « tout pétrole ». Dans le rapport de Malenkov pour le 19ème congrès du PCUS en 1952, concernant l’agriculture, on découvre de surprenantes propositions : « La construction de grandioses centrales hydroélectriques et des systèmes d’irrigation sur la Volga, le Don, le Dniepr et l’Amou-Daria (...) ouvrent de grandes perspectives. (...) Ces travaux offrent de larges possibilités pour l’électrification de la production agricole, pour l’introduction de l’électrification des labours, pour l’emploi des moissonneuses batteuses et autres machines mues par l’électricité. »

Les ressources énergétiques de l’URSS sont à l’image du système socialiste : Une capacité d’investir massivement dans des grands chantiers (comme ceux des coûteux barrages hydroélectriques) producteurs d’une énergie constante, propre, locale, inépuisable et massive... là où le « capitalisme vert » et son anarchie de la production ne parvient qu’à multiplier les médiocres et intermittentes éoliennes (à peine 3% de l’énergie produite en France). Bien sur, le développement du nucléaire et des énergies fossiles ne tarderont pas à supplanter de tels chantiers par « facilité » après les années cinquante, pendant qu’on commença sous Khrouchtchev à vider la Mer d’Aral, à polluer les sols au DDT dès la décennie suivante.

Rien ne prédestine en fait l’agroécologie à se limiter aux « petits lopins ». Même à Cuba ces dernières années, on assiste au développement en surface et en main d’œuvre des organoponicos (kolkhozes bio) les plus productifs. Ce qui ne remet pas en cause le caractère agroécologique de ces cultures, bien au contraire, puisqu’elles contribuent à l’objectif logique de l’Etat cubain ; l’autosuffisance alimentaire de l’île et par conséquent le renforcement de sa souveraineté nationale.

La question de l’énergie est donc là encore, au centre de la polémique entre « décroissants » malthusiens et partisans d’une agriculture biologique productive. Avec un réel investissement dans des énergies propres et renouvelables (dont les plus productives imposent une coût financier colossal au départ, autant que des bonds scientifiques décisifs, plutôt qu’un simple retour aux techniques du moyen âge), il n’y a plus d’opposition entre la nécessité de nourrir les hommes à hauteur de leurs besoins et celle de protéger la nature et les sols. Ces derniers, conçus comme nous l’avons dit comme des « usines » plutôt que comme des « réservoirs », sont des parties intégrantes de la nature, que l’homme doit connaître au lieu de le nier, à petite comme à grande échelle, sur le court comme sur le long terme.

S’il faut par exemple corriger les méfaits du poids des machines agricoles sur la compaction des sols, ce n’est pas par l’abandon des machines pour un retour au rude travail manuel, mais au contraire par une recherche scientifique pour l’allègement des machines !

Voilà bien le nœud du problème, car une telle expérience soviétique, visant explicitement à augmenter la production pour nourrir tous les citoyens soviétiques, offre aux agriculteurs actuels la démonstration qu’on peut allier production immédiate et protection des sols et des ressources sur le long terme.

Malenkov le rappelle dans son rapport au congrès de 1952 : « En peu de temps, le niveau d’avant guerre de la production agricole a été rattrapé et dépassé (...) Les superficies ensemencées de toutes les cultures agricoles ont, en 1952, dépassé de 5 300 000 hectares le niveau d’avant guerre. Dans les années d’après guerre, la création d’ouvrages d’irrigation et la plantation de bandes forestières de protection se sont développées sur une plus grande échelle encore (qu’avant guerre). Depuis 1948 (...) on effectue d’importants travaux pour créer dans les zones des steppes et des forêts-steppes de la partie européenne de l’URSS de grandes bandes forestières d’Etat pour protéger les champs, et on aménage des écrans forestiers protecteurs de kolkhoz et de sovkhoz (...). Au cours des trois dernières années et demi, les kolkhoz, les sovkhoz et les exploitations forestières ont boisé une superficie de 2 600 000 hectares et ont aménagé 12 000 étangs et points d’eau. » (Id.)

Est-ce vraiment un hasard si, alors que Cuba est reconnu par toutes les instances internationales à commencer par l’ONU, comme l’avant-garde de l’agroécologie[7], la Chine est quant à elle à l’avant-garde de la transition écologique sur le plan énergétique, celle qui investit aujourd’hui le plus massivement dans les centrales à énergie renouvelable et les « villes forêts »[8] ?

LES DÉCROISSANTS SONT MALTHUSIENS, PAS ÉCOLOGISTES

Au fond, les décroissants sont un peu les faux frères des agrochimistes qui ont détruits les sols européens ces dernières décennies : Pour les uns et les autres, les sols constituent un réservoir limité de « fertilité » (considérée comme une substance brute, de façon très idéaliste). En réalité, la fertilité des sols ressemble plus, partant de la vie du sol qui la reproduit, à une « force de travail » telle que Marx et Engels la concevait chez l’homme : Une force qui produit plus de valeur qu’elle n’en coûte. C’est bien sur ce point qu’il faut insister : en considérant le sol comme une usine plutôt que comme un simple réservoir « limité » de fertilité, on peut augmenter la productivité d’un champs, sans être taxé de productivisme (produire pour nourrir n’est pas « produire pour produire »), sauf à imaginer que la démographie humaine croîtra de façon exponentielle sans jamais atteindre de limite (bond qualitatif déjà atteint pour les pays les plus développés aujourd’hui). Jean Ziegler indiquait récemment que si nous sommes actuellement 7 milliards (9 en 2050 nous dit-on), la production agricole brute mondiale actuelle permettrait déjà de nourrir 12 milliards d’hommes. C’est bien la surproduction actuelle qui pose problème, et non la croissance démographique et l’insuffisance alimentaire qu’elle induirait, comme ils veulent nous le faire croire.

Entendons-nous bien : dans des situations périlleuses de blocus où les énergies sont de fait limitées, comme à Cuba, des mesures « décroissantes » ont sans doute leurs avantages. Mais dans le contexte d’un socialisme offensif et d’un rapport de force favorable permettant une réelle redistribution mondiale, une véritable solidarité internationaliste entre les peuples, elles n’ont plus de raisons d’être, sauf à vouloir contraindre les peuples en développement à ne jamais atteindre le niveau déjà atteint sans contrepartie par les pays capitalistes développés actuels.

En définitive l’écologie « décroissante » est une forme réactionnaire d’écologie, celle qui répond aux vieux principes de Malthus. Il faut en tirer les conséquences et, pour accomplir la véritable révolution écologique qui nous est désormais imposée pour sortir de ce système capitaliste à bout de souffre et destructeur, se tourner vers la science, vers l’avenir, vers le progrès, en biologie notamment, ... certainement pas vers un passé mythifié et qui a fait son temps.

Guillaume SUING

[1] Marx écologiste, John Bellamy Foster. Editions Amsterdam, 2011

[2] Il y eu en effet en même temps que le recul tactique de la NEP sous Lénine sur le plan économique, dans un pays encore largement féodal, des reculs sur le plan écologique. Ce qui ne veut pas dire qu’on théorisa de tels reculs comme des « avancées », puisqu’ils ont été surmontés ensuite.

[3] Quel antistalinien, par exemple trotskiste, peut sérieusement prétendre que dans les années trente et quarante des « personnalités » puissent avoir été intouchables, si Trotski lui-même ne le fut pas.

[4] Notons tout de même que sur le plan strictement théorique, l’agronome Trofim Lyssenko, dans une conception erronée selon laquelle existeraient « deux sciences », l’une bourgeoise et l’autre prolétarienne, rejoignait les « empiriocriticistes » illuminés Bogdanov et Lounatcharski qu’avait pourtant combattu Lénine dans « matérialisme et empririocriticisme » comme Staline (contre le linguiste Marr). L’agronomie soviétique ne souffrit pas dans ses résultats d’une telle erreur conceptuelle, tant les expériences tentées restaient collectives, empiriques et ancrées sur les pratiques traditionnelles locales. Notons au passage que les héros de la « décroissance » Bogdanov et Lounatcharski étaient tellement proches de la science concrète qu’ils finirent dans des clubs spirites faisant tourner les tables. Bogdanov mourrut même suite à une tentative de transfusion sanguine collective visant à atteindre l’immortalité.

[5] Le territoire soviétique se caractérise par une diversité extrême de paysage, de types de sols, très riches à très pauvres, qui explique que les premiers pédologues (sciences des sols) furent russes, et que l’agriculture fut toujours plus extensive (comment fertiliser plus de surfaces) qu’intensive (comment doper des sols limités en surface avec de la chimie).

[6] « Après la mise, en place des glands en nids, on sèmera dans les larges intervalles de 4 mètres (un mètre à peu près sur cinq étant occupé par les semis de glands), une plante sarclée : cucurbitacée, pomme de terre, plante-racine, maïs, tournesol ; ou demandant un grand espacement, tels le millet et le sarrasin ; ou une céréale non sarclée comme le froment, l’orge, l’avoine. En semant ainsi dans les larges intervalles des plantes sarclées ou des céréales, on a un champ où des bandes de plantes annuelles cultivées, larges d’un peu moins de 4 mètres, alternent avec des bandes d’un peu plus d’un mètre de largeur, dans lesquelles un mètre sur trois est déjà occupé par un semis (nid) de glands. Sur les deux mètres restés libres nous recommandons toujours de semer du maïs ou du tournesol en nids séparés par des intervalles de 50 centimètres. On aura trois nids de maïs ou de tournesol sur un emplacement large d’un peu plus d’un mètre et long de deux. Dans chaque nid, on laissera de 3 à 5 pieds de maïs ou de tournesol. Il y aura donc trois nids de maïs ou de tournesol entre deux nids de chênes. » (Les semis d’essai d’écrans forestiers par la méthode des nids. Agrobiologie, T. Lyssenko).

[7] Voir l’article « Socialisme cubain et agroécologie : le renforcement mutuel » G. Suing, 2017. https://www.legrandsoir.info/socialisme-cubain-et-agroecologie-le-renforcement-mutuel.html

[8] Voir l’article « La Chine, à l’avant-garde de l’écologie réelle » G. Suing, 2017. https://www.legrandsoir.info/la-chine-avant-garde-de-l-ecologie-reelle.html

 https://germinallejournal.jimdo.com/2018/03/22/la-décroissance-est-un-poison-pour-l-agroécologie/

COMMENTAIRES  

23/03/2018 12:21 par Georges SPORRI

Pour compléter cet article je rappelle que jusqu’en 1907-1910 le programme communiste en Russie consistait à exproprier la caste des koulaks et à renforcer le MIR + développer l’industrie ( tracteurs + chemins de fer + électricité ) pour une croissance économique rurale harmonieuse et la création de nombreuses petites villes nouvelles sur tout le territoire / Cette perspective très harmonieuse s’est écroulée parce que le MIR a disparu progressivement laissant la place à une paysannerie pauvre de petits propriétaires laborieux et cupides /
Aujourd’hui le programme communiste mondial consiste principalement à créer des millions d’oasis artificielles dans les déserts chauds-arides ( c’est facile à faire mais pas rentable à court terme ) et à réduire le trio charbon - pétrole - uranium par une production massive d’hydrogène et d’oxygène liquides ( c’est encore plus facile à faire - hydroliennes sur le Gulf-Stream - mais plusieurs lobby s’y opposeront ) . En proposant des niaiseries douces et renouvelables les écologistes qui prétendent reconstituer le jardin d’Eden sont des alliés objectifs du capitalisme actuel dont ils sont le zeste de morale...
Ce que je dis ne signifie pas que je suis contre la création de parcs naturels ou de zones naturelles sanctuarisées ...
Pour me détendre après lecture de certaines niaiseries écolos j’aime bien regarder sur you tube " The lessons of the loess plateau " qui montre comment les méchants chinois ont totalement détruit un écosystème chiant et laid pour y introduire des millions d’arbres et des km2 de terres fertiles !

23/03/2018 13:34 par reuter

tout ce long pensum ...pour en arriver la:les décroissants sont d affreux malthusiens et la science nous sauvera !!!!
avec de tels penseurs les multinationales ont encore de beaux jours devant elles !!!

23/03/2018 16:31 par Danael

Cet auteur est très intéressant à suivre car il sort des sentiers caricaturaux sur ce sujet très vaste. Vous pouvez écouter sa conférence passionnante sur le marxisme et la biologie qui permet de mieux comprendre ( en raccourci bien sûr ) l’histoire de la biologie et les leçons susceptibles de servir à une agriculture écologique efficace :
https://www.initiative-communiste.fr/articles/culture-debats/biologie-marxisme-conflit-enfin-resolu-video/
Merci aussi à Guillaume Suing d’apporter ces rectifications et précisions peu connues et en contexte concernant l’histoire de l’agriculture du temps de la jeune Russie soviétique.

23/03/2018 18:09 par Dragon Halluucinai

sauf à vouloir contraindre les peuples en développement à ne jamais atteindre le niveau déjà atteint sans contrepartie par les pays capitalistes développés actuels.

Sans contrepartie ? Vraiment ?

Il faut en tirer les conséquences et, pour accomplir la véritable révolution écologique qui nous est désormais imposée pour sortir de ce système capitaliste à bout de souffre et destructeur, se tourner vers la science, vers l’avenir, vers le progrès, en biologie notamment, ... certainement pas vers un passé mythifié et qui a fait son temps.

Argumentaire éculé... Le capitalisme est déjà tourné "vers la science, vers l’avenir, vers le progrès,"...
Cet article est à charge et stérile à mon avis.
Renseignez vous, les "décroissants" ne sont pas des obscurantistes qui rêvent d’un "passé mythifié" et d’un retour à la bougie.

24/03/2018 00:14 par Danael

Je ne vois pas très bien la nécessité de penser l’ agriculture dans les termes "croissance - décroissance", mais plutôt dans les termes de choix politiques intelligents à faire, hors cadre capitaliste et avec planification écologique. Pour moi l’objectif principal de toute agriculture est l’autosuffisance alimentaire dans chaque pays d’où la nécessité par conséquent de protéger la vie organique des sols et les cycles naturels de notre environnement ou de chercher des solutions dans le cas de situations hostiles ou changeantes. Tout ceci grâce effectivement à nos connaissances en biologie et dans les sciences. Certes le capitalisme est tourné lui aussi vers les sciences mais pour servir le plus souvent des intérêts privés, démesurés et peu contrôlés qui ne répondent pas nécessairement à des besoins collectifs, débattus et décidés démocratiquement par les peuples.

24/03/2018 07:17 par Canal

Ne prendre en compte que la question de l’agriculture pour porter un jugement sur la décroissance est une erreur.

24/03/2018 09:24 par Assimbonanga

Cet article regorge de choses d’un grand intérêt mais il est dommage qu’il parte d’un mauvais principe : "Une réaction de l’auteur au dernier essai de Paul Ariès". C’est dingue qu’il soit dans la nature humaine de devoir puiser son énergie dans la guéguerre entre personnes.
Je dirais volontiers à l’auteur, en toute cordialité : mon garçon, remets ton ouvrage sur le métier, gomme toutes les piques destinées à X. et rédige-nous un nouvel article débarrassé de tout règlement de compte ! Et ce sera passionnant.

24/03/2018 09:28 par CN46400

Cet article vise à décharger Staline de la responsabilité de certains tâtonnements dans le domaine agricole. En fait la principale action du dictateur dans le domaine agricole ne porte pas sur la culture agricole elle-même, mais sur la "collectivisation" qui visait deux objectifs :
1-rationaliser la production agricole en salariant les travailleurs agricoles dans de gigantesques exploitations (sovkoses-Kolkoses) agricole où la mécanisation serait plus efficace que dans de petites unités. A l’époque, la chimie agricole, en Occident aussi, était embryonnaire (Bouillie bordelaise + DDT) et donc ne le préoccupait pas.
2- Réaliser, le plus rapidement possible, l’exode rural qui était à la base de l’industrialisation en Occident, mais à peine entamé en URSS. Et où l’orientation choisie par Staline, le "socialisme dans un seul pays" qui, suite à l’abandon de la NEP, ne permettait plus d’attirer les travailleurs par de meilleurs salaires, allait déboucher sur un exode forcé, de paysans, parfois compétents, jetés, par millions, dans les goulags où le travail était plus souvent forcé que volontaire.
On est là, à des km de la position de Lénine qui, en nationalisant toute la terre, voulait, par l’usufruit gratuit de cette terre (Chine et Cuba actuel), installer une agriculture familiale en favorisant, (lettre à Renaud Jean, député paysans français du Lot et Garonne) les paysans moyens, au détriment des pauvres (main d’oeuvre de la NEP) et des koulaks ( bourgeoisie des campagnes concurrencée par des coopératives d’approvisionnement et de commercialisation). Il suffit de lire les OC (T32 en particulier) pour constater qu’entre alliance classe ouvrière-paysannerie préconisée par Lénine et le "socialisme dans un seul pays" de Staline, il y a un fossé colossal !

Ceci dit, Suing a raison de flinguer les "décroissants" sur la taille des exploitations. Combien de "jardins ouvriers" supportent des sur doses d’engrais ou de fongicides aberrantes ? De même, le "lissenkisme" mérite, à la lumière des connaissance actuelles, d’être revisité, même si cela doit déranger la mémoire des ex-communistes français Prenant et Monod. On peut aussi remarquer que dans la France actuelle de la FNSEA, un bon tiers des céréales produites le sont en non-labour....

24/03/2018 10:09 par doucic

Article très riche et intéressant, qui s’enferme malheureusement dans une vision opposant science et décroissance. Je ne sais pas s’il est plus romantique de considérer qu’il faille prier quotidiennement Gaïa en jetant des grains de petits pois en espérant que ça pousse ou croire qu’on nourrira un jour à force de connaissance l’humanité pendant 1 an avec 1 pomme de terre en 1h de travail...
Les croissants devront bien finir par admettre les limites tangibles du monde donné, en sciences, cela fait longtemps qu’on intègre les contraintes aux systèmes...

24/03/2018 11:08 par ljubane

Ce qui est quand même difficile à comprendre c’est en quoi ce mouvement "les décroissants" n’est pas représenté par un parti "réactionnaire" tandis que le parti du développement scientiste lui est surreprésenté, par toute la droite, par l’autre droite, les socialistes, et par une partie des communistes. La mort de Dieu pour certains a créé un tel vide qu’ils ont eu besoin d’une nouvelle idole, la science. La fin du 19ème n’était qu’un balbutiement de cette nouvelle idéologie, au vu du scientisme de notre époque. Le scientisme est un rapport au monde qui a pour projet la domination de la nature, esclave au service de la prédation voulue par certains idéologues, et cette domination est à l’image de la domination de l’homme par l’homme. Parce que nous sommes aussi la nature, faire de celle-ci un stock, une chose dans laquelle je peux me servir sans aucun égard c’est aussi préparer l’homme a être lui-même une chose dont je peux me servir sans aucun état d’âme. La décroissance n’est pas dans une idéologie, c’est un rapport au monde, un rapport d’égalité avec la nature qui fait écho au rapport d’égalité avec les autres.
Guy Debord : "Cette industrialisation de l’époque stalinienne révèle la réalité dernière de la bureaucratie : elle est la continuation du pouvoir de l’économie, le sauvetage de l’essentiel de la société marchande maintenant le travail-marchandise. C’est la preuve de l’économie indépendante, qui domine la société au point de recréer pour ses propres fin la domination de classe qui lui est nécessaire (...) La bureaucratie totalitaire n’est pas "la dernière classe propriétaire de l’histoire" mais seulement une classe dominante de substitution pour l’économie marchande."

24/03/2018 11:10 par Feufollet

C’est quoi ? Une thèse de doctorant ?
Un nouveau livre d’évangile marxiste ?
Couplé d’une encyclopédie complète sur les acteurs de l’agriculture soviétique
Un tel étalage de savant savoir
Pour une conclusion digne du café du commerce
C’est une envolée à ras des pâquerettes

24/03/2018 11:42 par Geb.

@ Georges SPORRI...

https://www.youtube.com/watch?v=8QUSIJ80n50

Un document extraordinaire. Un grand pied de nez aux habituels détracteurs du "Communisme à la chinoise". D’autant que réaliser ça ans en si peu de temps un système capitaliste individualiste et rapace comme le nôtre n’est probablement pas réalisable. Du moins à une échelle pareille.

Très loin des films de propagande habituels.

A éviter quand même le traducteur automatique ((- : Mais le commentateur parle un Anglais parfait.

24/03/2018 12:48 par Georges SPORRI

Nous vivons dans une époque de très grande confusion qui produit un catéchisme répugnant et des idolâtries ridicules ...
Si un météorite géocroiseur de 40 km de diamètre nous fonçait dessus — c’est inéluctable — l’ "harmonie avec la nature et les animaux" consisterait à : 1/ Le savoir le plus vite possible. 2/ Aller à sa rencontre avec de puissantes fusées dotées d’ogives nucléaires. 3/ Par une série d’explosion latérales le dévier de sa trajectoire ...
Si la caldéra de Yellowstone explosait — c’est inéluctable — 40 % de l’hémisphère nord serait couvert de glace et un hiver polaire s’installerait jusqu’en Espagne. La mer méditerranée et le Gulf Stream disparaitraient et les zones tropicales du nord deviendraient encore plus arides . La niaiseuse "harmonie avec la nature" consisterait alors à relancer le Gulf Stream avec des dizaines de milliers de navires équipés de pompes aspirantes-refoulantes + Utiliser les aquifères du Sahel/Sahara pour produire des milliers d’oasis et des km2 de jardins ...

24/03/2018 13:23 par legrandsoir

ça bouillonne sous le crâne Georges, ça bouillonne...

24/03/2018 14:34 par Georges SPORRI

@Geb / les chinois ont planté 66 000 000 000 d’arbres depuis 1998 ! Reconstitution de la forêt de Saihanba et lutte contre l’avancée du désert de Gobi ! Et le projet d’afforestation du Taklamakan !!! Tu peux aussi regarder des reportages sur les forêts de Lilengo (grande muraille verte d’Afrique) et sur la triste lenteur qui frappe ce projet.
@LGS / Ce n’est pas gentil d’utiliser des arguments massues et je devrais peut être m’en excuser / Je pense que l’écologisme sous toutes ses formes est une idéologie nuisible de la nouvelle petite bourgeoisie qui veut cornaquer la révolution qui vient et j’essaye d’éviter cette funeste perte de temps qui peut même nous "planter" . Ce n’est pas facile car sur quelques dossiers les écologistes ont 100 % raison ce qui contribue à leur prestige ...

24/03/2018 21:22 par Dominique

Cet article illustre à merveille les querelles de clocher qui agite la gauche et qui font qu’elle n’est plus que l’ombre de ce qu’elle a été. Quand laisse les objecteurs de croissance développer leurs alternatives, on verra bien le résultat. De plus il faudra de toutes façon bien plus que des initiatives individuelle pour stopper la sixième extinction de masse. Imaginez, lors de 5 précédentes, il avait fallu quelques milliers d’années pour que la moitié des espèces animales disparaissent, aujourd’hui cela n’a pris que quelques décennies et touche également le monde végétal.

Donc celui qui croit que la solution est d’envoyer des bombes atomiques sur des d’hypothétiques astéroïdes ferait bien de remettre les pieds sur terre. Aucun astéroïde n’est la cause de la sixième extinction, au contraire c’est notre mode de vie qui en est la cause. D’un côté je dis tant mieux car cela nous oblige à régler le problème de fond. Notre mode de vie, ce que nous appelons civilisation, a toujours été basé sur l’idée suprématiste que l’homme est fait pour dominer la terre et ses créatures, et avec l’industrialisation il est en train de détruire le vivant, c’est devenu un cancer qui est aujourd’hui en phase terminale. Alors non, ce n’est pas en mettant des turbines industrielles que nous ferons autre chose que d’enrichir les industriels et continuer la course à la disparition de l’espèce humaine. Au contraire, nous avons besoin de tous et de toutes, et surtout nous avons besoin que tous et toutes puissent retrouver le pouvoir dans leurs vies, car la seule solution envisageable consiste à retourner à des sociétés basées sur les ressources locales, ceci car il est illusoire de croire qu’il soit possible de gérer les ressources de façon durable autrement.

Nous voyons le résultat de quelques siècles d’industrialisations. La moitié de la biodiversité mondiale a disparu en quelques décennies, et certains continuent comme avant à crier "Vive le progrès" et à nous faire croire que c’est avec plus de mines et d’infrastructures industrielles pour développer de nouvelles technologies que nous allons arrêter le désastre.

Les solutions sont connues. Elles sont avant tout locales. Et c’est bien là où nous avons un gros problème car notre société industrielle est organisée de façon mondiale. Pour construire le moindre de ses produits finis, nous avons besoin d’une multitudes d’infrastructures qui sont autant de cause de destruction du vivant. Des routes qui coupent les forêts et y apportent les ordures de la civilisation au sens propre comme au sens figuré, des mines qui détruisent tout et dans lesquelles les ouvriers se tuent littéralement au travail quand ce ne sont pas des enfants esclaves, des usines qui souvent ne sont pas mieux que les mines à tout égard, des bateaux gigantesques pour transporter matières premières, pièces détachées et produits finis de façon "économique", lire irresponsable en matière environnementale.

Donc oui, nous avons un choix à faire, et pour réaliser un virage vers une société responsable qui respecte la nature et ses créatures. Si nous le faisons, nous avons besoin de tous et de toutes, car les solutions sont avant tout locales. Le documentaire dont Geb amis le lien montre que cela est possible et qu’il n’est pas nécessaire pour cela de recourir à plus d’industrialisation. Pour que cela soit possible, il faudra aussi désarmer les états car ils est impensable que nous continuions à laisser des salauds faire des guerres pour piquer les ressources des autres. Respecter la nature implique de respecter les autres.

24/03/2018 22:46 par Oncle Bob

Remarques en vrac :
Pour Vernadski d’après wikipédia "En 1921, il retourne à Petrograd. Brièvement arrêté, il est relâché et se consacre ensuite entièrement à la science." Donc pas en 1926, non ?

Steppe contre forêt et cultures, pas d’accord, les chernozems (sols noirs fertiles) ont été (malgré l’érosion dû aux cultures) préservés de la forêt par la mise en culture, la foret les aurait acidifiés. Mais ça c’est quand le climat est assez humide pour qu’il y ait une forêt sinon ça reste la steppe.

"s’appauvrir en matière organique (baisse du rapport C/N)" généralisation erronée, cela dépend du type de matière organique.

Personne n’a dit que l’agroécologie devait se limiter aux « petits lopins » mais le principe même de l’agroécologie montre qu’il n’y a pas de solution magique qui s’applique à toutes les situations (c’est exactement ce qu’on a fait avec l’agronomie ‘moderne’ sauce révolution verte) mais des solutions locales s’adaptant aux conditions sol-climat.

Les sols ne sont ni des "réservoirs" ni des "usines" ce sont des systèmes complexes autoorganisés et coévolués depuis des centaines de millions d’années et dont nous dépendons.
Et oui il y a une limitation dans les sols, la quantité de minéraux que l’on extrait en masse des sols n’y retournerait que si on compostait nos excréments et si retournait au sol les autres résidus de culture. En plus effectivement en détruisant la vie des sols on amenuise la capacité du système à fournir les éléments restant avant même que la limite réelle soit atteinte. Cela fait des décennies que le contenu minéral (mais pas seulement) des fruits, légumes et céréales baisse.

Alléger les machines, augmenter les sources d’énergie par des investissements colossaux, elle est bien bonne, la fuite en avant technologiques et surconsommatrices d’énergie... on est sauvé.

Je ne comprends pas bien les arguments de l’auteur contre la décroissance à part l’incantation à la bonne vieille menace la bougie (moyen âge... etc), j’ai l’impression qu’il s’y attaque plus pour toucher Ariès qui a apparemment commis pas mal d’approximations dans son bouquin.
Mais que ce soit dans le fonctionnement des sols ou bien dans la quantité d’énergie que les sociétés humaines peuvent dissiper il y a bien une limite - on est dans un monde physique limité, si on ne l’accepte pas de nous-même en tant qu’espèce en agissant en conséquence , la limite s’imposera d’elle-même tôt ou tard.

25/03/2018 08:33 par G. Suing

Bonjour ! Je répond à Oncle Bob

Pour Vernadski, il était en exil jusqu’à 1921, arreté, lechaché puis reparti à Paris jusqu’en 1926, date de son retour. Peu importe, sur le fond il n’était pas en URSS disons du temps de Lénine.

Sur le territoire concerné par le grand plan de transformation de la nature, il correspond aux terres noires ET aux steppes. Malenkov parle d’ailleurs dans son rapport de "forêts et steppe-forêts" (concept inhabituel mais bon)

Sur la composition des compostes, je n’ai pas de précisions pratique en dehors de la recette mentionnée : rien n’indique dans la littérature qu’elle fut appliquée partout et toujours. je reprend là une "caricature" de medvedev, qui cache en fait une réalité bien plus interessante (on ne lirait plus medvedev aujourd’hui comme on le lisait du temps de la triomphante révolution "verte" en 1971.

Pour la "solution magique", je précise également que dans un tel article, je ne peux donner avec précisions ce qui était préconisé : renvoi à "agrobiologie" de Lyssenko (lecture trés trés enuyeuse mais bon) on y apprend que les essences prévue changent d’une région à l’autre bien sur, comme les techniques proposées pour mettre en place les écrans. Ceux qui sont interessé par les détails : il existe sur internet une version pdf facile à télécharger
Il faut d’ailleurs etre clair, s’il y a un innovateur en matière de pédologie, ce n’est pas lyssenko, mais le soviétique Williams (mort en 39, mais qui a inspiré tout ce qui s’est fait ensuite). Sur lui malheureusement peu de textes disponibles : je suis moi même en recherche.

Les expressions "réservoir" et "usine" ne sont pas de moi mais d’un permaculteur, joseph pousset, auteur du récent "traité d’agroécologie". Je trouve ces termes trés justes dans leur opposition dialectique. et c’était out le débat à l’époque de williams : entre les tenants productivistes de la "fertilité limitée" et les mitchouriniens partisans d’un "accroissement de la fertilité".

Tout est par définition limité, mais les techniques actuelles sont sans commune mesure avec la productivité naturelle de certains sols sans actions humaines : c’est celà qu’il faut comprendre. la limite de la fertilité est bien supérieure à celle de la démographie humaine (seule à ne pas avoir de limite semble t-il pour les décroissants, c’est bizarre).

Pour finir, et c’est peut être le plus important : je n’ai absolument rien personnellement contre l’auteur paul ariès, dont le livre est trés interessaznt à plus d’un titre (pour les autres chapitres, notamment sur la partie passionnante sur l’urbanisme). Je ne règle aucun compte mais propose une autre vision, et je m’appuie pour celà sur une actualité : celle de la sortie récente de ce livre. C’est un mode qui techniquement me permet d’exposer mes arguments rien de plus.

Bien à vous

25/03/2018 15:24 par Georges SPORRI

@Dominique / Tu te trompes ! Pour planter 66 milliards de tiges il faut les produire ( pépinières intensives ) . Pour l’afforestation du désert de Gobi il faut produire des milliards de "groasis" et des milliards de litres de bouillon végétal qui modifient la nature du sable . Pour réussir cet exploit technique il faut aussi que des "savants" supervisent les travaux . ...etc.

25/03/2018 16:25 par 40 ans de retard

Quelques rappels :

- A la base la décroissance renvoie "à un concept à la fois politique, économique et social, selon lequel la croissance économique constitue davantage une source de nuisances que de bienfaits pour l’humanité". Il n’y a pas d’« écologie décroissante ». Par contre, le concept de décroissance soulève de multiples questionnements du point de vue écologique : l’impact sur l’environnement qui est la conséquence de notre actuel système économique (capitalisme, société de consommation, productivisme, etc.). Quoi qu’il en soit, la décroissance ne constitue en rien un obstacle à l’agroécologie.

- L’écologie est une science qui a été étudiée en tant que discipline (et non pas de simple slogan) depuis de nombreuses années, et partant de ce cadre ils est important de rappeler qu’il y a déjà plus de 40 ans qu’a été signalée l’importance d’abandonner la vision écologique anthropocentrée (ou écologie superficielle) -qui place l’homme au centre de notre modèle de pensée- pour embrasser une analyse biocentré (ou écologie profonde) dans laquelle l’humain n’est qu’un élément de plus faisant partie d’une vaste et complexe structure.

Mais passer ce cap requiert d’une bonne dose d’humilité (Comment ?! Nous ne sommes pas le centre du monde ?! Sacrilège) à laquelle notre environnement culturel ne nous a pas prédisposé (logique de domination de la nature par l’homme). Mais cela fait aussi plus de 40 ans que les théoriciens des disciplines écologiques ont soulevé la question du besoin d’une nouvelle éthique environnementale qui redéfinirait la relation de l’homme avec la nature, insistant sur le fait que cette nouvelle éthique est nécessaire pour sortir du cadre qui nous est imposé par le système de pensée dominant (capitalisme).

Il serait temps de se rendre compte que les pays les plus avancés en matière d’écologie "progressiste", comme l’Équateur ou la Bolivie, tendent à donner une personnalité juridique (et donc des droits) à la Nature, et même à les inscrire dans la Constitution de leur pays (pour l’Équateur).

Il est triste de s’apercevoir que les auteurs de ce texte persistent dans la lignée de l’écologie superficielle (qui en remet pas en question "l’éthique environnementale capitaliste").

"Considérer le sol comme une usine" ? 40 ans de retard ! Qui sont les réactionnaires ??
Lamentable.

Pour plus d’infos, lire ces 2 textes fondateurs (parmi d’autres) de la pensée écologique moderne :
> A-t-on besoin d’une nouvelle éthique, d’une éthique environnementale ? (1973) - R. Sylvain Routley
> Le mouvement d’écologie superficielle et le mouvement d’écologie profonde de longue portée. Une présentation. (1973) A. Naess

27/03/2018 19:22 par Albert-Nord

Après avoir lu l’article de Guillaume SUING et tous les commentaires, je souscris tout-à-fait à la position de l’auteur très bien formé et informé, contrairement à Paul Ariès, apparatchik du PS et suppositoire "d’un autre monde est possible avec le capitalisme".

27/03/2018 23:55 par François

" La mort de Dieu pour certains a créé un tel vide qu’ils ont eu besoin d’une nouvelle idole, la science. La fin du 19ème n’était qu’un balbutiement de cette nouvelle idéologie, au vu du scientisme de notre époque"

Cette vision de la science opposée à la religion est simpliste et fausse.
La science jusqu’au 19eme siecle était un domaine réservé à l’élite qui pouvait se permettre de survivre sans avoir à cultiver les champs. L’élite c’était la religion et les dominants. Elle était basée sur l’accumulation de connaissances et nécessitait une éducation et des individualités fortes qui se passionnaient pour la recherche. Mais c’était impensable d’imaginer un paysan faire de la science.
Les plus connus sont d’authentiques génies. Par exemple, Newton a développé des algorithmes de calcul itératif pour résoudre de façon approchée des problèmes insolubles littéralement (sans approximation). Il avait donc pressenti qu’un jour, des machines de calcul automatisées existeraient, plusieurs siècle avant les balbutiements de la machine de Turing.
Au XIX siecle, la science est devenue un job. Ce job était rémunéré par les capitaux énormes générés par la revolution industrielle. Le but etait de rationaliser les outils de production sur le plan technique. Pasteur était financé par les riches filature du Nord pour combattre la maladie du vers à soie.
Ca va donc peut-être déclencher des crises d’urticaire de ci de là, mais il est absolument certain que :
- La science doit beaucoup aux religions et aux dominants en ayant permis aux meilleurs cerveaux de se substituer à la rude vie de l’époque. Les frictions qui ont ponctuellement opposé les scientifiques à leurs mentors sont peu nombreuses en regard de tout ce qui a été fait en bonne collaboration. La religion favorisait l’exploration scientifique sans en attendre de contrepartie financière. Ceux qui travaillent maintenant en science peuvent facilement apprécier la différence !
- La science ne repose sur aucun principe altruiste, il n’est établi nul part que la science doive se préoccuper du bien collectif, un scientifique ne prête aucun serment de bonne conduite (contrairement à un médecin) et l’appât du gain a été le prinicipal moteur de la professionnalisation de la science à la révolution industrielle. La science est largement financée par le secteur public, ses retombées sont presque exclusivement exploitées par le secteur privé. C’est même devenu un gage de qualité que de pouvoir rentabiliser une recherche, et un dépôt de brevet est équivalent a plusieurs publications en terme de reconnaissance d’activité. Il fallait sans doute évangéliser le grand public à cette nouvelle religion pour produire un consentement sans faille. C’est sans doute la réelle raison qui motive les gouvernements ultra libéraux à continuer à financer la recherche fondamentale, en astronomie par exemple. Comprendre nos origines (ce que la science ne fera jamais) c’est vendeur pour justifier un budget.

Finalement, tout ce que je dit tombe sous le coup du simple bon sens quand on réfléchis a qui fait quoi, pourquoi il peut le faire, et qu’on enlève cette auréole que notre conditionnement occidental a érigé au dessus de la science, pure et martyre de l’inquisition.

12/04/2018 00:48 par rey

"Oncle Bob" (je me demande qui se cache derrière ce pseudonyme ridicule me faisant penser à " l’ Oncle Paul" d’ un célèbre magasine pour pré-adolescents des années 1960 : il s’ agissait d’ un gros lard bourgeois nous expliquant doctement, la pipe à la main, les immenses avantages de la civilisation occidentale. Le pseudo "Oncle Bob" est plus franc : au moins, il avoue d’ emblée ses sympathies pro-étatsuniennes !) : en supposant que Wikipédia dise la vérité sur Vernadski (le jour où vous vous intéresserez à l’ histoire critique, vous découvrirez quelques petites raisons de vous méfier de Wiki...), l’ essentiel est que son bouquin "La biosphère" soit paru après le décès de Lénine ( 21 janvier 1924). Bien sûr, G.Suing aurait dû préciser que, à en croire Wiki..., Vernadski était brièvement retourné en Russie en 1921. Mais c’ est bien à l’ époque "stalinienne" que Vernadski aurait connu le succès. Face à l’ agressivité de votre message, j’ ai d’ abord cru qu’ "Oncle Bob" dissimulait Paul Ariès : à la réflexion, il est peu probable qu’ un monsieur si important (comment trouvez-vous sa qualification par Albert Nord" ? Plaisant, n’ est-il point ?) ait du temps à consacrer à un auteur peu connu.

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