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11 commentaires

La mémoire de l’esclavage sous la peau

Le blues de l’indignité

Le contexte est si chargé qu’il fait déborder mon éloquence, à peine ai-je fini mon dernier texte sur Armstrong que les faits me sollicitent et me poussent à livrer un commentaire sur les évènements survenus à la frontière du Mexique et du Texas impliquant les migrants haïtiens.

Image de la douleur qui rythme mon blues et me ramène en mémoire ce proverbe indigent qui exalte l’indignité : Pito nou lèd nou la (Mieux vaut être laid mais vivant). L’image de ce migrant pourchassé et frappé au lasso comme un animal, mais qui refuse de lâcher son plat pour défendre son honneur est révoltant, mais éclatant d’apprentissage. Car au fond, quel honneur reste-t-il à celui qui se déracine pour survivre ?

Question qui fâche évidemment ! Car comme on s’en doute, son cas ne reflète pas l’indigence de son statut social. Lui, son déracinement est physique. Mais, il y a pire, comme le déracinement culturel et humain des élites haïtienne qui est aussi en résonance avec cette image. En effet, cette image vaut autant pour les universitaires, les journalistes, les entrepreneurs, les ministres, les socioprofessionnels qui se taisent, se prostituent en marge de l’indigence pour protéger leurs accointances, leurs contrats, leur subvention, leurs bourses d’études et leurs succès précaires.

L’indigence en rhapsodie

Si par bonheur pour ce migrant pourchassé comme au temps de l’esclavage, une catastrophe venait à s’abattre sur Haïti pour forcer la main à ce que le Blanc lui octroie le Statut de protection temporaire, il aura son doctorat dans 5 ans au plus et sera envoyé comme expert en Haïti. Il sera un nouveau gestionnaire des fonds de l’USAID, entre autres, et peut-être même premier ministre, sinon ministre, conseiller de ministre, membre du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire ou protecteur du citoyen...que sais-je ? Mais une chose est sûre, il sera éternellement reconnaissant envers le Blanc. C’est comme cela que l’on fabrique l’indigence : on donne aux insignifiants du pouvoir, de la richesse et des artifices de connaissance pour qu’ils aiment leur servitude et fassent régner la déshumanisation. L’indigence est un succès qui se vend à crédit et se paye par petites échéances de silences et de redevances. Les gens qui vivent leur engagement à crédit, les peuples qui mettent en déshérence leur dignité et leur liberté récoltent toujours le déshonneur. C’est la règle du déracinement.

Mais qu’il est beau ce contexte en ce qu’il permet de révéler l’axiomatique de l’indigence dans sa congruence ! Et pourtant je l’ai annoncé bien longtemps ce temps comme dans ce texte dans lequel j’écrivais :

Un peuple meurt sous le poids de ses indigences, l’histoire d’une épopée, celle de Vertières, se gomme sous le poids des impostures qui jalonnent l’existence de ceux et de celles qui ont hérité de l’indépendance. Non les peuples ne sont pas éternels, comme d’ailleurs les faits de gloire de leur passé. Quand ceux-ci ne trouvent plus dans le présent des raisons d’être magnifiés, ils s’estompent et tombent dans l’oubli. Il en est ainsi pour les peuples. Ils meurent dans la mémoire humaine quand ils sont à court de dignité. Les peuples qui résistent et survivent sont ceux qui ont l’honorabilité et le courage de toujours maintenir leur dignité pour réinventer les faits de gloire de leur passé. Mais quand ils ne sont plus qu’impuissance et qu’insignifiance, ils dérivent dans l’espace-temps comme d’indigentes épaves que refusent tous les ports d’escale.

Non je ne suis pas prophète, je reste plus longtemps avec les problèmes et j’ai la patience pour apprendre. À bientôt pour la suite.......le récit n’a pas encore livré ses études de cas....c’est une exploration en guise de prétexte.

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COMMENTAIRES  

23/09/2021 11:22 par MOURAD

"Servitude" ,le mot est lâcher , l’esclavage n’as jamais réellement disparue , il s’est modernisé , institutionnalisé , pourquoi se fatigué a faire la traite des noirs de nos jours , chose qui serait vraiment mal vue de l’opinion public et casse gueule coté logistique quand on peut au lieu de ça soudoyer des généraux , présidents et autres charognards politiques qui appliquerons a la lettre les désidératas des anciens colonisateurs , on le voie avec le fameux "France-Afrique" , et a Haïti avec les USA , puis pour montré que les noirs eux aussi réussissent dans la vie , l’occident en ramène une poigné chez eux, les finances et les entraine comme un animal de cirque ou de foire sous leur chapiteaux du capitalisme , les inondes de dollars , en font des stars du basket, du foot, de la musique , du cinéma , certain méme peuvent recevoir de l’entrainement plus cérébral qui après deviennent des hommes politiques , journalistes ou intelectuel mais bien sur a des fins d’être mis en place a la téte de ces républiques bananières pour continuer cette tragique comédie , le jour ou l’Afrique ou toutes autre nations non occidental couperas définitivement les ponts avec les anciens colonisateurs , la on peut parlé de fin de l’esclavage , pour le moment , leur hypocrisie droit de l’hommiste peut continué avec l’avale de la bien pensante communauté international qui n’as d’international que le nom !

23/09/2021 15:20 par Assimbonanga

Fidel Castro a échappé à -dit-on- 600 tentatives d’assassinats. Et encore ! Imaginez s’il avait été noir !
Et Che Guevara, et Raoul Castro. Et heureusement que l’actuel président Miguel Díaz-Canel est blanc.
Dans l fond...

25/09/2021 06:40 par calame julia

Qui est l’indigent sur la photo ?!

25/09/2021 11:02 par CAZA

Bonjour
Seuls les antiaméricains primaires ne veulent pas s’avouer que le régime US a changé .
Aujourd’hui on tue encore mais les assassins vont au tribunal .
Le temps est révolu où l’on amenait les enfants au spectacle du lynchage d’un noir pour bien rigoler en famille .
( je n’ai pas retrouvé la photo d’une enfant d’une 10aine d’années , hilare , en 1er plan , devant "" son pendu ( sic ) "".
Ou que l’on brûlait un quartier tout en massacrant ses habitants ( Tulsa ) .
Bon quoi de faux aujourd’hui sur France Infaux au sujet de la Chine .

https://rarehistoricalphotos-com.translate.goog/lynching-thomas-shipp-abram-smith-1930/?_x_tr_sl=en&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr&_x_tr_pto=nui,sc,elem

25/09/2021 11:27 par CAZA

Re

Pour les jeunes lecteurs qui n’ont pas connu la propagande télé française d’antan contre les indiens .
Comment reconnaître son pied droit du gauche ?
https://www.youtube.com/watch?v=tVSZKXdn1bc

25/09/2021 12:36 par Yannis

Prise de position intéressante et juste à la fois, qui ne peut que faire naître l’adhésion, voire la compassion, pour celles et ceux qui on encore un minimum d’éthique et de valeurs humaines du vivre ensemble. La photo en illustration du texte est éloquente et rappelle la chasse aux Noirs du KKK, bien documentée.

Cela dit, l’esclavage a aussi des formes modernes autres que la chasse aux migrants, à la frontière de l’eldorado du capitalisme sauvage sans foi ni loi que sont les USA. Des migrants meurent aux frontières de Schenguen-UE, en méditerrannée particulèrement, mais aussi en son sein, parqués, maltraités : lutte des "sans papiers" en France, des Rroms. La traque, la discrimination et l’invisibilisation de populations y concerne également les zadistes et les Gilets jaunes. Et bientôt des personnes qui ne souhaitent pas servir de cobayes pendant la phase 3 à échelle mondiale de test vaccinaux, avec thérapie génique ARN ou ADN

Et que dire de l’esclavage salarial, la morgue socio-culturelle des puissants tant dénoncés sur LGS, vía leurs relais médiatiques officiels et jamais mis en défaut ? De la mise au pas mentale, psycholoqique (avec des moyens médiatiques, institutionnels et politiques énormes), avec l’injonction vaccinale, le faux-nez du Pass pseudo-sanitaire, au prétexte de l’apparition d’un nouveau virus dont l’origine reste toujours mystérieuse, qui se développe et mute particulièrement dans les pays riches ou émergents, avec des populations "bankable", des crédits bancaires (historique forme de contrôle et d’esclavagisme) et de l’argent qui coule à flot pour Big Pharma ??

25/09/2021 14:23 par Erno Renoncourt

Je fais cette réponse pour rebondir sur les 3 commentaires laisses au bas de cette colère contre cette scène indigente.
Et pourtant, l’indigence n’est pas que sur le visage et dans le réflexe de survie, certes indigne, de ce pauvre migrant haïtien. Il ne fait que suivre la voie de la réussite précaire tracée par de brillants universitaires, d’illustres écrivains, de grands dignitaires qui se dépouillent de toute fierté, de toute honorabilité, de toute dignité pour se projeter dans les rêves blancs et revenir enfumer le shithole, drapé dans les couleurs de la bannière étoilée, entre autres oripeaux servant de succès. Quand tout un peuple établit la fuite vers la carte de résidence dans un autre ailleurs comme mode de réussite sociale, comment demander aux plus pauvres de rester dans l’enfer ? D’autant qu’ils voient que ceux qui sont les plus vils, les plus insouciants, les plus insignifiants accèdent à tout, richesse, pouvoir, influence et médiatisation, du moment qu’ils se couchent pour se faire marcher dessus par un diplomate étranger, un attaché culturel (blanc de préférence).
La fuite et le marronnage sont deux des formes d’expression qui permettaient de survivre du temps de l’esclavage. Mais en ce temps, de nombreux esclaves cherchaient à survivre, non pour survivre, mais pour retrouver leur dignité enchainée en luttant contre l’esclavage. Les descendants des esclaves, devenus libres, deux siècles après, continuent de fuir et de marronner. Mais cette fois, ce n’est que pour survivre. Survivre pour survivre en se dépouillant de sa dignité est une indigence absolue. On ne fuit pas sa dignité. On n’abdique pas sa fierté……quelque tentante matériellement que soit la mise à obtenir.

Aussi douloureuse que soit cette vérité, aussi puissante que soit la haine qu’on me voue pour oser le dire, C’est tout Haïti qui transpire d’indigente et trépigne d’indignité, Chère @Julia. C’est tout un peuple qui meurt d’indignité par l’ignorance collective, transmise, de malice en imposture, comme une heureuse résilience. D’ailleurs, après cette scène, essayez de trouver dans les faits une seule colère profonde, une seule indignité authentique venant des milieux intellectuels, bourgeois, culturels et académiques haïtiens qui réussissent dans l’ombre du blanc.
Non @Assibonanga, ne vous méprenez pas trop sur l’exploitation redondante du vocable "blanc" dans mon discours, Il n’est pas haineux, il n’est pas anti-blanc. Je le mets en contexte, pour mieux situer la problématique de l’aliénation et de la servitude, non plus comme Fanon le formulait à son époque, "peau noire, masque blanc", mais comme étant aujourd’hui celle d’une projection inversée en rêves blancs et cauchemars noirs. Ne trouvez pas curieux que cette colère pédagogique ne serve pas de tremplin pour crever la bulle de l’enfumage et apporter une bouffée d’air dans cet étouffoir qu’est Haïti ? Pourtant, chaque année, on subventionne et publie en folie, dans le shithole, des centaines de textes et de récits insignifiants qui seront labelisés actes sud en bénéficiant d’un éclairage de 30 secondes sur TV5 monde , rien que parce qu’ils reprennent, en contre haut, la musique dictée, en contre bas, par le grand manitou blanc : Le blues mineur de la servitude en rapsodie majeur de la réussite ! Mon éloquence est trop subversive et insoumise m’ont confié des éditeurs qui ont lu quelques-uns de mes manuscrits sur l’indigence et me les ont retournés en disant presque tous la même chose : « Sujet original, thématique dans l’air du temps, récit traversé d’émotions dans une langue maitrisée, mais que nous avons du mal à ranger dans notre catalogue ».
Je vous mets quelques photos de famille de l’album de l’indigence pour que vous puissiez voir que cet "indigent" sur la photo n’est qu’un indigent de circonstance ; car, en Haïti, il y a des indigents de conviction et de souche qui veillent en permanence et sont plus affreux.
Quand un universitaire met ses enfants à l’abri, que ce soit à Paris, à Montréal ou à Miami et vient "brasser" (faire des affaires louches) en Haïti pour assurer la sécurité de sa famille, en se dépouillant de toute dignité, de toute éthique, c’est une forme accomplie d’indigence. Quand un universitaire accepte d’intégrer un gouvernement dépourvu de légitimité et qui est au service de la criminalité financière, c’est une indigence en rapsodie. Quand un universitaire met ses enfants à l’abri, que ce soit à Paris, à Montréal ou à Miami et vient "brasser" (faire des affaires louches) en Haïti pour assurer la sécurité de sa famille, en se dépouillant de toute dignité, de toute éthique, c’est une forme accomplie d’indigence. Quand un universitaire accepte d’intégrer un gouvernement dépourvu de légitimité et qui est au service de la criminalité financière, c’est une indigence en rapsodie.
C’est presque tout Haïti qui est indigente. D’ailleurs, c’est pour cela que cette complainte contre l’indigence que je murmure depuis une décennie trouve peu d’écho dans les réseaux culturels, académiques et militants. Or, ils présentent lutter contre le système et devaient en conséquence l’amplifier pour en faire un hymne de résistance. Mais, ici l’imposture est la norme. Et c’est pourquoi je remercie Le Grand Soir d’être parmi les très, très rares à donner écho de cette colère contre l’indigence.
En attendant de mettre en musique une autre note pour décrire cet effondrement humain qui emporte Haïti dans les abysses puantes, je vous laisse regarde une photo de l’album de famille de l’indigence.

25/09/2021 16:58 par calame julia

Merci pour votre réponse Erno RENONCOURT. Avez-vous bien saisi le sens de ma question ? Pour moi l’indigent est
celui à cheval... Armes inégales et donc indigence humaine.
(Dans mon entourage villageois, il y a une personne qui vient de là-bas ! Nous nous apprécions et c’est pourquoi je connais
un peu de l’histoire de cette île car son destin (à la personne) est intimement lié à l’histoire d’Haïti. Vous êtes loin d’imaginer
les conséquences que la mémoire de cette île qu’elle porte en elle implique... et je me garde de parler ou écrire à sa place.
Vous le comprenez, j’en suis certaine.)

25/09/2021 17:49 par Assimbonanga

@Erno Renoncourt. Qui est ce mec sur la photo ?
Au sujet de mon commentaire du 23/09/2021 à 15:20, je disais juste que si Fidel Castro avait été noir, ils ne l’auraient pas raté. Ça donne un indice de vulnérabilité supplémentaire. Mais bon, c’était surtout une petite remarque à la con qui m’était passée par la tête.

Cette "indigence" est une médiocrité, servilité des temps modernes. Beaucoup de gens "réussissent" au prix de l’opportunisme, de la malhonnêteté, et de vendre leur âme au dieu fric. Le capitalisme c’est pas juste les milliardaires du CAC40 si faciles à montrer du doigt... Il a de nombreux adeptes.

25/09/2021 20:30 par Erno Renoncourt

Merci @Julia pour ce retour, je pense que sur la photo l’indigence est partout. Mais elle est plus visible chez celui qui subit pour moi, C’est pour cela que j’ai surfé sur votre réponse pour expliquer la source de cette indigence.

Merci et à bientôt.

26/09/2021 03:53 par Erno Renoncourt

@Assibonanga, ce mec sur la photo, c’est Michel Joseph Martelly, celui que les Clinton, de concert avec les groupes dominants locaux, économiques, culturels, socioprofessionnels haïtiens, avaient choisi pour diriger Haïti en 2010. Après 5 ans de corruption, de crimes financiers et de misère, avec l’aide des mêmes indigents diplomatiques et économiques, le pouvoir a été remis, en 2017, à l’inculpe nommé Jovenel Moise, qui a été récemment exécuté par la mafia a laquelle il croyait appartenir, alors qu’il n’était qu’un prête nom.

Pour décoder tout le sens du montage de la photo, je vous enverrai un texte pour justement caractériser cette réussite indigente dont vous parlez. Pour votre réponse concernant Fidel Castro, je m’excuse de vous avoir mentionné, je voulais répondre a celui qui m’a désigné comme un anti-américain primaire. je voulais contextualiser pour lui mes récurrentes références au blanc, sans avoir honte de dire que l’Amérique des Yankees, des Chicago boys, des mercenaires qui bombarde des populations innocentes, qui affame et agresse les peuples, il n’y a rien à aimer.

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