RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

La honte (ou la stratégie du kazat’choc)

Au début des années 1930, ma grand-mère, entendant un discours d’Hitler à la radio (ils habitaient dans l’est et elle comprenait l’allemand) s’écria : "Cet homme va mettre l’Europe à feu et à sang !"

Si une ménagère de l’époque était capable de percevoir la tragédie à venir, qu’en était-il des dirigeants européens ? Ceux-là mêmes qui fermaient les yeux ou encourageaient, souvent ostensiblement, le parti nazi et le réarmement de l’Allemagne face au "danger" soviétique ?

Et puis à la période de l’effroi (quelques années plus tard, mes grands-parents pourraient se réfugier à Paris) vint celle de la honte. La honte de l’abandon de l’Autriche malgré les accords, la honte du "compromis" de Munich que Daladier, acclamé à sa descente d’avion, balaya par son "Ah les cons, s’ils savaient !", comme si la lucidité du président du Conseil l’exonérait de sa responsabilité ! Puis vint la honte de la capitulation, la honte du gouvernement Pétain, la honte de la collaboration, la honte des lois et des rafles anti-juives effectués promptement par la police française, la honte du STO, la honte de la milice, la honte des dénonciations, la honte, la honte...

Malheureusement, ce sentiment de honte ressenti par une partie du peuple français pour les méfaits de ses dirigeants ne date pas d’hier. L’esclavage (14 millions d’esclaves déportés au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, dont 5 millions n’ont pas survécu à la traversée (1)), rétabli par Napoléon en 1802 (2) alors qu’il avait été aboli par la Révolution, l’affaire Dreyfus, la capitulation de la France lors de la guerre de 70, la répression de la Commune de Paris, les politiques colonialistes, tant de trahisons, de forfaitures effectuées au nom de la nation. En faire la liste serait ici trop long.

L’histoire de France et de l’Europe regorge de faits honteux pour un Occident qui se dit porteur de valeurs "démocratiques" et "universalistes". On l’a compris depuis longtemps, pour ces parangons de probité et de sagesse, la liberté et la démocratie sont à géométrie variable selon que l’on est du nord, du sud, pauvre, riche, blanc ou "de couleur", slave ou aryen, chinetoque, métèque ou occidental de souche etc... (voir les ukrainiens qui sont "comme nous", blonds aux yeux bleus, d’ailleurs ils ne se considèrent pas slaves, mais "nordiques"...)

Jamais je n’aurais pensé ressentir, comme mes aïeux, une telle honte devant ma nationalité française et mon appartenance à l’Europe. La France et l’Europe qui nourrissent à nouveau la bête immonde, dans une invraisemblable soumission suicidaire au démon américain, à Soros et au dieu argent.

Et puis vint le coup de théâtre.

Un pays, soudain, la Russie, qui n’a dans son histoire aucune guerre, aucune invasion démesurées comme nous les ont infligées (ou plutôt "les leur ont infligées", quand on pense à la Serbie, l’Irak, la Syrie, l’Afganistan, l’Iran, le Yemen etc.) les pays occidentaux depuis la découverte de l’Amérique qui, après avoir tenté de négocier pendant huit ans avec des psychopates mis au pouvoir par le coup d’État de Maidan en 2014 et chauffés à blanc par les Étasuniens, décide de mettre un "basta" à ce cirque facho-otanesque qui ne trompe personne sauf les suicidaires hypnotisés par les États-Unis.

On ne reviendra pas sur les autres causes du conflit ou sur sa légalité controversée (quoiqu’en matière de légalité...). On retiendra seulement que la sécurité de la Russie commençait à être sérieusement menacée par le pouvoir fantoche ukrainien, qui n’était pas membre officiel de l’Otan tout en l’étant pleinement "en cachette" (fourniture massif d’armement de pointe, bases militaires, instructeurs étrangers, soutien logistique et un flot ininterrompu d’argent...), sans oublier les laboratoires de recherche biologique, qu’aux dernières nouvelles les EU souhaitent transférer en Mongolie. Les chinois apprécieront...

Les russes sont donc entrés en Ukraine pour libérer définitivement les républiques russophones de Donestk et de Lougansk pilonnés depuis 8 ans par les ukrainiens dans l’indifférence occidentale générale (15 000 morts), pour démilitariser (désotaniser) le pays, ainsi que pour le nettoyer de ses néonazis choyés par le pouvoir et l’occident.

Car le nom officiel de cette opération est "Opération militaire spéciale et dénazification de l’Ukraine".

Dénazification.

Là, pour l’Europe, c’était trop, vraiment trop.

Que la Russie fasse la guerre, passe encore. D’ailleurs, les États-Unis ne demandaient que ça. Et leur projet marche comme sur des roulettes : l’Europe se prend le pied dans le tapis de ses propres sanctions, commence à s’appauvrir à vitesse hypersonique et se verra peut-être bientôt impliquée directement dans la guerre.

Mais que la Russie, qui a payé si cher sa lutte contre l’Allemagne nazie (26 millions de morts), mette une raison morale – et pas la moindre : la dénazification – à son opération militaire, c’est le cache sexe existentiel de l’Occident qui explose.

Jusqu’à présent, seul l’Occident "civilisé" (entendons : le seul à être civilisé) s’arrogeait le droit d’accompagner de raisons morales ses agissements mafieux. D’où le grand écart bien connu de condamner par devant les extrêmes tout en les soutenant par derrière. L’Ukraine est infestée de néonazis que l’on condamne (un petit peu) chez soi et que l’on finance à mort dans cette épouvantable république bananière, tout en sachant que cela nous retombera tôt ou tard sur le dos (sur la totalité des armes fournies à l’Ukraine, il est estimé qu’un tiers parvient aux forces armées, un tiers est revendu et un tiers disparaît – pour aller où ?).

La Russie, dans sa volonté de dénazifier l’Ukraine, met l’occident et surtout l’Europe, le nez dans son propre caca.

La présidente de la Commission Européenne, Ursula von der Leyen, étant donné son histoire familliale, a dû le prendre de plein fouet et comme une attaque personnelle, ce qui expliquerait l’hystérie criminelle qui l’anime (rappelons que "le grand-père était un nazi qui s’est porté volontaire pour combattre en 1940, est devenu sergent-chef dans la Wehrmacht et a dirigé une unité dite "antipartisane" sur le front soviétique oriental, chassant les groupes de résistance, participant à la prise de Kiev, la capitale de l’Ukraine, et prenant part au massacre barbare de Babi Yar en septembre 1941, au cours duquel plus de 33 000 habitants juifs de Kiev ont été abattus de sang-froid. On dit que ’jusqu’à sa mort, il fulminait contre les Juifs, les Français et la perfide Albion. Il ne quittait plus jamais le pays et frôlait la panique à l’approche d’une frontière’.") (3)

Le roi est nu, le masque est définitivement tombé pour des milliards de citoyens du Sud, pour qui un gigantesque espoir est en train de naître avec la réaction enfin proportionnée de la Russie face aux voyous occidentaux. Le bras de fer a commencé, et chacun retient son souffle.

Si un psychopate n’appuie pas sur le bouton, 70% de la planète commenceront enfin à respirer.

Et nous pourrons remercier le peuple russe qui nous aura sauvé pour la 3ème fois en un peu plus d’un siècle :

- d’abord par la révolution bolchévique, une expérience extraordinaire et qui a permis l’équilibrage des forces pendant 70 ans, qu’il est de bon ton de critiquer mais dont 77,85% des soviétiques ont souhaité le maintien lors du référendum de 1991 (source wikipedia) ;

- puis la victoire soviétique sur le nazisme en 1945, au prix, je le répète, de 26 millions de morts. Car contrairement à la propagande, ce sont les soviétiques qui nous ont sauvé du nazisme, et pas les États-Unis.

Alors... espérons-le, tous nos dirigeants danseront le kazatchok au bout... (je vous laisse choisir la suite)

...d’un sombre couloir de palais de justice ?

...d’un tunnel au fond des caves de l’usine Azovtal à Marioupol en compagnie de leurs amis nazis du bataillon Azov, ceux-là même qui font du "bon boulot" en torturant, en égorgeant et en émasculant les soldats russes prisonniers, en violant les femmes, en tuant leurs propres concitoyens pour les transformer en "victimes" des russes... (4) (5)

...

Et nous pourrons, peut-être, enfin, arrêter d’être rongés par la honte d’être français.

(1) Michelle Zancarini-Fournel Les luttes et les rêves. Une histoire populaire
de la France de 1685 à nos jours
- Zones, 2016.

(2) Il faut rendre hommage ici à l’héroisme des populations asservis des Antilles françaises dans leurs combats contre l’oppression de la métropole. Des combats sanglants qui se sont le plus souvent terminés par des massacres (voir ici le film 1802 L’Épopée guadeloupéenne, qui raconte la résistance héroique des anciens esclaves refusant de porter les chaînes à nouveau.

(3) Article d’Alaster Crook https://www.dedefensa.org/article/la-parabole-du-village-vietnamien

(4) Tout ceci est largement documenté sur internet si l’on cherche un peu pour contourner la censure (voir telegram, VK).

(5) Et ils pourront toujours "macroner" (néologisme apparu récemment, signifiant "téléphoner à toute heure du jour et de la nuit, sans aucune raison et pour ne rien dire").

URL de cet article 37952
  

Pourquoi les riches sont-ils de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres ?
Monique Pinçon-Charlot - Michel Pinçon - Étienne Lécroart
Un ouvrage documentaire jeunesse engagé de Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon, illustré par Étienne Lécroart Parce qu’il n’est jamais trop tôt pour questionner la société et ses inégalités, les sociologues Monique et Michel Pinçon-Charlot, passés maîtres dans l’art de décortiquer les mécanismes de la domination sociale, s’adressent pour la première fois aux enfants à partir de 10 ans. Avec clarté et pédagogie, ils leur expliquent les mécanismes et les enjeux du monde social dans lequel ils vont grandir et (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Certains n’aiment pas la vérité. Pour tous les autres, il y a Wikileaks.

Julian Assange

Lorsque les psychopathes prennent le contrôle de la société
NdT - Quelques extraits (en vrac) traitant des psychopathes et de leur emprise sur les sociétés modernes où ils s’épanouissent à merveille jusqu’au point de devenir une minorité dirigeante. Des passages paraîtront étrangement familiers et feront probablement penser à des situations et/ou des personnages existants ou ayant existé. Tu me dis "psychopathe" et soudain je pense à pas mal d’hommes et de femmes politiques. (attention : ce texte comporte une traduction non professionnelle d’un jargon (...)
46 
La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’Occident
Il y a des sujets qui sont aux journalistes ce que les récifs sont aux marins : à éviter. Une fois repérés et cartographiés, les routes de l’information les contourneront systématiquement et sans se poser de questions. Et si d’aventure un voyageur imprudent se décidait à entrer dans une de ces zones en ignorant les panneaux avec des têtes de mort, et en revenait indemne, on dira qu’il a simplement eu de la chance ou qu’il est fou - ou les deux à la fois. Pour ce voyageur-là, il n’y aura pas de défilé (...)
43 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.