RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
François Hollande prolonge la ligne extrémiste engagée par Nicolas Sarkozy

La Fessée

Comment expliquer l’effroyable activisme guerrier que déploie le maître de l’Elysée, flanqué du patron du Quai d’Orsay ?

Le caniche de Bush. Tel fut le charmant sobriquet dont hérita l’ancien premier ministre britannique Anthony Blair du fait de sa servilité sans faille lors de l’invasion de l’Irak, en 2003. A l’époque, le chancelier Schröder et le président Chirac avaient refusé d’enfiler les treillis. Aujourd’hui, Angela Merkel poursuit une politique de prudence diplomatico-militaire – à Berlin, on a sans doute d’autres ambitions que de jouer les seconds couteaux de Washington.

En revanche, Paris et Londres semblent avoir échangé leurs rôles. David Cameron a été humilié et ligoté par ses parlementaires, payant ainsi les mensonges de son prédécesseur travailliste. François Hollande, lui, prolonge la ligne extrémiste engagée par Nicolas Sarkozy. Caniche d’Obama ? Bien pire : c’est en véritable pousse-au-crime qu’il a engagé la France sur une voie indigne et périlleuse.

Allemagne, Royaume-Uni, France : trois postures pour le moins différentes, avec pour conséquence le renvoi dans les limbes d’une « Europe de la Défense », tant les Vingt-huit sont divisés – on ne s’en plaindra pas. Ces pays ont en revanche un point commun, et pas des moindres : le rejet populaire massif de toute intervention contre la Syrie. Un rejet qui n’est pas spécifiquement européen : il court de la Turquie aux Etats-Unis eux-mêmes.

Reste une question majeure : comment expliquer l’effroyable activisme guerrier que déploie le maître de l’Elysée, flanqué du patron du Quai d’Orsay ? Et ce, alors même que les firmes françaises n’ont pas en Syrie les intérêts qu’elles soignent par exemple en Afrique.

Il n’y a pas une explication unique, mais plutôt une conjugaison de facteurs. Parmi ceux-ci figure une spécificité hexagonale : l’envie de la classe politique de se faire pardonner par Washington « l’indiscipline » de 2003. Plus généralement, les cercles politico-militaires dirigeants ont une obsession : expier tout ce qui a constitué « l’exception française ». Cela vaut particulièrement en matière de politique étrangère indépendante, celle qui fut déployée notamment pendant la période gaulliste. Nul zèle n’est jugé excessif dès lors qu’il s’agit de faire allégeance à la puissance tutélaire.

Deux autres éléments sont, eux, communs à la France et au Royaume-Uni. D’une part, ces pays possèdent les deux plus puissantes armées de l’UE, et de loin (en outre, un corps expéditionnaire franco-anglais est en gestation). Or on ne peut éternellement soigner de tels outils sans que la tentation de les utiliser ne se fasse jour. D’autre part et surtout, Londres et Paris furent à la tête des deux plus grands empires coloniaux pendant plus d’un siècle. Certes, ce lustre est révolu depuis belle lurette. Mais, dans l’inconscient collectif de la classe dominante, certains réflexes ont la peau dure. A cet égard, le vocabulaire en dit long.

« La France est prête à punir… » assénait ainsi François Hollande le 27 août. Punir : le terme, qui a fait florès et qui aurait dû à lui seul déclencher un tonnerre d’indignation, résume bien l’ingénue et méprisante arrogance présidentielle. M. Sarkozy avait au moins inventé le prétexte de « protéger » la population de Benghazi avant de bombarder la Libye. De protection des civils, il n’est même plus ici question. C’est plutôt le retour du refoulé historique. On pense au « coup d’éventail » qu’aurait asséné le dey d’Alger au consul de France en 1827, et que Charles X entendit « punir » par la conquête de l’Algérie, lancée trois ans plus tard. Pour sa part, le sémillant eurodéputé (UMP) Arnaud Danjean employa le terme de « fessée » susceptible d’être administrée au président syrien (pour la juger insuffisante). Sanctions, punition, fessée – décidément, ces gens se trompent de siècle.

Et devraient méditer sur le mot d’ordre du peuple chilien face au coup d’État de septembre 1973 qui s’annonçait, lorsque Washington décida de se débarrasser d’un président gênant (saluons la continuité). Il suffit de changer une lettre – « un peuple puni ne sera jamais vaincu » – pour en faire un slogan syrien.

Et universel.

PIERRE LEVY

Éditorial paru dans l’édition du 24/09/13 du mensuel Bastille-République-Nations
Information et abonnements : www.brn-presse.fr

Pierre Lévy est par ailleurs l’auteur d’un roman politique d’anticipation dont une deuxième édition est parue avec une préface de Jacques Sapir : L’Insurrection

»» http://www.brn-presse.fr/#Cinq_01a.L
URL de cet article 22709
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Les guerres scélérates : interventions de l’armée US et de la CIA depuis 1945
William BLUM
Le livre "KILLING HOPE - U.S. Military and CIA Interventions Since World War II" de William Blum vient ENFIN d’être traduit en français. Editions Parangon "Nous possédons environ 60% des richesses mondiales, mais seulement 6,3% de la population mondiale... Notre tâche dans l’avenir est...de maintenir cette situation de disparité." George KENNAN, responsable de la planification du département d’Etat, 1948 "Ce livre très documenté relate plus d’une cinquantaine d’interventions américaines de 1945 à (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

« Il n’existe pas, à ce jour, en Amérique, de presse libre et indépendante. Vous le savez aussi bien que moi. Pas un seul parmi vous n’ose écrire ses opinions honnêtes et vous savez très bien que si vous le faites, elles ne seront pas publiées. On me paye un salaire pour que je ne publie pas mes opinions et nous savons tous que si nous nous aventurions à le faire, nous nous retrouverions à la rue illico. Le travail du journaliste est la destruction de la vérité, le mensonge patent, la perversion des faits et la manipulation de l’opinion au service des Puissances de l’Argent. Nous sommes les outils obéissants des Puissants et des Riches qui tirent les ficelles dans les coulisses. Nos talents, nos facultés et nos vies appartiennent à ces hommes. Nous sommes des prostituées de l’intellect. Tout cela, vous le savez aussi bien que moi ! »

John Swinton, célèbre journaliste, le 25 septembre 1880, lors d’un banquet à New York quand on lui propose de porter un toast à la liberté de la presse

(Cité dans : Labor’s Untold Story, de Richard O. Boyer and Herbert M. Morais, NY, 1955/1979.)

Lorsque les psychopathes prennent le contrôle de la société
NdT - Quelques extraits (en vrac) traitant des psychopathes et de leur emprise sur les sociétés modernes où ils s’épanouissent à merveille jusqu’au point de devenir une minorité dirigeante. Des passages paraîtront étrangement familiers et feront probablement penser à des situations et/ou des personnages existants ou ayant existé. Tu me dis "psychopathe" et soudain je pense à pas mal d’hommes et de femmes politiques. (attention : ce texte comporte une traduction non professionnelle d’un jargon (...)
46 
Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.