La semaine passée l’Union européenne (UE) a aussi commencé sa « Mission de formation de l’Union européenne » (EUTM), au Mali. Quelque 550 soldats issus de 22 pays de l’UE sont chargés de former au cours de ces 15 prochains mois la moitié de l’armée malienne. Un premier contingent de 570 soldats venus de la capitale malienne, Bamako, est arrivé pour débuter l’entraînement spécial de base, dont les télécommunications ou la formation de tireurs d’élite.
L’objectif officiel de la mission évaluée à 12,3 millions d’euros (16,1 millions de dollars) est de « reconstruire » l’armée malienne, pour que les forces françaises puissent progressivement se retirer. Le 28 mars, le président français, François Hollande, a annoncé lors d’une interview télévisée que son pays allait commencer fin avril à retirer progressivement ses 4.000 soldats et réduire de moitié leur nombre pour coïncider avec la « mission de maintien de la paix » de l’ONU devant avoir lieu en juillet. A la fin de l’année, un millier de soldats français resteraient au Mali.
Hollande n’a toutefois pas fait référence au fait que deux jours plus tôt, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, avait annoncé dans un rapport remis au Conseil de Sécurité de l’ONU que la force de « maintien de la paix » de l’ONU forte de 11.200 hommes serait considérablement plus nombreuse qu’annoncée précédemment. Ban a aussi signalé pour la première fois la perspective d’une seconde « force parallèle » afin de mener des opérations importantes de combat et des opérations anti-terroristes « hors cadre de l’ONU ». Cette unité spéciale devrait être mise en place principalement par la France et sera stationnée soit à l’intérieur des frontières maliennes soit ailleurs en Afrique occidentale.
La déclaration de Hollande vise à duper l’opinion publique. Au lieu d’une réduction des opérations militaires, beaucoup plus de soldats vont être envoyés au Mali dans la période à venir. Ils stationneront plus longtemps qu’il n’avait été officiellement annoncé et leur champ d’action a été significativement élargi pour s’étendre au-delà des frontières du Mali.
Ce n’est pas la première fois que le président social-démocrate français cherche à tromper l’opinion publique internationale. Son affirmation initiale selon laquelle la France avait été contrainte d’intervenir pour endiguer un soulèvement des combattants islamiste dans la capitale Bamako était tout aussi fausse.
Dans une interview accordée au journal Suisse Tagesanzeiger, Georg Klute, professeur d’ethnologie à l’université de Bayreuth et spécialiste de l’Afrique, a révélé que le gouvernement malien est en pourparlers avec le groupe islamiste Ansar Al-Dine depuis trois ans.
Lors de ces pourparlers, Ansar al Dine avait proposé de déclarer un cessez-le-feu et d’abandonner sa campagne pour imposer par la violence la loi islamique de la charia. La France a réagi l’été dernier, menaçant maintes fois d’intervenir.
C’est dans ce contexte de provocations françaises que les forces islamistes ont lancé une offensive pour s’emparer de l’aéroport Sévaré - afin d’empêcher l’atterrissage des troupes françaises - ce qui a servi de prétexte à Paris pour lancer sa guerre au Mali.
Les activités des agences internationales de renseignement ont confirmé que la guerre au Mali n’était pas la conséquence d’une décision prise à court terme.
Selon le magazine allemand Der Spiegel, les troupes d’élite de l’armée française étaient actives au Mali plusieurs mois avant l’intervention officielle. En septembre 2012, une centaine de membres du Commandement des opérations spéciales (COS) étaient arrivés secrètement dans le pays par avion, prenant position à des emplacements stratégiques hors de la capitale, Bamako. Leur mission a été complétée par une reconnaissance navale et l’écoute électronique à partir du Niger voisin.
Selon le magazine français Marianne, l’unité du COS a bénéficié du soutien de troupes qui avaient précédemment été impliquées dans l’intervention française en Côte d’Ivoire voisine.
La mission qui porte le nom d’opération Sabre a été effectuée avec l’autorisation expresse des gouvernements des pays voisins. Le centre de commandement de l’opération était à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso où se trouve le quartier général de l’armée américaine.
Depuis 2007, les Etats-Unis ont mis en place en Afrique plus d’une dizaine de bases aériennes. Le Washington Post a produit dernièrement un rapport sur une mission au nom de code « Creek Sand » effectuée en 2012 par l’armée américaine et des entreprises locales sous contrat. L’opération impliquait une surveillance aérienne du Mali et d’autres pays d’Afrique occidentale ainsi que des manoeuvres militaires comprenant des soldats américains et des soldats maliens formés par l’armée américaine.
L’ensemble de ces informations montre clairement que, contrairement aux affirmations du président français selon lesquelles son pays avait préparé une riposte éclair à la menace terroriste, l’intervention au Mali était planifiée et minutieusement préparée longtemps à l’avance.
https://www.wsws.org/fr/articles/2013/avr2013/mali-a15.shtml https://www.wsws.org/fr/articles/2013/avr2013/mali-a15.shtml