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La misérable tentative du New York Times de blanchir Clinton et sa guerre en Libye

Le New York Times publie un article en deux parties sur la guerre des Etats-Unis en Libye et surtout sur le rôle qu’a joué Hillary Clinton quand elle était secrétaire d’État. Dans la droite ligne éditoriale du New York Times, Clinton y est dépeinte de manière sympathique, même quand il est question de la catastrophe qu’elle a créée.

L’article tente surtout de blanchir les faits historiques en nous resservant le mensonge selon lequel « l’intervention humanitaire » a été rendue nécessaire par le fait que Kadhafi s’apprêtait à « tuer des civils ». Il n’est pas surprenant que le New York Times écrive de telles sottises. Les éditeurs du NYT étaient eux-mêmes en faveur de la guerre et le journal s’est félicité des premiers résultats. Il est coupable d’incitation à la guerre, tout autant que Clinton.

Mais l’histoire de « l’intervention humanitaire » pour sauver le peuple libyen en mars 2011 est de la foutaise.

L’attaque de la Libye a été bien préparée. Les islamistes radicaux, menés par Abdel Hakim Belhaj qui avait autrefois été détenu dans une prison secrète de la CIA, ont violemment attaqué l’Etat libyen avec le soutien financier et militaire du Qatar. Kadhafi n’a fait que réagir et de manière proportionnée. Il n’y a jamais eu aucun danger d’un « massacre à Benghazi » (du moins tant que Kadhafi était vivant). C’est le fait qu’il ait réagi qui a servi de prétexte pour lancer une guerre qui avait été conceptualisée auparavant.

Les Renseignements français étaient sur le terrain en Libye et ont coordonné les « manifestants » de Benghazi en février 2011. Le Royaume-Uni et la France s’étaient eux-mêmes préparés à attaquer la Libye sous couvert d’une manœuvre aérienne militaire appelée Mistral Sud. La manœuvre était prévue pour la fin mars 2011, mais, quand tout a été en place, la manœuvre a été « suspendue » et convertie en une attaque en bonne et due forme sur la Libye. Ça sortait tout droit sorti de Deception 101. Voilà le scénario de la manœuvre :

SOUTHLAND : Dictature responsable d’une attaque contre les intérêts nationaux de la France.

FRANCE : Prend la décision de montrer sa détermination à SOUTHLAND (sous la résolution du Conseil Sécurité des Nations Unies n ° 3003).

ROYAUME-UNI : Pays allié selon l’accord bilatéral. Le Royaume-Uni soutient la France à travers le déploiement de ses moyens aériens.

C’est exactement ce qui s’est passé point par point, et on peut en conclure que l’attaque contre la Libye avait été planifiée bien avant les premières manifestations en Libye.

L’article du New York Times n’évoque pas non plus de la détermination de Clinton de faire cette guerre ni des pressions qu’elle a exercées pour qu’elle ait lieu :

Les conséquences seraient plus profondes qu’on ne l’avait imaginé, cela ferait de la Libye un État failli et un refuge pour les terroristes, un endroit où les terribles réponses aux questions de Hillary Clinton se sont réalisées.

La phrase « qu’on ne l’avait imaginé » est drôle parce que quelques paragraphes plus bas, l’article lui-même affirme qu’il y avait des gens dans le gouvernement qui avaient bel et bien prévu les conséquences :

Certains hauts responsables du Renseignement ont émis des doutes profonds sur ce qui se passerait si le colonel Kadhafi perdait le contrôle. Au cours des dernières années, le dictateur libyen avait commencé à aider les Etats-Unis dans sa lutte contre Al-Qaïda en Afrique du Nord.

« C’était un bandit et un dangereux voisin », a déclaré Michael T. Flynn, un lieutenant général à la retraite qui dirigeait la Defense Intelligence Agency à l’époque. « Mais il maintenait l’ordre. »

Tout comme le Renseignement militaire étasunien, l’armée canadienne savait exactement ce qui se passerait si on renversait Kadhafi.

Le drapeau d’Al-Qaïda flotte sur le tribunal de Benghazi

Un blogueur solitaire a prévenu, avant « l’intervention », de la catastrophe qui se préparait dans un pays encore profondément tribal :

L’image mensongère de ce conflit répandue dans les médias pourrait bien conduire à une intervention militaire par les forces « occidentales ». Celles-ci auraient alors à lutter contre les tribus qui soutiennent Kadhafi pour une raison ou une autre. Une intervention « occidentale » détériorerait rapidement la situation sur le terrain. Cela causerait beaucoup plus de victimes que si on laissait le peuple libyen régler le conflit lui-même.

La Libye est maintenant, comme prévu, un Etat failli détruit. Toutes les guerres étasuniennes ont invariablement laissé des états faillis détruits derrière elles, au cours des 20 dernières années. Les guerres contre la Yougoslavie en ont laissé plusieurs. La Somalie, l’Afghanistan et l’Irak et la Libye ont tous été détruits. Devons-nous penser que le même bug infeste toutes les interventions des Etats-Unis ? N’est-ce pas un peu plus logique de penser que détruire des états est le but poursuivi par les belliqueuses interventions américaines ?

La guerre contre la Libye n’a pas été une « intervention faillie ». Cette guerre avait pour but de créer un état failli sur le territoire de la Libye. Dans le contexte stratégique plus large, la Libye était l’écrou que les États-Unis devaient faire sauter pour pouvoir entrer en Afrique. Kadhafi était la personne la plus importante parmi celles qui poussaient à l’unité africaine et à la mise en place d’un marché commun et d’une monnaie commune. Maintenant, l’Afrique est plus divisée, elle a perdu l’important soutien économique libyen, et elle peut être découpée en encore plus petits morceaux.

Les forces spéciales que les États-Unis, le Royaume-Uni et la France mettent maintenant à nouveau sur le sol libyen pour lutter contre « l’État islamique » ne feront qu’augmenter le chaos et provoquer un nouveau retour de bâton :

Les responsables libyens ont dit que la présence des forces occidentales n’était pas bien accueillie par les factions salafistes ultraconservatrices qui sont alliées avec l’armée de l’est de la Libye et qui assimilent l’intervention étrangère à une « occupation ».

Clinton a violemment incité à la guerre. Elle n’a rien appris du désordre qu’elle a créé. Il n’est pas étonnant qu’elle soit la coqueluche des néo-conservateurs, ainsi que des interventionnistes libéraux. Il n’y a pas un seul bombardement, qu’elle n’ait approuvé. La façon dont elle a claironné : « Nous sommes venus, nous avons vu, il est mort ! » en terminant sa phrase par un éclat de rire, laisse penser qu’il y a quelque chose de profondément psychotique chez elle. La laisser devenir la candidate présidentielle, probablement inéligible, serait un désastre pour le Parti démocrate.

Traduction : Dominique Muselet

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